Jean Cabot — Wikipédia

Jean Cabot
Image illustrative de l’article Jean Cabot
Jean Cabot – fresque de la salle de l'Écusson du palais des Doges par Giustino Menescardi.

Nom de naissance Giovanni Caboto
Naissance Vers 1450
Gênes (République de Gênes) ou Gaète (Royaume de Naples)
Décès en 1498
En atteignant le Cap Hatteras
Nationalité Vénitien
Famille Ludovico, Sébastien, et Sancio

Découvertes principales Grands Bancs et Terre-Neuve
Pour le compte de Angleterre
Bâtiments Matthew
Première expédition
Dernière expédition mai 1498
Hommage Tour Cabot à Bristol

Jean Cabot, de son nom de naissance Giovanni Caboto, et appelé John Cabot en anglais, né vers 1450 et mort en 1498, est un navigateur et explorateur italien au service de l’Angleterre à partir de 1496.

De dix ans plus âgé que Christophe Colomb, il aspire, comme lui, à découvrir une route d'Europe vers l'Asie à travers l'océan Atlantique et atteint la région de Terre-Neuve en 1497.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines familiales et formation[modifier | modifier le code]

Jean Cabot est le fils de Giulio Caboto, mort avant 1482[1].

Son lieu de naissance est incertain[1] : certains pensent qu'il est originaire de Gênes[2], alors que d'autres le font naître à Gaète[3] près de Naples. On considère souvent que Cabot est né vers 1450, mais on ne dispose pas de documents le concernant, antérieurs à 1476[1].

Sa famille part à Venise alors qu'il est encore enfant. Il en obtient la nationalité en 1476[1]. Il épouse une Vénitienne nommée Mattea, qui lui donne trois fils, Ludovico, Sébastien (Sebastiano) et Sancio[1], les deux premiers nés avant 1484[1].

Débuts professionnels : Venise et Valence[modifier | modifier le code]

Les activités professionnelles de Jean Cabot pendant sa période vénitienne, qui se prolonge au moins jusqu'en 1484, ne sont pas connues avec certitude[1]. Il semble avoir été actif dans le commerce avec le Levant ; il pourrait avoir voyagé jusqu'en Arabie, aurait établi des cartes et aurait été informé tant du voyage de Marco Polo en Chine au XIIIe siècle que des entreprises maritimes des Portugais[1], qui explorent progressivement la côte de l'Afrique depuis 1420.

Jean Cabot se serait ensuite établi à Valence, dans le royaume d'Aragon, de 1490 à 1493, et aurait travaillé à la fortification du port de la ville[1]. Il aurait donc pu se trouver à Valence, lorsque Christophe Colomb, de retour de son premier voyage de découverte en 1492, y passe[1]. Il semble par ailleurs que Jean Cabot ait cherché un soutien auprès des rois d'Espagne et du Portugal pour ses propres projets d'exploration[1]. Le fait de bien connaître les récits de Marco Polo sur le pays de Cathay pourrait l'avoir amené à douter de la conviction de Colomb d'avoir atteint «les Indes»[1].

Au service de l'Angleterre[modifier | modifier le code]

Il est établi que Jean Cabot arrive en Angleterre avant la fin de l'année 1495, et qu'il souhaite entreprendre une expédition pour atteindre Cathay par l'ouest en voyageant plus au nord que Christophe Colomb[1]. Des navigateurs anglais, partis de Bristol, comme Thomas Croft et John Jay, avaient atteint dès les années 1480 une « terre ferme » située à l'ouest de l'Irlande. Jean Cabot pourrait en avoir entendu parler et cela aurait pu motiver son arrivée en Angleterre[1].

La lettre patente du roi Henri VII (1496)[modifier | modifier le code]

Ayant persuadé le roi Henri VII, lui aussi à la recherche d'une route vers l'Asie, qu'il est possible d'atteindre les Indes orientales en passant au nord de l'Amérique, il est chargé d'entreprendre une expédition dans ce but, au départ de Bristol[1] par une lettre patente du [4],[5].

Sa première tentative (1496) est un échec : Cabot atteint l'Islande, mais en raison de disputes avec son équipage, du mauvais temps et du manque de nourriture, il est obligé de rebrousser chemin[1].

