Joseph-Marie Portalis — Wikipédia

Joseph Marie Portalis
Illustration.
Joseph-Marie Portalis en tenue de vice-président de la Cour de cassation.
Fonctions
Ministre des Cultes

(4 mois et 10 jours)
Prédécesseur Jean Étienne Marie Portalis
Successeur Félix Julien Jean Bigot de Préameneu
Ministre de la Justice

(1 an, 4 mois et 10 jours)
Prédécesseur Charles Ignace de Peyronnet
Successeur Pierre-Alpinien Bourdeau
Ministre des Affaires étrangères

(2 mois et 25 jours)
Prédécesseur Anne Adrien Pierre de Montmorency-Laval
Successeur Jules de Polignac
Premier président de la Cour de Cassation

(23 ans, 4 mois et 10 jours)
Prédécesseur Pierre Paul Nicolas Henrion de Pansey
Successeur Raymond-Théodore Troplong
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Aix-en-Provence
Date de décès (à 80 ans)
Lieu de décès Passy
Nationalité Française
Parti politique Royaliste
Père Jean-Étienne-Marie Portalis

Joseph Marie Portalis, 1er comte Portalis ( à Aix-en-Provence - à Passy (Seine), est un magistrat, diplomate et homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Révolution[modifier | modifier le code]

Fils de Jean-Étienne-Marie Portalis (mort en 1807, ancien ministre des Cultes) et dame Marguerite-Françoise (sœur de Joseph Jérôme Siméon), Joseph Marie fit ses études sous la direction de son père. Il était à peine âgé de douze ans lorsque la proscription qui menaçait son père les obligea tous les deux à se réfugier à Lyon, et de là, à Paris (1793).

Le jeune Joseph assistait avec passion aux séances de la Convention nationale : il se trouvait notamment à celle du 8 thermidor an II () qui aboutit à la chute de Robespierre.

Joseph Portalis débuta fort jeune encore dans les lettres par un article sur Montesquieu, inséré, en 1796, dans le Républicain français.

Il fut obligé, au mois de , d'accompagner son père dans l'exil, en Holstein. Ils furent accueillis par le comte et la comtesse de Reventlau, qui leur offrirent un asile dans leur château d'Emckendorff. Joseph épousa la nièce et pupille du comte, la comtesse de Holck. Ce fut là qu'il fit paraître l'écrit intitulé : Du devoir de l'historien de bien considérer le caractère et le génie de chaque siècle en jugeant les grands hommes qui y ont vécu. L'académie de Stockholm couronna ce mémoire que l'auteur fit imprimer à Paris en 1800.

Consulat et Empire[modifier | modifier le code]

Portalis, maître des requêtes.

Rentré en France après le coup d'État du 18 brumaire an VIII (), la faveur du chef de l'État combla Joseph de dignités. M. Portalis fut nommé surnuméraire au ministère des relations extérieures (1799), commissaire près le Conseil des prises le et secrétaire d'ambassade en Saxe la même année.

Employé d'abord par Joseph Bonaparte lors du traité de Lunéville, puis au congrès d'Amiens, il fut envoyé à Londres avec le général Andréossy. Lors de la rupture avec l'Angleterre, M. Portalis fut envoyé à Berlin, pour les mêmes fonctions, le , puis à Ratisbonne au mois d', en qualité d'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de France près de Charles-Théodore de Dalberg (archevêque et prince-électeur de Mayence, primat archichancelier du Saint-Empire romain germanique, résidant à Ratisbonne) et de la Diète germanique.

Mais, ayant sollicité la faveur de se rapprocher de sa famille, il fut rappelé et fut choisi, le , pour remplir près de son père les fonctions de secrétaire-général du ministère des cultes.

Il devint maître des requêtes en service ordinaire au conseil d'État le , fut chargé par intérim du portefeuille du ministère des cultes après la mort de son père (qui fut ensuite confié à Bigot de Préameneu), au mois de , et fut nommé successivement conseiller d'État, rattaché à la commission des pétitions et à la commission du contentieux en 1807 puis à la section de l'Intérieur le , membre du conseil du sceau des titres le de la même année, et directeur général de la librairie le .

Il avait été créé chevalier de l'Empire le , et comte de l'Empire le .

