Jacques-Antoine Dulaure — Wikipédia

Jacques-Antoine Dulaure
Jacques-Antoine Dulaure,
portrait dessiné par Fournier et gravé par Gilles-Louis Chrétien.
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Membre du Conseil des Cinq-Cents
Puy-de-Dôme
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Signature

Jacques-Antoine Dulaure, né le à Clermont-Ferrand et mort le à Paris, est un archéologue, historien et homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dulaure fit de bonnes études au collège de Clermont, cultiva le dessin, étudia les mathématiques. Avant de commencer sa carrière littéraire, il s’adonna successivement à l’architecture et à la topographie. Il se rendit à Paris au mois d’, et fut admis comme élève chez l’architecte Rondelet, qui, après la mort de Soufflot, avait été chargé d’achever les travaux de l’église de Sainte-Geneviève, et, avant tout, de renforcer les piliers qui semblaient ne pouvoir plus soutenir le dôme. Un jour que Dulaure, chargé de prendre des mesures verticales, marchait dans l’intérieur, sur de hautes corniches, il fut saisi d’un éblouissement, et près de tomber et de se briser sur les dalles du monument. Dès lors dégoûté de l’architecture, il voulut être ingénieur-géographe.

Il devait travailler, sous la direction d’un ingénieur en chef, à la confection d’un canal projeté entre Bordeaux et Bayonne. la guerre de l’indépendance américaine ayant fait manquer cette entreprise, Dulaure se mit à donner des leçons de géométrie. Il inventa un instrument propre à la levée des plans et des cartes topographiques. Il soumit, en 1781, son invention à l’Académie des sciences : chargés de l’examiner, Rossut et Cousin firent un rapport favorable.

Débuts littéraires[modifier | modifier le code]

L’année suivante Dulaure commence une carrière littéraire, qui dure plus d’un demi-siècle. Ses premiers écrits sont des critiques sur quelques monuments de Paris, principalement sur l’Odéon qui venait d’être bâti sur l’ancien terrain de l’hôtel de Condé. Dulaure en fait une critique où il fait dialoguer, raisonner et critiquer les loges, les décorations et les murailles du bâtiment. Inspiré par les premières expériences aérostatiques, en 1784, il publie un court Retour de voyage dans la Lune[1], précédant ainsi Beffroy de Reigny, le « Cousin Jacques », qui, l'année suivante, commence son journal intitulé les Lunes.

Il parait avoir été chargé en 1785-1786 du compte-rendu des pièces de théâtre, dans Le Courrier lyrique et amusant, ou Passe-temps des toilettes de Dufrénoy, publication dans laquelle il introduit une partie archéologique[2].

En 1786, avec son essai sur la Pogonologie[3] (voir bibliographie) il se lance dans un essai, que l'on qualifierait aujourd'hui de psycho-sociologique, sur le port de la barbe dont il fait l'apologie, dans un siècle où il est de bon ton d'être glabre[4].

Il publie ensuite divers ouvrages où perce sa détestation des abus, des injustices, des fausses doctrines de l’Ancien Régime. On note ainsi sa Description de Paris et une Nouvelle Description des curiosités de Paris, où se mêlent des recommandations de voyage en forme de guide pour les étrangers et es attaques contre la monarchie. (1785), sa Description de Paris et de ses environs, ses Singularités historiques, etc. (1re éd., 1786). Vivement attaqué dans L'Année littéraire, Dulaure y opposa une réponse vigoureuse.

Il était attelé à la rédaction d’une imposante Description de la France par provinces (1788-1789, 6 vol.) lorsque le début de la Révolution, dont il adopte les principes, l'amène à interrompre ce travail.

Dulaure se lance alors dans l’action politique par ses brochures et par ses écrits périodiques publiés pendant près de trois ans. En 1790, il lance et rédige les journal Les Évangélistes du jour, éphémère publication de 16 numéros, « lourde et impuissante catapulte » contre les auteurs des Actes des Apôtres[5]. Puis du au , il fait paraître Le Thermomètre du jour, journal politique[6],[7].

