Jacques Sernas — Wikipédia

Jacques Sernas
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Dans Terre étrangère, en 1954.
Nom de naissance Jokūbas Bernardas Šernas
Surnom Jack Sernas
Naissance
Kaunas, République de Lituanie
Nationalité Drapeau de la France Française
Drapeau de la Lituanie Lituanienne
Décès (à 89 ans)
Rome, Italie
Profession Acteur

Jacques Sernas, né Jokūbas Bernardas Šernas le à Kaunas (République de Lituanie) et mort à Rome (Italie) le [1], est un acteur français qui accomplit l'essentiel de sa carrière dans le cinéma italien. Acteur éclectique, il a tenu une centaine de rôles dans des films, des séries et des téléfilms. Il est notamment connu pour ses prestations dans les genres populaires des années 1950-60, tels que les films de cape et d'épée et les péplums.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jokūbas Bernardas Šernas[2] naît le à Kaunas, alors la capitale de la République de Lituanie. Son père, qui porte le même nom que lui, Jokūbas Šernas, a été ministre du gouvernement lituanien et l'un des signataires de la déclaration d'indépendance de la République de Lituanie en 1918. Sa mère, russe, est née à Saint-Pétersbourg. Après la mort de son père en 1926, sa mère s'installe à Paris avec son fils. Jokūbas se fait appeler Jacques et reçoit une éducation française[2],[3],[4],[5].

Pendant l'occupation allemande, encore lycéen, il devient résistant. Participant au mouvement clandestin, il apporte son concours à l'explosion d'une charge dans les locaux du Parti populaire français à Vichy. En conséquence, il est capturé, mais il échappe d'abord à son arrestation. Il tente de rejoindre l'Espagne mais il se fait à nouveau capturer et emprisonner à Fort Barraux. Il tente de s'en échapper, en empruntant un tunnel souterrain, mais il échoue. De à , il est prisonnier du camp de concentration nazi de Buchenwald[5].

Après sa libération du camp de concentration, il retourne à Paris. Il travaille pendant quelques semaines comme correspondant spécial de Combat, pour couvrir le procès de Nuremberg. Il a exercé divers emplois temporaires : porteur, serveur, entraîneur de ski et boxeur. En 1946, il apprend qu'on a besoin d'un boxeur pour le tournage d'un film, dans lequel Jean Gabin doit jouer le rôle principal. Jacques se rend aux auditions du film, et il est sélectionné pour un rôle de figurant. C'est ainsi qu'il décroche son premier rôle dans le film Miroir (1946) de Raymond Lamy. Un an plus tard, il joue le rôle d'un autre boxeur dans le film L'Idole (1948), face à Yves Montand, alors à ses débuts[5],[6].

Jacques, jeune, blond, athlétique et élégant, est exactement le genre de héros dont l'Europe déchirée par la guerre a besoin. Il passe de la société de production française Lux à son équivalente italienne, recruté sur photos pour le film Jeunesse perdue (1948) du réalisateur italien Pietro Germi. Le film connaît un succès retentissant et vaut au jeune acteur le Ruban d'argent du meilleur acteur étranger[5],[7]. Après cela, les offres n'ont pas manqué. Jacques n'a cessé de jouer dans des films de tous genres - des épopées mythologiques aux polars, des mélodrames aux westerns - en italien, français et anglais. Il s'est également distingué dans des films de cape et d'épée tels Les Mousquetaires de la mer (1950) ou Le Faucon rouge (1949). Bien que nombre de ses films ne soient pas des chefs-d'œuvre, Jacques Sernas est l'idole des jeunes de son époque, des filles surtout[6], et la presse italienne des années 50 le surnomme « le plus bel homme du monde »[4].

Il épouse en 1955 la journaliste italienne Maria Stella Signorini[6], leur fille Francesca naît en 1956.

En 1955, le réalisateur américain Robert Wise tourne à Cinecittà le péplum Hélène de Troie (1956), et offre le rôle de Pâris à Jacques Sernas ; avec pour partenaires la vedette Rossana Podestà et l'actrice en herbe Brigitte Bardot. Le film est un succès ; la prestation de Sernas et son excellent anglais plaisent aux producteurs d'Hollywood, aussi la société Warner Brothers lui signe un contrat pour tourner en Amérique. Son séjour à l'étranger ne sera qu'un bref épisode de la carrière cinématographique de Jacques (américanisé en « Jack » pour l'occasion) : il n'y joue qu'un seul film, L'Enfer de Diên Biên Phu (1955) sur la guerre d'Indochine, suivi de quelques séries télévisées, puis retourne en Europe[5].

En Italie, Sernas joue dans des films mineurs jusqu'à ce que Federico Fellini lui donne, en 1960, le petit mais notable rôle dans La dolce vita d'un playboy ou « divo »[8]. Il s'agit d'un personnage qui, d'une certaine manière, ressemblait à Sernas lui-même - . La scène de vacances décadente mettant en scène le personnage de Sernas a constitué un jalon important dans l'histoire du cinéma. Dans les années 1960 il joue le colonel Bibinski dans le film épique de Nicholas Ray, Les 55 Jours de Pékin (1963), sur le siège du Quartier des légations à Pékin pendant la révolte des Boxers en 1900[5],[6].

En 1962 il revient au film de guerre dans Le Jour le plus court avec Jean-Paul Belmondo et Annie Girardot, et au western spaghetti dans Trois Cavaliers pour Fort Yuma en 1966 avec Giuliano Gemma et Sophie Daumier. Il produit le policier parodique (Barbouze chérie en 1966 avec Mireille Darc) et s'essaie à l'écriture pour Le Fils de Spartacus, l'un des meilleurs péplums. Puis la carrière de Sernas décline : dans les années 70, on ne lui propose plus que de petits rôles, généralement dans des films de seconde zone[5],[6].

Dans les années 1980, Sernas n'apparaît qu'occasionnellement dans des films et joue pour quelques feuilletons télévisés. Il anime également une émission en français à la télévision italienne[4].

Jacques Sernas meurt à Rome le , un peu moins d'un mois avant son 90e anniversaire[4].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Acteur de cinéma[modifier | modifier le code]

Acteur de télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (it) « Addio à Jacques Sernas », sur Repubblica.it
  2. a et b (lt) Vita Savickienė, « Apie signataro gyvenimą liko neatsakytų klausimų », sur panskliautas.lt (version du sur Internet Archive)
  3. (en) Hal Erickson, « Full Biography », sur nytimes.com (version du sur Internet Archive)
  4. a b c et d (it) « Addio a Jacques Sernas, icona del cinema anni 50 », sur repubblica.it,
  5. a b c d e f et g « Adieu à Jacques Sernas, dernier « divo » de la dolce vita », sur Figaro, (consulté le )
  6. a b c d et e (it) Enrico Lancia et Fabio Melelli, Attori stranieri del nostro cinema, Gremese Editore, , 283 p. (ISBN 9788884404251), p. 175—177
  7. (it) Enrico Lancia, I Nastri d'argento 1947—48 : I premi del cinema., Gremese Editore, , 448 p. (ISBN 88-7742-221-1), p. 228
  8. Fellini a contribué à populariser ce terme comme une forme masculine du terme « diva »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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