Joseph Déchelette — Wikipédia

Joseph Déchelette
Joseph Déchelette par Albert Dawant
(post-mortem d'après photographie)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Activités
Fratrie
Parentèle
Autres informations
Membre de
Grade militaire
Conflit
Distinctions

Joseph Déchelette
Archéologue
Activité de recherche
Principales fouilles Bibracte
La Graufesenque
Autres activités Conservateur du musée des beaux-arts et d'archéologie de Roanne
Hommage Prix Lambert (1915)

Joseph Déchelette, né le à Roanne (Loire) et mort pour la France le à Vingré (Aisne), est un archéologue et conservateur de musée français, spécialiste de l'Âge du fer celtique et de la Gaule romaine. Il est parmi les premiers à avoir fait la relation entre la culture de La Tène et les Celtes. Il s'est aussi illustré comme précurseur de la céramologie antique.

Famille et jeunesse[modifier | modifier le code]

Joseph Jean Marie Déchelette est le fils de Benoît Déchelette (1816-1888), industriel, propriétaire de la maison de tissage Déchelette-Despierres, vice-président de la Chambre de commerce de Roanne, et de Charlotte Despierres (1826-1909)[1]. Il est le frère cadet de Louis Déchelette (1848-1920), évêque d'Évreux de 1913 à 1920.

Joseph Déchelette fit ses études au collège de Saint-Chamond, tenu par les pères maristes, puis son service militaire à Saint-Étienne[2].

Il se marie le à La Pacaudière avec Jeanne Bonnier (1860-1957).

Carrière[modifier | modifier le code]

Joseph Déchelette débuta sa vie active comme représentant de commerce de l'entreprise familiale. Toutefois, la passion de l'archéologie, à laquelle il avait été initié dès son adolescence par son oncle maternel Jacques-Gabriel Bulliot, figure éminente de la Société éduenne des lettres, sciences et arts, prit rapidement le dessus, bien qu'il continuât à travailler pour l'entreprise familiale jusqu'en 1899.

En 1884, il adhère à « La Diana », société archéologique et historique sise à Montbrison, qui a pour but de recenser et d'étudier les antiquités et les monuments de la région du Forez, au sud de Roanne. Il devient inspecteur pour le compte de la Société française d'archéologie. En 1899, Joseph Déchelette abandonne définitivement son travail dans l'entreprise de son père pour se consacrer exclusivement à l'archéologie celtique et romaine.

Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette à Roanne.

De 1892 à 1914, il est conservateur du musée des beaux-arts et d'archéologie de Roanne. Ce musée municipal, fondé en 1844, n'était jusqu'alors qu'une accumulation d'objets hétéroclites de diverses périodes stockés dans les combles de l'hôtel de ville[3]. Joseph Déchelette contribue à le transformer en un musée moderne où les œuvres sont documentées et comparées. Les collections sont enrichies par les apports issus des découvertes régionales, des destructions de bâtiments anciens, des dons de collectionneurs et des achats, parfois effectués sur ses propres deniers[3]. À sa mort, Joseph Déchelette lègue à la ville de Roanne ses collections personnelles et sa bibliothèque, ainsi qu'un legs de 100 000 francs-or pour la réalisation d'un nouveau musée[3]. Sa veuve offre à la ville de Roanne l'ancien hôtel particulier de François de Valence de Minardière (1764-1829), que Joseph Déchelette avait acheté en 1896, dont elle continue à occuper le rez-de-chaussée jusqu'à sa mort en 1957. Le nouveau musée y est installé en 1923 et est rebaptisé en son honneur Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette.

Autres fonctions :

Travaux archéologiques[modifier | modifier le code]

Le menhir géant de Kerdeff à Carnac, Morbihan
(Joseph Déchelette, vers 1908)

De février à , Joseph Déchelette fait un voyage en Égypte, dont il revient chargé de la momie de Nesyamon, supposée morte à l'âge de quinze ans et qui, de son vivant, chantait à Thèbes pour le dieu Amon.

Joseph Déchelette est le premier à avoir mis en évidence une unité culturelle au nord des Alpes vers la fin de l'Âge du fer, en comparant les résultats des fouilles archéologiques de quatre oppidums : Bibracte au mont Beuvray, Manching en Bavière, Stradonice en Bohême, et Velem-Szent-Vid (hu) en Hongrie. Il crée l'expression « civilisation des oppida » qui définit aujourd'hui la période finale de la culture celtique sur le continent européen, dans une région allant du sud de l'Angleterre jusqu'à l'Europe centrale.