« Tant de faveurs accordées au jeune Portalis, écrit Sarrut, dans la Biographie des hommes du jour[1], comme récompense des mérites et des travaux de son père, auraient dû inspirer au protégé de Napoléon quelques, sentiments de reconnaisse liée en faveur de son bienfaiteur : il en fut tout autrement : le directeur général de la librairie trahit à la fois tous ses devoirs. On colportait en secret et on faisait circuler des bulles et des lettres du pape. Portalis prit part à cette conspiration ourdie par la cour papale qui servait d'instrument à l'oligarchie européenne. Non seulement Portails ne dénonça pas la circulation de ces écrits, mais il la propagea : les accusations les plus graves posent sur lui à ce sujet… »

L'empereur lui reprocha avec emportement, dans la séance du conseil d'État du , de n'avoir pas divulgué à l'autorité la connaissance qu'il avait eu par l'abbé d'Astros, son cousin germain, du bref de censure[2] que le pape Pie VII avait transmis à ce chanoine contre la nomination du cardinal Maury comme archevêque de Paris.

« Lorsque quelqu'un est tout à fait à moi, comme vous l'êtes, il répond de ceux qui lui appartiennent. Voilà quelles sont mes maximes, dit l'Empereur. Il faut être tout à moi et tout faire pour moi. Vous m'avez trahi. Vous avez manqué à la reconnaissance et à votre devoir. Sortez. » Et quand il fut sorti, Napoléon ajouta : « Depuis que je suis au gouvernement, voilà le premier individu auprès de moi qui m'ait trahi. Puis il se tourna vers Locré qui rédigeait les procès-verbaux des séances : Vous écrirez trahi, entendez-vous, monsieur Locré ? C'est le mot propre, le seul convenable à la conduite de M. Portalis. »

Destitué de tous ses emplois et exilé à 40 lieues de Paris, le , Portalis s'occupa de travaux philosophiques et littéraires.

Au mois de , sur l'insistance du comte Molé, Napoléon, oubliant son mécontentement, nomma Portalis le grand-juge, premier président de la cour impériale d'Angers, poste qu'il occupa jusqu'à la fin des Cent-Jours.

Restauration[modifier | modifier le code]

Sous la Restauration, Louis XVIII le créa conseiller d'État en service extraordinaire, et officier de la Légion d'honneur les 24 et . Maintenu pendant les Cent-Jours, Portalis réussit encore à conserver les bonnes grâces du roi.

Rentré au conseil d'État, il fut attaché au service ordinaire de la législation, et devint, dès lors, un des plus zélés défenseurs de la cause royaliste. Toujours prêt à témoigner de sentiments peu favorables à l'égard de la presse, il présentait la Chambre des députés un projet de loi pour la répression des cris séditieux, et fut nommé conseiller à la Cour de cassation ().

En , il fut chargé, comme envoyé extraordinaire de France à Rome, des premières négociations relatives à un nouveau concordat.

Le duc Decazes l'avait appelé (), à la Chambre des pairs[3], et () au poste de sous-secrétaire d'État au ministère de la Justice le qu'il conserva jusqu'à l'avènement du cabinet Villèle ().

Grand officier de la Légion d'honneur le , et chargé par intérim, le suivant, du portefeuille du département de la Justice pendant l'absence du garde des sceaux, il fut nommé président de chambre en la Cour de cassation le .

Dans un rapport à la Chambre des pairs, en 1825, il révéla qu'un jacobin d'Ancenis, convoitant les propriétés de l'hôpital de Nantes, avait fait inscrire l'hôpital sur la liste des émigrés. Le , Portalis fit à la Chambre des pairs son fameux rapport sur la pétition de Montlosier contre la légalité de l'existence des jésuites en France.

Promu garde des sceaux le , lors de la constitution du cabinet Martignac, il attacha son nom à plusieurs mesures importantes, par exemple à celle qui abrogeait la censure et à celle qui réprimait les fraudes électorales. Il échangea, le , le portefeuille de la Justice pour celui des Affaires étrangères, laissé vacant par Anne Adrien Pierre de Montmorency-Laval, et qu'il garda jusqu'au suivant, à l'avènement du ministère Polignac.

En quittant le pouvoir, il se réserva d'ailleurs la place de Premier président de la Cour de cassation et de membre du conseil privé.

Monarchie de Juillet[modifier | modifier le code]

Essentiellement ami de l'autorité, il se rallia avec empressement au gouvernement de Louis-Philippe Ier, sous la Monarchie de Juillet, et continua de prendre une part active aux travaux de la Chambre des pairs, dont il fut un des vice-présidents. Il se prononça pour l'hérédité de la pairie, parla contre le rétablissement du divorce, et prêta l'appui de sa voix et de son influence à toutes les mesures conservatrices et répressives.

En 1835, il fut l'assesseur de MM. Pasquier et Decazes dans l'instruction du procès d'avril. Membre de l'Académie des sciences morales et politiques (), section de législation et de jurisprudence, il communiqua à l'Institut de France de remarquables Observations sur le code sarde comparé au code civil français.

Deuxième République et Second Empire[modifier | modifier le code]

Chapelle funéraire des Portalis au cimetière de Passy.

