Jeanne de Belleville — Wikipédia

Jeanne de Belleville
Biographie
Naissance
Décès
Surnoms
La Tigresse bretonne, La Lionne de Bretagne, La Lionne sanglanteVoir et modifier les données sur Wikidata
Allégeance
Activités
Père
Maurice de Belleville, Seigneur de Montaigu (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Létice de Parthenay (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Olivier IV de Clisson
Guy de Penthièvre
Gautier de Bentley
Geoffroy VIII de Châteaubriant, Baron de Châteaubriant, Seigneur de Vioreau, de Candé, de Challain (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Isabeau de Clisson (d)
Olivier V de Clisson
Geoffroy IX de Châteaubriant, Baron de Châteaubriant, Seigneur de Vioreau et de Belleville-sur-Vie (d)
Jeanne de Clisson (d)
Louise de Châteaubriand (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Jeanne de Belleville, née vers 1300 dans le Poitou, morte vers 1359[1], est une femme baronne poitevine devenue, selon la légende, pirate par vengeance au XIVe siècle.

Malgré ses origines poitevines, elle est surnommée « la Tigresse bretonne » ou encore la « Lionne sanglante » à partir du XIXe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Jeanne de Belleville naît vers 1300, dans le Poitou, probablement en Vendée au château de Belleville, dans une famille noble dont les terres comprennent notamment l'île d’Yeu et l'île de Noirmoutier[2].

Elle est la fille de Maurice IV de Montaigu, seigneur de Belleville et Palluau, et de Létice de Parthenay[3].

Son père, qui a des terres en Bretagne et dans le Poitou, lui fait épouser en 1312 Geoffroy, seigneur de Châteaubriant[4].

Après la mort de ce dernier, elle se remarie vers 1330 avec Olivier IV de Clisson, un jeune noble issu d'une célèbre maison de Bretagne[5]. Ensemble, ils ont quatre enfants : Maurice (mort en très bas âge), Olivier (qui deviendra connétable de France), Guillaume et Jeanne[6].

Jeanne de Belleville partage alors ses journées entre l'éducation de ses enfants, les promenades à cheval et des parties de chasse dans le Vannetais[7]. Elle est ce qu'on pourrait appeler une épouse tout ce qu'il y a de plus normal dans les mentalités médiévales.

En 1337 débute la guerre de Cent Ans, puis quatre ans plus tard, la guerre de Succession de Bretagne opposant le comte Jean de Montfort, frère de Jean III de Bretagne issu d'un second mariage, au comte Charles de Blois, mari de la nièce de Jean III de Bretagne. Charles de Blois est avantagé par ses revenus financiers mais aussi par ses relations avec les grandes familles nobles du royaume de France et d'une partie de la noblesse de Haute-Bretagne et peut compter sur le renfort de l'armée française[8]. Jean de Montfort, quant à lui, a une position plus fragile : malgré le soutien d'Edouard III d'Angleterre, il doit se méfier de la fidélité de certains de ses hommes, mais peut compter sur le soutien de la petite et moyenne noblesse bretonne[8]. Le mari de Jeanne, Olivier de Clisson, prend part au conflit[7].

Lors du quatrième siège de Vannes en 1342, Olivier est fait prisonnier par les Anglais. Conduit en Angleterre, il est néanmoins libéré dans le cadre d'un échange avec le comte de Stanford[7] et contre le versement d'une rançon jugée étrangement faible par le roi de France et ses conseillers[9].

Inquiète, Jeanne retrouve alors son époux sain et sauf. Les retrouvailles entre époux vont cependant être interrompues durant l'été[7].

Exécution de son mari[modifier | modifier le code]

Exécution d'Olivier IV de Clisson, tiré de la Chronique de Jean Froissart (ms fr. 2643, fol° 126r), enluminure de Loyset Liédet.