Député[modifier | modifier le code]

À la Convention nationale[modifier | modifier le code]

En septembre 1792, Dulaure est élu, le douzième et dernier, député du département du Puy-de-Dôme, à la Convention nationale[8].

Il siège dans les rangs de la Gironde. Lors du procès de Louis XVI, il vote en faveur de la culpabilité et de la mort sans appel ni sursis. Il est absent lors de la mise en accusation de Marat[9]. Il vote en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[10]. Au début de l'année 1793, il émet à ses électeurs ses impressions sur le climat qui règne à la Convention[11].

Le 3 octobre 1793, il n'est pas compris dans le décret d'arrestation des députés qui ont protesté contre la journée du 2 juin[12] mais, par prudence, cesse de se présenter à la Convention. Il est décrété d'accusation le 30 vendémiaire an II (21 octobre 1793) par Amar, au nom du Comité de Sûreté générale, qui déclare avoir oublié de l'adjoindre au premier décret[13]. Aidé par le conventionnel Pénières, girondin ayant été épargné par la répression, et par un autre député fugitif, Bonnet de Treyches, Dulaure parvient à gagner la Suisse.

Sur motion de son collègue Monestier, Dulaure est adjoint au décret du 18 frimaire an III (8 décembre 1794) qui réintègre à la Convention les députés emprisonnés pour avoir protesté contre le 2 juin[14]. Dulaure est envoyé en mission dans les manufactures d'armes de Tulle et de Bergerac entre germinal[15] et messidor an III[16] (entre avril et juillet 1795).

Au Conseil des Cinq-Cents[modifier | modifier le code]

À la fin de son mandat de Conventionnel il se représente devant le corps électoral. Il est réélu par trois départements, le Puy-de-Dôme, qu'il choisit, la Corrèze et la Dordogne. N'ayant pas atteint l’âge de quarante ans, il rejoint le Conseil des Cinq-Cents, où le sort le maintient en germinal an V.

En germinal an VI, le département du Puy-de-Dôme le réélit député pour la troisième fois.

Au Conseil des Cinq-Cents, il se signale par ses réflexions sur l’instruction publique.

Après le 18 brumaire[modifier | modifier le code]

Après le coup d'État du 18 brumaire, Dulaure, qui s’était écrié « À bas le dictateur ! », renonce à la politique et rentre dans la vie privée, pour reprendre le cours de ses études historiques. Il obtient néanmoins, en 1808, dans une administration financière, une place de sous-chef, qui lui était devenue nécessaire par suite de la faillite d’un notaire de Paris, dépositaire de toute sa fortune.

En 1804, il participe en compagnie de Jacques Cambry, de Mangourit et d'Eloi Jouhanneau à la fondation de l’Académie celtique, ancêtre de la Société des antiquaires de France. Il rédige notamment le premier questionnaire ethnographique appliqué à la France[17].

Sous la Restauration[modifier | modifier le code]

En 1814, à la première Restauration, une circulaire, datée du 1er juillet, lui annonce qu’il n’est pas conservé dans la nouvelle organisation. Se voyant, dans un âge avancé, sans autres ressources autres que son talent, Dulaure y trouve des compensations suffisantes aux rigueurs du sort. Cantonné désormais dans les travaux historiques, il écrit beaucoup. Il a publié dans les Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France plusieurs dissertations sur les Gaulois et laisse des manuscrits inédits.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Ses nombreux ouvrages se rapportent presque tous à Paris, à la France et à la Révolution. Le plus important est son Histoire civile, physique et morale de Paris. Cet ouvrage, plein de recherches curieuses et de faits peu connus, qui accumule les accusations encourues par les rois et le clergé, souleva contre l’auteur les attaques les plus violentes des partisans de l’Ancien régime.

