Jardin royal des plantes médicinales — Wikipédia

Jardin royal des plantes médicinales
Image illustrative de l’article Jardin royal des plantes médicinales
Le « Jardin royal des herbes médicinales », peinture sur vélin de Frédéric Scalberge (1636), entre la future rue du Jardin du Roy, actuellement rue Geoffroy Saint-Hilaire, et le canal des Victorins, disparu depuis longtemps.
Géographie
Pays Drapeau du royaume de France Royaume de France
Commune Paris
Histoire
Création 1635 à 1793 (en 1793 il devient le Muséum national d'histoire naturelle)
Caractéristiques
Essences plantes médicinales
Gestion
Propriétaire Roi de France
Lien Internet http://www.mnhn.fr/fr/visitez/lieux/cabinet-histoire-jardin-plantes
Localisation
Coordonnées 48° 50′ 38″ nord, 2° 21′ 24″ est
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Jardin royal des plantes médicinales
Géolocalisation sur la carte : 5e arrondissement de Paris
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Jardin royal des plantes médicinales
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Jardin royal des plantes médicinales

Le Jardin royal des plantes médicinales a été aussi bien un jardin des plantes que l'institution royale ayant précédé historiquement le Muséum national d'histoire naturelle pendant la période qui s'étend de sa fondation en 1635 à sa transformation en Muséum national en 1793. Le siège du Muséum est toujours situé dans le même jardin que celui de la période monarchique mais il est de nos jours connu sous le nom simplifié de « Jardin des plantes ». Il est situé dans ce qui est actuellement le 5e arrondissement de Paris.

Les noms et les orthographes désignant ce jardin ont changé au fil du temps : le Jardin a ouvert ses portes au public en 1640 sous le nom de « Jardin royal des herbes médicinales », pour s'appeler ensuite « Jardin royal des plantes médicinales », « Jardin royal des plantes » ou « Jardin des plantes », plus simplement.

Le jardin était aussi couramment appelé le Jardin du Roy sous l'Ancien Régime, mais il ne doit pas être confondu avec d'autres « jardins du roi », comme le bosquet de même nom situé dans le jardin de Versailles ou le Jardin du Roi situé à Bruxelles, en Belgique. Par ailleurs, alors que le Muséum national était déjà fondé depuis les dernières années du XVIIIe siècle, le Jardin fut officiellement nommé Jardin du Roi pendant la période correspondant au retour à la monarchie, dès 1814[1].

C’est l’une des plus anciennes institutions scientifiques françaises, avant la création de l’Académie des sciences (1666) et l’observatoire de Paris (1672)[2].

Historique[modifier | modifier le code]

La naissance du Jardin (1626–1640)[modifier | modifier le code]

Prémices[modifier | modifier le code]

La création d'un jardin des plantes à Paris s'inscrit dans un mouvement intellectuel européen, qui voit naître au XVIe siècle ces espaces destinés à l'étude de la botanique et aux soins par les plantes : Pise (1543-1544), Padoue (1545), Bologne (1568) ou Leyde (1590) se dotent de très grands établissements. En 1593, Henri IV fonde celui de Montpellier, place protestante et siège d'une célèbre faculté de Médecine[3].

Dans la capitale, il existait des jardins médicinaux depuis le Moyen Âge, et au XVIe siècle, l'apothicaire Nicolas Houël enseigne déjà la botanique, l'herboristerie et les soins par les plantes sur la terre d'Alez, site du futur jardin des plantes[4]. Mais ce n'est qu'en 1597 que la faculté de médecine se dote d'un jardin des herbes, situé rue de la Bûcherie et confié aux soins du botaniste Jean Robin. Il ferme en 1617, et dès l'année suivante, Robin publie une Request au Roy pour l'establissement d'un Jardin royal en l'Université. Cette idée est également défendue dès 1616 par un des médecins du roi, parisien, Guy de La Brosse (v.  1586–1641)[3].

