Jean Fernand-Laurent — Wikipédia

Jean Laurent, dit Fernand-Laurent, est un avocat, journaliste et homme politique français né le et décédé le à Paris. Afin d’éviter toute confusion, on se rappellera que Camille Jean Fernand LAURENT, à son entrée dans la vie politique et pour des raisons d’homonymie, a changé officiellement son patronyme en FERNAND-LAURENT, devenant ainsi à l’état-civil Camille Jean FERNAND-LAURENT. On évitera aussi de le confondre avec son fils, le diplomate Jean FERNAND-LAURENT (1917-2006).

Biographie[modifier | modifier le code]

On a justement pu dire de Camille FERNAND-LAURENT qu’il était avocat de formation, journaliste de profession et député par vocation.

Issu par son père d’une famille alsacienne de Sélestat repliée à Paris après l’occupation prussienne de 1870, FERNAND-LAURENT était par sa mère le petit-fils de Victor Frond, farouche opposant à Napoléon III - que l’exil avait d’abord conduit à Jersey, dans le cercle de VICTOR-HUGO, puis au Brésil, où il explora les voies de la photographie sous le patronage éclairé de l’empereur PEDRO II.

Né à Paris le , Camille LAURENT - qui n’était pas encore FERNAND-LAURENT - resta Parisien toute sa vie. L’essentiel de sa scolarité se fit à l’École des Francs–Bourgeois, rue Saint-Antoine, puis au lycée Charlemagne voisin. Une fois bachelier, il entreprit des études de droit tout en travaillant comme pigiste au journal La Liberté, dont il gravira les échelons pour en devenir le rédacteur–en-chef après guerre.

En 1913, Camille LAURENT épouse Alice BOUCHER, la fille d’un menuisier - ébéniste reconnu, établi dans le quartier de Passy. De cette union naîtront quatre enfants, dont l’aînée en , tandis qu’à Paris on entend le canon allemand tonner sur la Marne. Mobilisé pour la Grande Guerre, Camille LAURENT sert comme aspirant–interprète dans un régiment britannique engagé au cœur de la bataille de la Somme. Touché aux poumons par l’ypérite, le tristement célèbre « gaz moutarde », il sera réformé pendant la fin du conflit et couchera ses souvenirs dans un ouvrage intitulé Chez nos Alliés britanniques.

En 1919, il soutient sa thèse de doctorat, différée par la guerre, et s’inscrit au barreau de Paris. La même année le voit élu, à l’âge de trente ans, au Conseil municipal ── dont il assumera la lourde charge de vice–président pendant vingt ans.

Nourri des valeurs et des idéaux de la bourgeoisie de l’époque, Camille FERNAND-LAURENT se présente à la députation en 1932, prêt à servir à la Chambre la cause nationale et patriotique dont il s’est fait, jusque-là, l’ardent défenseur au Conseil municipal comme au sein de la Ligue des Patriotes de Maurice BARRÈS.

Il se porte d’abord candidat à Boulogne-Billancourt, pour faire front au communisme dans un fief ouvrier réputé rouge vif. Élu malgré une campagne solitaire, financée sur ses propres deniers, il élabore pour Boulogne un vaste plan de rénovation urbaine qu’il souhaite mettre en œuvre en briguant aussi la mairie lors des municipales de 1935. Mais il ne peut l’emporter sur le maire en place - le sénateur André MORIZET, bien implanté ── qui reprend à son compte les grandes lignes du projet de son concurrent.

Se repliant alors sur Paris, son fief naturel, pour les législatives de 1936, il est facilement élu député du 16e arrondissement. Ayant déjà étudié la question dans le cadre du Conseil municipal, il peut mener à bien, durant sa mandature, l’aménagement de l’espace laissé vacant par la démolition des anciennes fortifications le long des actuels boulevards des Maréchaux. Les projets d’équipements sportifs, et l’installation des fontaines monumentales du sculpteur Paul Landowski, Porte de Saint-Cloud, sont à mettre à son crédit.

Son action sur le terrain, forte de son expérience de conseiller municipal, va de pair avec ses interventions à la Chambre, portées par le talent oratoire de l’avocat qu’il est aussi.

Ainsi, le , il met à mal Léon BLUM - alors député de l’Aude et chef du parti socialiste - en lui opposant qu’un traité d’alliance militaire avec l’U.R.S.S., dont celui-ci se fait l’avocat, ne saurait se concevoir tant que les souscripteurs français de l’emprunt russe, lancé sous les tsars mais dénoncé par les bolcheviks, n’auront pas été remboursés. De même, au cours de la séance du - BLUM étant devenu Président du Conseil dans le gouvernement du Front populaire -, FERNAND-LAURENT est le premier député à ouvrir le feu lors des interpellations sur la politique générale du gouvernement.

