John Hersey — Wikipédia

John Hersey
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John Hersey, photographie de Carl Van Vechten, 1958
Nom de naissance John Richard Hersey
Naissance
Tientsin, Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Décès (à 78 ans)
Key West, Floride, Drapeau des États-Unis États-Unis
Activité principale
Écrivain
Distinctions
Prix Pulitzer du Roman pour A Bell for Adano
Auteur
Langue d’écriture anglais
Genres
Écrivain, journaliste

John Richard Hersey (TientsinKey West) est un journaliste américain, lauréat du Prix Pulitzer, considéré comme l'un des pionniers du Nouveau journalisme, usant des techniques de storytelling du roman mêlées au reportage d'actualité[1].

Le récit d'Hersey sur l'impact et les conséquences de la bombe atomique ayant dévasté Hiroshima fut choisi comme le meilleur article du XXe siècle par un jury de 36 membres réunis par le département journalisme de la New York University[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Premiers pas[modifier | modifier le code]

Né à Tientsin, Chine, des missionnaires[3] Roscoe et Grace Baird Hersey, John Hersey apprit à parler chinois avant d'apprendre l'anglais[4]. Il rentra aux États-Unis à 10 ans avec sa famille. Il est élève à la Hotchkiss School (en), avant d'étudier à l'Université Yale, où il fut membre de la société secrète Skull and Bones[5]. Il fut ensuite diplômé de l'Université de Cambridge. À cette période (1937), il travailla en job d'été comme secrétaire privé de l'auteur Sinclair Lewis, avant de commencer à travailler pour Time à l'automne[6], où il est embauché sur la foi d'un texte critiquant la qualité du magazine[7]. Deux ans plus tard, il est transféré comme correspondant au bureau du Time à Chongqing. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il couvre les batailles d'Europe et d'Asie, pour Time comme pour Life. Il accompagne les troupes alliées lors de l'invasion de la Sicile, survivant à quatre accidents d'avion[8], et reçoit les honneurs du Secrétaire à la Marine des États-Unis pour son rôle dans l'évacuation de soldats blessés de Guadalcanal[9]. Au sortir du conflit, pendant l'hiver 1945-1946, Hersey était au Japon, en reportage pour The New Yorker sur la reconstruction du pays dévasté, lorsqu'il tomba sur un document écrit par un missionnaire jésuite qui avait survécu au bombardement atomique d'Hiroshima. Il contacta alors le missionnaire qui lui présenta d'autres survivants[8].

Reportages sur Hiroshima[modifier | modifier le code]

« À exactement huit heures et quinze minutes le matin du 6 août 1945, heure locale, au moment où la bombe atomique explosa sur Hiroshima, Miss Toshiko Sasaki, employée au service du personnel de la East Asia Tin Works, venait juste de s'asseoir à son bureau en tournant la tête pour parler à sa collègue[10]. Première phrase d'Hiroshima, John Hersey, 1946 [7] »

Hiroshima en ruines après l'explosion de la bombe atomique, octobre 1945

Peu après John Hersey entama des discussions avec William Shawn (en), rédacteur au journal The New Yorker, au sujet d'un long papier sur le bombardement de l'été précédent. Hersey proposait une histoire du cataclysme à travers le destin de six survivants: le prêtre jésuite; une veuve brodeuse; deux médecins; un diacre et une jeune employée d'usine. En , Hersey partit pour le Japon, où il passa trois semaines pour ses recherches et ses entretiens. De retour en Amérique fin juin, il commença à écrire. Il en résulta son travail le plus célèbre, l'article de 31 000 mots "Hiroshima (pt)", qui parut le dans The New Yorker. Le papier faisait le récit de la bombe atomique lâchée sur la ville japonaise le , et de ses effets sur six citoyens japonais. L'article remplit à lui-seul tout le magazine –un événement inédit dans The New Yorker, et jamais renouvelé[11]. Ce numéro arriva dans les boîtes aux lettres des abonnés sous une couverture légère d'un pique-nique estival dans un parc. Rien ne laissait présager du contenu. L'article débutait là où se trouvait habituellement la colonne des rumeurs de la ville. Au bas de la page, la rédaction avait ajouté une courte note :