Habile, plein de bon sens et tenace, ce spécialiste de botanique médicale finit par intéresser la couronne à son projet. Avec l'aide du cardinal de Richelieu, du surintendant des Finances Claude Bullion et du premier médecin du roi, Jean Hérouard, il obtient du roi, en , des « lettres pattentes » portant création d'un « jardin des plantes médicinales». Ce document indiquait que le futur jardin serait établi dans l'un des faubourgs de Paris, mais ne précisait pas encore un emplacement concret[1]. La surintendance en était confiée à Hérouard et l'intendance à Bullion. Guy de La Brosse dut cependant batailler pour que son projet aboutisse : la mort du surintendant à La Rochelle en 1628, l'hostilité constante de la faculté de médecine dont le Jardin était indépendant, ne le découragèrent pas. En , il réussit à acquérir, des héritiers du magistrat Daniel Voysin, une grande propriété aux portes sud-est de Paris, dans le faubourg Saint-Victor, (d'après l'abbaye Saint-Victor)[3]. Cette partie de la terre d'Alez est alors traversée par la Bièvre.

L'édit royal de mai 1635[modifier | modifier le code]

Portrait de Guy de La Brosse, d'après un buste de Nicolas-Augustin Matte, déposé au Muséum, Jules Pizzetta, 1893

En , Louis XIII consacre cette fondation et son implantation parisienne par un nouvel édit, enregistré en 1638 contre toutes les oppositions : Guy de la Brosse a définitivement gagné. Le surintendant du Jardin est Charles Bouvard, premier médecin du roi. En 1640, après plusieurs années de travaux et d'aménagement et la première publication, en 1636, d'une première recension des cultures, le nouveau jardin pouvait ouvrir ses portes au public. Outre plusieurs milliers de plantes et un petit labyrinthe aménagé sur une butte artificielle, qu'il appelait sa « montagnette », Guy de la Brosse obtient la création de cours également indépendants de la faculté et relevant directement du roi, comme les enseignements du Collège de France, créé en 1530. Trois chaires sont créées, tenues par des professeurs avec des «démonstrateurs», ou maîtres de conférences, ils y enseignent la botanique, la chimie et l'anatomie au public qui y vient librement[2],[3].

Le projet suscite de nombreuses oppositions, notamment de la part de la faculté de médecine de l’université de Paris, qui y voit un concurrent à son propre enseignement, d’autant que les cours sont ouverts à tous et donnés, non en latin, mais en français. Ce n’est pas la seule nouveauté : certains sujets, comme la circulation du sang, y sont enseignés alors qu’ils sont encore critiqués par la faculté. Des enseignants viennent de l’université de Montpellier, grande rivale de l’université de Paris. Pour apaiser un peu les tensions, Louis XIII décide d’autoriser l’enseignement, mais ne permet pas au Jardin de dispenser des diplômes ; le Jardin ne comptera, à la Révolution, que trois postes de professeurs : botanique, anatomie et chimie.

Le fils de Charles Bouvard, Michel Bouvard, seigneur de Fourqueux, lui succède comme intendant du Jardin royal[5] et y fait construire la première serre[6].

Colbert stimule la recherche (1671)[modifier | modifier le code]

Guy-Crescent Fagon, 1702, gravure de Gérard Edelinck d’après Hyacinthe Rigaud, musée Hyacinthe-Rigaud, Perpignan.

En 1671, à la mort d'Antoine Vallot, dont la gestion avait été taxée de négligence, Colbert fait réunir, par déclaration royale, la surintendance du Jardin avec celle des Bâtiments royaux, dont il est alors pourvu. Le premier médecin du roi, Antoine d'Aquin, continue d'assurer la direction technique du Jardin, mais doit se contenter du titre d'intendant, sous la direction de Colbert.

En 1664 Antoine Vallot avait fait appel au jeune Fagon, neveu de Guy de La Brosse, pour récolter des plantes en France. Il lui fait parcourir le Midi de la France, les Alpes et les Pyrénées, et de repeupler le Jardin que la négligence ou la mauvaise volonté des Bouvard avait laissé dépérir. Il devient en 1671 le « sous-démonstrateur » du Jardin des plantes. En 1693 la disgrâce de d'Aquin lui vaut la charge de premier médecin de Louis XIV, et du même coup l'intendance du Jardin royal.

