Jean Helleu (peintre) — Wikipédia

Jean Helleu
Jacques-Émile Blanche, Jean Helleu enfant (1897), huile sur toile, 81 × 65 cm, musée des Beaux-Arts de Rouen.
Biographie
Naissance
Décès
(à 90 ans)
Garches
Nom de naissance
Jean Pierre Paul Helleu
Nationalité
Formation
Activité
Père
Mère
Alice Guérin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Influencé par

Jean Pierre Paul Helleu est un peintre, aquarelliste et designer né à Paris 16e le et mort à Garches le [1].

Il a travaillé sur les flacons et emballages pour les marques Coty, Bourjois et Chanel, et signe ses œuvres peintes « Helleu-Guérin », « Jean Helleu » ou « J. Helleu ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Paul César Helleu

Jean Helleu est le deuxième des quatre enfants nés du mariage, le , du peintre Paul César Helleu (1859-1927) et de celle qui fut son modèle dès l'âge de 14 ans, la poétesse Alice Louis-Guérin (vers 1870-). D'une éducation mondaine, entouré de trois sœurs, l'enfant voit son père, peintre de l'élégance féminine du début du XXe siècle, fréquenter Giovanni Boldini, Robert de Montesquiou et Marcel Proust, rendre régulièrement visite à Claude Monet[2]. Jean Helleu est le frère d'Ellen Helleu (1887-vers 1942), l'aînée qui épouse Émile Orosdi[3] en 1911 et dont Paul César a peint et gravé de nombreux portraits, d'une petite Alice Helleu morte en à l'âge de dix-huit mois[4] et de Paulette Howard-Johnston (1905-2009) connue comme modèle du sculpteur Paul Troubetzkoy et inspiratrice du personnage d'Albertine Simonet dans À la recherche du temps perdu de Proust ; elle est la donatrice de la collection Helleu au musée Bonnat-Helleu de Bayonne[5].

La prédilection de Jean Helleu pour le thème marin, outre l'admiration qu'il porte à Johan Barthold Jongkind[6], vient naturellement de ce que, fréquentant avec ferveur les champs de courses et les régates, Paul César Helleu — propriétaire de quatre yachts[7] — se rend régulièrement avec épouse et enfants à Deauville et Trouville-sur-Mer et, par extension, à Honfleur, voire à Dieppe, dans le Cotentin — des toiles de Jean Helleu sont situées Cosqueville —, à Cowes dans l'île de Wight, à Jersey ou sur les côtes de Bretagne. Dans sa jeunesse, Jean Helleu est ainsi représenté tant dans la part intimiste de l'appartement familial de l'avenue Bugeaud (Jean Helleu assis par terre dessinant, pointe-sèche de 1902[8], Jean Helleu en costume marin à sa table de travail, dessin de 1904, musée Bonnat-Helleu[9]) que dans la part marine de l'œuvre de son père (Madame Helleu et Jean Helleu en bateau, huile sur toile, vers 1915-1916, collection Philippe Marette[10]). Une toile de l'ami Jacques-Émile Blanche, Le petit Jean, fils du peintre Paul César Helleu (1897, musée des beaux-arts de Rouen), fait toujours débat aujourd'hui quant à sa localisation à Deauville-Trouville ou à Offranville, près de Dieppe[11].

En 1912 à Deauville, Paul César Helleu tombe sous le charme d'un visage qu'il dessine et qu'il titre La Jolie Modiste. Il s'agit d'une jeune couturière encore inconnue qui vient d'y ouvrir un magasin et avec qui Jean Helleu, mais il ne le sait pas encore, va beaucoup travailler. Elle se nomme Gabrielle Chanel[12].

Académie de la Grande Chaumière, Paris

Après des études à Paris à l'École nationale supérieure des beaux-arts et à l'Académie de la Grande Chaumière[6], après également sa première exposition personnelle à la galerie A. Decour en — « Il y a donc un charmant peintre qui se nomme Jean Helleu qui expose une centaine de petits panneaux et quelques croquis à la gamme délicate, sobre et cependant chatoyante » écrit le critique d'art Arsène Alexandre dans les colonnes du Figaro[6] —, Jean Helleu se marie le avec Françoise Baignères, fille de James Baignères et de Madame née Duglé[13]. L'union conforte le rangement de Jean Helleu dans le monde proustien : James Baignères et son frère, le peintre Paul Baignères[14], furent eux aussi proches amis de Marcel Proust. Leur père Arthur Baignères (1834-1913) fut écrivain et critique d'art, leur mère Charlotte Baignères-Borel et leur tante Laure Baignères (1840-1918) tinrent toutes deux leur salon littéraire.