Déchelette n'est pas le découvreur de la GraufesenqueMillau, Aveyron) ni le premier à publier sur ce site gallo-romain du Ier siècle[n 1]. Mais il est celui qui signe en 1903 l'« acte de naissance » académique du site[4], le faisant découvrir pour ce qu'il est : une « fabrique rutène dont l'importance [...] n'était égalée par aucun autre centre de fabrication de la Gaule, ni même de l'empire romain, au Ier siècle »[5].

Dans son ouvrage consacré aux vases ornés de la Gaule (1904)[6], il réalise une compilation des découvertes de céramiques antiques où l'analyse s'attache tant au décor qu'à la forme, et propose une typologie qui demeure toujours utilisée aujourd'hui[3]. Entre 1906 et 1914, il rédige un Manuel d'archéologie préhistorique celtique et gallo-romaine, en plusieurs volumes, première synthèse de l'archéologie en Gaule et ouvrage d'une rare précision et concision[3]. Cet ouvrage contient des idées nouvelles et a contribué à fonder l'archéologie moderne en France.

Joseph Déchelette visite également la grotte d'Altamira, en Espagne, qu'il baptise en 1908 du surnom de « Chapelle Sixtine de l'art quaternaire »[7]. L'expression est reprise par Henri Breuil, cette fois-ci pour surnommer la grotte de Lascaux « Chapelle Sixtine du Périgordien », exprimant un lien direct avec les dires du « regretté Joseph Déchelette »[8].

Décès[modifier | modifier le code]

En 1914, au déclenchement de la Première Guerre mondiale, rappelé au 104e régiment d'infanterie territoriale, Joseph Déchelette demande, malgré son âge avancé, une affectation sur le front pour combler les vides laissés par la bataille de la Marne. Capitaine au 298e régiment d'infanterie, il est tué au front deux mois après le début des hostilités, le [9]. Il repose aujourd'hui dans la nécropole nationale du Bois-Roger, à Ambleny, et son nom est inscrit au Panthéon, parmi les 560 écrivains morts pour la France[10].

Organismes et associations[modifier | modifier le code]

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Les décorations, prix, distinctions, et autres titres sont mentionnés sur les sites de l'Institut national d'histoire de l'art et du Comité des travaux historiques et scientifiques, sauf mention supplémentaire[11],[12].

Décorations françaises[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Titre[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

À Roanne, le Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette honore la mémoire de l'archéologue natif de la ville.

