Jeanne de Fougères — Wikipédia

Jeanne de Fougères
Titres de noblesse
Dame de Fougères
Dame de Porhoët
Dame de Lusignan
Comtesse de la Marche
Comtesse d'Angoulême
Biographie
Naissance
Av. 1242
Décès
Ap. 1273
Sépulture
Époque
XIIIe siècle
Période d'activité
Père
Mère
Fratrie
Jean de Fougères
Conjoint
Enfants
Autres informations
Grands-Parents
Héritier

Jeanne de Fougères (av. 1242-ap. 1273) dame de Fougères et de Porhoët (suo jure) est une noble de la Maison bretonne de Fougères. Elle épouse un aristocrate de la haute noblesse poitevine en 1254 : Hugues XII de Lusignan[1], comte de la Marche et d'Angoulême, et fait passer les importants fiefs de Fougères et du Porhoët dans la Maison de Lusignan[2].

Château de Fougères (remparts nord) : tours de Guibé, Mélusine et du Gobelin, poterne d'Amboise.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Jeanne est l'unique enfant survivant de Raoul III (1212-), seigneur de Fougères, et d'Isabelle de Craon. Elle a un frère aîné, Jean, qui décède le jour de sa naissance le [3]. Jeanne devint la plus riche héritière du duché de Bretagne[4].

Ses grands-parents paternels sont Geoffrey, seigneur de Fougères, et Mathilde de Porhoët ; et ses grands-parents maternels sont Amaury Ier, seigneur de Craon (v. 1180-1226 ), et Jeanne des Roches (1195-1238), fille de Guillaume des Roches, sénéchal d'Anjou, et de Marguerite de Sablé[5].

Anthroponyme[modifier | modifier le code]

Jeanne porte le prénom de sa grand-mère maternelle, Jeanne des Roches (1195-1238), dame de Sablé.

Règne[modifier | modifier le code]

À la mort de son père, survenue le , elle prend le titre de dame de Fougères. La même année, elle ordonne l'expansion du château de Fougères, faisant ajouter les tours de guet de Mélusine et du Gobelin, ainsi qu'un renforcement des remparts et des portes. Ses efforts donnent une meilleure stabilité à la ville[6].

Veuvage et régence[modifier | modifier le code]

Peu après le , Jeanne devient veuve lorsque son mari Hugues XII décède de la peste à Carthage[7] lors de la huitième croisade, où il avait accompagné Saint Louis. Jeanne est reconnue tutrice de ses enfants mineurs dès [8],[9].

Testament, décès et sépulture[modifier | modifier le code]

Vue des ruines de l'Abbaye de Savigny : porche d'accès entre le cloitre et l'extérieur entre le dortoir et le réfectoire.

Jeanne fait son testament le à Touvre[10],[11]et décède à une date inconnue après 1273. Elle est enterrée à l'abbaye de Savigny[12].

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Hugues XII de Lusignan[modifier | modifier le code]

Jeanne épousa le Hugues XII de Lusignan (av. 1241-ap. ), comte de la Marche et d'Angoulême (), fils aîné d'Hugues XI le Brun (v. 1221-1250), seigneur de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême[13] et de son épouse Yolande de Bretagne (1218-1272), comtesse de Penthièvre[14]. La cérémonie se déroula dans le château de Fougères et fut célébrée par l’abbé de Savigny, Étienne[15]. Son mariage fut enregistré le [16].

Hugues XII de Lusignan et Jeanne de Fougères sont les parents de sept enfants :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Hugues XII est le neveu du duc Jean Ier de Bretagne et roi Henri III d'Angleterre.
  2. Frédéric Morvan, « Les seigneurs de Fougères du milieu du XIIe au milieu du XIVe siècle» », Bulletin et Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie du Pays de Fougères, vol. XLI,‎ , p. 21 (lire en ligne [archive] [PDF])
  3. E Chronico Savigniacensi (éd. Natalis de Wailly et Léopold Delisle), t. XXIII : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, (lire en ligne), § B, p. 585 :

    « Eodem anno, die sanctl Nicholai, peperit ei Ysabella, uxor dicti Radulphi, filium, nomine Johannem. »