Son activité parlementaire n’empêche pas FERNAND-LAURENT de poursuivre, par goût personnel, une activité de journaliste entamée par nécessité alors qu’il était étudiant. C’est ainsi qu’à L’Echo de Paris il collabore régulièrement avec Henri de KÉRILLIS, aux côtés duquel il siège par ailleurs sur les bancs de l’Assemblée Nationale, dans les rangs de la Fédération Républicaine de Louis MARIN.

En , Jacques LEMAIGRE-DUBREUIL, propriétaire du Jour, recherche un nouveau directeur éditorial. Suivant le conseil de Georges MANDEL, et fort d’une précédente expérience aux commandes de La Liberté, FERNAND – LAURENT accepte le poste. Devant la poussée allemande, en , il doit cependant replier le journal en zone sud, où la publication se poursuit tant bien que mal sous l’œil de Vichy. Mais, le , la censure de Paul MARION ayant une fois encore rejeté son éditorial, intitulé ce jour-là «Choisir son devoir», il démissionne avec éclat. Le journal cessera de paraître peu après, au grand regret de ses lecteurs.

Une fois la zone libre occupée, en , FERNAND-LAURENT passe par l’Espagne et le Portugal pour rejoindre Londres où il arrive au tout début de 1943. Ayant décliné la proposition qui lui est faite de représenter la France libre au Canada, il gagne les États-Unis, où il plaide activement la cause du soutien américain à la France combattante. Avec l’aval des autorités, il se rend en Martinique et réussit à convaincre l’amiral Georges ROBERT, gouverneur des Antilles françaises sous obédience de Vichy, de se ranger aux côtés des Alliés. En , le ralliement de l’amiral étant acquis, les Américains accorderont une aide alimentaire conséquente aux îles françaises souffrant de pénurie.

Comme Alexis LÉGER ou Henri de KÉRILLIS, eux aussi exilés aux U.S.A., FERNAND-LAURENT reconnaît et salue en DE GAULLE l’initiateur de la résistance armée et le fédérateur de ses différentes composantes, mais sans lui concéder pour autant le privilège de la légitimité politique. Fidèle à ses positions jusqu'au bout, il en prendra l’exacte mesure après guerre, dans le climat de ferveur gaulliste qui mit à la marge les patriotes dissidents. Candidat parisien aux élections législatives de 1945, il est battu de peu, mais ne se relèvera pas de cet échec. Ne trouvant plus de sel à la vie hors de la politique, Camille FERNAND-LAURENT est mort à Paris le .

Inscrit au barreau de Paris après une Esquisse d'une étude comparée des législations française et britannique en matière de sociétés par actions (thèse, 1919)[1], Jean Camille Fernand Laurent[2] est élu en 1919 au conseil municipal de cette même ville, mandat qu'il conserve jusqu'en 1940, d'abord comme représentant du quartier d'Auteuil, puis de la Muette, tous deux situés dans le bourgeois 16e arrondissement de Paris.

En , il est nommé membre du comité directeur de la Ligue des patriotes présidée par Maurice Barrès[3].

En 1925, il intègre la Commission du Vieux Paris[2].

En 1932, il se présente aux élections législatives dans la circonscription de Boulogne-Billancourt sous les couleurs des Radicaux indépendants. Élu, il rejoint le petit groupe des Indépendants de gauche. Son élection étant invalidée, il se représente en 1933 avec le même succès. Réélu en 1936, il rejoint cette fois le groupe plus conservateur des Indépendants républicains, aux côtés notamment d'Henri de Kérillis, le directeur du journal L'Écho de Paris dont Jean Fernand-Laurent est un collaborateur régulier.

Le , il vote en faveur de la remise des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Chez nos Alliés britanniques, Notes et souvenirs d’un interprète, Paris, Boivin et Compagnie, 1917.
  • Du Village d’Auteuil au plus grand Paris, Paris, Boivin et Cie, 1925.
  • Jean Sylvain Bailly, premier maire de Paris, Paris, Boivin et Cie, 1927.
  • Un Peuple ressuscite, New York, Brentano's, 1943 (BNF 32100466).
  • Gallic Charter, Foundations of tomorrow’s France, Boston, Little, Brown and Co, 1944 (ouvrage rédigé en anglais par l’auteur).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. BNF 30751291.
  2. a b et c « CTHS - FERNAND-LAURENT Jean Camille », sur cths.fr (consulté le ).
  3. La Presse, 28 mai 1920, p. 2.
  4. « Fernand LAURENT / Académie française », sur academie-francaise.fr (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • « Jean Fernand-Laurent », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]

Liens externes[modifier | modifier le code]