Jacques Remlinger — Wikipédia

Jacques Remlinger
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CubrialVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jacques Remlinger, né le à Asnières (Hauts-de-Seine) et mort le à Cubrial (Doubs), est un pilote de chasse français combattant lors de la Seconde Guerre mondiale au sein des Forces aériennes françaises libres. Selon Pierre Clostermann, avec lequel il accomplit plus de 200 missions[1], il aurait été l'un des deux pilotes qui ont mitraillé le véhicule du maréchal Erwin Rommel le en Normandie, le blessant grièvement[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

D'origine alsacienne, son père est commerçant et possède une maison d'import-export en Angleterre. Jacques Remlinger fait ses études à Harrow.

En 1940, il suit une formation de pilote à l'école élémentaire de Sywell. Il s'engage alors dans la France libre[2] à l'âge de 18 ans. Il sert d'abord au Groupe de chasse Alsace.

En 1941, il suit un entrainement à Rednal et est alors détaché dans la RAF au groupe de chasse 602 City of Glasgow, groupe que rejoint Pierre Clostermann en . Ils effectuent de nombreuses missions ensemble.

En mission avec un autre pilote de son groupe, le Néo-zélandais Bruce Oliver, le au-dessus de la Normandie, ils mitraillent sur la route Livarot-Vimoutiers[2], près du village de Sainte-Foy-de-Montgommery, une voiture allemande escortée par des motards. Un des motards de l'escorte est tué et le chauffeur est mortellement touché. La voiture fait une embardée et s'encastre contre un arbre, blessant grièvement à la tête le maréchal Rommel, dont c'était le véhicule et qui rentrait à son QG au château de la Roche-Guyon. Remlinger n'eut confirmation qu'en 1990 à l'ouverture des archives de la RAF, qu'il s'agissait de la voiture du maréchal allemand. Cette version ne fait cependant pas l'unanimité, car le mitraillage de la voiture est aussi attribué à d'autres aviateurs tels que Charley Fox (en)[3] voire Johannes Jacobus Le Roux (en)[4].

Contrairement au passage concernant les circonstances de sa mort dans le discours de Pierre Clostermann en hommage à Jacques Remlinger (ci-dessous), Rommel fut contraint au suicide par ordre de Hitler à la suite de sa participation au complot du 20 juillet 1944.

Après guerre, Jacques Remlinger épouse une Anglaise et s'installe en Angleterre. Son fils Michael devient pilote dans la RAF.

Allocution prononcée par Pierre Clostermann en hommage à Jacques Remlinger, à l’occasion de la messe célébrée en la chapelle de l’École militaire, le [2] :

« Nous sommes ici, Joëlle son épouse, Michael son fils, Anita et Caroline ses filles, afin de prier pour le repos éternel de Jacques Remlinger le meilleur et le plus cher de mes amis, le meilleur que j’ai jamais connu et que j’aurais connu en frère.
Ses camarades des F.A.F.L., de la Royal Air Force et de l’Armée de l’Air sont également venus pour saluer une fois encore celui qui fut un Français à la droiture sans faille et un brillant pilote de chasse et digne fils de l’Alsace, notre province fidèle qui a toujours donné à la France quelques-uns des meilleurs de ses fils. Né en 1923, engagé à 18 ans dans les F.A.F.L., d’abord au 341 Sq. « Alsace » et détaché ensuite dans la R.A.F. au squadron 602 « City of Glasgow » où nous étions ensemble. Son formidable courage frisait la témérité. Parfait tireur Air-sol, méprisant la dangereuse et mortelle flak allemande, Jacques me terrorisait quand il slalomait à 500 km à l’heure au ras des arbres, au milieu de gerbes d’obus traceurs ennemis de 20 et 37 mm. C’est ainsi qu’au cours d’une des missions, le 17 juillet 1944 à 15 h 30 survolant la route Livarot-Vimoutiers, alors la nationale 179, avec son équipier Néo-Zélandais Bruce Oliver, ils ont mitraillé une puissante voiture décapotable… C’était la Horsch personnelle du Maréchal Rommel qui fut grièvement blessé et qui ne sortit du coma que pour mourir à Herrlingen le 14 octobre des suites de ses blessures. Les armées allemandes de Normandie pressées par les alliés ne se relevèrent point de l’absence de Rommel… Trait de son caractère, Jacques ne tira jamais vanité de cette action qui pesa lourd sur la réussite du débarquement.

Un des aspects de son allant et de son énergie était la pratique de son sport favori : le rugby. En effet, à peine sorti de Harrow, son école qui fut aussi celle de Churchill, à 17 ans, Jacques jouait avec les Wasps, champions d’Angleterre. Joueur émérite, trois quart aile légendaire, il fut sélectionné dans l’équipe nationale du Royaume Uni à plusieurs reprises, consécration exceptionnelle pour un joueur étranger et joua à plusieurs reprises brillamment en international. Pendant cette longue période, nous avons effectué deux cents missions, côte à côte dans nos Spitfire, partageant les dangers et les victoires, ce qui crée des liens fraternels plus solides que ceux du sang.

Le privilège de l’amitié m’a permis de lui remettre les insignes de Commandeur de la Légion d’Honneur. Le roi d’Angleterre lui avait décerné la Distinguished Flying Cross et il avait été cité neuf fois à l’Ordre de l’armée. Combattant exemplaire, au patriotisme sans faille, il fut au premier rang de ceux qui ont sauvé l’honneur de l’Armée de l’Air en n’acceptant pas l’armistice avant la victoire. De Gaulle a ajouté à propos des F.A.F.L. « Comme vous n’étiez pas nombreux, vous vous êtes beaucoup battus ». Cher Jacques, le drapeau tombé en 1940 a été ramassé et relevé bien haut par quelques garçons comme toi. Je suis fier d’avoir été ton ami, d’avoir partagé ta vie comme j’aurais partagé la mort si les dés avaient roulé du mauvais côté ! Sans peut-être en être totalement conscient, tu as été un des dépositaires de l’Honneur de la Patrie. L’histoire qui est cruelle en gardera, je l’espère, le souvenir. En tout cas, la présence aujourd’hui des drapeaux de la R.A.F. et F.A.F.L. sont un ultime hommage à ta carrière glorieuse. Cher Jacques, après cinquante années d’amitié partagée, je ne te dis pas adieu, parce que si Dieu le veut, nous nous retrouverons bientôt. »

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque, p. 13.
  2. a b c d et e « Oraison funèbre », prononcée par Pierre Clostermann.
  3. « Obituary: Flight Lieutenant Charley Fox », Telegraph, (consulté le )
  4. Marco Mattioli, ”Chris” Le Roux, l'uomo che attaccò Rommel, in Aerei nella Storia, nº 76, Parma, West-Ward Edizioni, febbraio-marzo 2011, pp. 12-15, ISSN 1591-1071 (WC · ACNP).
  5. ORDRE DE LA LEGION D'HONNEUR Décret du 17 avril 1997 portant promotion (lire en ligne)

Lien externe[modifier | modifier le code]