En , son mari se rend à Paris pour participer à un tournoi au cours duquel de nombreux chevaliers du royaume doivent s'illustrer. Cependant les festivités tournent court. En plein tournoi, Olivier est en effet arrêté sur ordre du roi de France Philippe VI de Valois et ce au mépris des règles élémentaires de la chevalerie[10].

Les raisons de son arrestation sont assez obscures. Pour l'écrivaine belge Marie-Ève Sténuit, il s'agirait de problèmes de jalousies comme il y en a souvent à la cour royale[10]. Olivier est notamment accusé d'avoir soutenu Jean de Montfort contre Charles de Blois, neveu du roi de France et prétendant au trône du duché de Bretagne. Selon le comte de Salisbury, il aurait également intrigué avec d'autres seigneurs bretons afin de constituer une alliance secrète avec le roi d'Angleterre Édouard III. Une telle démarche relèverait alors de la trahison vis-à-vis du roi de France[3],[9].

Bien qu'aucune preuve formelle ne soit apportée, le roi de France se laisse convaincre de la culpabilité d'Olivier de Clisson et le condamne le à la décapitation pour félonie. Cependant, nous avons aujourd'hui la preuve qu'Olivier de Clisson avait bel et bien trahi le roi de France pour faire allégeance au roi d'Angleterre puisqu'une lettre écrite par Edouard III à son fils fait état du fait que certains seigneurs bretons se sont ralliés à lui, dont Olivier de Clisson[11].

Le procès-verbal de l'exécution indique que le chevalier a eu la tête tranchée sur un échafaud, et que son corps fut traîné au plus haut gibet de Montfaucon à Paris. Sa tête fut ensuite envoyée à Nantes pour être exhibée sur la porte Sauvetout[3].

La vengeance[modifier | modifier le code]

Selon la légende[modifier | modifier le code]

Jeanne récupère la tête de son époux. En silence, elle longe les remparts de Nantes et vient contempler, en compagnie de ses fils Olivier et Guillaume, la tête tranchée de son mari. Elle leur fait jurer de tout faire pour venger la mémoire de leur père[3],[12].

Ravagée par la douleur, Jeanne voue une profonde haine au roi de France. Désormais, elle n'aspire plus qu'à se venger de celui qui lui a pris son mari. « Au lieu de se livrer à une douleur stérile, le désir de venger un outrage aussi cruel lui inspira une résolution extraordinaire », explique La Fontenelle de Vaudoré[3].

Après avoir rassemblé 400 fidèles, elle se dirige vers le château le plus proche de Clisson : le château de Touffou, bâti en lisière de la forêt du même nom. La garnison du château est commandée par Le Gallois de la Heuse, un fidèle de Charles de Blois[3].

Lorsque la troupe de Jeanne arrive en vue des remparts, elle demande à ses hommes de se dissimuler dans les bois et bosquets environnants, puis elle se présente à l'entrée, escortée uniquement d'une quarantaine d'hommes. Le commandant du château, qui n'est pas encore au courant de l'exécution d'Olivier de Clisson et n'a donc aucune raison de se méfier d'elle, fait abaisser le pont-levis et l'accueille avec tous les honneurs dus à son rang[13].

Cette erreur va lui être fatale. Jeanne et ses hommes se rendent en effet maîtres de la porte et font rentrer rapidement le reste de la troupe. La garnison est massacrée et la place forte pillée. Le commandant, Le Gallois de la Heuse, parvient à s'enfuir après s'être caché[13].

Étang de la forêt de Touffou.

Selon le moine Dom Lobineau, « Charles de Blois, instruit de cette aventure, assemble alors du monde pour reprendre son château. » Mais lorsqu'il arrive au pied des remparts, il est trop tard. Jeanne est partie en emportant le butin avec elle et est déjà en route pour attaquer un autre château[3],[13].

