Jacques Tourneur — Wikipédia

Jacques Tourneur
Nom de naissance Jacques Thomas
Surnom Jack Turner
Naissance
Paris, France
Nationalité Drapeau de la France Français
Drapeau des États-Unis Américain
Décès (à 73 ans)
Bergerac, Dordogne, France
Profession Réalisateur
Films notables La Féline
Vaudou
La Griffe du passé
Un jeu dangereux
Rendez-vous avec la peur

Jacques Thomas, dit Jacques Tourneur[1] (parfois anglicisé en Jack Turner), est un réalisateur franco-américain, né le à Paris 12e et mort le (à 73 ans) à Bergerac (Dordogne)[2]. Il a fait l'essentiel de sa carrière à Hollywood, et a obtenu la nationalité américaine en 1919.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jacques Tourneur est le fils de Maurice Tourneur, illustrateur et réalisateur lui-même et de Fernande Petit. Il suit son père aux États-Unis à l'âge de dix ans et tous deux rentrent en France en 1925.

Carrière[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Il débute dans le cinéma au début des années 1930, comme monteur des films de son père (dont Les Gaietés de l'escadron), ou d'autres metteurs en scène. Il réalise quatre films en France à partir de 1931, avant de partir pour Hollywood en 1934. Il n'y réalise d'abord que des courts-métrages, puis dirige les secondes équipes de films plus importants. Dans ce cas il n'apparaît pas au générique, les secondes équipes n'étant pas créditées à l'époque. They All Came Out (1939), un documentaire romancé sur les prisons, lui permet d'accéder à la réalisation de longs métrages.

Période RKO et succès[modifier | modifier le code]

Logo-titre de Vaudou (1943)

Imposé par le producteur Val Lewton à la RKO, il va exceller dans le film fantastique, avec La Féline, Vaudou et L’Homme léopard, il réalise par la suite, jusqu’à la fin des années 50 de remarquables films dans plusieurs genres : le westerns (Un jeu risqué, Le Passage du canyon, Le Gaucho, Stars in My Crown, L’Or et l’amour), le film d'aventure (La Flèche et le Flambeau, La Flibustière des Antilles, Les Révoltés de la Claire Louise) ou en encore le film noir ( La Griffe du passé, L’enquête est close, La Cible parfaite, Poursuite dans la nuit).

Autres films remarquables : Angoisse (1944), Berlin Express (1948), Rendez-vous avec la peur (1957).

Télévision et retour en France[modifier | modifier le code]

Il travaille ensuite pour la télévision, notamment les séries Bonanza et réalise un célèbre court-métrage de La Quatrième Dimension : Nightcall.

En 1966, il revient en France et s'installe en Dordogne, près de Bergerac[3], il y reçoit quelques amis d'Hollywood, notamment Dana Andrews un de ses comédiens d'élection[réf. souhaitée]. Malheureusement ses derniers projets ne suscitent l'intérêt d'aucun producteur français ; pour Murmures dans un corridor lointain Tourneur projetait d'enregistrer les bruits réels, de filmer à l'aide de caméras infra-rouges les traces de fantômes dans un château hanté d'Écosse. En 1977, quelques mois avant sa mort, il reçoit FR3 Aquitaine pour une dernière interview[4].

Il est inhumé au cimetière de la Beylive de Bergerac.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Jacques Tourneur épouse Marguerite (dite Christiane) Virideau. Née à Pessac (Gironde) le (acte n° 43), elle décède à Lamonzie Saint Martin (Dordogne) le . Tous deux n'ont pas d'enfant.

Style[modifier | modifier le code]

Dans ses films fantastiques, mais pas seulement, il se distingue en jouant avant tout sur le non-dit et la suggestion, l'inquiétude pour susciter l'angoisse ; il est l'inventeur de l'effet-bus[5]. Dans Un jeu risqué, la brusque apparition de Wyatt Earp, au sommet d'une colline à la tombée du jour (un plan suffit) suscite parmi les hommes une vive inquiétude qui ne cessera pas jusqu'à la fin. Le film sera considéré par Budd Boetticher comme " à la fois le plus pur et le plus étrange western jamais réalisé..."[réf. souhaitée].

La scène de la piscine, du film La Féline est un bon exemple de sa « méthode », scène reprise telle quelle dans le remake réalisé quarante ans plus tard par Paul Schrader. Tourneur suscite une forte tension en jouant sur l'éclairage, les zones d'ombre, l'instabilité de l'environnement (l'eau de la piscine, les reflets de l'eau sur les murs), les prises de vue en plongée et contre-plongée, et la réverbération du son qui enveloppe totalement le spectateur, un tour de force avec les bandes-sons mono de l'époque[source secondaire souhaitée]. Il passe d'ailleurs deux jours à enregistrer le son de cette scène dans la piscine[6] (pour une durée de tournage totale de vingt-et-un jours[7]).