Signature de Jacques-Antoine Dulaure - Archives nationales.
  • Pogonologie, ou histoire philosophique de la barbe, Paris, Le Jay, 1786, 2 vol. Lire en ligne.
  • Réclamation d’un Citoyen contre une nouvelle enceinte de Paris, élevée par les fermiers généraux, 1787, 32 p.[18].
  • Description des principaux lieux de France, Paris, Lejay, , 6 volumes (BNF 30371602) lire en ligne sur Gallica : 1. Provence, 2. Languedoc, 3. Aquitaine, 4. Poitou, 5. Auvergne, 6. Lyonnais, Bourbonnais
  • Histoire critique de la noblesse depuis le commencement de la monarchie jusqu'à nos jours, Paris, Guillot, , 327 p. (BNF 30371620)
  • Liste des noms des ci-devant nobles, nobles de race, robins, prélats, financiers, intrigants, et de tous les aspirants à la noblesse ou escrocs d'icelle, avec des notes sur leurs familles, Paris, Garnery, c. 1790, 112 p. (BNF 35995030, lire en ligne)
  • Vie privée des ecclésiastiques, prélats et autres fonctionnaires publics qui n'ont point prêté leur serment sur la Constitution civile du clergé, Paris, Garnéry, , 3 parties en 1 volume (BNF 30371666)
  • Étrennes à la Noblesse : ou Précis historique et critique sur l'origine des ci-devant ducs, comtes, barons etc., monseigneurs et grandeurs, etc., Londres et Paris, J. Thomas, , 230 p. (BNF 30371613)
  • Des Cultes qui ont précédé et amené l'idolâtrie : ou l'adoration des figures humaines, Paris, Fournier frères, , 511 p. (BNF 30371599)
  • Des Divinités génératrices : ou du culte du Phallus chez les anciens et les modernes, des cultes du dieu de Lampsaque, de Pan, de Vénus, etc., Paris, Dentu, , 428 p. (BNF 30371604, lire en ligne)
  • Les deux ouvrages précédents ont été regroupés ultérieurement sous le titre : Histoire abrégée des différents cultes, 2e édit., Paris, Guillaume, 1825, 2 vol.
  • Crimes et forfaits de la noblesse et du clergé depuis le commencement de la monarchie jusqu'à nos jours, Paris, s.n., s.d. (BNF 38759695)
  • Causes secrètes des excès de la Révolution : ou Réunion de témoignages qui prouvent que la famille des Bourbons, les chefs de l'émigration, sont les instigateurs de la mort de Louis XVI, du régime de la Terreur et des maux qui ont désolé la France avant et pendant la session de la Convention, Paris, Béchet, , 140 p. (BNF 30371595)
  • Esquisses historiques des principaux événemens de la Révolution française, depuis la convocation des États-Généraux jusqu'au rétablissement de la maison de Bourbon, Paris, Baudouin frères, 1823-1825, 5 volumes et une table (BNF 30371608) [lire en ligne sur Gallica : vol. 1, 2, 3, 4, 5 et table
  • Histoire physique, civile et morale de Paris depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours, Paris, Guillaume, (réimpr. 1825, 8 vol., avec des additions et des notes par J. L. Belin), 4e éd. (1re éd. 1821-1822), 10 tomes et un atlas, (BNF 36394803) ; [lire en ligne sur Gallica : tome I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X et Atlas
  • Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours, Paris, Guillaume, 1825-1828, 7 volumes (BNF 36396330)
  • Histoire de la révolution française, depuis 1814 jusqu'à 1830, Paris, Poiré, , 8 volumes (BNF 36283338)
  • « La Fin de l'Histoire de la Restauration », dans Alphonse Maréchal, Histoire de la Révolution de 1830, Paris, Degorce-Cadot, coll. « Bibliothèque d'histoire », , 504 p. (BNF 34030999, lire en ligne)
  • Mémoires de Louvet avec une introduction par E. Maron. Mémoires de Dulaure avec une introduction par M. L. de La Sicotière, Paris, Poulet-Malassis, , 452 p. (lire en ligne), p. 255-452