Dévorée par la haine, elle consacre sa fortune à lever une armée pour assaillir les troupes favorables à la France stationnées en Bretagne[14]. En un temps record, elle va ainsi piller différents châteaux et massacrer les garnisons. Même si les chroniqueurs de l'époque ne donnent pas de liste précise, la plupart font état d'actes de cruauté et de garnisons massacrées sans pitié[13].

Informé, le roi de France demande à Jeanne de Belleville de venir s'expliquer devant le Parlement de Paris, mais celle-ci n'a aucune confiance dans la justice du roi et refuse de s'y rendre[13]. La veuve ne peut pardonner au roi sa cruauté, et à Charles de Blois d'avoir trempé dans ce qu'elle considère comme un assassinat.

Face à ce refus, le roi Philippe VI de Valois la condamne à être bannie du royaume et confisque ses biens par décret le [13]. Néanmoins ce décret est aussi tardif qu'inutile. Se sachant menacée sur terre, Jeanne s'est réfugiée en Angleterre avec le butin amassé durant ses différentes campagnes. Avec le soutien du roi d'Angleterre, elle espère maintenant continuer le combat sur mer.

En réalité[modifier | modifier le code]

Condamnation et exécution d'Olivier IV de Clisson, selon les Grandes Chroniques de France ( BNF ms fr. 2813 fol° 376v)

Lorsque son mari est décapité le 2 août 1343, ce sont des proches de ce dernier qui viennent lui apprendre la nouvelle. La décapitation d'Olivier de Clisson dans ces conditions pour trahison, après un procès expéditif, place de Grève à Paris, est un véritable coup de tonnerre dans la société médiévale. En effet, normalement, le roi de France pardonne la trahison, mais là il punit Olivier de Clisson. Ce n'est pas habituel en France d'exécuter de cette manière des nobles importants[11].

Il semblerait que, dès qu'elle apprend l'exécution de son mari, Jeanne de Belleville cherche impitoyablement à se venger, si l'on en croit la légende de celle-ci. Or, les historiens s'attachent à donner plus de détails sur sa vie tout en suivant au plus près les sources. En effet, la légende de Jeanne de Belleville, pirate sans foi ni loi, impitoyable et cherchant par tous les moyens à se venger de Philippe VI de France qui a fait exécuter injustement son mari date du XIXe siècle. C'est une vision romantique de Jeanne de Belleville[15].

Condamnation et exécution d'Olivier IV de Clisson, selon les Grandes Chroniques de France (BNF ms fr. 2813 fol°376v)

En réalité, cela faisait plusieurs mois qu'elle sentait le vent tourner contre elle et sa famille. Cela se produit à partir du moment où son mari fait allégeance au roi d'Angleterre. Lorsqu'il est emprisonné en juillet 1343, elle cherche à soudoyer les gardes de sa prison, sans succès. Au moment où Olivier de Clisson se fait décapiter, elle est déjà en train d'amasser des hommes d'armes pour aller attaquer une forteresse partisane de Philippe VI et de Charles de Blois. Elle a environ 400 hommes d'armes sous ses ordres. Dès qu'elle apprend la mort de son mari, elle part à l'assaut du château de Touffou avec ses 400 hommes. Il s'agit d'une véritable expédition punitive, elle n'a pas pour but d'occuper le château une fois ce dernier pris. Au contraire, Jeanne de Belleville montre que, par le prix du sang et de la violence, elle venge l'honneur de son mari. C'est une véritable guerre privée qu'elle va décider de mener contre le roi[15].

Après l'attaque de ce château, elle prend directement la mer pour tenter de fuir en Angleterre puisque, lors de l'exécution de son mari elle a été elle-même bannie du royaume de France. Elle sait donc qu'elle n'a plus d'autre choix que de fuir en Angleterre. Le chroniqueur des Grandes Chroniques de France écrit que : « Sa femme qui estoit appellee dame de belleville tant comme coupable des devants dites traisons du semonse en parlement la quelle nosa comparoit pour ce fu elle condampnee par ingenir et bannie ». En 1343, tous ses biens lui sont confisqués et comme elle ne se rend pas à son procès demandé par le Parlement de Paris, elle est bannie du royaume de France[15].