À partir de cette décennie 1920, parallèlement à son activité picturale[15], Jean Helleu qui avait déjà créé vers 1910 le décor des emballages de la boite de poudre de François Coty et la première affiche publicitaire des parfums Coty[16] travaille, pour la famille Wertheimer, associée financièrement à Émile Orosdi, beau-frère de Jean Helleu[3]), comme designer de flacons et emballages pour les marques Bourjois et Chanel On lui attribue notamment la création du flacon Art déco bleu nuit Soir de Paris[17], du flacon Cuir de Russie[18], de même que l'évolution du flacon carré No 5[19])[20] où il est rejoint en 1956 par son fils Jacques[21] (1938-2007[22]). Ses tableaux (Le Yacht de la famille Helleu à Cherbourg, 1946) portent témoignage d'une vie, selon les usages familiaux qui furent toujours les siens, en partage entre la capitale et le yachting normand.

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Le fils d'Helleu prolonge l'enseignement des Monet, Sisley et Pissarro, sans chercher à imiter ses maîtres de prédilection, mais aussi sans diminuer l'influence qu'ils ont sur lui. Ce qui est de premier ordre,[…] ce qu'il faut louer avant tout,[…] c'est son souci de rendre l'atmosphère, de traduire ses chatoiements, ses variations infinies, de ne pas synthétiser, schématiser […] Il tient le flambeau que les aînés lui ont remis » - L'Intransigeant[26].
  • « Il est toujours difficile d'être le fils d'un artiste célèbre et de rivaliser avec son père. Jean Helleu y parvient, et sans prendre le contre-pied de la tradition paternelle. On retrouve dans ses paysages délicats les qualités de finesse que manifestaient ces marines et ces pastels, que la vogue de Helleu graveur a fait, bien à tort, oublier. » - François Fosca[24]
  • « Jean Helleu n'est point de ceux qui soumettent au public leurs balbutiements. Ayant, par raison de famille et par goût personnel, pratiqué très jeune la peinture à côté d'activités différentes, il a attendu pour produire ses ouvrages qu'ils lui en paraissent dignes. » - Pierre du Colombier[27]
  • « Jean Helleu conjugue le marin et l'artiste sous l'influence de l'aventure à deux faces, mer et peinture. La mer, il l'observe, l'éprouve, mieux encore, la respire. D'instinct, il saisit les signes de ce vocabulaire permettant au navigateur d'être en communication directe avec le ciel et l'eau qui souvent se confondent en effaçant l'horizon. Là où la Seine poursuit son cours invisible, mais saisissable, un long temps dans la Manche, sous le jour perlé des estuaires, Jean Helleu peint le plus souvent. Il remonte quelquefois vers Étretat dont il tire de nouveaux partis en dépit des claires toiles impressionnistes de naguère et celles de ses confrères immédiats. » - Jean Chabanon[28]
  • « Des toiles de bon ton pour un peintre officiel de la marine qui, à l'exemple de son père Paul Helleu, décrit plus volontiers les charmes de l'océan que ses drames. » - Gérald Schurr[29]
  • « Des paysages maritimes, il a souvent choisi les ports et leur vive activité, les plages. Ses notations sont gaies. On dirait qu'il est plus attiré par la féerie lumineuse de la mer que par la majesté de l'élément lui-même. » - Dictionnaire Bénézit[25]
  • « L'artiste est inspiré par Claude Monet, Camille Pissarro, Alfred Sisley ou encore Johan Barthold Jongkind, qu'il admire particulièrement : de belles influences qui le façonnent sans l'enfermer, me semble-t-il, J'appécie la structure de ses œuvres, ses jeux de perspective et son sens de la couleur. La mer, il l'observe, l'éprouve et la respire, tout communique et circule. Il se dégage de ses vues maritimes - ports, plages ou falaises - une forme de légèreté, de joie même. L'artiste semble plus attiré par les charmes des bords de mer que par les drames de l'océan. Il nous propose des échappées belles, rafraîchissantes ! » - Bertrand de Miollis[30]

Distinction[modifier | modifier le code]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