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. J.-A. Dulaure (attribué à), Le retour de mon pauvre oncle, ou Relation de son voyage dans la Lune, Paris, Le Jay, 1784, 58 p.Lire en ligne.
  2. Les billets n'étant pas signés, selon l'habitude de l'époque, il est difficile d'attribuer avec certitude à Dulaure les notes des livraisons de 1785 Voir en ligne.
  3. À rapprocher du terme Pogonophore, « adj. Terme de zoologie. Qui porte la barbe. », Littré Dictionnaire de la langue française, 1876, t. 3, p. 1183.
  4. Sophie Chassat, « La barbe ne fait pas le philosophe, ... l'homme à la mode, si! », Le Monde.fr, 9 septembre 2014. Lire en ligne
  5. Eugène Hatin, Bibliographie historique et critique de la Presse périodique, Paris, Firmin-Didot, 1866, p. 170.
  6. E. Hatin, Bibliographie,..., p. 217-218. Consulter en ligne.
  7. Plusieurs numéros sont consultables en ligne à partir du site Le gazetier révolutionnaire.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 54.
  9. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 73.
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 533.
  11. Observations à mes commettants par J.-A. Dulaure, député à la Convention Nationale par le département du Puy-de-Dôme, 1793, 13 p. Lire en ligne.
  12. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 75, séance du 3 octobre 1793, p. 521.
  13. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 77, séance du 30 vendémiaire an II (21 octobre 1793), p. 375.
  14. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 18 frimaire an III (8 décembre 1794), p. 213.
  15. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 21, Représentants en mission, séance du 20 germinal an III (9 avril 1795), p. 723.
  16. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 24, Représentants en mission, séance du 4 messidor an III (22 juin 1795), p. 613.
  17. Mona Ozouf, De Révolution en République, les chemins de la France, Paris, Gallimard, , 1362 p. (ISBN 978-2-07-014561-4), p. 1158-1160
  18. La Correspondance Littéraire désigne immédiatement Dulaure comme étant l'auteur de ce pamphlet anonyme (avril 1787, p. 344, Consulter en ligne). Cette attribution est confirmée aujourd'hui (Voir la notice de la Bnf. Le libelle a un temps été attribué à Mirabeau, par exemple par M. Capefigue, Louis XVI, son administration, Paris, Dulin, 1844, t. 3, p. 324. (Consulter en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christina Contandriopoulos, « Cartographie anachronique. Le premier plan rétrospectif de Paris par Jacques-Antoine Dulaure en 1821 », Captures, vol. 5, no 1,‎ (lire en ligne)
  • Déportations et exils des Conventionnels : actes du colloque de Bruxelles, 21-22 novembre 2016, Paris, Société des études robespierristes, coll. « Études révolutionnaires » (no 19), (HAL halshs-02360692), chap. 6 (« Philippe Bourdin : Jacques-Antoine Dulaure, de la Gironde à la Suisse »), p. 83-98
  • Aurélie Reboisson, « Jacques-Antoine Dulaure, journaliste et acteur girondin de la Révolution (1791-1793) », dans Cyril Triolaire (dir.), La Révolution française au miroir des recherches actuelles : actes du colloque tenu à Ivry-sur-Seine, 15-16 juin 2010, Paris, Société des études robespierristes, coll. « Collection des études révolutionnaires » (no 12), , 275 p. (ISBN 978-2-908327-71-7), p. 35-45
  • Aurélie Reboisson, Journalisme et politique chez Jacques-Antoine Dulaure (1791-1973) (mémoire de maîtrise d'Histoire sous la dir. de Philippe Bourdin), Clermont-Ferrand, Université Clermont II, , 163 p.
  • Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Paris, Bourloton, 1890, t. 2, p. 471-472.
  • Marcellin Boudet, Les Conventionnels d'Auvergne. Dulaure, Clermont-Ferrand,
  • Jean Chrétien Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. XV, Paris, Firmin-Didot, , p. 126-127
  • L. de la Sicotière, « Introduction », Mémoires de Dulaure, Paris, Poulet-Malassis, 1862, lire en ligne.
  • A. Taillandier, « Notice biographique sur J.-A. Dulaure, membre honoraire de la Société des antiquaires de France », Mémoires de la Société royale des antiquaires de France,‎

Liens externes[modifier | modifier le code]