Elle prend donc la mer pour fuir cela, et va sur son chemin faire tuer des marchands battant pavillon français, ce qui contribuera beaucoup à faire naître sa légende[15].

La Lionne sanglante[modifier | modifier le code]

Selon la légende[modifier | modifier le code]

Elle fait armer deux navires corsaires et, toujours accompagnée de ses deux fils, mène une guerre contre les bateaux français. À défaut de pouvoir atteindre directement le roi de France, elle s'attaque systématiquement à tous les navires marchands battant pavillon français qu'elle rencontre. Selon le médiéviste Jean Favier, cette « gigantesque entreprise de course ruinait ainsi tout un courant du commerce maritime français »[3].

Vêtue du haubert et de la gorgière de maille, Jeanne de Belleville combat l'épée à la main, se lançant à chaque fois la première à l'abordage[16]. À la tête de ses hommes, elle fait subir de lourdes pertes aux navires du royaume de France. Les bateaux sont coulés et les équipages passés au fil de l'épée. « S'attaquant aux bateaux de guerre français moins forts que les siens et à tous les vaisseaux marchands, elle mettait à mort sans merci tous les Français tombés entre ses mains », publie la Chronique Normande du XIVe siècle[3].

Cette violente guerre de course dure neuf mois et vaut à Jeanne le surnom de « Lionne sanglante »[14]. Le roi de France lance plusieurs navires à la poursuite des pirates. Après plusieurs combats acharnés, les vaisseaux du roi parviennent à s'emparer des navires de Jeanne de Belleville, mais cette dernière réussit à s'échapper à bord d'une barque avec ses deux fils[17].

Malheureusement pour eux, les rescapés n'ont pas eu le temps d'emporter avec eux de l'eau et des vivres au moment de prendre la fuite. Les cinq jours de dérive suivants sont terribles. Un des deux fils de Jeanne, Guillaume, meurt de soif, de froid et d'épuisement. Au bout de six jours, Jeanne et son deuxième fils Olivier sont finalement recueillis à Morlaix par des partisans des Montfort, ennemis du roi de France[18]

En réalité[modifier | modifier le code]

Il semble plutôt que Jeanne de Belleville ait pris la mer avec ses enfants pour se sauver et trouver asile en Angleterre après s'être fait confisquer ses biens et bannir du royaume de France. Il semble que si elle attaque les marchands français, c'est pour faire montre de sa désapprobation envers sa condamnation qu'elle trouve injustifiée[Selon qui ?][réf. nécessaire].

Selon Astrid de Belleville, descendante de Jeanne de Belleville et autrice d'un mémoire de master sur la vie de Jeanne de Belleville, si elle s'est attaquée à des marchands c'est parce qu'elle n'a fait que se défendre, contre des soldats du roi de France qui l'attendaient le long des côtes bretonnes : selon elle, Jeanne de Belleville n'a pas fait preuve de haine gratuite[15].

Par ailleurs, à cette époque, la navigation était un moyen de déplacement complexe. En fonction de la saison, les conditions météorologiques pouvaient être difficiles. De plus, l'une des principales difficultés en mer était l'approvisionnement en nourriture et en eau potable. Jeanne de Belleville a donc certainement choisi de rester près des côtes bretonnes et de se déplacer en faisant du cabotage[15],[19].

Elle finit par arriver en Angleterre, après avoir vécu un naufrage dans lequel son fils cadet, Guillaume, meurt.

Dernières années[modifier | modifier le code]

Réfugiée en Angleterre avec ses enfants, Olivier et Jeanne, elle épouse Walter Bentley, lieutenant du roi Édouard III en Bretagne et capitaine des troupes anglaises qui combattent pour Jean de Montfort contre Charles de Blois. Elle reçoit en cadeau de mariage de la part du roi d'Angleterre des terres dans le royaume de France, une infime partie de ce qu'elle possédait avant l'exécution de son mari.