À Autun (Saône-et-Loire), ville siège de la Société éduenne et proche de Bibracte, une voie est baptisée rue Déchelette en 1965[15].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Joseph Déchelette, Inscriptions campanaires de l'arrondissement de Roanne, impr. Éleuthère Brassart, , 45 p. (lire en ligne).
  • Joseph Déchelette, Éleuthère Brassart, Charles Beauverie, abbé Reure et Gabriel Trévoux, Les Peintures murales du Moyen Âge et de la Renaissance en Forez, Montbrison, impr. Éleuthère Brassart, , 67 p. (présentation en ligne).
  • Joseph Déchelette, Le Hradischt de Stradonic en Bohême et les Fouilles de Bibracte, étude d'archéologie comparée, Mâcon, impr. Protat frères, .
  • Joseph Déchelette, Les Fouilles du mont Beuvray de 1897 à 1901, compte-rendu suivi de l'inventaire général des monnaies recueillies au Beuvray et du Hradischt de Stradonic en Bohême, étude d'archéologie comparée, Paris, Alphonse Picard et fils, (lire en ligne).
  • Joseph Déchelette, Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine (Narbonnaise, Aquitaine et Lyonnaise), vol. 1, Paris, A. Picard & Fils, , 308 p. (lire en ligne) ; et vol. 2, 380 p.
  • Joseph Déchelette, Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine , vol. 1 : Archéologie préhistorique (2 volumes en 4 tomes + 2 tomes d'appendices, plusieurs rééditions), Paris, éd. Alphonse Picard et fils, , 747 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article ;
    • Joseph Déchelette, Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, vol. 2 : Archéologie celtique ou protohistorique, 1re partie : Âge du Bronze, Paris, éd. Alphonse Picard et fils, , 512 p. (lire en ligne)
    • Joseph Déchelette, Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, vol. 2 : Archéologie celtique ou protohistorique, 2e partie : Premier âge du Fer ou époque de Hallstadt, Paris, éd. Alphonse Picard et fils, , (514-910 + pl.) 512 (lire en ligne)
    • Joseph Déchelette, Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, vol. 2 : Archéologie celtique ou protohistorique, 3e partie : Second âge du Fer ou époque de la Tène, Paris, éd. Alphonse Picard et fils, , (911-1692 + pl.) 799 (lire en ligne)
  • Joseph Déchelette, Alexandre Parat, Dr Brulard, Pierre Bouillerot et Clément Drioton, La Collection Millon, antiquités préhistoriques et gallo-romaines, Paris, libr. Paul Geuthner, (lire en ligne).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pour plus de détails sur la place de Déchelette au regard de la connaissance et la reconnaissance de ce site, et sur ses prédécesseurs, voir l'article La Graufesenque.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Joseph Déchelette », sur roglo.eu (consulté le )
  2. Reinach 1914
  3. a b c d et e Perez 2014, p. 24
  4. Pailler 2012, p. 4.
  5. Déchelette 1904, p. 48. Cité dans Pailler 2012
  6. Déchelette 1904
  7. Déchelette 1908, tome I : Archéologie préhistorique, p. 150
  8. Henri Breuil, « Découverte d'une remarquable grotte ornée, au domaine de Lascaux, Montignac (Dordogne) », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 84, no 5,‎ , p. 389 (lire en ligne)
  9. « Joseph Jean Marie Déchelette », Mémoire des hommes. Base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  10. « Les 560 », sur lesecrivainscombattants.org, éd. Les Écrivains combattants (consulté le ), p. 2
  11. « Déchelette, Joseph », sur inha.fr,
  12. « Jean Marie Joseph Déchelette », sur cths.fr (Comité des travaux historiques et scientifiques) (consulté le ).
  13. « Prix Lambert », Académie française, sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  14. « Palmarès 1915 », sur Académie française (consulté le )
  15. Gérard Chevaux et Catherine Loriot (dir.), Lire les rues d'Autun : Un regard sur le patrimoine, Nos ancêtres autunois, , 254 p., p. 155

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Livre d'or de Joseph Déchelette, centenaire 1862-1962, Roanne, impr. Sully, .
  • Marie-Suzanne Binétruy, De l'art roman à la Préhistoire, des sociétés locales à l'Institut, itinéraire de Joseph Déchelette, Lyon, éd. LUGD, .
  • Émile Chatelain, « Éloge funèbre de M. Joseph Déchelette, correspondant français de l'Académie », Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 58e année, no 6,‎ , p. 574-577 (lire en ligne, consulté le ).
  • Céline Comby, Être ouvrier à Amplepuis : L'usine Déchelette et le quartier de la Quarantaine, de 1870 à 1940, Lyon, Université Lyon 2, .
  • Ève Gran-Aymarich, « L'archéologie moderne : Déchelette, Joseph (1862-1914) », dans Les chercheurs du passé 1798-1945 : Aux sources de l’archéologie, CNRS Éditions, , 1271 p. (lire en ligne), p. 736-738.
  • Camille Jullian, « LXIV. Joseph Déchelette. », Revue des Études Anciennes, t. 16, no 4,‎ , p. 417-425 (DOI https://doi.org/10.3406/rea.1914.1841, lire en ligne, consulté le ).
  • Serge Lewuillon, « Des fouilles aux tranchées. Les jalons de Déchelette », Anabases, no 9,‎ (DOI 10.4000/anabases.495, lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Marie Pailler, « Déchelette et la Graufesenque », Journées d’études PCR Archives et correspondance de Joseph Déchelette (4-5 nov. 2010), Toulouse,‎ (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Sandra Péré-Noguès (dir.), Joseph Déchelette, un précurseur de l'archéologie européenne, Arles, Errance, .
  • Camille Perez, « L'invention de l’archéologie », Archéologia, no 521,‎ , p. 16-24. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Salomon Reinach, « Joseph Déchelette », Revue archéologique, vol. 24,‎ , p. 315–327 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes[modifier | modifier le code]