Jean-Baptiste Salle — Wikipédia

Jean-Baptiste Salle
Fonctions
Député français

(1 an, 8 mois et 29 jours)
Élection  – 
Circonscription Meurthe
Groupe politique Gironde
Successeur Pierre Colombel

(2 ans, 3 mois et 13 jours)
Circonscription Bailliage de Vézelise
Groupe politique Tiers état
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Nancy, Lorraine
Date de décès (à 34 ans)
Lieu de décès Place Gambetta, Bordeaux, Gironde
Nature du décès Guillotiné
Nationalité Française
Profession Médecin

Jean-Baptiste Salle, né à Vézelise le [1] et guillotiné à Bordeaux le [2],[3], est un homme politique français, député aux états généraux de 1789, à l'Assemblée constituante et à la Convention nationale, proscrit et condamné à mort comme Girondin.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d’un négociant de Vézelise, Salle est reçu docteur en philosophie à l’université de Pont-à-Mousson.

Puis il se voue à la médecine. Venu à Paris pour achever ses cours en médecine, il s’y trouve au moment de la présence et de la vogue de Mesmer. Il le combat dans une brochure parue en 1783.

Revenu dans sa ville natale, il se livre à l’exercice de sa profession comme médecin des pauvres. Chargé de la rédaction des doléances du tiers-état en 1789, il s’acquitte de cette mission à la satisfaction générale et il est élu tout d’une voix, le , député du tiers état aux états généraux pour le bailliage de Vézelise.

À l’Assemblée constituante, il se montre partisan des réformes, mais avec modération et combat le droit de véto absolu en 1790. En , il prononce un discours énergique contre ceux qui veulent lever l’inviolabilité de Louis XVI. À la dissolution de la Constituante, il rentre un instant dans ses foyers et s’apprête à reprendre l’exercice de sa profession de médecin lorsqu’il est appelé aux fonctions de membre du Directoire de département de la Meurthe.

Élu député à la Convention nationale en 1792, il prend place sur les bancs de la Gironde. Malgré l’indépendance de ses opinions et sa haine du despotisme, il est partisan de la royauté et la défend lorsqu’elle est menacée. Après le retour de Louis XVI de Varennes, il couvre le roi autant qu’il le peut dans la grande discussion sur l’inviolabilité. D’après lui, le roi ne doit pas cesser d’être inviolable qu’autant qu’il aurait abdiqué ou serait censé avoir abdiqué, par exemple, en refusant de prêter serment à la Constitution et pour des faits postérieurs à son abdication. Entraîné plus tard par les circonstances, il se rallie à la République.

Il se montre hostile aux pétitionnaires du champ de Mars, qu’il présente comme les ennemis de la patrie, et il approuve la conduite de La Fayette, qui les a dispersés. Il essaie tous les moyens de faire rapporter le décret par lequel la Convention se constitue juge de Louis XVI, et dénonce Marat, comme excitant le peuple au meurtre et au pillage. Lors du procès de Louis XVI, il est opposé à la mort du roi et est le premier à proposer l’appel au peuple. Il se prononce ensuite pour la détention jusqu’à la paix, puis bannissement après la guerre.

D’accord avec Barbaroux, il s’oppose énergiquement à la prolongation indéfinie du Comité de salut public. Lorsque le conflit éclate entre la Montagne et la Gironde, et que la salle des Jacobins est fermée au parti modéré, il est au nombre de ceux que Marat appelle « la faction des hommes d’État », la quarantaine de députés pouvant être considérés comme les hommes d’action du parti qui avaient pris l’habitude de se réunir tous les soirs chez Dufriche-Valazé pour discuter des affaires publiques, des motions à présenter, etc.