Pendant ce temps, le pape Clément VI, sur requête du roi de France, intervient auprès d'Édouard III pour qu'il mette un terme aux agissements de la « Tigresse bretonne »[20], alliée de l'Angleterre.

Jeanne de Flandre, dite « Jeanne la Flamme ».

Lasse et épuisée par cette vie si mouvementée, Jeanne n'a de toute façon plus la force de continuer le combat. Désormais, elle souhaite se consacrer à l'éducation de son fils et récupérer par des moyens plus pacifiques les domaines qu'elle a perdus[17].

La ville et le château de Blain lui étant fermés (le château a été saisi avec tous ses biens et donné à Louis de Poitiers de même qu'une maison au faubourg de Nantes), elle se retire à Hennebont, où elle est accueillie à bras ouverts par la comtesse Jeanne de Flandre, dite « Jeanne la Flamme », et son jeune fils le comte de Montfort[17].

Jeanne de Belleville meurt vers 1359[21], probablement à Hennebont[3], en Angleterre[1] ou sur les terres qu'elle a récupéré du don que lui a fait Edouard III d'Angleterre pour son quatrième mariage avec Walter Bentley.

Son fils, Olivier V de Clisson, parvient, à force de requêtes et de protestations, à récupérer au fur et à mesure les domaines et châteaux confisqués à sa famille. Bien qu'élevé à la cour d'Angleterre, il servira les rois de France Charles V puis Charles VI, et deviendra connétable de France[3].

Mariages[modifier | modifier le code]

Jeanne de Belleville a été mariée quatre fois[22].

1re union[modifier | modifier le code]

Aux environs de 1312, elle est mariée à Geoffroy VIII de Châteaubriant, veuf en premières noces d'Alix de Thouars. Ils auront deux enfants[3] :

2e union[modifier | modifier le code]

On la marie vers 1328 à Guy de Penthièvre, veuf de Jeanne d'Avaugour. L'union sera de courte durée car, après une enquête, le mariage est annulé par le pape Jean XXII en 1330[réf. nécessaire].

3e union[modifier | modifier le code]

Elle épouse en 1330 Olivier IV de Clisson. Ensemble, ils auraient eu quatre enfants :

  • Maurice, seigneur de Blain, né entre 1331 et 1334 ;
  • Olivier V, surnommé le Boucher, l'Éborgné d'Auray, né le et mort le , mari de Marguerite de Rohan (fille d'Alain VII de Rohan et de Jeanne de Rostrenen), connétable de France ;
  • Guillaume, seigneur de la Trouvière, cadet d'Olivier d'environ deux ans. Selon la légende, il serait mort dans les bras de sa mère vers 1345, six jours après le naufrage du vaisseau amiral de sa mère ; toutefois, aucune trace historique, aucun document de l'époque ne confirme ce récit inventé au XIXe siècle[19]. Il semblerait vraisemblablement qu'il soit mort de faim et de froid vers 1344 après l'évasion en chaloupe de sa mère. Là, où la légende intervient, c'est concernant le nombre de jours qu'ils ont passé en mer[15].
  • Jeanne, Dame de Belleville, née vers 1340, épouse de Jean Harpedenne, Sénéchal de Saintonge, seigneur de Raine dans le Devonshire, de Montendre, de Fontenay-le-Comte (1361) et Vicomte d'Aunay. Originaire du Devonshire en Angleterre, il fut un lieutenant de Jean Chandos.

Contrairement à une légende répandue, Ysabeau de Clisson (née vers 1325 et morte le , épouse de Jean Ier de Rieux et mère de Jean II de Rieux), n'est pas la fille de Jeanne de Belleville, mais celle de Blanche de Bouville, première épouse d'Olivier de Clisson. Ces deux derniers ont eu deux enfants : Ysabeau et Jean de Clisson[19].