« "A NOS LECTEURS. Le New Yorker accorde cette semaine tout son espace éditorial à un article traitant de l'anéantissement presque total d'une ville par une bombe atomique, et de ce qui devint des habitants de cette ville. Nous agissons ainsi avec la conviction que peu d'entre nous ont déjà compris le pouvoir incroyable de cette arme, et pour que chacun puisse réfléchir sur les terribles retombées de son utilisation. La Rédaction[12]. »

Le reportage eut un immense retentissement et le numéro fut épuisé en quelques heures. De nombreux journaux en reproduisirent le texte, aux États-Unis et dans le monde entier. France-Soir en donne la traduction intégrale en français du 10 au  ; et il paraît simultanément en livre aux États-Unis et en Angleterre en novembre. En France, Georges Bataille lui consacre un important compte-rendu, publié dans la revue Critique (n° 8-9, janvier-) et intitulé « À propos de récits d'habitants d'Hiroshima », dans lequel il évoque « la représentation durable du cataclysme » et la nécessité qu'« il vaut mieux vivre à hauteur d'Hiroshima que gémir et n'en pouvoir supporter l'idée. »[13]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Men on Bataan, 1942
  • Into the Valley, 1943
  • A Bell for Adano, 1944 (Prix Pulitzer du Roman)
  • Hiroshima, 1945
  • The Wall, 1950
  • The Marmot Drive, 1953
  • A Single Pebble, 1956
  • The War Lover, 1959
  • The Child Buyer, 1960
  • The Algiers Motel Incident, 1968
  • Letter to the Alumni, 1970
  • Aspects of the Presidency, 1980
  • Blues, 1987
  • Fling and Other Stories, 1990
  • Antonietta, 1991
  • Key West Tales, 1994

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Killing the Messenger: 100 Years of Media Criticism, Tom Goldstein, Published by Columbia University Press, 1989, ISBN 0-231-06602-3 »
  2. (en) « Journalism's Greatest Hits, Felicity Barringer, The New York Times, March 1, 1999 »
  3. Ses parents étaient des missionnaires protestants de la Young Men's Christian Association (YMCA) au Japon. Après leur diplôme de la Syracuse University, Roscoe et Grace Hersey s'étaient rendus en Chine pour enseigner le basketball et la comptabilité, mais aussi la médevine occidentale, les techniques d'enseignement, la science et l'agronomie.[1]
  4. John Hersey était un descendant de William Hersey (ou Hercy, comme le nom est épelé à Reading (Berkshire), Angleterre, lieu de naissance de William Hersey). William Hersey était l'un des premiers colons de Hingham (Massachusetts) en 1635. Il servit au conseil de la ville et fut un membre de l'Ancient and Honorable Artillery Company, avant de mourir à Hingham en 1658. Il existe un monument à son honneur dans l'église d'Old Ship à Hingham.[2]
  5. (en) « At Skull and Bones, Bush's Secret Club Initiates Ream Gore, The New York Observer, April 22, 2001 »
  6. « Who's who of Pulitzer Prize Winners, Elizabeth A. Brennan, Elizabeth C. Clarage, Published by Greenwood Publishing Group, 1999, ISBN 1-57356-111-8 »
  7. a et b (en) David Gates, « An All-American Foreigner », Newsweek,‎ (lire en ligne)
  8. a et b John Hersey, American Society of Authors and Writers
  9. (en) « John Hersey, Author of 'Hiroshima,' Is Dead at 78, The New York Times, March 25, 1993 »
  10. At exactly fifteen minutes past eight in the morning on August 6, 1945, Japanese time, at the moment when the atomic bomb flashed above Hiroshima, Miss Toshiko Sasaki, a clerk in the personnel department of the East Asia Tin Works, had just sat down at her place in the plant office and was turning her head to speak to the girl at the next desk
  11. (en) « Obituary of John Hersey, The New Yorker, April 5, 1993 »
  12. "TO OUR READERS. The New Yorker this week devotes its entire editorial space to an article on the almost complete obliteration of a city by one atomic bomb, and what happened to the people of that city. It does so in the conviction that few of us have yet comprehended the all but incredible destructive power of this weapon, and that everyone might well take time to consider the terrible implications of its use. The Editors.".
  13. Georges Bataille, Œuvres complètes, t. XI, Gallimard, 1988, p. 185.

Liens externes[modifier | modifier le code]