Sous la Révolution française de 1848, Portalis conserva sa place de premier président de la Cour de cassation, au nom de laquelle il présenta des Observations sur l'ordre judiciaire.

Il affirma aussi ses opinions conservatrices et monarchistes dans un écrit intitulé : L'Homme et la Société.

Après le Coup d'État du 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte le nomma sénateur (). Un incident, lors de la prestation du serment des nouveaux sénateurs, montra, dit un historien, que le comte Portalis « ne voulait pas renoncer à l'occasion de proclamer une foils de plus sa fidélité ». Son nom n'avait pas été appelé : il réclama contre cette omission, et, la formule du serment ayant été relue, M. Portalis prêta, à très haute voix, son huitième serment politique. Il s'associa au rétablissement de l'Empire, fut rapporteur (1856) du projet de loi sur la régence, et siégea au palais du Luxembourg jusqu'à sa mort ().

Il meurt à hauteur de l'actuel no 78 rue de la Tour (Passy, de nos jours 16e arrondissement de Paris), dans une propriété depuis disparue[4].

Il était grand-croix de la Légion d'honneur.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Armoiries[modifier | modifier le code]

Figure Blasonnement
Armes de chevalier de l'Empire (1808)

Parti au premier d'azur à la fasce cousue de gueules chargé du signe des chevaliers légionnaires, accompagnée en pointe d'une tour ouverte crénelée de trois pièces échiquetées de sable et d'argent ; au second écartelé ; au premier d'argent à la fasce de gueules, au second aussi d'argent à sept billettes d'azur ; au troisième d'azur, à la chausse-trape évidée d'or ; au quatrième d'argent, au mur de sable maçonné d'or, crénelé de trois pièces.[6]

Armes du 1er comte Portalis et de l'Empire (1809)

Parti au premier d'azur à la fasce cousue de gueules chargé du signe des chevaliers légionnaires, accompagnée en pointe d'une tour ouverte crénelée de trois pièces échiquetées de sable et d'argent ; au quartier des Comtes Conseiller d'état brochant au neuvième de l'écu ; au second écartelé ; au premier d'argent à la fasce de gueules, au second aussi d'argent à sept billettes d'azur ; au troisième d'azur, à la chausse-trape évidée d'or ; au quatrième d'argent, au mur de sable maçonné d'or, crénelé de trois pièces.[6]

Armes de Baron-Pair de France

Parti, au premier d'azur, à la tour à 3 tourelles d'argent, celle du milieu supérieure et sommée d'une tige de 3 lys du même émail ; au deuxième contre-écartelé, au 1er d'argent à une fasce de gueules ; au 2e argent, à 7 billettes de gueules, posées 1, 2, 2 et 2 ; au 3 d'azur, au double triangle entrelacé d'argent ; au 4 d'argent, au mur crénelé de gueules, maçonné d'argent. Supports : deux lions. Couronne de comte sur l'écu, et couronne de baron sur le manteau[7],[8],[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Germain Sarrut, Biographie des hommes du jour, vol. 1, Krabbe, , 382 p. (lire en ligne), p. 157
  2. Le bref enjoignait au cardinal Maury de renoncer à l'administration de l'archidiocèse de Paris, pour laquelle ce prélat avait abandonné le siège de Montefiascone.
  3. Baron-pair le , lettres patentes du .
    Source
    Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) sur www.heraldica.org
  4. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue de la Tour », p. 563-564.
  5. « Cote LH/2202/68 », base Léonore, ministère français de la Culture
  6. a et b Nicolas Roret, Nouveau manuel complet du blason ou code héraldique, archéologique et historique : avec un armorial de l'Empire, une généalogie de la dynastie impériale des Bonaparte jusqu'à nos jours, etc..., Encyclopédie Roret, , 340 p. (lire en ligne).
  7. Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. 8, L'auteur, (lire en ligne)
  8. "Portalis", LA FAMILLE AUJOURD'HUI sur www.portalis.info
  9. Source : Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) sur www.heraldica.org.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raphaël Cahen, Nicolas Laurent-Bonne (dir.),Joseph-Marie Portalis : diplomate, magistrat et législateur, Aix-en-Provence, Presses Universitaires d’Aix-Marseille (PUAM), 2020.
  • Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. 8, L'auteur, (lire en ligne) ;
  • Joël-Benoît d’Onorio, « Les Portalis. Une famille au service de l’État et du Droit », Les Cahiers Portalis, vol. 1, no 1,‎ , p. 9–18 (ISSN 0981-1966, DOI 10.3917/capo.001.0009, lire en ligne, consulté le ) ;
  • Germain Sarrut, Biographie des hommes du jour, vol. 1, Krabbe, , 382 p. (lire en ligne) ;
  • « Joseph-Marie Portalis », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] ;