  4. Frédéric Morvan, « Les seigneurs de Fougères du milieu du XIIe au milieu du XIVe siècle» », Bulletin et Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie du Pays de Fougères, vol. XLI,‎ , p. 21-22 (lire en ligne [archive] [PDF])
  5. Frédéric Morvan, « Les seigneurs de Fougères du milieu du XIIe au milieu du XIVe siècle» », Bulletin et Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie du Pays de Fougères, vol. XLI,‎ , p. 15-16 (lire en ligne [archive] [PDF])
  6. Amédée Bertin et Léon Maupille, Notice historique et statistique sur la baronie, la ville et l'arrondissement de Fougères, Rennes, (lire en ligne), chap. II (« Histoire des monuments de la ville de Fougères »), p. 135
  7. Guillaume Guiart (éd. Natalis de Wailly et Léopold Delisle), La branche des royaus lingnages, t. XXII : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, (lire en ligne), p. 206
    1270, 26 août (vers), Carthage.
  8. Cartulaire des comtes de la Marche et d'Angoulême (éd. Georges Thomas), Angoulême, Imprimerie Ouvrière, (lire en ligne), LIV, p. 114-119
    1273, 3 avril : Pierre Ebrard et son fils Roger confirment en faveur de Jeanne de Fougères, comtesse de la Marche et d'Angoulême et dame de Fougères, et gardienne de ses enfants la vente qu'ils avaient fait à son mari, Hugues [XII], comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères de tous les droits qu'ils avaient reçu de leur épouse et mère défunte, Aelis, dans la vicomté d'Aubusson pour une rente de 100 livres assise en la châtellenie de Guéret.
  9. Livre des fiefs de Guillaume de Blaye, évêque d'Angoulême, (éd. Abbé Jean Nanglard), Angoulême, (lire en ligne), p. 54-55
    1273, juillet, Vars : Jeanne de Fougères, comtesse d'Angoulême, veuve d'Hugues [XII] de Lusignan, fait hommage lige, au nom de son fils, Hugues [XIII], à l'évêque d'Angoulême, Pierre [III] Raymond, pour le fief vicomtal de la Rochefoucauld.
  10. Layettes du trésor des chartes (éd. Élie Berger), t. IV : de l'année 1261 à l'année 1270, Paris, Plon, (lire en ligne), n°5519 : Testament de Jeanne de Fougères, comtesse de la Marche et d'Angoulême, p. 341-344
    1269, mai 20, Touvre : Jeanne de Fougères, épouse d'Hugues [XII] de Lusignan, comtesse de la Marche et d'Angoulême fait son testament. Elle établit son fils Hugues [XIII], héritier universel pour tout ce qui ne sera pas mentionné dans le testament. Elle attribue à ses filles, Yolande, Jeanne, Marie et Isabelle une rente de 500 livres à assigner sur son héritage. Comme elle est enceinte, elle assigne à l'enfant, s'il naît et qu'il vit, si c'est une fille, 500 livres, si c'est un garçon, qu'il reçoive un héritage selon la coutume de Bretagne. De même, si elle a d'autres enfants mâles, elle demande que son fils aîné les pourvoie selon la coutume et si elle enfante d'autres filles, qu'elles reçoivent une rente de 300 livres. Si son fils n'avait pas de descendants, elle demande que son héritage aillent à ses frères et si aucun d'entre-eux n'avait de fils, il devrait revenir à sa fille aînée puis à ses cadettes. Elle demande également de vérifier que les parts attribuées à ses filles n'excèdent pas le tiers de son héritage ou, si c'est le cas, de les réduire, auquel cas sa fille aînée aurait 500 livres de rente et le reste serait réparti équitablement entre ses autres filles. Elle choisit l'abbaye de Savigny comme lieu de sépulture. Elle demande que soient payées toutes ses dettes à tous les créanciers qui pourront les prouver. Elle laisse différentes sommes à trente-sept membres de sa maison et fait trente-neuf legs aux établissements religieux, parmi lesquels elle demande de nourrir les Franciscains d'Angoulême pendant une semaine à partir du jour de sa mort et fonde un anniversaire dans la cathédrale d'Angoulême. Elle laisse 200 livres pour la Terre sainte et 20 livres pour payer trois hommes qui feront le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle pour ses enfants. Elle lègue à son fils Hugues les anneaux de Fougères et de Porhoët, son cercle d'or à Yolande, ses deux couronnes à Jeanne et à Isabelle et sa ceinture à Marie. Elle établit comme exécuteurs testamentaires les archevêques de Tours et de Bordeaux, les évêques de Rennes et d'Angoulême, son mari, Hugues [XII], Raoul Teysson, Guillaume [IV] Paynel, seigneur de Hambye et de Bréhal, et Hélie de Mustelien.
  11. Frédéric Morvan, « Les seigneurs de Fougères du milieu du XIIe au milieu du XIVe siècle» », Bulletin et Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie du Pays de Fougères, vol. XLI,‎ , p. 23-24 (lire en ligne [archive] [PDF])
  12. Nécropole familiale fondée par Raoul Ier de Fougères vers 1112/1113.
  13. Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 4 : Annexes 7 à 10 - Bibliographie (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, , Annexe, chap. 20 (« Les enfants d'Hugues X et d'Isabelle d'Angoulême (1221-1296) »), p. 179
  14. Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 4 : Annexes 7 à 10 - Bibliographie (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, , Annexe, chap. 17 (« Les Lusignan et la Bretagne (v. 1230-1314) »), p. 176
  15. Julien Bachelier, « Une histoire en Marche : Fougères et la Normandie au Moyen Âge (début XIe -milieu du XIVe siècle », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, vol. 88,‎ , p. 423-529 (lire en ligne [PDF])
  16. E Chronico Savigniacensi (éd. Natalis de Wailly et Léopold Delisle), t. XXIII : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, (lire en ligne), § J, p. 585 :

