Jean-Olivier Chénier — Wikipédia

Jean-Olivier Chénier
Sculpture représentant Jean-Olivier Chénier dans un parc adjacent à la rue Saint-Denis à Montréal.
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Médecin / chirurgien, Organisateur politique
Père
Victor Chénier
Mère
Cécile Morel
Conjoint
Zéphyrine Labrie
Autres informations
Parti politique
Parti Patriote
Conflit

Jean-Olivier Chénier (-) a été l'un des chefs de file de la rébellion des Patriotes au Bas-Canada.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean-Olivier Chénier est baptisé à Lachine le . Son parrain est Jean-Baptiste Truteau (1748-1827), un instituteur, à la fois explorateur et trafiquant de fourrures. Chénier appartient à une famille d'agriculteurs, mais son grand-père François descendait d'une riche famille de marchands au temps de la Nouvelle-France.

Grâce à René-Joseph Kimber, Chénier entreprend des études de médecine en 1820, qu'il termine en 1828. Il va ensuite s'établir dans la paroisse de Saint-Benoît (aujourd'hui Mirabel) dans ce qui s'appelait alors la circonscription d'York.

Il est vite intéressé par la vie politique de l'époque, caractérisée par les luttes autonomistes du parti de Louis-Joseph Papineau contre les vues centralisatrices des divers gouverneurs anglais qui se succèdent. En 1829, il prend part aux élections dans la circonscription d'York où il aide à faire élire William-Henry Scott, le candidat du Parti patriote.

En 1830, York est divisée en trois circonscriptions et Chénier se retrouve dans celle des Deux-Montagnes alors que de nouvelles élections générales s'annoncent. Le candidat patriote est cette fois Jacques Labrie qui réussit lui aussi à se faire élire. Chénier l'a épaulé de son mieux pendant la campagne électorale.

En 1834, Chénier s'installe à Saint-Eustache. Les élections se font cette fois dans le contexte des revendications des Quatre-vingt-douze Résolutions, réclamant à Londres les pleins pouvoirs en politique interne pour l'Assemblée législative de Québec. Les Patriotes remportent haut la main 77 des 88 comtés, dont celui des Deux-Montagnes, représentée de nouveau par William-Henry Scott.

Jean-Olivier Chénier et Marie-Louise-Zéphirine Labrie, fille de Jacques Labrie, se marient le 26 septembre 1831, à l’église de Saint-Eustache. Parmi les invités, il y avait Louis-Joseph Papineau, chef du parti Patriote, René Kimber et de nombreux avocats, notaires et députés.

À la suite du mariage, le couple s’établit à Saint-Benoît. Marie-Louise-Zéphirine donne naissance à quatre enfants qui meurent en très bas âge. Marie-Olive naît le 23 juin 1832 et meurt le 1er août 1832. Leur premier garçon naît le 2 décembre 1833 et meurt après avoir été ondoyé. Il est inhumé le jour même. Antoine-Amédée est inhumé, deux jours après son baptême le 6 octobre 1834. Antoine-Olivier naît le 13 juin 1837 et meurt le 12 septembre 1837. Il est inhumé 2 jours plus tard. Tous ses enfants seront inhumés au cimetière paroissial de Saint-Benoît. Jean-Olivier Chénier n’a aucun descendant.

L'insurrection de 1837[modifier | modifier le code]

Peu à peu, Chénier se radicalise, constatant le peu d'ouverture des autorités britanniques. Le , il est secrétaire d'une assemblée à Saint-Benoît, qui invite la population à boycotter les produits manufacturés britanniques et à fonder des manufactures nationales. Il ne faut donc pas s'étonner, après le vote des Résolutions Russell, à Londres, de le voir participer activement au mouvement de résistance qui se prépare. En juin 1837, il est membre du Comité permanent des Deux-Montagnes, qui, notamment, coordonne le réseau de résistance avec les autres comtés.

Le 23 octobre, Chénier est présent à l'assemblée de Saint-Charles-sur-Richelieu où il apparaît, après le député Scott, comme le principal chef patriote de Saint-Eustache. Mais, alors que Scott est contre l'usage de la violence, Chénier préconise l'insurrection armée. Le gouvernement connaît vite son implication car, le 16 novembre, son nom est sur la liste de personnes contre lesquelles le gouverneur a émis un mandat d'arrestation.

Au début décembre, Scott se retire définitivement du mouvement. Papineau envoie Amury Girod dans le comté des Deux-Montagnes y agir comme général des forces résistantes. Il doit cependant compter avec Chénier, devenu commandant du camp de Saint-Eustache.

La bataille de Saint-Eustache[modifier | modifier le code]

La mort de Jean-Olivier Chénier.

La bataille de Saint-Charles du , qui se termine par une défaite, démoralise les insurgés. Chénier a peu d'hommes pour défendre le village de Saint-Eustache face aux forces gouvernementales qui préparent l'attaque. Le curé Jacques Paquin tente alors en vain de le persuader de déposer les armes.

Le , l'armée de John Colborne arrive de Montréal par l'île Jésus, flanquée des volontaires locaux commandées par Maximilien Globensky. L'assaut est donné contre Chénier et ses hommes, retranchés dans l'église, le presbytère, le couvent et les maisons environnantes. L'affrontement est par trop inégal et la bataille de Saint-Eustache se termine par soixante-dix morts chez les Patriotes. Chénier est tué de plusieurs balles au moment où il sort de l'église en flammes.

Le corps de Chénier est retrouvé vers six heures et emmené dans l’auberge de monsieur Adison, dans laquelle il est soumis à une autopsie sanglante, selon certains témoins.

Après son décès, le corps de Chénier aurait été victime de multiples mutilations. En effet, les journaux de l'époque rapportent qu'à la suite de son décès, les Anglais l'auraient dépecé, lui auraient retiré son cœur et l'auraient empalé au bout d'une baïonnette.

Notoriété[modifier | modifier le code]

En octobre 1970, la cellule du Front de Libération du Québec qui enlève puis cause le décès du ministre Pierre Laporte porte le nom de cellule Chénier en l'honneur du chef patriote.

Jules Verne fait de Jean-Olivier Chénier un des personnages de son roman Famille-Sans-Nom[1].

Hommages[modifier | modifier le code]

Plusieurs avenues et rues ont été nommées en son honneur au Québec. Notamment, une rue dans la ville de Québec

Le CLSC de Saint-Eustache porte le nom Jean-Olivier Chénier. Son portrait est sur la façade et on peut y lire « Medicina Patria ».

La troupe de théâtre de Jean-Claude Germain porte le nom des Enfants de Chénier, en l'honneur de Jean-Olivier Chénier, de 1969 à 1971[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 1 : A-E, éditions Paganel, 2019, p. 192
  2. François Martel, Les Enfants de Chénier dans un autre grand spectacle d'adieu : transcription et commentaires, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, , 360 p. (lire en ligne), p. 62-63

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • La bataille de St-Eustache ; Raymond Paiement ; Montréal : A. St-Martin, 1975. (OCLC 2346991)
  • Le Héros de St-Eustache Jean Olivier Chénier. ; Montréal : E. Demers, 1893. (OCLC 7966340)
  • La rébellion de 1837 à Saint-Eustache ; Charles Auguste Maximilien Globensky ; 1884. (OCLC 8119047)
  • Histoire des Patriotes ; Gérald Filteau ; 1980. (OCLC 15778352)