Fagon s’entoure d’une équipe brillante, dans laquelle figurent Christophe Glaser, Bernard de Jussieu et Joseph Pitton de Tournefort, son suppléant, qui entre à l'Académie royale des Sciences en 1691.

Ils plantent aussi en arboretum la « butte Coypeau » (ou « des Copeaux »), qui devient alors le « labyrinthe du Jardin des plantes », au croisement des actuelles rues Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire.

Le poste de « concierge et directeur de la culture des plantes du Jardin royal » est créé le par Colbert pour Nicolas Marchant, qui l'occupe jusqu'à sa mort en 1678. Jean Marchant, son fils, lui succède de 1678 à 1694, date à laquelle la charge est supprimée par Tournefort. Au Jardin du Roi les deux hommes de l'Académie des Sciences disposent d'un terrain spécial et indépendant, appelé le « petit jardin », non loin de l'actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire et de l'ancien amphithéâtre utilisé par les académiciens. Les Marchant cultivent un grand nombre d'espèces étrangères ou rares : la seule année 1680, Jean Marchant fait « venir des pays étrangers plus de cinq cents différentes graines ou plantes qui ne se trouvent point en ces pays. Il les cultiva, et à mesure qu'elles fleurissoient, il en faisoit la description, les fournissoit au laboratoire pour les analyser et au dessinateur de l'Académie pour en faire les desseins[7] ».

Le règne de Buffon 1738–1788[modifier | modifier le code]

Statue de Buffon dans le Jardin des plantes, Jean Carlus, 1908

En 1718, le Jardin royal des plantes médicinales devient le Jardin royal des plantes. Buffon est nommé intendant du Jardin en 1739, le fait largement agrandir et règne en maître sur les lieux pendant près de 50 ans. Il fait ériger un belvédère au sommet du labyrinthe, la gloriette de Buffon, en contrebas il ordonne la construction d'un grand amphithéâtre pour les cours, l'amphithéâtre de Verniquet, et il fait agrandir le cabinet d'Histoire naturelle, ouvrage dirigé aussi par Verniquet. De jardin d'apothicaire, il transforme le Jardin des plantes en centre de recherche et en musée, faisant planter des arbres qu'on lui fait parvenir du monde entier[8]. Dès lors, profitant des ressources que lui offre le grand établissement qu'il dirige et qu'il ne cesse d'enrichir, il entreprend de « tracer le tableau de la nature entière ». Excellent administrateur, propriétaire terrien et juriste de formation, il agrandira le Jardin, à partir de 1771, d'environ un tiers, vers l'ouest et la Seine (actuelle Ménagerie) et vers le sud sur la rive droite de la Bièvre (« clos Patouillet », actuel îlot Poliveau[9]), en faisant exproprier les propriétaires des parcelles à acquérir. Il fait forger à Montbard les éléments de l'un des premiers édifices métalliques au monde, la « gloriette du Labyrinthe » ou « gloriette de Buffon ».

Françoise Basseporte succéda à Claude Aubriet comme peintre du Jardin du roi et resta en fonctions jusqu'au début du règne de Louis XVI.

Transition sous la Révolution[modifier | modifier le code]

Ancienne galerie d'anatomie comparée (« bâtiment de la baleine »)

Lors de la Révolution, le « Jardin des plantes » et ses installations (laboratoires, galeries, collections, amphithéâtres, bibliothèque…) ainsi que le « clos Patouillet », propriété de Buffon sur les deux rives de la Bièvre au sud du Jardin[11], deviennent le Muséum national d'histoire naturelle.