    « Anno Domini M. CC. LIII, IV kalendas Februarii, Hugues, cornes Marchiae, desponsavit Johannam, unicam filiam Radulfi, domini Fulgeriarum, in dicto castro, praesente venerabili patre Stepbano, tune abbate Savigniacensi, qui oflicium illius sacramenti solempniter celebravit, et multis aliis nobilibus ulriusque sexus. »

  17. Fils d'Amanieu VI d'Albret et de Mathe de Bordeaux et frère aîné d'Amanieu VII, seigneur d'Albret.
  18. Fils de Geoffroy de Joinville (1225/1233-21 octobre 1314), 1er baron Geneville et de Mahaut de Lacy (av. 1231-11 avril 1304).
  19. Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 1 : Texte (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, (lire en ligne [PDF]), p. 877 :

    « Jean de Vescy contracte en 1279 un mariage "per verba de presenti" avec Marie de Lusignan, sœur d'Hugues XIII, sous la houlette de Guy de Cognac. Neuf ans plus tard, en décembre 1288, Hugues XIII négocie un nouveau contrat de mariage entre Marie et Étienne II de Sancerre. Par ailleurs, son testament de 1283 demande qu'elle reçoive le revenu qui lui avait été attribué dans celui de leur père. Cette clause, qui ne concerne que Marie, laisse penser qu'elle est alors célibataire. Or, quand Jean de Vescy meurt le 10 février 1289, il est marié à Isabelle de Beaumont. L'absence d'informations supplémentaires nous amène à supposer une séparation intervenue très tôt entre les deux époux. »

  20. chartularium monasterii Fontis-Ebraldi, in dioecesi Pictaviensi ; quod Rogerius de Gaignieres partim ex chartis, partim ex magno ejusdem abbatiae chartulario describi curavit (manuscrit latin, copie pour Roger de Gaignières, d'après original perdu), Paris, BnF, coll. « manuscrit latin » (no 5480 (1)), (lire en ligne), p. 340 :

    « Univ[ersis presentis litteras inspecturis], Hugo Bruni, comes Marche et Engolisme, dominus Fulgoriarum, salutem. Nos Hysabelli dilecti sorori nostre moniali abbacie de Fonte Ebraudi damus, pro provisione sua in dicta abbacia vel membris ejusdem eidem honorabiliter facienda, quaterviginti libras turonensis annui redditus infra. Datum sub sigillo nostro mense Novembris [anno Domini] M° CC° LXX° VII°. »

    1277, novembre : Hugues [XIII] le Brun, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères, donne à sa sœur Isabelle, moniale à l'abbaye de Fontevraud, pour son entretien, une rente de 80 livres tournois.

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources diplomatiques[modifier | modifier le code]

  • Cartulaire de la seigneurie de Fougères, connu sous le nom de Cartulaire d'Alençon, éd. Jacques Aubergé, Documents pour servir à l'histoire de Bretagne, Rennes, Oberthur, 1913. [lire en ligne]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Julien Bachelier, « Une histoire en Marche : Fougères et la Normandie au Moyen Âge (début XIe - milieu du XIVe siècle) », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, vol. 88, janvier 2011, p. 423-529. [lire en ligne]
  • Julien Bachelier, « Le château médiéval de Fougères. Un siècle de recherches », Cent ans d'histoire et d'archéologie en pays de Fougères, Actes du Colloque du Centenaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Pays de Fougères (14 septembre 2013), Société d'histoire et d'archéologie du pays de Fougères, t. LI-bis, 2014, p. 9-54. [lire en ligne]
  • Frédéric Morvan, « Les seigneurs de Fougères du milieu du XIIe au milieu du XIVe siècle» », Bulletin et Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie du Pays de Fougères, t. XLI, 2003, p. 1-40. [lire en ligne] [lire en ligne]
  • Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell, Université de Nantes, 4 vol., 2 797 p., décembre 2018. [lire en ligne]

Articles connexes[modifier | modifier le code]