États-Unis[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de naissance à Paris 16e, n° 1361, vue 14/31, avec mention marginale du décès à Garches en 1985.
  2. Paulette Howard-Jonston, « Une visite à Giverny », L'Œil, n°171, mars 1969.
  3. a et b [PDF] Entreprises coloniales, Émile Orosdi (1869-1930), citation de Bruno Abescat et Yves Stavridès, L'Expansion, 4 juillet 2005.
  4. « Faire-part de décès de la petite Alice Helleu », Le Journal, n°2079, 7 juin 1898.
  5. André Balbo, à propos de Paulette Howard Johnston, Wildenstein : retour sur les revues de presse d'une étrange affaire, 21 avril 2012.
  6. a b et c Artnet, Jean Helleu, biographie.
  7. Jean-Pierre Delarge, « Paul César Helleu », in Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains.
  8. Paul César Helleu, Jean Helleu assis par terre dessinant, 1902. Portrait de l'artiste alors âgé de huit ans.
  9. Paul César Helleu, Jean Helleu à sa table de travail de profil, 1904. Source : musée Bonnat-Helleu, Bayonne.
  10. « Helleu, snobisme d'antan », Art aujourd'hui hebdo, n°319, 17 octobre 2013.
  11. Benoît Noël, « Jean-Léon Gérôme, Jacques-Émile Blanche et André Gide au château de Tout-la-Ville de Saint-Martin-aux-Chartrains », Le Pays d'Auge, n°5, septembre-octobre 2015.
  12. « Les coups de cœur du Salon du dessin 2015 au Palais Brongniart : Gabrielle Chanel, la jolie modiste, 1912 », Humeur, 28 mars 2015.
  13. Faire-part de mariage publié dans Le Gaulois, n° 17220, 27 novembre 1924.
  14. Selon les sources[Lesquelles ?], deux orthographes différentes pour ce patronyme : Baignières ou Baignères.
  15. Expositions parisiennes en 1926, 1929, 1943 et 1948.
  16. Élizabeth de Feydeau, La Grande histoire du parfum, Larousse, (ISBN 978-2035969101), p. 61.
  17. Tout en Parfum, Histoire de Bourjois.
  18. L'histoire du parfum "Cuir de Russie" de Chanel, 2013. Source : site What men should smell like].
  19. Bettina Aykroyd, « Culture Chanel : le No 5 se raconte au Palais de Tokyo », Maison.com, avril 2013].
  20. Laurence Benaïm, préface de Jacques Helleu et Chanel, Éditions de la Martinière, 2005.
  21. Véronique Richebois, « Jacques Helleu, une certaine idée du luxe », Les Échos, 12 août 2005.
  22. Marie Maudieu et Pascale Caussat, « Jacques Helleu au Paradis », Stratégies Magazine, n°1471, 4 octobre 2007.
  23. « Première exposition des œuvres de Jean Helleu », Le Bulletin de la vie artistique, n°24, Paris, Bernheim Jeunes Éditeurs d'art, 15 décembre 1922.
  24. a et b François Fosca, « Chroniques - Jean Helleu, Galerie Charpentier », L'Amour de l'art, n°3, mars 1928, p. 114.
  25. a b et c Dictionnaire Bénézit, tome 6, Gründ, 1999, page 878.
  26. « Jean Helleu », L'Intransigeant, 12 décembre 1922.
  27. Pierre du Colombier, Préface à l'exposition de Jean Helleu à la Galerie Peltier (extrait), Paris, 1943, citée in Dictionnaire Bénézit, op. cit.
  28. Jean Chabanon, « Jean Helleu », in Catalogue de la vente de l'atelier Jean Helleu, Claude Robert commissaire-priseur à Paris, 28 avril 1969.
  29. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les éditions de l'Amateur, 1980, page 232.
  30. Bertrand de Miolli,; « Jean Helleu » dans, sous la direction de François Bellec, Les Peintres officiels de la Marine d'hier à aujourd'hui, éditions Locus Solus / Ministère des Armées, 2023, pp. 160-165.
  31. « Régates », notice sur musee-orsay.fr.
  32. Museum of Fine Arts, Houston, flacon Soir de Paris par Jean Helleu, 1928.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Première exposition des œuvres de Jean Helleu, in Le Bulletin de la vie artistique, Bernheim Jeunes Éditeurs d'art, n°24, .
  • Pierre du Colombier, Jean Helleu, Éditions Galerie Peltier, Paris, 1943.
  • André-François Monteil, Salon de la Marine, catalogue, couverture illustrée par Jean Helleu, Éditions A.P.R., 1950.
  • Claude Robert, commissaire-priseur à Paris, Catalogue de la vente de l'atelier Jean Helleu (incluant Jean Helleu, texte de Jean Chabanon), hôtel Drouot, Paris, lundi .
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1980.
  • John S. Grioni, The elegance of Helleu, in revue Konsthistorisk tidskrift, vol. LXII, 1993, pages 89-96.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Jacques Helleu, Jacques Helleu et Chanel, préface de Laurence Benaïm, Éditions de la Martinière, 2005.
  • Frédérique de Watrigant, Paul César Helleu, Éditions Somogy, 2014.
  • François Bellec de l'Académie de Marine, Les Peintres officiels de la Marine d'hier à aujourd'hui, éditions Locus Solus / Ministère des Armées, 2023.

Liens externes[modifier | modifier le code]