Jean Bureau — Wikipédia

Jean Bureau
Vue d'artiste de Jean Bureau.
Estampe du graveur Jacques Grignon (XVIIe siècle).
Fonctions
Maire de Bordeaux
à partir de
Maire de Bordeaux
-
Prévôt des marchands de Paris
-
Maire de La Rochelle
Trésorier général de France
à partir de
Grand maître de l'artillerie de France
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Allégeance
Activités
Chef militaire, homme politique, administrateurVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Simon l'Ainé Bureau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Annette (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Enfant
Isabelle Bureau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Membre de
Arme
Grade militaire
Conflit
Blason

Jean Bureau, né à Semoine vers 1390 et mort à Paris le [1], seigneur de Montglat (ou Montglas), de La Houssaye-en-Brie (1450), de Fontenay-en-France, de Thieux et Noisy-le-Sec, de Marle et la Malmaison, est un Grand maître de l'artillerie du roi Charles VII qui, en utilisant massivement l'artillerie pour la première fois en Occident, a remporté la victoire contre les Anglais à la bataille de Castillon, mettant ainsi un terme à la guerre de Cent Ans.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et jeunesse[modifier | modifier le code]

Deuxième fils de Simon Bureau et de son épouse Hélène, bourgeois de Paris, Jean Bureau est né à Semoine en Champagne[réf. nécessaire]. Il est le frère de Gaspard Bureau. Il fait ses études de droit à Paris. Il est commissaire au Châtelet lorsque Paris est occupée par les Anglais sous la tutelle du duc de Bedford.

Guerre de Cent Ans[modifier | modifier le code]

En 1434, il quitte la capitale et s'associe au destin du roi Charles VII. Il est alors receveur ordinaire de Paris. En 1438, il se distingue au siège de Meaux. Pour le récompenser, Charles VII le fait Grand maître de l'artillerie de France par lettre royale du . Avec son frère cadet Gaspard Bureau, seigneur de Villemomble, il réorganise l'artillerie de campagne, en développant l'utilisation du canon. Tous deux dirigent personnellement l'artillerie dans toutes les batailles de Normandie et de Guyenne, où ils commandent également les francs archers.
Siège d'Orléans : l'artillerie appuie l'assaut des attaquants.

Jean Bureau sert aux sièges de Pontoise (1441) et de Harfleur (1449), assiste à la prise de Bayeux, et s'emploie à la capitulation de Caen. Il se signale encore en Guyenne devant Bergerac, et après avoir contribué à la reddition des châteaux de Montguyon et de Blaye, assiège Libourne qu'il emporte.

Il est nommé collecteur des impôts de Paris et, en 1443, trésorier général de France[réf. nécessaire]. Il est anobli en octobre 1447 à Bourges. Commissaire du roi aux finances des États du Bas-Limousin (1447-1450) du Haut-Limousin (1447-1451) et de la Marche (1450-1451), il est prévôt des marchands de Paris du au . Diplomate et ambassadeur (en Armagnac et en Aragon).

Charles VII entouré de son conseil de guerre.

La Guyenne entièrement soumise, Charles VII nomme le seigneur de Montglat maire perpétuel de Bordeaux en 1455. Il y fait édifier le château Trompette. Mais Bureau s'entend mal avec les Bordelais, notamment le captal de Buch. La ville se soulève et les Anglais la réinvestissent en 1452.

En 1453, pendant la seconde campagne de Guyenne, les troupes anglaises placées sous les ordres du général John Talbot subissent une lourde défaite à Castillon-la-Bataille devant les troupes des frères Bureau. Cette bataille marque la fin de la domination anglaise en Aquitaine et, plus généralement, de la Guerre de Cent Ans.

À l'occasion de son sacre en 1461, Louis XI le fait chevalier et membre du Conseil du roi. Louis XI loge dans la maison des Porcherons de Jean Bureau, dans le nord-ouest de Paris, après son entrée solennelle dans la capitale[réf. nécessaire]. Le , le roi le nomme l'un des deux maîtres de clercs ordinaires de la Chambre des comptes, après le président[2]. Il est commissionnaire lors du procès de Jacques Cœur. Il meurt à Paris le .

Famille et descendance[modifier | modifier le code]

Le , il épouse Jeanne Germaine Hesselin[3], dame d'honneur de la Reine Marie d'Anjou, fille de Jacques Hesselin, valet de chambre du Roi, et veuve en premières noces de Guillaume de Sailly. De cette union naissent trois fils et deux filles[3] :

  1. Jean Bureau dit L’Aîné
  2. Pierre III Bureau
  3. Simon Bureau
  4. Philippa Bureau
  5. Isabau (Isabelle) Bureau : elle épouse en 1463 un des fils de Jacques Cœur, Geoffroy.

Postérité[modifier | modifier le code]

En 1888, l'Union patriotique de la Gironde fait construire un monument à la gloire de Jean Bureau sur le site de la bataille de Castillon[4].

Témoignages[modifier | modifier le code]

  • Louis-Napoléon Bonaparte, dans Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie, t. II, 1851 :

« En France, la guerre de l’Indépendance contre les Anglais avait réveillé le génie guerrier de la nation, et, non-seulement l’héroïque Jeanne d’Arc s’occupait elle-même de diriger l’artillerie[5] ; mais deux hommes éminents sortis du peuple, les frères Bureau, apportèrent tous leurs soins à perfectionner les bouches à feu et à la conduite des sièges. Ils commencèrent à employer, quoiqu'en petit nombre, les boulets de fer au lieu des boulets de pierre, et alors, un projectile du même poids occupant un plus petit volume, on put lui donner une plus grande quantité de mouvement, parce que la pièce, ayant un moindre calibre, offrit plus de résistance à l’explosion de la poudre[6].