4e union[modifier | modifier le code]

Elle épouse vers 1349 Walter (Gauthier) de Bentley, lieutenant du roi d'Angleterre en Bretagne, capitaine des troupes anglaises qui combattent contre Charles de Blois. Au titre de ses faits d'armes, il reçoit de nombreux fiefs en Bretagne, entre autres « les terres et châteaux de Beauvoir-sur-Mer, d'Ampant, de la Barre, de la Blaye, de Châteauneuf, de Villemaine, de l'Île-Chauvet et les îles de Noirmoutier et de Bouin ».

Ensemble, Jeanne et Walter ont tenté de récupérer les terres des Belleville qui avaient été confisquées à Jeanne. Même si Edouard III les leur rend officiellement, la guerre qui fait rage plonge la région dans un chaos inextricable où l'autorité seigneuriale est difficile à remettre en place. Ainsi, même certains Anglais qui sont censés aider Jeanne dans cette tâche lui volent du sel, à leur profit[19].

Famille[modifier | modifier le code]

Le père de Jeanne de Belleville est Maurice IV de Montaigu (1263-1304), seigneur de Belleville et de Palluau. Il est d'abord marié à Sibille de Châteaubriand en 1286, puis en secondes noces, il épouse Létice de Parthenay en 1295.

Sa mère, Létice de Parthenay (vers 1276- ?) était la fille de Guillaume VI de Parthenay et de Jeanne du Perche-Montfort.

De son premier mariage, Maurice IV de Montaigu aura un descendant mâle : Maurice V de Montaigu, qui succèdera à son père mais mourra également sans héritier en 1337.

C'est alors que Jeanne de Belleville hérita, entre autres, de l'importante seigneurie de Montaigu mais aussi de toutes les autres possessions de son père[23]. Elle devient alors l'une des héritières les plus riches de l'Ouest du royaume de France.

Postérité[modifier | modifier le code]

Reconstitution de Jeanne de Belleville, à la fête médiévale de Josselin.

Une rue porte son nom : la Rue Jeanne la corsaire, à Nantes dans le quartier de Saint-Joseph de Porterie.

Une autre rue porte son nom : Rue Jeanne de Belleville, à La Bernerie-en-Retz, dans le quartier de la Rogère.

Cinéma[modifier | modifier le code]

  • 2022 : Court-métrage Jeanne de Belleville, fiction produite par l'association K.M production et réalisé par Maxime Pinchaud. Le projet a été présenté au Nikon film festival 2022.

Télévision[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • FROISSART Jean, Chroniques, BNF ms fr. 2643Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Les Grandes Chroniques de France, BNF ms fr. 2813Document utilisé pour la rédaction de l’article

Sources imprimées[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • MOLINIER Auguste et Emile, Chronique normande du XIVe siècle, Paris, Librairie Renouard, , p. 59-61Document utilisé pour la rédaction de l’article

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • BUISSON Laure, Pour Ce Qu'il Me Plaist : Jeanne De Belleville, Paris, Éditions Grasset, , 316 p. (ISBN 978-2-246-77221-7)
  • CALMEL Mireille, D'écume et de sang, XO Editions, 2022, 362 p. (ISBN 978-2374483320)
  • CORNETTE Joël, Histoire de la Bretagne et des Bretons, tome 1 : Des âges obscurs au règne de Louis XIV, Paris, Seuil, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • DUREL Elie, Jeanne de Belleville, corsaire par amour, La Crèche, Geste éditions, , 281 p. (ISBN 978-2-84561-597-7)
  • GAUVARD Claude, Condamner à mort au Moyen-Âge. Pratiques de la peine capitale en France (XIIIe – XVe siècle), Paris, PUF, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • « Jeanne de Belleville, dite Jeanne la Corsaire », Archives de Nantes (site internet)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • MIGNET Maurice, « 1337-1358 - Jeanne de Belleville, dame de Montaigu », Montaigu en Vendée (site internet)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • MORVAN Frédéric, « Les seigneurs de Clisson (XIIIe – XIVe siècle) », Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne (site internet)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • PELLE Isabelle, Jeanne de Belleville : le cœur flibustier, Plombières-Les-Bains, Éditions Ex Aequo, , 92 p. (ISBN 979-10-388-0254-4)
  • PRETOU Pierre, « L'essor de la piraterie en Europe du XIIIe au XVe siècle », dans BUTI Gilbert et HRODEJ Philippe, Histoire des pirates et des corsaires, de l’Antiquité à nos jours, Paris, CNRS Editions, , p. 93-115Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • STENUIT Marie-Ève, Femmes pirates : les écumeuses des mers, Paris, Éditions du Trésor, , 185 p. (ISBN 979-10-91534-15-4)Document utilisé pour la rédaction de l’article