Barère donne un aperçu de sa personnalité impétueuse en écrivant qu’on était « irascible comme Salle. » Dubois-Crancé a écrit, quant à lui, dans sa Galerie de portraits, que « Jamais le patriotisme brûlant n’a coulé dans les veines d’un citoyen plus électrisé que ne le fut Salle depuis le commencement jusqu’à la fin de la session du Corps constituant... C’était un homme plein d’honneur, de probité et d’humanité ; il avait aussi du savoir et même du génie; jamais il ne varia dans ses principes, mais sur la fin il se trompa; cet égarement passager fut, pour lui comme pour beaucoup d’autres, l’œuvre astucieuse des orateurs des Feuillants. » Il était en effet, avec Lafayette, Sieyès, Lameth, Le Chapelier, Merlin, l’un des fondateurs du club des Feuillants. Desgenettes l’a décrit, dans ses Souvenirs de la fin du dix-huitième siècle « avec l’extérieur et le maintien d’un niais, quoiqu’il fût un bel homme, avait fort peu d’usage de la société. Cela était racheté par de la candeur, des connaissances étendues et quelques talents oratoires[4]. »

Lors de la proscription des Girondins, Salle est porté le onzième sur la liste des conspirateurs le . Il s’enfuit alors de Paris. Il se réfugie à Chartres puis à Évreux, où il va rejoindre Buzot le . Le 13, ils sont à Caen, et ils publient un manifeste collectif sous le titre de Compte rendu contre le crime du . Ensuite il fait paraître en son nom personnel un Examen critique de la Constitution, sans nom d’imprimeur ni date.

Sa femme Catherine Charlotte Poinsignon, qu’il avait épousée en 1787, vient le retrouver à Caen avec deux enfants en bas âge et un troisième qu’elle vient de mettre au monde. Il doit la quitter, elle et ses enfants, à Fougères. Mis hors la loi le , fugitif, abandonné, proscrit, il se cache finalement avec Élie Guadet chez le père de celui-ci à Saint-Émilion. Caché dans un grenier privé de lumière, il écrit une tragédie en cinq actes et en vers intitulée Charlotte Corday, puis un poème satirique en décasyllabes sur l’arrivée de Danton aux enfers.

Dénoncés, les deux députés sont surpris brusquement au milieu de la nuit du 30 prairial. Salle tente de se brûler la cervelle, mais le coup ne part pas. Il est conduit, chargé de chaînes, sur une charrette à Libourne, et de là, à Bordeaux, où il est interrogé le 30 prairial an II, puis condamné à mort et guillotiné le lendemain (1er messidor)[3], âgé seulement de trente-quatre ans.

Salle avait un frère, Jean Salle, qui était maire de la ville de Vézelise depuis 1791. Après le , celui-ci est suspendu de ses fonctions par arrêté du département, et plus tard mis en état d’arrestation. Sa veuve obtint, le 8 messidor an III, une pension annuelle de deux mille livres que le gouvernement de la Restauration réduit à cinq cents francs.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Discours sur un projet d’organisation du ministère de la guerre ;
  • Opinion sur les conventions nationales en 1791 ;
  • Sur la procédure de Louis XVI, et sur les événemens du  ;
  • Recherches sur les agens et les moyens de la faction d’Orléans ;
  • Lettres à Guffroi et à Dubois de Crancé, ses collègues ;
  • Observations sur cette lettre dénoncée à la Convention ;
  • Réponse aux calomnies prononcées contre lui par Robespierre à la Convention ;
  • Examen critique de la constitution de 1793 ;
  • Lettre à son épouse.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Charlotte Corday, tragédie en cinq actes et en vers publiée pour la première fois, d'après le manuscrit original, avec une lettre inédite de Barbaroux, éd. Georges Moreau-Chaslon, Paris, J. Miard, 1864, in-4°.
  • L'Entrée de Danton aux Enfers, poème inédit, publié d'après le manuscrit original par Georges Moreau-Chaslon, Paris, 1865, in-18.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de baptême à Vézelise, vue 523/727.
  2. Acte de décès à Bordeaux, n° 1517, vue 90/183.
  3. a et b Michel Biard, La liberté ou la mort : mourir en député, 1792-1795, Paris, Tallandier, , 363 p. (ISBN 979-10-210-0731-4), p. 319, n. 1.
  4. t. Il, p. 223.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles Vatel, Charlotte de Corday et les Girondins : pièces classées et annotées, t. 1, Paris, H. Plon, 1864-1872, 432 p. (lire en ligne)
  • La tragique Odyssée sous la terreur à Saint-Emilion. Dr Pierre Bertin-Roulleau 1926.

Liens externes[modifier | modifier le code]