Direction[modifier | modifier le code]

Surintendants[modifier | modifier le code]

Intendants[modifier | modifier le code]

Listes des titulaires des chaires[modifier | modifier le code]

Chaire de botanique[modifier | modifier le code]

Chaire principale : professeur[modifier | modifier le code]

Chaire secondaire : démonstrateur[modifier | modifier le code]

Chaire de chimie[modifier | modifier le code]

Chaire principale : professeur[modifier | modifier le code]

Chaire secondaire : démonstrateur[modifier | modifier le code]

Chaire d’anatomie[modifier | modifier le code]

Chaire principale : professeur[modifier | modifier le code]

Chaire secondaire : démonstrateur[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jacques-Antoine Dulaure, Histoire physique, civile et morale de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours (tome IV, p. 148), Guillaume et Compagnie Libraires, Paris, 1821.
  2. a et b « Jardin des Plantes — Paris.fr », sur equipement.paris.fr (consulté le ).
  3. a b c et d « Cabinet d'histoire du Jardin des plantes », Muséum national d'histoire naturelle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Élie Bzoura : Nicolas Houël et la Bièvre in : Actualités pharmaceutiques n° 323, sept. 1994, p. 68-71
  5. Paul Guillon, Mort de Louis XIII : étude d'histoire médicale d'après de nouveaux documents, Paris, Fontemoing, , 179 p. (lire en ligne)
  6. Pierre Nicker, « Des créateurs du Jardin du Roi aux découvreurs botanistes de Marly (1607-1693-1727) », Le Vieux Marly. Bulletin de la société archéologique, historique et artistique de Marly-le-Roi, no 9,‎ , p. 16-30 (lire en ligne)
  7. Fontenelle, Histoire de l'Académie royale des Sciences, t. 1, Paris, (lire en ligne), « Année 1680 », p. 307.
  8. Auguste Chevalier, « Deuxième conférence : L'œuvre des voyageurs-naturalistes et du Jardin des Plantes depuis sa fondation jusqu'à la Révolution », Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 10e année, vol. 106 bis,‎ , p. 463–479 (lire en ligne, consulté le ).
  9. Le « clos Patouillet » est une ancienne propriété de Buffon : Association de prévoyance et de secours mutuels des médecins du département du Nord, Annuaire 1976 - 1977, p. 662.
  10. Le plan de Roussel sur Gallica
  11. Michel Fleury et Jeanne Pronteau, Histoire de Paris, Librairie Droz, p. 662.
  12. Renske Langebeek (Les musées d’histoire naturelle de Leyde, Paris et Londres, thèse, 28 septembre 2010) écrit de lui « dates de naissance et de mort inconnues » ; il note aussi un fait rare, que Bouvard n'était pas médecin.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Contant, L’enseignement de la chimie au Jardin royal des plantes, Cahors, Université de Strasbourg, 1952.
  • Stéphane Déligeorges, Alexandre Gady et Françoise Labalette, Le Jardin des plantes et le Muséum national d'histoire naturelle, Monum, Paris, 2004, 64 p., (ISBN 2-85822-601-6).
  • E.-T. Hamy, « William Davisson, intendant du Jardin du Roi et professeur de chimie (1647–51) », dans Nouvelles archives du Muséum, Paris, Masson et Cie, 1898.
  • Philippe Jaussaud et Édouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au Muséum en 516 biographies, 630 p., Muséum national d'histoire naturelle, Paris, 2004, (ISBN 2-85653-565-8).
  • Yves Laissus, Jean Torlais, Le Jardin du roi et le Collège royal dans l’enseignement des sciences au XVIIIe siècle, Paris, Hermann, 1986.
  • Christine Lecornu-Lehman, Gabriel-François Venel (1723–1775). Sa place dans la chimie française du XVIIIe siècle, Paris X Nanterre, Épistémologie, histoire des sciences et des techniques, Paris, 2006.
  • Adrien Moisan, L’Expertise au cœur des affaires d’empoisonnements de la fin du XVIIe siècle. Un miroir de l’apothicairerie parisienne entre 1672 et 1682, Paris I — Panthéon-Sorbonne, Laboratoire d'Histoire des Sciences, rue Mahler, Paris, à consulter sur : [1].

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Thibault Baladier. L’intendance du jardin royal des plantes. Le Blog de Gallica,