Sources radiophoniques[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Jeanne de Belleville », sur Archives départementales de la Vendée (consulté le ).
  2. « Tournée en Vendée, l’émission Secrets d’histoire sur Jeanne de Belleville diffusée lundi 25 avril », sur Ouest France, .
  3. a b c d e f g h i j k et l Gautier Demouveaux, « Jeanne de Belleville, la tigresse bretonne », sur Le Télégramme, .
  4. Anne Gerday, « Par vengeance, Jeanne de Belleville est devenue la "lionne sanglante" », sur La Libre Belgique, .
  5. Sténuit 2015, II, p. 23.
  6. Philippe Richard, Olivier de Clisson, connétable de France, grand seigneur breton, 1336-1407, Éditions Opéra, , p. 21.
  7. a b c et d Sténuit 2015, II, p. 24.
  8. a et b CORNETTE Joël, Histoire de la Bretagne et des Bretons, tome 1 : Des âges obscurs au règne de Louis XIV, Paris, Seuil, , p. 267-286
  9. a et b Isabelle Mermin, « «Secrets d’Histoire»: Stéphane Bern raconte le destin sanglant de Jeanne de Belleville, pirate par amour », sur Le Figaro, .
  10. a et b Sténuit 2015, II, p. 24-25.
  11. a et b « "Pour ce qu’il me plaist" ou la Dame de Clisson. Épisode 1 : épisode 1/2 du podcast Jeanne de Belleville, la lionne de Bretagne », sur France Culture, (consulté le )
  12. Philippe Richard, Olivier de Clisson, connétable de France, grand seigneur breton, 1336-1407, Éditions Opéra, , p. 39.
  13. a b c d e et f Sténuit 2015, II, p. 26-27.
  14. a et b Stéphanie Janicot, « « Pour ce qu’il me plaist », femme pirate de Bretagne », sur La Croix, .
  15. a b c d e f et g « Où infamie appelle vengeance : Jeanne de Belleville, jure devant Dieu que la France paiera : épisode 2/2 du podcast Jeanne de Belleville, la lionne de Bretagne », sur France Culture, (consulté le )
  16. Sténuit 2015, II, p. 28-29.
  17. a b et c Sténuit 2015, II, p. 30-31.
  18. Philippe Richard, Olivier de Clisson, connétable de France, grand seigneur breton, 1336-1407, Éditions Opéra, , p. 40.
  19. a b c et d Astrid de Belleville, Jeanne de Belleville, Mémoire soutenu à l'Université de Poitiers,
  20. Yvonig Gicquel, Olivier de Clisson (1336-1407), Jean Picollec, , p. 32.
  21. Élie Durel, « Bellevigny. Jeanne de Belleville, une personnalité méconnue », sur Ouest France, .
  22. Medieval Lands : Brittany : Olivier IV de Clisson.
  23. MIGNET, « 1337-1359 - Jeanne de Belleville, dame de Montaigu », sur Montaigu en Vendée (consulté le )
  24. « Secrets d'Histoire - Jeanne de Belleville, pirate par amour », sur France TV pro,