Le voyage de 1497[modifier | modifier le code]

Le , l'explorateur quitte Bristol à bord du Matthew, un navire de 50 tonneaux disposant d'un équipage de dix-huit hommes, dont son fils Sébastien Cabot[1]. L'équipage[1] comprend des marins de Bristol, mais aussi des marchands, un barbier génois et un sujet bourguignon[6].

Il touche terre le , mais ne rencontre pas d'indigènes[1]. Il a atteint l'île de Cap-Breton ou l'île de Terre-Neuve, à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent, sans qu'il soit possible de localiser le lieu exact du débarquement[7]. Il explore ensuite la côte pendant quelque temps, mais ne se rend plus à terre[1].

Il repart pour l'Angleterre et fait le récit de son voyage au roi Henri VII le 10 ou le [1]. Cabot est alors lui aussi persuadé d'avoir atteint l'Asie[1]. Il note l'abondance de cabillauds au large des terres découvertes[1].

Route du voyage de 1497 d'après The Cabot Project

Controverses sur l'antériorité du voyage de Cabot[modifier | modifier le code]

L'endroit précis de son premier accostage est controversé[1]. En effet, les gouvernements canadien et britannique considèrent qu'il est arrivé dans la péninsule de Bonavista.

Les Anglais ont affirmé[Quand ?] qu'il était le premier Européen à découvrir la « nouvelle terre » après les Vikings[8], Colomb étant arrivé dans les Caraïbes, pas sur le continent ; mais l'absence de cartographie ou de journal de voyage est source de problèmes[9].

Sur le planisphère de Cantino de 1502, document cartographique sur lequel figure pour la première fois, avec une annotation claire, une partie significative des contours orientaux du Nouveau Monde), le Groenland et Terre-Neuve sont représentés sous drapeau portugais. La carte de Pedro Reinel, qui date de 1504, atteste clairement de la domination des connaissances portugaises sur à Terre-Neuve par son abondante toponymie.[réf. nécessaire]

Le voyage de 1498 et la disparition de Cabot[modifier | modifier le code]

Au début du mois de mai 1498, Cabot repart de Bristol[1]avec cinq navires. Il est probable que l'objectif ait été de passer au sud des terres abordées lors du premier voyage[1], d'atteindre Cathay et d'établir un comptoir, soit à Cathay, soit entre l'Angleterre et Cathay[1]. Très peu de source parlent de lui après, beaucoup de chercheurs disent qu'il a disparu en mer, mais il a pu aussi mourir de maladie dans un port anglais car le retour de ce voyage n'est pas daté.

Cabot n'est jamais revenu en Angleterre et on ignore si l'expédition a réussi[1]. On ne sait même pas avec précision combien de navires sur les cinq sont revenus.

Il reste néanmoins, en 1498, un navire chargé de prendre contact avec l'existence supposée d'un « Grand Khan » à l'intérieur du continent ; l'expédition serait alors passée par le fleuve Saint Lawrence[1], en remontant son cours. Selon un écrivain vénitien, le marin Sébastiano Caboto, fils de Jean Cabot, lui succède et navigue sur ce navire en 1498-1499[1].

Dans un ouvrage de 1565, l'écrivain anglais Richard Hakluyt, qui écrit la première Géographie historique de l'Amérique du Nord britannique, signale que Jean Cabot découvre d'abord «Island» et ensuite «the mainland in that northern latitude», en l'occurrence l'île de Cap Breton ou la Terre-Neuve[1], puis navigue à l'intérieur du continent en remontant la rivière[réf. nécessaire] (probablement le fleuve Saint-Laurent[réf. nécessaire]).

Cabot disparaît au cours de ce voyage dans des circonstances inconnues[1]. Depuis cette date, plus rien n'apparaît concernant Cabot, et les références postérieures ont toutes pour origine son fils Sébastien[1].

Hommages[modifier | modifier le code]

  • à Bristol :
    • la tour Cabot, une tour de 30 mètres de haut en grès rouge bâtie en 1897 dans le centre de la ville, sur Brandon Hill, marque le 400e anniversaire de son débarquement en Amérique ;
    • une réplique du Matthew dans le port de Bristol ;
    • une statue de l'explorateur dans le quartier du port ;
  • à Rome : l'université américaine de Rome porte son nom.
  • en Nouvelle-Écosse : la Piste Cabot, une route scénique de près de 300 kilomètres fait le tour de l'Île du Cap-Breton .