Commentaires et analyses[modifier | modifier le code]

« Il y a des films qui nous regardent vieillir » Serge Daney. Cité par Serge Le Péron à propos des films de Jacques Tourneur. (Jacques Tourneur Le Médium, film d'Alain Mazars, 2015).

Postérité[modifier | modifier le code]

Dans les références ou hommages explicites à Jacques Tourneur, on peut relever que Bertrand Tavernier dédie au cinéaste son film La Mort en direct de 1980. De même, en nommant le personnage principal, Jessica Holland, dans Memoria, Apichatpong Weerasethakul rend ainsi hommage à Vaudou [8]. Enfin, relevons que Le livre d’image de Jean-Luc Godard (2019) contient en son sein un extrait de Berlin Express, la séquence du train.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma (réalisateur)[modifier | modifier le code]

Courts métrages[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Télévision (réalisateur)[modifier | modifier le code]

Assistant Réalisateur ou Monteur[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les gens du cinéma.com.
  2. Archives de Paris 12e, acte de naissance no 3445 année 1904 (vue 19/31) (avec mention marginale de décès).
  3. Louis Skorecki, « Rendez-vous avec la peur », sur Libération, (consulté le )
  4. sur Vimeo.
  5. Jean-Baptiste Morain, « Comment le cinéma de Jacques Tourneur a fixé les codes de la peur au cinéma », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  6. Frank LAFOND, Jacques Tourneur, les figures de la peur, Presses universitaires de Rennes (ISBN 9782753526914, lire en ligne), « Chapitre VIII. Figures de l’implication physique du spectateur », p. 93-123
  7. François-Olivier Lefèvre, « La Féline de Jacques Tourneur », sur DVD Classik, (consulté le )
  8. « Dossier de presse Memoria (11 pages) » [PDF], sur medias.unifrance.org, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Jacques Lourcelles, Dictionnaire des films [Entrées sur les films de Jacques Tourneur], Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 2221091124).
  • Jacques Lourcelles, Dictionnaire des films, volume 2, Note sur Jacques Tourneur (1966) p.1243, Préface à "Jacques Tourneur, une esthétique du trouble" (2006) p.1509, Robert Laffont coll. "Bouquins" 2022.
  • (en) Chris Fujiwara, The Cinema of Nightfall, Jacques Tourneur, Johns Hopkins University press, , 340 p. (ISBN 9781476608112)
  • Michael Henry Wilson, Jacques Tourneur ou la magie de la suggestion, Éditions du Centre Pompidou, , 207 p. (ISBN 9782844262257)
  • Jacques Manlay (dir.), Écrits de Jacques Tourneur, Rouge Profond, , 93 p. (ISBN 9782915083040)
  • Marcos Uzal, Vaudou de Jacques Tourneur : Archipel des apparitions, Yellow Now, coll. « Crisnée », , 89 p. (ISBN 9782873402020)
  • Frank Lafond, Jacques Tourneur, les figures de la peur, Presses Universitaires de Rennes, , 247 p. (ISBN 9782753526914)
  • Fernando Ganzo (dir.), Jacques Tourneur, Capricci, , 207 p. (ISBN 9791023902693)
    Avec les textes suivants: « Préface », Pierre Rissient; « Un cinéma de frontière, entretien avec Jacques Tourneur », Patrick Brion et Jean-Louis Comolli (août 1966); « La France », Pierre Jailloux; « La période MGM », Mathieu Macheret; « Fantastique et suspens », Haden Guest, Chris Fujiwara, Peter Král et Carlo Chatrian ; « La guerre », Pierre Gabaston; « Westerns », Fernando Gonzo, Mariano Llinásè « Les territoires du thriller », Jean-François Rauger, Patrice Rollet ; « Le mal-aimé », Paola Raiman ; « Série noire », Hervé Gauville; « Contrebande », Pierre Eugène; « Période finale », Rinaldo Censi ; « Télévision », Chris Fujiwara. 2017.

Articles[modifier | modifier le code]

  • Gilles Menegaldo, « Promenade avec la nuit et la peur : Le fantastique selon Jacques Tourneur », Sociétés & Représentations, no 4,‎ , p. 219-233 (lire en ligne)

Films documentaires[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]