Ce boulet plus dur ne se brisa plus et put pénétrer dans la maçonnerie ; il y eut avantage à augmenter sa vitesse en diminuant sa masse ; les bombardes devinrent moins lourdes, quoique leur effet fût rendu plus dangereux[6].

Artillerie de siège médiévale
par Viollet-le-Duc.

Au lieu d’élever des bastilles tout autour de la ville, les assiégeants établirent, devant les grandes forteresses, un parc entouré d’un retranchement situé dans une position centrale, hors de la portée du canon. De ce point, ils conduisirent un ou deux boyaux de tranchée vers les pointes où ils placèrent leurs batteries[6]... Nous sommes arrivés au moment où les tranchées furent employées comme moyen d’approche concurremment avec les couverts en bois[7]... Aux frères Bureau revient l’honneur d’avoir les premiers fait l’emploi le plus judicieux de l’artillerie à feu dans les sièges. De sorte que les obstacles tombèrent devant eux, les murailles frappées ne résistaient plus à leurs boulets et volaient en éclats. Les villes que défendaient les Anglais et qu’ils avaient mis des mois entiers à assiéger, lors de leur invasion, furent enlevées en peu de semaines. Ils avaient employé quatre mois à assiéger Harfleur, en 1440; huit mois à assiéger Rouen, en 1418; dix mois à s’emparer de Cherbourg, en 1418, tandis qu’en 1450, toute la conquête de la Normandie, qui obligea à entreprendre soixante sièges, fut accomplie par Charles VII en un an et six jours[8].

« L’influence morale exercée par la grosse artillerie est devenue si grande qu’il suffit de son apparition pour faire rendre les villes[8].

«... Disons-le donc, en l’honneur de l’arme, c’est autant aux progrès de l’artillerie qu’à l’héroïsme de Jeanne d’Arc, que la France est redevable d’avoir pu secouer le joug étranger de 1428 à 1450. Car, la crainte que les grands avaient du peuple, les dissensions des nobles eussent peut-être amené la ruine de la France, si l’artillerie, habilement conduite, ne fût venue donner au pouvoir royal une force nouvelle, et lui fournir à la fois le moyen de repousser les ennemis de la France et de détruire les châteaux de ces seigneurs féodaux qui n’avaient point de patrie[9].

« Cette période de l’histoire signale une ère nouvelle. Les Anglais ont été vaincus par les armes à feu, et le roi, qui a reconquis son trône avec des mains plébéiennes, se voit pour la première fois à la tête de forces qui n’appartiennent qu’à lui. Charles VII, qui naguère empruntait aux villes leurs canons pour faire les sièges[9], possède une artillerie assez nombreuse pour établir des attaques devant plusieurs places à la fois, ce qui excite à juste titre l’admiration des contemporains[10].

* Un texte d'époque de l'évêque Basin, que Bureau a certainement connu, le décrit comme un homme d'origine humble, de basse stature, mais d'une grande détermination et courage. Selon les récits, Bureau était un perfectionniste ; méthodique, esprit mathématique, c'était aussi un brillant administrateur, doué d'une vive imagination technique qui lui permettait de tirer le meilleur parti des armes primitives de l'époque.[réf. nécessaire]

Armes[modifier | modifier le code]

Artillerie médiévale

Pendant le XVe siècle, l'activité des frères Bureau évolue avec le progrès des technologies.
  • la poudre à canon : vers 1429, un grand progrès technologique est réalisé avec l'invention du moulin à poudre ; celle-ci est auparavant préparée sur le champ de bataille. C'est un mélange qui contient une mesure de charbon végétal, une mesure de soufre et six mesures de salpêtre, recette venant de Chine. Au commencement, la poudre sert plutôt d'agent incendiaire que d'explosif, d'où l'expression : armes à feu. Un pas en avant est fait quand on découvre que la poudre détone mieux quand elle est assez broyée. À l'origine de l'artillerie, le progrès des explosifs facilite également le travail des sapeurs.
  • Les canons : il y a une rapide évolution dans la fonderie des canons en bronze, en laiton et plus rarement, en fer. Il arrive souvent aux canons d'exploser. Pendant le siège de Cherbourg, on célèbre le fait que quatre canons seulement aient éclaté.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Revue de l'Aunis de la Saintonge et du Poitou: Deuxième Volume, A. Siret, 1865, p. 651.
  2. Comte de Pastoret, Ordonnances des rois de France de la troisième race, t. 15 : Ordonnances rendues depuis le commencement du règne de Louis XI jusqu'au mois de juin 1463, Paris, Imprimerie impériale, , 891 p., sur books.google.fr (lire en ligne), p. 11 : ordonnance du 7 septembre 1461.
  3. a et b « Famille Bureau », sur racineshistoire.free.fr (consulté le ).
  4. Inventaire général des richesses d'art de la France. Province, monuments civils, tome IV : statues historiques, Paris, Librairie Plon, 1911, p. 209, lire en ligne.
  5. Louis-Napoléon Bonaparte, Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie, t. 2, Paris, Librairie militaire de Jean Dumaine, , 355 p., sur books.google.fr (lire en ligne), p. 96.
  6. a b et c Bonaparte 1851, p. 97.
  7. Bonaparte 1851, p. 98.
  8. a et b Bonaparte 1851, p. 99.
  9. a et b Bonaparte 1851, p. 101.
  10. Bonaparte 1851, p. 102.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Bouillet & Chassang 1878] Marie-Nicolas Bouillet (dir.) et Alexis Chassang, « Jean Bureau », dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, , sur archive.org (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes[modifier | modifier le code]