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af et ag (en) R. A. Skelton, « CABOT, John », Dictionary of Canadian Biography,‎ (lire en ligne).
  2. C'est notamment ce qu'affirme un contemporain de Cabot, Pedro de Ayala, diplomate de Ferdinand d'Aragon et d’Isabelle de Castille à Londres, le qualifiant en 1498 d’« un de ces Génois comme Colomb » : Lettre de Pedro de Ayala au roi d'Espagne, 25 juillet 1498.
  3. (it) Gianfranco Bernabei, « scheda tecnica documentario « Caboto » : I CABOTO E IL NUOVO MONDO (film documentaire) », RAI International,‎ (lire en ligne [PDF]), près de Naples. Le principal argument en faveur de cette localité est donné par des documents évoquant une famille « Caboto » qui vit jusqu'au milieu du XVe siècle, mais n'est plus citée après 1443 : cf. Roberto Almagiá, Commemorazione di Sebastiano Caboto nel IV centenario della morte (Venise, 1958), p. 37-38. Les hypothèses d'une origine vénitienne, anglaise ou catalane se sont avérées sans fondement : cf. « CABOT » [html], Canadian Biography, (consulté le ).
  4. « Henrie, by the grace of God, King of England and France, and Lord of Irelande, to all, to whom these presentes shall come, Greeting--Be it knowen, that We have given and granted, and by these presentes do give and grant for Us and Our Heyres, to our well beloved John Gabote, citizen of Venice, to Lewes, Sebastian, and Santius, sonnes of the sayde John, and to the heires of them and every of them, and their deputies, full and free authoritie, leave, and Power, to sayle to all Partes, Countreys, and Seas, of the East, of the West, and of the North, under our banners and ensignes, with five shippes, of what burden or quantitie soever they bee: and as many mariners or men as they will have with them in the saide shippes, upon their owne proper costes and charges, to seeke out, discover, and finde, whatsoever Iles, Countreyes, Regions, or Provinces, of the Heathennes and Infidelles, whatsoever they bee, and in what part of the worlde soever they bee, whiche before this time have been unknowen to all Christians. We have granted to them also, and to every of them, the heires of them, and every of them, and their deputies, and have given them licence to set up Our banners and ensignes in every village, towne, castel, yle, or maine lande, of them newly founde. And that the aforesaide John and his sonnes, or their heires and assignes, may subdue, occupie, and possesse, all such townes, cities, castels, and yles, of them founde, which they can subdue, occupie, and possesse, as our vassailes and lieutenantes, getting unto Us the rule, title, and jurisdiction of the same villages, townes, castels, and firme lande so founde ». The Voyage of John Cabot to America.
  5. (en) The Voyage of John Cabot to America sur Chronicles of America.
  6. Le duché de Bourgogne étant revenu dans le domaine royal français en 1482, ses habitants sont sujets du roi de France. En revanche, l'héritier des ducs de Bourgogne, le Habsbourg Philippe le Beau, détient encore le comté de Bourgogne et les Pays-Bas bourguignons.
  7. Potomac, « histoire.ontheway: Les voyages de Jean Cabot (1496-1498) », sur histoire.ontheway, (consulté le ).
  8. (en) John L. Allen, « From Cabot to Cartier: The Early Exploration of Eastern North America, 1497-1543 », Annals of the Association of American Geographers, vol. 82 « The Americas before and after 1492: Current Geographical Research », no 3,‎ , p. 500-521.
  9. Lucien Campeau, « Découvertes portugaises en Amérique du Nord », Revue d’histoire de l’Amérique française, 1966.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Jean Cabot » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) James Williamson, The Voyages of the Cabots & the English Discovery of North America under Henry VII & VIII, Londres, The Argonaut Press, .
  • (en) Manuel Luciano Da Silva, Christopher Columbus was Portuguese, deuxième partie, Dightonrock the four theories, 2006 (ISBN 972-8998-14-7) (OCLC 180880510).
  • (en) Manuel Luciano Da Silva, The meaning of dightonrock, 1966.
  • (en) Edmund Burke Delabarre, Dighton Rock: A study of the written Rock of New England, 1928.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :