Guerre du Mali — Wikipédia

Guerre du Mali
Description de l'image Northern Mali conflict fr.svg.
Informations générales
Date Depuis le
(12 ans, 2 mois et 27 jours)
Lieu Mali
Casus belli Rébellion touarègue de 2012
Issue

En cours

Belligérants
Drapeau du Mali Mali
Drapeau de la France France (2013-2022)
Drapeau du Tchad Tchad (2013-2023)
MISMA (2013)


Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (2018-2022)
Drapeau de l'Estonie Estonie (2018-2022)


Drapeau du Mali CM-FPR

GATIA GATIA (depuis 2014)
MSA (depuis 2016)
MAA MAA loyaliste (depuis 2014)
CPA CPA (depuis 2014)
MDP (depuis 2016)
MPSA MPSA (depuis 2014)
FPA (depuis 2012)
CJA (depuis 2016)


Dan Na Ambassagou


Drapeau des Nations unies MINUSMA (2013-2023)


EUTM Mali EUTM Mali (depuis 2013)

Drapeau de la Russie Russie (depuis 2022)

Ansar Dine Ansar Dine (2012-2017)
AQMI
MUJAO (2012-2013)
Les Signataires par le sang (2012-2013)
Al-Mourabitoune (2013-2015)
Shabab Boko Haram (2012-2013)
Ansarul Islam (depuis 2016)
Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (depuis 2017)
Drapeau de l'État islamique État islamique dans le Grand Sahara (depuis 2015)
MNLA MNLA (depuis 2012)
MIA (2013)
HCUA HCUA (depuis 2013)
MAA MAA (depuis 2012)
CM-FPR2 (depuis 2014)
ANSIPRJ (2016-2017)
ASS (depuis 2018)
Commandants
Drapeau du Mali

Amadou Toumani Touré
Amadou Haya Sanogo
Dioncounda Traoré
Ibrahim Boubacar Keïta
Assimi Goïta
Yamoussa Camara
Soumeylou Boubèye Maïga
Tiéman Hubert Coulibaly
Didier Dacko
El Hadj Ag Gamou
Mohamed Ould Meydou

Drapeau de la France
François Hollande
Emmanuel Macron
Jean-Yves Le Drian
Florence Parly
Édouard Guillaud
Pierre de Villiers
François Lecointre
Grégoire de Saint-Quentin
Bernard Barrera
Marc Foucaud
Jean-Pierre Palasset
Patrick Brethous
Xavier de Woillemont

Drapeau du Nigeria
• Shehu Abdulkadir

Drapeau du Tchad
Idriss Déby
Oumar Bikimo
Mahamat Idriss Déby


Drapeau du Mali
• Djibril Diallo
• Amadou Diallo †
• Ibrahim Dicko

GATIA
• Fahad Ag Almahmoud


Moussa Ag Acharatoumane
Assalat Ag Habi

texte=
• Ahmed Ould Sidi Mohamed
Yoro Ould Daha

MNLA
• Ibrahim Ag Mohamed Assaleh
• Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun


• Youssouf Toloba
• David Tembiné
• Mamadou Goudienkilé


Drapeau des Nations unies
Bert Koenders
Mongi Hamdi
Mahamat Saleh Annadif
Jean Bosco Kazura
Michael Lollesgaard
Jean-Paul Deconinck


Drapeau de la Russie

Evgueni Prigojine
• Ivan Maslov

Abdelmalek Droukdel
Iyad Ag Ghali
Nabil Abou Alqama
Yahia Djouadi
Djamel Okacha
Hamada Ould Mohamed Kheirou
Mokhtar Belmokhtar
Abou Bakr Al-Nasr
Abou Zeïd
Mohamed Lemine Ould El-Hassen
Abdelkrim al-Targui
Omar Ould Hamaha
Sedane Ag Hita
Abderrahmane Talha
• Saïd Abou Moughatil
Ahmed al-Tilemsi
Ba Ag Moussa
Bilal Hicham
El-Hassen Ould Khalill Jouleibib
Sultan Ould Bady
Haroune Ag Saïd
• Abdelkrim Kojak †
Ibrahim Ag Inawalen
Abou Hassan al-Ansari
Abou Iyadh
Souleymane Keïta
Amadou Koufa
Abou Yehiya
Ibrahim Malam Dicko
Jafar Dicko


Adnane Abou Walid al-Sahraoui
texte=

Bilal Ag Acherif
Mahamadou Djéri Maïga
Mohamed Ag Najem
• Bouna Ag Attiyoub †
• Machkanani Ag Balla
Hassan Ag Fagaga
Moussa Ag Acharatoumane
Assalat Ag Habi

HCUA
Mohamed Ag Intalla
Alghabass Ag Intalla
• Mossa Ag Jikod
Cheikh Ag Aoussa
Achafghi Ag Bohada

texte=
• Sidi Ibrahim Ould Sidatt †
• Housseine Ould Ghoulam


• Oumar al-Janah
Forces en présence
Drapeau du Mali 22 000 hommes[1]

Drapeau de la France 5 100 hommes[2]
Drapeau du Tchad 2 400 hommes[3]
MISMA : 6 500 hommes[4]
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 300 hommes[5]


CM-FPR : 1 000 à 3 500 hommes[6],[7]
2 000 hommes[6]
GATIA 500 à 1 000[6],[8]
Inconnues
CPA 500 hommes[6]
MPSA 300 hommes[9]


Drapeau des Nations unies 10 300 hommes[10]
EUTM Mali 450 hommes


Drapeau de la Russie 1 600 hommes[11].

3 000 à 6 500 hommes[12],[13]
MNLA 2 000 à 10 000 hommes[6],[14],[15]
HCUA 400 à 600 hommes[6]
MAA 500 à 1 000 hommes[16],[17],[6]
CM-FPR2 : 700 à 800 hommes[6]
ANSIPRJ : 700 hommes[18]
Pertes
Drapeau du Mali ~ 2 000 morts[23]
Drapeau du Tchad 116 morts [24],[25]
Drapeau de la France 59 morts[26],[27]
Drapeau de la Guinée 27 morts[25]
Drapeau du Burkina Faso 27 morts[25]
Drapeau du Togo 26 morts[25]
Drapeau du Niger 25 morts[25]
Drapeau du Bangladesh 18 morts[25]
Drapeau de l'Égypte 17 morts[25]
Drapeau du Sénégal 16 morts[25]
Drapeau de la Côte d'Ivoire 8 morts[25]
Drapeau du Nigeria 7 morts[25]
Drapeau du Cambodge 6 morts[25]
Drapeau des Pays-Bas 5 morts[25]
Drapeau du Bénin 4 morts[25]
Drapeau de la Jordanie 4 morts[25]
Drapeau du Sri Lanka 4 morts[25]
Drapeau de l'Allemagne 2 morts[25]
Drapeau du Burundi 2 morts[25]
Drapeau des États-Unis 2 morts[25],[28]
Drapeau de la Tunisie 2 morts[25]
Drapeau du Cameroun 1 mort[25]
Drapeau de la République populaire de Chine 1 mort[25]
Drapeau de l'Espagne 1 mort[25]
Drapeau de l'Éthiopie 1 mort[25]
Drapeau de la Gambie 1 mort[25]
Drapeau d'Haïti 1 mort[25]
Drapeau du Libéria 1 mort[25]
Drapeau des Philippines 1 mort[25]
Drapeau du Portugal 1 mort[29]
Drapeau du Salvador 1 mort[25]
Drapeau de la Serbie 1 mort[25]
Drapeau de la Zambie 1 mort[25]
Drapeau de la Russie 13+ morts[30]

4 000 à 5 000 morts[31]
MNLA HCUA texte=
Plusieurs centaines de morts au moins

Civils :
4 000 morts au moins[19],[20]


Total :
10 000 morts au moins[19],[21],[22],[20]

Batailles

Intervention militaire au Mali
(Opération Serval, puis Opération Barkhane
MISMA, puis MINUSMA)


Coordonnées 12° 39′ 00″ nord, 8° 00′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Mali
(Voir situation sur carte : Mali)
Guerre du Mali

La guerre du Mali est un conflit armé qui a lieu au Mali depuis 2012, à la suite d'une insurrection de groupes salafistes djihadistes et indépendantistes pro-Azawad.

Ce conflit s'inscrit dans le contexte de la guerre du Sahel et des rébellions touarègues contre l'État malien. Depuis le début des années 1990, le nord du Mali est le théâtre de plusieurs insurrections menées par des rebelles touaregs. Au début des années 2000, des djihadistes algériens viennent également se réfugier clandestinement au Mali après leur défaite lors de la guerre civile algérienne. En 2011, la guerre civile libyenne rallume indirectement le conflit au Mali. Des arsenaux militaires libyens sont pillés par des groupes armés, tandis que des mercenaires touaregs au service de la Jamahiriya arabe libyenne de Kadhafi s'enfuient vers le Sahara et rejoignent des mouvements rebelles avec armes et bagages.

Le , les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, indépendantiste) et d'Ansar Dine (salafiste) déclenchent la cinquième rébellion touarègue contre le Mali. Bientôt rejoints par les djihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), ils prennent Aguel'hoc, Ménaka et Tessalit. À la suite de ces défaites, une partie de l'armée malienne tente un coup d'État en mars qui provoque des affrontements entre « bérets verts » et « bérets rouges » et désorganise les opérations au Nord. Les rebelles en profitent et s'emparent de Kidal, Tombouctou et Gao. Le , le MNLA annonce la fin de son offensive et proclame l'indépendance de l'Azawad. Les combats ont alors fait des centaines de morts et des centaines de milliers de réfugiés.

Cependant, les divergences idéologiques entre indépendantistes et djihadistes brisent rapidement leur alliance. Entre juin et novembre 2012, les combats tournent au désavantage du MNLA, qui est chassé de Gao, de Tombouctou, de Kidal et de Ménaka. Les djihadistes prennent alors le contrôle de presque tout le nord malien.

Fin 2012, les négociations échouent et en , les djihadistes lancent une offensive sur Ségou et Mopti, dans le centre du Mali. Cette attaque provoque l'entrée en guerre de la France, avec le lancement de l'opération Serval, et de plusieurs pays africains de la CEDEAO dans le cadre de la MISMA. En quelques jours, les islamistes sont repoussés à Konna et Diabaly, puis Gao et Tombouctou sont reprises. Les forces djihadistes en déroute abandonnent les villes, dont certaines comme Kidal sont reprises par le MNLA, et se retranchent dans l'Adrar Tigharghar, situé dans l'Adrar des Ifoghas. En mars, Tigharghar, la principale base djihadiste au Mali, est conquise au terme d'une offensive franco-tchadienne.

De nombreux combattants islamistes désertent, changent de camp ou fuient à l'étranger, d'autres, en revanche, poursuivent la guérilla, posent des mines et mènent des attentats. Des affrontements ponctuels opposent également le gouvernement malien aux indépendantistes, qui refusent la venue de l'armée malienne dans la région de Kidal. Le , après deux semaines de négociations, le gouvernement de transition malien et les rebelles du MNLA, du HCUA et du MAA signent un accord de cessez-le-feu qui permet le retour des autorités maliennes à Kidal et la tenue de l'élection présidentielle le dans le nord du pays.

De son côté, l'ONU prend le relais de la MISMA et met en place la MINUSMA, tandis que l'Union européenne engage la mission de formation de l'Union européenne au Mali.

Les affrontements entre l'armée malienne et les rebelles touaregs et arabes reprennent en . Les Maliens sont vaincus à Kidal et chassés de la ville par les rebelles, qui reprennent le contrôle de la quasi-totalité de la région de Kidal et de la plus grande partie de la région de Gao. Rassemblées au sein d'une alliance appelée la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger, des milices loyalistes passent alors à l'offensive contre les rebelles, désormais regroupés au sein de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Après plusieurs mois de combats, un accord de paix, l'Accord d'Alger, est conclu et signé le 15 mai et le . Cependant, les djihadistes poursuivent leurs attaques, les accords de paix sont violés à de nombreuses reprises et des violences ethniques prennent de plus en plus d'ampleur.

En 2015, certains djihadistes locaux prêtent allégeance à l'État islamique et forment l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Les groupes liés à al-Qaïda se rassemblent quant à eux en 2017 au sein du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM). En 2020, les deux organisations djihadistes ennemies entrent en conflit.

En 2020, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta est renversé par un coup d'État qui amène au pouvoir une junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goïta. Cette dernière opère alors un changement d'alliance et se rapproche de la Russie. En 2022, des mercenaires russes du Groupe Wagner interviennent au Mali et l'armée française se retire du pays.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les rébellions touarègues[modifier | modifier le code]

Les Touaregs appartiennent à l'ensemble ethno-linguistique amazigh (Berbères). Leur population générale est difficile à évaluer et serait aux alentours de 1,5 million, dont 550 000 au Mali, (soit à peine 8,6 % de la population totale) 800 000 au Niger, 50 000 en Algérie le reste au Burkina Faso et en Libye[32].

Ce conflit s'inscrit dans une suite d'insurrections généralement baptisées « rébellions touarègues », qui a non seulement opposé certains membres du peuple touareg aux gouvernements du Mali et du Niger, mais aussi les Touaregs entre eux et les Touaregs avec les autres populations (Songhaï, Peul, Sahraoui, Arabe…).

Depuis 1916, on compte plusieurs conflits principaux :

  • La rébellion touarègue de 1916-1917 au Niger.
    À partir de 1958, le Mouvement populaire de l'Azawad (MPA), revendique la constitution d'un État touareg[32].
  • La rébellion touarègue de 1962-1964 au Mali, généralement appelé "première rébellion touareg", qui fut très durement réprimée par l'armée malienne[32].
    Frappés également par la sécheresse des années 1970, les Touaregs se réfugient en Algérie et en Libye où dans les camps les jeunes sont entraînés et enrôlés par l'armée[32].
    En 1988, le Mouvement populaire de libération de l'Azawad (MPLA) est créé[32].
  • La rébellion touarègue de 1990-1996 au Mali et au Niger. Elle débuta en 1990, deux ans après la création du Mouvement populaire de libération de l'Azawad. Au Mali, une première période de conflit (octobre-) aboutit à la signature des Accords de Tamanrasset en 1991 et du Pacte national en 1992[33], mais qui ne marqua pas la fin définitive des hostilités. Des conflits réapparurent en 1994-1995 et la paix fut finalement scellée le à Tombouctou lors de la cérémonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles touaregs brûlèrent 3 000 armes utilisées durant la rébellion.
  • La rébellion touarègue de 2006 au Mali, aboutissant aux accords d'Alger (signés le )[32].
  • La rébellion touarègue de 2007-2009, au Niger et au Mali.

L'implantation djihadiste au Mali[modifier | modifier le code]

Dès le milieu des années 1990, au moment de la guerre civile algérienne, des rebelles islamistes algériens nouent des contacts avec des trafiquants du nord du Mali et du Niger afin de bénéficier d'un soutien logistique en carburant, en vivres et en pièces de rechange[34],[35]. En 2003, les djihadistes commencent à s'implanter véritablement dans le Sahel, lorsque Mokhtar Belmokhtar, chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dans le sud de l'Algérie, alors en difficulté contre les troupes de l'armée algérienne, choisit de trouver refuge au Mali[36]. Il noue par un mariage une alliance avec la tribu arabe des Bérabiches, ce qui lui permet de disposer ainsi d'une assise locale, d'une protection de la tribu et de trouver les moyens de blanchir son argent[37]. Par la suite, d'autres chefs djihadistes suivent son exemple, notamment Nabil Abou Alqama[37]. Progressivement, ces derniers commencent à recruter parmi les communautés locales et reçoivent des volontaires depuis les pays voisins[38]. Le gouvernement malien, qui ne tient pas à s'attirer l'hostilité des djihadistes, ne réagit pas[37],[39].

En février 2003, les premières prises d'otages d'occidentaux commencent : 32 touristes, majoritairement Allemands et Autrichiens, sont enlevés par Abderazak el Para, qui pour échapper à l'armée algérienne choisit de se réfugier au Mali. Certains otages sont délivrés par les militaires algériens, d'autres sont confiés à Mokhtar Belmokhtar, qui après des négociations avec le gouvernement malien — représenté par Iyad Ag Ghali et Baba Ould Cheikh — les relâche le en échange d'une rançon de cinq millions d'euros qui enrichit considérablement les djihadistes et va les pousser à poursuivre ce type d'action[40].

En janvier 2007, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) prête allégeance à al-Qaïda et devient Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)[41]. Quelques mois plus tard, le chef d'AQMI, Abdelmalek Droukdel, jugeant Belmokhtar trop indépendant, lui retire la charge d'« émir du Sahara », qu'il remet à Yahia Djouadi, dit Abou Amar[42],[43]. Droukdel divise la zone du Sahara en deux ; la première, comprenant le sud-ouest de l'Algérie et le nord du Mali et de la Mauritanie, va à Belmokhtar ; tandis que la seconde, comprenant le nord-est du Mali, le nord du Niger et l'ouest du Tchad, va à Abou Zeïd[44]. Au cours des années 2000, les djihadistes enlèvent au Sahel plusieurs otages occidentaux pour en retirer des rançons et mènent des attaques ponctuelles contre les forces armées locales. En , de violents combats ont lieu entre AQMI et les rebelles touaregs d'Ibrahim Ag Bahanga à Tin Zaouatine, mais par la suite les deux forces cohabitent et évitent de s'affronter[45].

Jusqu'au début des années 2010, le Mali fait preuve de passivité envers les djihadistes, ce qui lui est fortement reproché par la Mauritanie, la France et l'Algérie[46],[47],[45]. En 2010, l'armée mauritanienne effectue même des incursions en territoire malien pour attaquer les djihadistes[48]. Pourtant, le , le président malien Amadou Toumani Touré promet des représailles après l'exécution d'un otage britannique, Edwin Dyer[46],[49]. En réponse, dans la nuit du 10 au , AQMI assassine à Tombouctou le lieutenant-colonel Lamana Ould Bou, un agent des services de renseignements maliens[46],[49],[50]. C'est alors la première fois que les djihadistes tuent un militaire malien[46],[50]. L'armée malienne décide de répliquer et attaque le un repaire d'AQMI à Garn-Akassa, dans le Timétrine : une vingtaine de djihadistes sont tués[46],[49],[50],[51]. AQMI réplique le en mettant en déroute une patrouille de l'armée malienne près d'Araouane, où elle revendique la mort de 28 soldats maliens[52]. Le , les forces maliennes et mauritaniennes attaquent ensemble un repaire d'AQMI dans la forêt de Wagadou, près de Nara[53],[54],[55].

La guerre civile libyenne[modifier | modifier le code]

Dans les mois suivant la guerre civile libyenne, le Niger et le Mali voient revenir 2 000 à 4 000 soldats touaregs ayant servi dans l'armée de Kadhafi. Certains rejoignent l'armée malienne mais d'autres contribuent à la formation du MNLA[56]. Natie Pléa, alors ministre malien de la Défense, précise que le risque qu'une organisation comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) se saisisse d'un arsenal pouvant servir à des fins terroristes était une « vraie source d'inquiétude » pour les pays de la région, inquiétude partagée par l'envoyé des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest[57],[58].

Trafics[modifier | modifier le code]

Le nord du Mali est également un important lieu de transit du trafic de stupéfiants, dans lequel sont impliqués de nombreux membres des divers groupes armés. Des affrontements ont parfois lieu entre ces groupes pour le contrôle de certains axes de circulation[59],[60],[61].

Forces en présence lors du conflit[modifier | modifier le code]

Les rebelles indépendantistes de l'Azawad[modifier | modifier le code]

Combattants du MNLA, vers fin 2011, peu avant la rébellion.

Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) est le premier groupe armé indépendantiste créé peu avant le début du conflit. Il se forme le par la fusion du Mouvement national de l'Azawad (MNA) et de l'Alliance Touareg Niger-Mali (ATNM). Des soldats touaregs, déserteurs de l'armée libyenne, rejoignent le mouvement après la chute de Kadhafi[32]. L'objectif du MNLA est la création d'un état indépendant au nord du Mali, appelé l'Azawad, qui correspond à trois régions administratives maliennes, celles de Tombouctou, de Gao et de Kidal[32],[62],[63].

Le MNLA a installé son quartier général dans les collines autour de Zakake, au nord de Kidal. En , il revendique un millier d'hommes dont 400 anciens soldats de Kadhafi, six mois plus tard, il revendique 10 000 combattants[14]. Le secrétaire-général du mouvement est Bilal Ag Cherif et Mohamed Ag Najem est le chef de la branche militaire[64],[65],[56],[66]. La majorité des combattants du groupe sont des Touaregs issus de la tribu des Idnanes, des Chamanamasses et d'une partie des Ifoghas[67],[68].

En , à la suite de l'opération Serval, un groupe de transfuges d'Ansar Dine fonde le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA). Il se démarque des djihadistes, notamment par le fait qu'il désapprouve les actions violentes, et se rapproche du MNLA[69]. Le , le mouvement est dissous et rallie le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), fondé par Mohamed Ag Intalla. Alghabasse Ag Intalla devient par la suite secrétaire-général du mouvement et Cheikh Ag Aoussa, le chef de la branche militaire. La majorité des combattants du HCUA sont issus de la tribu touarègue des Ifoghas[67].

Le , des combattants arabes forment le Front de libération nationale de l'Azawad (FNLA), qui change de nom quelques mois plus tard et devient le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). Initialement lié au MNLA, des affrontements opposent cependant les deux groupes au début de l'année 2013. Ils se réconcilient en mai au moment de l'accord de Ouagadougou, mais à l'été 2014, le MAA se sépare en deux tendances, l'une proche des rebelles et l'autre loyaliste, qui se rapproche du gouvernement malien.

À l'été 2014, le MNLA, le HCUA et le MAA rebelle forment une alliance baptisée la « Coordination des mouvements de l'Azawad » (CMA).

Les djihadistes[modifier | modifier le code]

Combattants d'Ansar Dine, début 2012.
Un djihadiste d'AQMI dans le nord du Mali, en 2012, armé d'un Fusil Type 56.

Plusieurs groupes armés djihadistes sont actifs pendant la guerre du Mali : Ansar Dine, AQMI, le MUJAO. Le nombre total des djihadistes est estimé à 6 500 hommes par l'Union africaine[13] et environ 3 000 par l'état-major de l'armée française[12]. Leur objectif est d'établir un État islamique au Mali régi par la charia.

Ansar Dine est créé par Iyad ag Ghali, une ancienne figure des rébellions touarègues maliennes des années 1990. Abou Mohame, dit « Cheikh Aoussa » et Haroune Ag Saïd dit « Abou Jamal », sont considérés comme faisant partie de ses plus proches lieutenants[70],[71]. Alghabasse Ag Intalla, fils de l'amenokal des Ifoghas, est le principal responsable diplomatique d'Ansar Dine[72]. Celui-ci rompt cependant avec Ansar Dine, en pour fonder le MIA[73]. Le principal porte-parole du mouvement est Senda Ould Boumama[74]

Les forces d'AQMI au Sahara sont initialement dirigées par Nabil Abou Alqama, émir d'AQMI pour le Sahara et le Sahel, cependant ce dernier trouve la mort le dans un accident de voiture dans la région de Gao au Mali[75]. Djamel Okacha, dit Yahia Abou el Houmâm lui succède. Celui-ci dispose sous ses ordres d'environ 1 000 hommes[76] répartis dans quatre à cinq brigades[77] : la katiba Al Ansar, commandée par Hamada Ag Hama ; la katiba Tarik Ibn Ziyad, commandée par Abou Zeid ; la katiba Al Fourghan, commandée initialement par Djamel Okacha, puis par Mohamed Lemine Ould El-Hassen ; la katiba Al-Mouthalimin, commandée par Mokhtar Belmokhtar, qui rompt cependant avec AQMI en pour former le mouvement indépendant des Signataires par le sang ; et la katiba Youssef Ibn Tachfin, créée plus tardivement en , commandée par Sedane Ag Hita, dit « Abou Abdel Hakim al-Kidali »[43],[78].

Le haut commandement du MUJAO n'est pas connu avec précision, le fondateur et chef du mouvement est Hamada Ould Mohamed Kheirou, son porte-parole est Adnane Abou Walid Al-Sahraoui[79] et Abdel Hakim est présenté comme le chef du MUJAO à Gao[80]. Le mouvement compte de son côté environ 500 à 1 000 combattants[76],[81] répartis dans quatre brigades[82],[65],[13] : la katiba Oussama ben Laden, commandée par Ahmed al-Tilemsi[83] ; la katiba Ousman dan Fodio, commandée par Bilal Hicham, puis remplacé par un Béninois nommé Abdoullah[84],[85] ; la katiba Salah Dine, commandée par Sultan Ould Bady ; et la katiba Ansar Suna, créée vers fin .

Le mouvement nigérian Boko Haram est également présent à Gao avec 100 à 200 combattants[86],[81]. Par ailleurs des soldats du Front Polisario sont venus servir parmi les jihadistes en tant que mercenaires. Leurs forces sont estimées être de 300 à 700 hommes[81].

Le , le MUJAO et Les Signataires par le sang annoncent leur fusion en un seul mouvement qui prend le nom d'Al-Mourabitoune[87].

Forces armées maliennes[modifier | modifier le code]

Soldats maliens à l'entrainement à Tombouctou en 2007 lors de l'opération Enduring Freedom - Trans Sahara.

L'armée malienne a installé son quartier général à Gao. Le général Poudiougou, chef d'État-major général des armées, installé à Bamako coordonne la lutte contre la rébellion. Fidèle du président Amadou Toumani Touré, il connaît bien la région de Kidal pour y avoir été en poste. Les généraux Kalifa Keïta, chef d'état-major de l'armée de terre, et Wali Sissoko, adjoint au chef d'état-major de l'armée de l'air sont sur place à Gao, ainsi que les colonels-majors Didier Dacko, El Hadj Ag Gamou, Touareg de la tribu Imghad qui a été commandant de la région militaire de Gao et Mohamed Ould Meidou, Maure, ancien commandant de la région militaire de Mopti.

Un millier d'hommes déployés fin décembre sont sous leurs ordres. Ils ont le soutien de milices arabes et touarègues ralliées aux autorités maliennes. L'armée est équipée de 4×4, de blindés de reconnaissance de type BRDM, de véhicules de transport de troupes de fabrication sud-africaine (RG-31 Nyala) et de blindés légers ainsi que de deux hélicoptères de combat Mil Mi-24, entretenus et pilotés, pour certains, par des Ukrainiens, et d'avions de reconnaissance. Les États-Unis fournissent un léger soutien logistique aux forces armées et à la population civile. Certains militaires maliens touaregs ont déserté et ont rejoint le MNLA, comme le lieutenant-colonel Mbarek Ag Akly, le colonel Ba Ag Moussa ou le colonel Hassan Ag Mehdi, haut fonctionnaire au ministère malien de la Défense[14].

Au début de l'année 2012, les effectifs de l'armée malienne, en incluant les paramilitaires et les milices d'auto-défense, sont d'environ 22 000 à 26 000 hommes[88],[89],[90]. Début , les effectifs de l'armée malienne sont estimés par le ministre des affaires étrangères malien Soumeylou Boubèye Maïga à moins de 3 000 militaires opérationnels sur un effectif théorique de 14 000 hommes[91].

Au début du conflit l'armée de terre compte 7 000 à 7 800 hommes[89],[90]. Concernant les chars et les blindés, l'armée stocke bon nombre de vieux véhicules inutilisables et hors de service comme des T-34/85, des Type 62, des BTR-40 et des BTR-152. Elle possède 14 chars moyens T-54/T-55, handicapés cependant par de nombreux problèmes techniques, 18 chars légers PT-76, 55 automitrailleuses BRDM-2, 44 véhicules de transport de troupes BTR-60PB, 18 camions Lance-roquettes multiples BM-21, trois ou quatre ZSU-23-4, 800 à 1 000 pick-up, dont 192 avec mitrailleuses, 140 camions militaires pour le transport des troupes et peut-être un BTR-152 en état de marche[89],[90]. Pour les pièces d'artillerie, elle compte 8 canons tractés de 122 mm, 60 canons-mitrailleurs bitubes 23 mm sur camionnettes et 92 mortiers[89].

Plusieurs des blindés BRDM-2 et BTR-60 et 11 chars PT-76 sont capturés par la rébellion en 2012[88],[92].

L'armée de l'air est forte de 1 000 hommes, en comptant les pilotes, les techniciens, le personnel administratif, une ou deux compagnies de fusiliers commandos de l'air et le groupe de défense aérienne[90]. Sa force principale est ses quatre hélicoptères Mi-24, cependant l'un d'eux sert de stock pour pièces de rechange. Un autre hélicoptère est capturé par les rebelles à Gao en . Fin 2012, seuls deux des quatre hélicoptères Mi-24 sont utilisables mais sans pilote depuis le départ des Ukrainiens qui les pilotaient, dans le contexte du coup d'État du 22 mars 2012[88]. Par la suite des Maliens sont formés, bien qu'inexpérimentés, et les Mi-24 sont à nouveau engagés en .

Pour l'aviation, le Mali possède trois chasseurs MiG-21, deux avions SIAI Marchetti SF.260 offerts par la Libye en 2010, mais aucun n'est opérationnel[88],[90]. L'armée de l'air a également 11 avions légers Tetras, un avion léger Cessna 185 (en) et un avion de transport Basler BT-67[89].

Le Mali dispose également d'environ 13 500 à 14 600 paramilitaires, dont 3 500 à 4 600 gendarmes, 3 000 gardes nationaux et 7 000 policiers[90]. Des groupes d'auto-défense, comme Ganda Izo, avaient également été constitués avant le conflit, ses membres sont estimés au nombre d'environ 3 000[90].

Lors de l'offensive djihadiste de , l'armée malienne ne possède que 3 000 hommes aptes au combat[93]. Deux ans plus tard, au , l'armée de terre malienne compte entre 8 000 et 8 200 soldats dont 3 400 ont suivi le programme de la Mission de formation de l'Union européenne au Mali[94].

En 2022, les forces maliennes comptent 40 000 hommes, dont 34 000 hommes pour les Forces armées maliennes (FAMa) et 6 000 pour la Gendarmerie nationale malienne[1].

Les autorités maliennes cherchent alors à moderniser l'armée et débloquent 1 230 milliards de francs CFA — soit 1,9 milliard d'euros — pour la période 2015-2019. Début 2016, l'armée malienne compte désormais 13 000 soldats et a passé commande de semi-blindés Renault Trucks Defense, de six hélicoptères Super Puma et de six avions A-29 Super Tucano, pour remplacer ses MiG-21 depuis longtemps inutilisables[95].

Mais cette armée souffre d'importants dysfonctionnements, qui ont eu une importance majeure dans le déclenchement de la guerre, et actuellement son incapacité à l'emporter. Il s'agit de la corruption, des incompréhensions entre officiers et sous-officiers, de la discipline et de la cohésion. La corruption brouille la situation sur le terrain, et suscite une sorte d'armée fantôme. Ainsi, à la bataille d'Aguel'hoc en 2012 ou à celle de Nampala en 2016, des effectifs et des armes qui devaient être sur le terrain n'y étaient pas en réalité. Les incompréhensions entre officiers et les sous-officiers nuisent gravement à la chaîne de commandement. La discipline est pratiquement absente ; une désertion ne reçoit aucune sanction, il n'y a pas de système de punition strict. Enfin, la cohésion entre les forces armées et elle aussi absente ; les soldats ne connaissent pas ceux qui combattent à leur côté, les mutations se font sans logique apparente, les unités sont défaites et refaites, et l'institution n'arrive pas à s'affirmer, empêchant l'émergence d'esprit de corps. Par rapport à ces problèmes, ses alliés aident cette armée en travaillant sur deux axes : la gestion des ressources humaines, et l'élaboration d'une doctrine[96].

Forces internationales[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

La France intervient militairement à partir de  : ses principaux objectifs sont d'empêcher que l'État malien ne tombe entièrement aux mains des djihadistes liés à al-Qaïda, de sécuriser ses 6 000 ressortissants et de protéger ses intérêts économiques dans la région ; en particulier les mines d'uranium d'Arlit et d'Akokan, au Niger[97],[98],[99]. La France a en revanche peu d'intérêts économiques au Mali : en 2010, Bamako n'est que le 87e client de Paris, qui lui-même n'est que son 165e fournisseur[100].

Du au , la France intervient, dans le cadre de l'opération Serval, sous mandat de l'ONU (résolution 2085 de l'ONU)[101],[102],[103],[104]

Tchad[modifier | modifier le code]

Le , le Tchad annonce l'envoi d'un régiment d'infanterie de 1 200 hommes et deux bataillons d'appui, soit environ de 2 000 hommes[105]. Ce contingent est nommé « forces armées tchadiennes d'intervention au Mali » (FATIM)[106].

Une force tchadienne prépositionnée au Niger, qui compte 550 hommes le [107], intervient au Mali en ouvrant une route par l'Est vers Gao. Elle a pour commandant en chef le général Oumar Bikimo, basé à Bamako, où il assure la coordination avec la MISMA[108]. Elle se compose de l'unité antiterroriste commandée par le général Abdérahmane Youssouf Meïry, de la force de la Direction générale de service de sécurité des institutions de l'État (DGSSIE) dirigée par le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président Idriss Déby, et de la garde présidentielle[108]. Cette force, commandée par le général Oumar Bikimo, est nommée « forces armées tchadiennes d'intervention au Mali » (FATIM)[106].

Les forces militaires occupant Kidal le sont composées, outre des forces françaises, de 1 800 soldats tchadiens, soit la quasi-intégralité du contingent fourni par N'Djamena[109]. Partis de Kidal le , ces derniers renforcent le dispositif français à la suite de la prise de Tessalit et participent aux opérations françaises dans le nord-est du Mali, à proximité de l'Adrar des Ifoghas[110].

Le , ce contingent intègre la MISMA et obtient une de ses deux vice-présidences[111].

Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest[modifier | modifier le code]

La Force internationale africaine[112],[113],[104] de l'Union africaine[114] et de la CEDEAO, dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), comprend des contingents du Sénégal[102],[103], du Nigeria[102],[103], du Niger[115], du Burkina Faso[116],[117], de Togo[112],[118] et du Bénin[112],[118].

Outre son soutien logistique avec l'envoi d'un appareil C-130 au Mali[101],[119],[113],[104], le Royaume-Uni a annoncé l'envoi de 240 soldats pour former l'armée malienne et aider les troupes françaises (Operation Newcombe (en))[120].

Fin , la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest décide d'engager plus de 4 000 hommes dans le cadre de la Résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies du pour la création de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA)[121] : avec notamment 1 200 hommes pour le Nigeria[122], 650 pour le Bénin[122], 500 pour le Sénégal[123], le Niger[124], le Togo[124], le Burkina Faso[124], 144 pour la Guinée[125], 120 pour le Ghana[125], une section pour le Liberia[126] et une compagnie de maintenance pour la Sierra Leone[127].

Au , les contingents africains atteignent l'effectif de 2 900 hommes déployés au Mali avec notamment plus de 500 Nigériens, près de 400 Togolais, près de 200 Nigérians, plus de 150 Burkinabés, une centaine de Béninois et une cinquantaine de Sénégalais. La MISMA doit à terme mettre sur pied une force de 4 bataillons de 500 hommes chacun ainsi que les appuis et soutiens associés.

Le , avec l'intégration du contingent tchadien de 2 000 hommes, les effectifs sur place se montent à 6 300 hommes.

Depuis le , la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine est devenue une force de maintien de la paix des Nations unies[111] sous le nom de Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali.

En , la Mission engage 6 010 personnels (5 201 militaires et 809 policiers) provenant de trente pays. Son budget approuvé, sur la période du 1er juillet au , est de 367 millions de dollars américains[128].

Union européenne[modifier | modifier le code]

Une mission de formation de l'Union européenne au Mali a été lancée en pour former les militaires maliens. Cette mission est commandée par un général français.

Soutien international[modifier | modifier le code]

Plusieurs pays ont confirmé leur soutien logistique, d'informations, médical et/ou humanitaire. Parmi ceux-ci, les États-Unis[101],[129],[130],[104] ont annoncé qu'ils partageraient leurs informations et participeront aux ravitaillements aériens des appareils français[131],[119],[113]. L'Allemagne[101],[104] a confirmé son soutien logistique et médical. La Belgique a annoncé la mise à disposition de deux avions de transport C-130 Hercules et deux hélicoptères Agusta A109 médicalisés (dont un de réserve)[132]. Le Canada[104] a annoncé l'envoi d'un avion de transport C-17, et le Danemark[104] et la Tunisie l'envoi d'un avion C-130. Le ministère des affaires étrangères français affirme que l'Algérie a ouvert son espace aérien aux appareils français[119],[133] mais selon le journal Jeune Afrique les avions français sont en réalité passé par le Maroc et ces déclarations n'ont eu pour but que de forcer la main aux autorités algériennes[134].

D'autres pays fournissent une aide logistique, comme le Royaume-Uni, le Canada, la Côte d'Ivoire[135], le Maroc[136], la Turquie[137], l'Espagne[138],[139],[140] et la Russie[101],[141]. La Chine déploie 395 Casques bleus le [142].

Le Conseil de sécurité des Nations unies et Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, ont également soutenu l'action française selon Gérard Araud, ambassadeur de la France auprès des Nations unies[143].

Déroulement du conflit[modifier | modifier le code]

2012[modifier | modifier le code]

Attaque de Ménaka, massacre d'Aguel'hoc et siège de Tessalit[modifier | modifier le code]

Une colonne de rebelles touaregs en 2012.

L'attaque de Ménaka le marque le début du conflit au Mali. Des combattants du MNLA s'emparent de la ville et de la caserne de l'armée malienne, puis attaquent le camp de la garde nationale. Ils sont sur le point de s'en emparer lorsqu'un hélicoptère malien intervient et les force à se replier[144],[145],[56],[146]. Mais fin janvier, Ménaka est sous le contrôle du MNLA[147].

Le , les forces du MNLA, d'Ansar Dine et d'AQMI attaquent simultanément les villes de Tessalit et Aguel'hoc. Tessalit est rapidement conquise et sa population évacuée, en revanche les djihadistes et les rebelles se heurtent aux 800 soldats retranchés dans le camp militaire d'Amachach, situé près de l'aéroport à une quinzaine de kilomètres de la ville. Un long siège de deux mois commence alors[148],[149],[150],[151].

De son côté Aguel'hoc, défendue par une garnison de 200 soldats, tient six jours. Le , le colonel Mohamed Ould Meydou sort de Gao avec une colonne de militaires maliens et de miliciens arabes pour tenter de secourir les assiégés. Mais le , les Maliens tombent dans une embuscade au sud d'Aguel'hoc, près de l'oued d'In Emsal, et battent en retraite après avoir perdu environ 10 hommes d'après le gouvernement malien, 50 à 100 selon les rebelles. Le , à court de munitions, les défenseurs d'Aguel'hoc se rendent mais ils sont presque tous exécutés, égorgés ou tués d'une balle à la tête. Selon l'Association malienne des droits de l'Homme (AMDH) et Human Rights Watch, 153 militaires maliens ont été massacrés. Le , le colonel Ag Gamou arrive depuis Kidal avec plusieurs centaines d'hommes soutenus par des hélicoptères, les djihadistes et les rebelles préfèrent se retirer et les Maliens reprennent provisoirement le contrôle de la ville[152],[153],[154],[155],[156],[157],[158].

Le , le MNLA s'empare de la commune d'Andéramboukane, située sur la frontière nigérienne et défendue par une quarantaine de soldats maliens qui sont pour la plupart faits prisonniers[159],[160],[158]. Le même jour, près de la frontière mauritanienne, Léré est également prise sans combat par le MNLA[161], qui le , attaque Niafunké, mais cette fois les Maliens repoussent les assaillants[162],[163].

Le , le gouvernement malien et l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, lancent depuis Alger un appel urgent au cessez-le-feu. L'offre est rejetée par Bilal Ag Acherif, le secrétaire général du MNLA[164].

Combattants du MNLA avec le drapeau de l'Azawad.

Le , les rebelles attaquent la localité frontalière Tin Zaouatine et s'emparent le lendemain de la ville, abandonnée par les soldats maliens qui s'enfuient en Algérie. La prise de la localité est revendiquée tant par Ansar Dine que par le MNLA[165],[166],[167],[168],[169].

Le , l'armée malienne reprend sans combattre le contrôle de Léré[170], mais quatre jours plus tard, les rebelles du MNLA reprennent à leur tour la ville et l'armée malienne se replie en direction de Nampala[171]. En février, les forces du MNLA mènent également quelques raids au sud du Mali. Le 18, des combattants du mouvement indépendantiste pillent la gendarmerie de Hombori et sabotant le réseau téléphonique à Youwarou[171]. Le , le MNLA attaque le camp militaire de Goumakoura, près de Ségou. La victoire est revendiquée par les deux camps mais les Maliens conservent leurs positions[172],[173].

Cependant les principaux combats de février et mars ont lieu dans les environs de Tessalit. Le , un convoi militaire commandé par le colonel Ag Gamou sort de Kidal et se porte sur Tessalit pour tenter de briser le siège du camp militaire d'Amachach. En chemin, le , les Maliens se heurtent aux forces rebelles à Tinsalane. Une fois encore les bilans sont contradictoires et la victoire est revendiquée par les deux camps[174],[175],[176]. Cependant l'armée malienne parvient à atteindre la périphérie de Tessalit et le , elle affirme être entrée dans la ville et avoir ravitaillé le camp d'Amachach, ce que les rebelles démentent[177],. Du au , les combats se poursuivent près de Tessalit mais les Maliens ne parviennent pas à déloger les rebelles de la zone[178],[179],[180],[181]. Finalement, le , le camp d'Amachach est abandonné aux rebelles après près de deux mois de siège. Les 800 soldats de la garnison malienne se replient sur Gao. Les hommes d'Ansar Dine s'emparent d'armes, de munitions, de blindés et capturent une soixantaine de militaires maliens[149],[182],[148].

Par la suite, des escarmouches ont lieu près de la frontière burkinabè[183]. Le 15 et le , deux combats opposent le MNLA et la milice loyaliste de Ganda Izo à Soudere, près de Tessit, puis à Tin-Hama, les bilans communiqués par les deux camps sont contradictoires, mais le chef de Ganda Izo est tué au cours du deuxième affrontement[184],[185],[186],[187].

Le , le MNLA prend possession du camp militaire d'Anéfis, abandonné par l'armée malienne qui s'est retirée à Gao[188]et le 25, le colonel de l'armée malienne Malick Ag Acherif et trente de ses hommes désertent pour rejoindre le MNLA[189].

Coup d'État militaire et tentative de contre-coup d'État[modifier | modifier le code]

Militaires maliens à Bamako en 2012.

Dans la nuit du 21 au , un coup d'État militaire renverse le président malien Amadou Toumani Touré. Le lieutenant Amadou Konaré, porte-parole du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDR), présidé par Amadou Sanogo, annonce la suspension de la constitution et la dissolution des institutions de la République[190]. Il justifie le coup d'État par « l'incapacité du gouvernement à donner aux forces armées les moyens nécessaires de défendre l'intégrité de notre territoire national »[191].

Une médiation, menée sous l'égide de la Cédéao par le Burkina Faso, aboutit à un accord le  : le président Amadou Toumani Touré accepte de démissionner et Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale, devient président de la République par intérim[192].

Le , les « bérets rouges », des membres du 33e régiment des commandos parachutistes, l'ancienne garde présidentielle d'Amadou Toumani Touré, tentent un contre-coup d'État à Bamako et Kati. La tentative se solde par un échec, les affrontements font 14 à 30 morts et 83 parachutistes et civils sont arrêtés par les « bérets verts » de Sanogo. Détenus à Kati, les prisonniers sont torturés, au moins 26 bérets rouges sont exécutés sommairement et enterrés dans des fosses communes[193],[194],[7],[195],[196].

Deux mois après le coup d'État, les autorités de transition peinent à restaurer l'intégrité territoriale du Mali. Le , le président de transition Dioncounda Traoré est agressé et blessé à Bamako par des manifestants. Il est temporairement conduit à Paris pour des examens médicaux.

Prise de contrôle du Nord du pays par les rebelles et les djihadistes[modifier | modifier le code]

Pick-up d'Ansar Dine à Tombouctou, en août 2012.

Le , les rebelles d'Ansar Dine et du MNLA menés par Iyad Ag Ghali attaquent Kidal tenue par les forces du colonel Gamou. Le , ce dernier abandonne la ville qui est conquise par les rebelles. Encerclé au cours de sa retraite par les hommes du MNLA, Gamou ruse en faisant croire qu'il se rallie au mouvement indépendantiste, puis il se réfugie au Niger avec ses 500 hommes[197],[198],[199],[200].

Le , la junte militaire ordonne à l'armée malienne de cesser les combats et de laisser Gao « ville ouverte »[201],[202],[203]. Sans rencontrer de résistance, les groupes rebelles et djihadistes s'emparent de Gao le , puis de Tombouctou le 1er avril[204],[205],. Le MNLA fait de Gao sa « capitale » et occupe les bâtiments officiels et l'aéroport, mais le reste de la ville passe sous le contrôle du MUJAO et de la katiba de Belmokhtar[206]. À Tombouctou, les rebelles touaregs et arabes du MNLA et du FLNA sont les premiers à occuper la ville, mais dès le lendemain les djihadistes d'Ansar Dine et d'AQMI menés directement par Iyad Ag Ghali[207].

Le , le MNLA annonce mettre fin unilatéralement aux opérations militaires à compter du à minuit (TU)[208]. Le 6, par un communiqué publié sur son site, il déclare proclamer « irrévocablement, l'État indépendant de l'Azawad à compter de ce jour »[209],[210],[211].

Mi-avril, Ansar Dine relâche 169 soldats maliens prisonniers faits prisonniers lors des combats au Nord[212].

Application de la charia par les djihadistes[modifier | modifier le code]

Manifestation à Tombouctou, alors tenue par les djihadistes, dénonçant l'inaction du gouvernement malien au nord du pays.

Véritables maîtres du nord du Mali, les djihadistes mettent en place l'application de la charia. La vente et la consommation d'alcool, de cigarettes ou de drogues est interdite, de même que la musique. Le port du voile islamique est rendu obligatoire pour les femmes et des tribunaux islamiques sont instaurés. Les peines prévues sont le fouet en cas de consommation d'alcool ou de relations sexuelles hors mariage, l'amputation d'une main ou d'une jambe en cas de vol et la lapidation en cas d'adultère[213].

De à , à Gao, neuf hommes accusés de vols sont condamnés à l'amputation d'une main ou d'une jambe par le MUJAO[214],[215]. Selon Human Rights Watch, deux hommes sont également exécutés dans cette ville début avril et des djihadistes coupent l'oreille d'une femme pour avoir porté une jupe courte. Une autre personne est amputée de la main droite à Ansongo le [7].

À Tombouctou, une peine d'amputation est prononcée et en octobre Ansar Dine exécute par balle un de ses combattants, condamné à mort pour le meurtre d'un pêcheur[216],[217]. À Kidal, un homme du MNLA a la main tranchée par des hommes d'Ansar Dine. Fin , à Aguel'hoc, un couple est mis à mort par lapidation pour avoir conçu plusieurs enfants hors mariage[218],[219].

Les chrétiens ne font pas l'objet de menaces directes, cependant trois églises, une station de radio chrétienne et une école biblique sont pillées à Tombouctou et Gao au moment de la prise de ces deux villes.

Le , l'UNESCO classe Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril à la demande du gouvernement malien[220]. Visiblement en représailles contre cette décision, au moins une trentaine de membres armés d'Ansar Dine et d'AQMI commencent le à détruire trois mausolées qu'ils jugent impies, devant une population non armée déconcertée. Le 1er juillet, sept des seize mausolées érigés pour certains des 333 saints que compte la ville sont déjà détruits[220]. La procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda qualifie les faits de « crime de guerre »[220]. L'islamologue Roland Marchal commente : « dans un moment de crispation, mettre l'accent sur la préservation des mausolées n'était peut-être pas la méthode la plus habile pour protéger ces sites »[221],[222],[220]. Au total, 14 des 16 tombeaux sont détruits[223].

Conflit entre les djihadistes et le MNLA à partir de juin[modifier | modifier le code]

Les délégués d'Ansar Dine et du MNLA à Ouagadougou le . (De gauche à droite au premier rang : Alghabass Ag Intalla, fils du chef des Ifoghas, représentant d'Ansar Dine et futur chef du MIA, Djibrill Bassolé, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Bilal Ag Acherif, secrétaire général du MNLA et Mahamadou Djéri Maïga, vice-président du MNLA.

Le , des rencontres sont organisées à Tombouctou entre les principaux responsables d'Ansar Dine et d'AQMI. Depuis les montagnes de Kabylie, Abdelmalek Droukdel, le chef d'AQMI conseille à ses combattants, dans un message rendu public, d'imposer « graduellement » la charia pour y « réussir la création d'un État islamique »[224].

Le , Ansar Dine et le MNLA annoncent leur fusion dans un « protocole d'accord » signé la veille et transmis à l'AFP. Celui-ci indique que « le mouvement Ansar Dine et le MNLA proclament leur auto-dissolution dans l'Azawad. Les deux mouvements créent le Conseil transitoire de l'État islamique de l'Azawad »[224]. Mais 24 heures après sa signature, l'accord est rompu par les cadres du MNLA[225].

Le premier incident entre Ansar Dine et le MNLA a lieu dans la nuit du 7 au , à quelques kilomètres de Kidal, lorsque des combattants de deux véhicules se fusillent, faisant au moins trois blessés graves[226],[227]. Puis le , une querelle éclate entre des hommes du MNLA et d'Ansar Dine à un poste de contrôle de Tombouctou, elle dégénère en fusillade et fait au moins deux morts et plusieurs blessés[228].

La situation bascule le à Gao lorsqu'un élu local et enseignant de la ville est abattu à bout portant par des inconnus à moto. Le lendemain, des centaines de personnes, excédées, manifestent en ville. La colère de la population de Gao, majoritairement hostile à l'indépendance du nord pays, accablée par les privations régulières d'eau et d'électricité et par l'insécurité, se tourne aussitôt contre le MNLA. Un combattant touareg ouvre le feu pour disperser les émeutiers, il tue une personne et fait plusieurs blessés[229],[230],[231]. Le , les forces du MUJAO et d'AQMI menées par Mokhtar Belmokhtar attaquent les positions du MNLA à Gao. Au cours d'une violente bataille qui fait des dizaines de morts, les islamistes prennent d'assaut le gouvernorat et chassent les rebelles touaregs de la ville, à la satisfaction des émeutiers pro-Mali qui prennent le parti des djihadistes. Bilal Ag Acherif, le secrétaire-général du MNLA, est blessé au cours de la retraite. Le , alors que les combats se poursuivent près de l'aéroport, Iyad Ag Ghali arrive à la tête de soixante véhicules. Le , il rencontre les chefs du MNLA et parvient à conclure un cessez-le-feu[230],[232],[233],[234]. Le MNLA abandonne ses positions à Tombouctou le et se retire également de Gao[235].

Dans le Centre du pays, Douentza est également abandonnée par le MNLA et brièvement occupée par les miliciens de Ganda Izo. Mais le 1er septembre les hommes du MUJAO menés par Omar Ould Hamaha viennent occuper la ville. Les miliciens n'opposent aucune résistance et sont désarmés[236],[237],[238].

Les affrontements reprennent le , lorsque le MNLA, basé à Ménaka, lance une offensive sur Ansongo tenue par le MUJAO. Les rebelles touaregs remportent d'abord un succès lors d'une embuscade à Tagarangabotte, mais le MUJAO contre-attaque et reçoit le renfort de la katiba de Mokhtar Belmokhtar. Le MNLA cède du terrain et le , la ville de Ménaka est prise par les djihadistes au terme de combats ayant fait, selon les déclarations, plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de morts[239],[240],[241],[242]. Les djihadistes contrôlent alors l'essentiel du nord du Mali, le MNLA est marginalisé et ne tient plus que des localités mineures, principalement dans le Nord-Est et près des frontières[89],[243].

2013[modifier | modifier le code]

Offensive des djihadistes au sud du Mali et début de l'opération Serval[modifier | modifier le code]

Rafale B 113-HO de l'Escadron 2/92 « Aquitaine » de l'armée de l'air française à la sortie d'un ravitaillement en vol lors d'une opération au Mali le 17 mars 2013.

Le , un communiqué d'Ansar Dine signé par Iyad Ag Ghali annonce la rupture des négociations et déclare suspendre son offre de cessation des hostilités[244]. Depuis le , venus des régions de Gao et de Tombouctou, les djihadistes d'Ansar Dine, du MUJAO, d'AQMI et de Boko Haram se rassemblent à Bambara Maoudé[245],[246]. Le 7, ils dépassent Douentza[247], le 9 ils franchissent la ligne de démarcation à Dangol-Boré et engagent le combat avec l'armée malienne dans les environs de Konna[248]. Le , Konna est prise par les djihadistes et les soldats maliens se replient sur Sévaré[249],[250],[251].

Les djihadistes, forts d'environ 1 200 hommes, menacent alors Mopti et Sévaré, dernier verrou avant la capitale, Bamako. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, appelle alors le président français, François Hollande, et lui demande une aide immédiate. Le président français décide dès le dans l'après-midi d'engager l'armée française : c'est le début de l'opération Serval. De l'aide logistique venant de plusieurs nations arrive au fil des jours pour appuyer cette mission et le déploiement de la mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine.

Dès le premier jour de l'opération, des commandos des forces spéciales transportés par avions sont déposés à Sévaré[252],[253],[254] tandis que quatre hélicoptères français Gazelle du 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales sont engagés au combat. Les djihadistes se replient sur Konna après avoir perdu quatre véhicules, un pilote français est cependant mortellement touché[255]. Puis, dans la nuit du 11 au 12, les Mirages 2000D basés à N'Djaména bombardent les jihadistes entre Konna et Léré[256],[257].

Les moyens aériens français poursuivent leurs frappes dans les environs de Konna, Léré et Douentza. Des Rafale venus de France bombardent plusieurs camps islamistes à Gao, où plus d'une soixantaine de rebelles islamistes sont tués. Les djihadistes commencent à abandonner Konna le et leurs derniers combattants quittent la ville le 18. Le 19, les soldats maliens et des Français des forces spéciales reprennent possession de la ville sous les acclamations de la population[258],[259]. Les combats à Konna ont fait une centaine de morts chez les djihadistes, une douzaine de victimes civiles et officiellement onze tués du côté des militaires maliens[260].

Cependant plus à l'ouest, le 14 janvier, une autre colonne islamiste contourne les lignes maliennes en passant par la Mauritanie et prend d'assaut la ville de Diabaly, à 400 km de Bamako. La riposte est rapide, quelques heures après la prise de la ville, les djihadistes subissent les frappes de l'aviation française. Pendant trois jours, leurs positions sont bombardées par des avions Rafale et Mirage 2000D et des hélicoptères Tigre et Gazelle[261].

Au sol, les forces maliennes se sont repliées à Markala, près de Ségou. Le , un premier sous-groupement tactique interarmes motorisé français de 180 hommes et 18 chars et blindés ERC-90 Sagaie et VAB quitte Bamako et se positionne à Markala[262],[263],[264],[265],[266],[267],[268].

Impuissants contre les frappes aériennes, les islamistes abandonnent Diabaly le et se replient sur Sokolo. Ils laissent derrière eux une cinquantaine de morts et plusieurs dizaines de leurs véhicules ont été détruits. Après quelques missions de reconnaissance, les forces franco-maliennes se mettent en mouvement. Dans la nuit du 19 au 20, une colonne de 30 blindés avec 200 soldats maliens et français quitte Markala et entre dans Niono. Le 21, les militaires reprennent Diabaly sans rencontrer de résistance. Douentza est également reconquise le même jour. Partout, les soldats maliens et français sont acclamés par la population[269],[270],[271],[272],[273].

Progressivement, les forces militaires se déploient au Mali. Du côté des Français, si les forces spéciales sont engagées très rapidement sur le front, les soldats de la brigade Serval se rassemblent à Bamako transportés par avions depuis la France ou bien venus par la route depuis la Côte d'Ivoire. Le , 800 soldats français sont déployés au Mali, ils sont 1 400 le 17, 2 000 le 19, 3 500 le 30, début février ils sont près de 4 000. Le déploiement de la MISMA et de l'armée tchadienne se met également en place. Les forces africaines décident d'engager 7 700 hommes, ses premiers contingents arrivent au Mali le . Le 1 900 soldats sont déployés, mi-février 1 800 Tchadiens et 2 300 hommes de la MISMA sont au Mali, début mars, les forces africaines ont près de 6 000 soldats, dont 2 400 Tchadiens[274].

Reprise des villes du nord du Mali en janvier et février[modifier | modifier le code]

L'offensive jihadiste sur Mopti ayant été repoussée, l'état-major-français pense attendre l'arrivée des renforts et de toute la logistique avant de poursuivre vers le nord. Mais François Hollande, obsédé par le risque d'enlisement, ordonne que Tombouctou et Gao soient reprises avant fin janvier[275]. Les forces franco-maliennes poursuivent donc l'offensive : une colonne part de Douentza en faisant mouvement sur Gao, tandis qu'une autre quitte Diabaly avec en vue Tombouctou.

À l'Est, le colonel Gamou franchit également la frontière nigérienne avec 500 soldats maliens, 77 pick-up et 8 blindés BRDM-2, il prend Ménaka sans combat le , avant de poursuivre en direction de Gao[276]. Le , les Français et les Maliens reprennent Hombori[277]. Les forces spéciales françaises arrivent aux abords de Gao le soir du [278]. La nuit suivante, elles s'emparent sans combattre de l'aéroport[279], puis repoussent les djihadistes au pont de Wabaria le [280]. Les quelques hommes du MUJAO encore présents prennent alors la fuite et les forces maliennes et françaises entrent dans la ville de Gao le matin du , sous les acclamations de la population[280]. Les djihadistes laissent environ 25 morts[281].

À l'Ouest, l'autre colonne, forte de plusieurs centaines de soldats maliens et de 600 soldats français, quitte Diabaly avec pour objectif Tombouctou. Le , elle réoccupe Léré[282]. Dans la nuit du 27 au 28, des parachutistes de la Légion étrangère sautent au nord de Tombouctou. Le 28, les forces franco-maliennes entrent dans la ville, abandonnée par les djihadistes[283].

Le , les forces tchadiennes et nigériennes prennent le contrôle des villes d'Andéramboukane et de Ménaka[284]. Ansongo est reprise le 29 janvier par des troupes nigériennes et maliennes venues du Niger[285].

Les djihadistes d'AQMI et d'Ansar Dine reculent sans opposer de résistance et se réfugient dans l'Adrar des Ifoghas. Le , l'aviation française bombarde des positions stratégiques islamistes sur Kidal et sa région, dans l'extrême Nord-Est du Mali[286]. De son côté, le MNLA se met également en mouvement et profite de la déroute des islamistes pour prendre le contrôle de plusieurs villes du Nord. Le 28 janvier, le mouvement indépendantiste déclare avoir pris sans combat les villes de Tessalit, Tessit, In Khalil, Tinzawatène, Léré, Anéfif, Talataye et Kidal. Il propose son alliance aux Français et aux Tchadiens, mais déclare qu'il s'opposera par les armes à la venue de l'armée malienne[287],[288],[289].

La progression se poursuit à l'extrême nord du Mali. Dans la nuit du 29 au , au cours d'une opération aéroportée, les forces spéciales françaises prennent position sur l'aérodrome de Kidal, situé au sud-est de la ville. Les militaires français prennent alors contact avec le MNLA[290],[291],[292]. Le 1er février, une petite colonne du MNLA accompagnée de forces spéciales françaises sort de Kidal prend le contrôle de la ville d'Aguel'hoc le [293]. Le même jour, l'armée tchadienne entre à Kidal[294],[295].

Le 1er février, un hélicoptère Tigre des forces spéciales détruit trois pick-up et tue une douzaine de djihadistes près d'Anéfif[296]. Le 9, deux Tigre, un Puma et une patrouille de Mirages attaquent un groupe de quatre véhicules entre Gao et Gourma-Rharous et en détruisent deux[297].

Le , accompagné du président malien par intérim Dioncounda Traoré, le président français François Hollande se rend à Tombouctou où il est accueilli en héros[298].

Le , les troupes maliennes et françaises à Gao sont renforcées par les forces nigériennes de la MISMA venues de Ménaka. Cependant une quarantaine de combattants du MNLA prennent le contrôle de Ménaka après le départ des Nigériens[299],[300].

Enfin, dans la nuit du 7 au , les forces spéciales françaises s'emparent de l'aéroport de Tessalit. Elles sont renforcées le lendemain par une cinquantaine de chasseurs parachutistes, puis s'assurent du contrôle de la ville, là encore sans rencontrer de résistance. Dans les heures qui suivent, l'armée tchadienne et un sous-GTIA français formant une colonne de 90 véhicules arrivent ensuite sur les lieux[301],[302].

Bataille dans l'Adrar des Ifoghas, en février et mars[modifier | modifier le code]

Tireur de précision français armé d'un FR-F2 pendant la bataille du Tigharghâr.

Après leur défaite à Konna et Diabaly, les djihadistes d'AQMI et d'Ansar Dine se replient à l'extrême nord du Mali, principalement dans l'Adrar Tigharghâr, un massif de l'Adrar des Ifoghas situé à l'est d'Aguel'hoc, entre Kidal et Tessalit. Cette zone fortifiée, déjà utilisée comme refuge par les rebelles touaregs lors de la rébellion de 1990-1995, est alors le principal sanctuaire des djihadistes au Mali[275]. Cependant Ansar Dine est affaibli par des défections : dés fin janvier une partie de ses combattants, menés par Alghabasse Ag Intalla et Cheikh Ag Aoussa, font scission et créent le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA). Ils se détournent des djihadistes et espèrent négocier une paix avec le gouvernement malien et les Français[303],[304]. D'autres combattants fuient à l'étranger, certains gagnent même le Soudan[305],[306].

De la mi-février à la fin mars, près de 3 000 soldats français et tchadiens commandés par les généraux Barrera et Bikimo mènent une grande offensive dans l'Adrar Tigharghâr, où sont retranchés environ 500 djihadistes[307],[308]. Le , 150 soldats français font une première incursion à l'ouest de l'Adrar pour reconnaître les positions adverses[309],[310]. Des combats ont lieu pendant deux jours, un légionnaire et une trentaine de djihadistes sont tués, les Français se retirent sur Tessalit le [311],[312],[309].

Le , les Tchadiens attaquent à leur tour, cette fois-ci à l'est de l'Adrar Tigharghâr. En fin de matinée, ils se heurtent aux djihadistes retranchés dans les grottes et sur les hauteurs, à l'entrée est de la vallée de l'Amettetaï. Les combats, confus, durent jusqu'à la tombée la nuit. Le bilan est particulièrement lourd, les Tchadiens ont 26 tués et environ 70 blessés tandis que les djihadistes laissent au moins 93 morts. Mais l'entrée de la vallée est prise[313],[314],[315].

Le , les Français reprennent l'offensive avec cette fois-ci deux GTIA forts de 700 hommes chacun[316]. Le GTIA 3 reprend l'attaque à l'entrée ouest de la vallée de l'Amettetaï, afin de resserrer l'étau et de faire sa jonction avec les Tchadiens qui avancent à l'est. Pendant ce temps, le GTIA 4 se déploie au nord et avance à pied à travers le terrain montagneux pour surprendre les djihadistes[317]. Les combats sont acharnés et se livrent souvent à de courtes distances, parfois jusqu'au fond des grottes. Abou Zeïd, un des principaux chefs d'AQMI, est tué entre le 22 et le dans des circonstances obscures[318],[319],[320]. Le , la vallée de l'Amettetaï est prise, les djihadistes commencent à battre en retraite[321],[322].

Les combats baissent alors en intensité, tandis que les militaires français et tchadiens fouillent les autres vallées du Tigharghâr. Des missions de reconnaissance sont également menées jusqu'à Boghassa, Abeïbara et Tinzawatène[323],[324],[325]. Les opérations s'achèvent le . Le bilan est de trois morts et 120 blessés du côté des Français[326], tandis que les Tchadiens déplorent 30 tués[327]. Les pertes des djihadistes sont estimées entre 200 et 300 morts[328],[329]. 80 tonnes de matériel militaire ont été découverts par les Français[330].

Alors que les combats font rage dans le Tigharghâr, les forces spéciales françaises mènent également une opération le dans le Timétrine, à l'ouest de la région de Kidal. Une quinzaine de djihadistes sont repérés et se font tuer jusqu'au dernier. Mohamed Lemine Ould El-Hassen, chef de la katiba al-Fourghan d'AQMI, est reconnu parmi les morts[331]

Le , un premier attentat-suicide frappe la ville de Kidal, deux personnes sont blessés. Le , un autre kamikaze se fait exploser avec son véhicule à un poste du MNLA, tuant sept rebelles touaregs et blessant onze autres. Enfin le , quatre soldats tchadiens sont tués et trois blessés par un homme équipé d'une ceinture explosive. Ces trois attentats commis à Kidal sont revendiqués par le MUJAO[332],[333],[334].

Guérilla dans la région de Gao, entre février et avril[modifier | modifier le code]

Soldats français en patrouille à Gao en mars 2013.

Après la reconquête des villes du Nord du Mali les combats se poursuivent parallèlement sur deux fronts ; l'Adrar des Ifoghas, où se sont repliés Ansar Dine et AQMI, et la région de Gao, où le MUJAO reste actif et bénéfice en certains endroits, d'un soutien d'une partie de la population. Début février, ce mouvement annonce son intention de créer une « nouvelle zone de conflit », il promet d'attaquer des convois, de poser des mines, d'envoyer des kamikazes et « d'augmenter les attaques contre la France et ses alliés »[335]. Le , quatre soldats maliens sont tués et cinq autres blessés par l'explosion d'une mine entre Gossi et Hombori[336]. Le , un véhicule saute sur une mine entre Douentza et Gao, tuant quatre civils[337],[338]. Le , un soldat malien est légèrement blessé par un kamikaze touareg[339].

En février et mars, la ville de Gao est visée par trois attaques du MUJAO, la première a lieu le , la deuxième le , et la dernière le . Parfois précédés par des kamikazes, des commandos de quelques dizaines de combattants tentent de s'infiltrer dans la ville pourtant tenue par plus d'un millier de soldats. Les islamistes sont à chaque fois détruits ou repoussés lors de ces attaques presque suicidaires. Une dizaine de civils, un soldat malien et environ 30 assaillants sont tués lors de ces combats[340],[341].

La progression des troupes alliées n'est cependant pas entravée. Le , les Maliens et les Français prennent le contrôle de la ville de Ménaka sans livrer de combats avec le MNLA qui abandonne la ville[300]. Le , des troupes françaises, nigériennes, et maliennes entrent sans combattre à Bourem[342], des patrouilles sont organisées pour réduire les poches de résistance des groupes islamistes dispersés dans la région[343].

Le , les Français et les Maliens lancent l'Opération Doro dans la région à l'est de Gao. Leur objectif est de détruire les forces djihadistes dans cette zone et de trouver leurs caches d'armes. Le , 100 à 200 hommes du MUJAO sont attaqués par 400 soldats français et maliens dans le village d'Imenas. Le combat est acharné et les djihadistes laissent 52 morts contre un blessé chez les militaires maliens[344],[345],[346]. Les forces franco-maliennes affrontent encore les djihadistes à Tin Keraten le , puis à In Zekouan et Teurteli du 12 au , plus d'une trentaine d'islamistes sont tués dans ces combats, ainsi qu'un soldat malien et un soldat français[347].

Soldats maliens à Gao, en avril 2013.

Après Gao, Tombouctou est visée à son tour par des incursions de commandos djihadistes, une première attaque a lieu le , une seconde le 30. Elles sont menées cette fois par des hommes d'AQMI, mais comme à Gao, les djihadistes ne remportent aucun avantage. Ils laissent entre 20 et 30 morts, les Maliens ont trois tués et 18 blessés, les Français un blessé et cinq civils sont tués[348],[349],[350],[351].

Entre le 24 et le , des affrontements ont également lieu entre Bourem et Anéfif, opposant le MNLA au MUJAO et aux Signataires par le sang. Le MNLA affirme avoir tué 17 djihadistes, contre cinq morts dans ses rangs[352],[353].

Le , l'armée française lance une vaste opération au nord de Bourem baptisée Gustav. 779 soldats et 150 blindés appuyés par l'aviation encerclent la vallée d'Inaïs, repérée comme étant un sanctuaire du MUJAO. L'offensive est menée trop tard pour intercepter les djihadistes qui parviennent à s'enfuir, mais 18 tonnes de munitions sont saisies lors des fouilles, dont 700 obus, 51 roquettes, 16 bombes d'avion et 17 caisses[354],[355],[356].

Le , cinq militaire maliens, dont un colonel, sont tués lors d'un accident d'hélicoptère[357]. Les 4 et , une dizaine de kamikazes du MUJAO mènent des attaques-suicides à Tilemsi, Gossi et Ménaka contre des militaires maliens et nigériens, deux soldats maliens sont tués et une dizaine blessés[358],[359],[360]. Le , AQMI appelle au djihad contre la France[361]. Fin avril, une cellule djihadiste du MUJAO est démantelée à Bamako et sept personnes sont arrêtées[362]. Le 29 avril, un VBL de l'armée française saute sur une mine ou un engin explosif entre Tinzawatène et Boghassa, un soldat des forces spéciales est tué et deux autres sont grièvement blessés[363].

Conflit entre le MNLA et le MAA, de février à mai[modifier | modifier le code]

Parallèlement aux affrontements contre des islamistes, un conflit éclate en entre les Touaregs du MNLA et les Arabes du MAA. Les incidents commencent à In Khalil, près de la frontière avec l'Algérie, où les Arabes accusent les Touaregs de la tribu des Idnanes d'exactions et de pillages[364]. Le , un double attentat-suicide à In Khalil revendiqué par le MUJAO fait trois morts dans les rangs du MNLA[365]. Le lendemain, In Khalil est attaquée par une trentaine de pick-up du MAA. Le MNLA accuse aussitôt le MAA d'être lié au MUJAO, ce que le groupe rebelle arabe dément bien que certains de ses combattants aient effectivement combattu dans les rangs djihadistes en 2012[366],[367],[368]. L'aviation française intervient et bombarde les positions du MAA, en croyant peut-être avoir affaire à un groupe djihadiste[369],[367]. Les hommes du MAA se replient, In Khalil reste aux mains des Touaregs[370].

Le , les combats reprennent, le MAA attaque Ber, dans la région de Tombouctou, et chasse le MNLA de la ville. Le combattants arabes se retirent le et des militaires du Burkina Faso et de l'armée malienne prennent le contrôle de la ville le lendemain[371],[372],[373]. Plus au nord, la ville d'Anéfif est également le théâtre de violences communautaires les 24 et qui font au moins six morts[374]. Le , le MAA attaque Anéfis, mais cette fois le MNLA repousse les assaillants[375],[376]. Là aussi certains responsables font état de frappes aériennes françaises en soutien au MNLA, mais l'armée française dément[377],[378].

Accord de Ouagadougou et déploiement de la MINUSMA[modifier | modifier le code]

Ravitaillement de deux avions Rafale au-dessus du Mali, le .

Malgré l'annonce de négociations les tensions restent très vives entre l'armée malienne et le MNLA basé à Kidal[379],[380]. Des personnalités politiques et une partie de la population malienne reprochent à la France d'empêcher l'armée malienne d'attaquer les rebelles à Kidal[381]. Le 30 mai, 3 000 Maliens manifestent à Gao pour dénoncer l'attitude jugée trop conciliante de la France vis-à-vis du MNLA[382]. Afin de négocier avec les rebelles de Kidal, le président malien par intérim Dioncounda Traoré nomme Tiébilé Dramé conseiller spécial[383].

Afin de favoriser les pourparlers, des représentants touaregs menés par Mohamed Ag Intalla décident de rejeter la lutte armée et de former le Haut Conseil de l'Azawad (HCA), bientôt renommé Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). Mohamed Ag Intalla bénéficie rapidement du soutien de son père, l'Amenokal Intalla Ag Attaher, chef coutumier des touaregs Ifoghas qui quitte le MNLA pour rejoindre le HCUA, et de son frère, Alghabass Ag Intalla, qui le , annonce la dissolution du MIA et son ralliement au HCUA. Le MNLA n'ose critiquer la décision de l'Amenokal et apporte son soutien au HCUA[384],[385],[386].

Les négociations s'ouvrent en mai à Ouagadougou, sous la médiation de Blaise Compaoré, président du Burkina Faso[387]. Fin mai, le MAA s'engage à son tour à prendre part aux pourparlers[388].

D'abord hostile à la tenue d'élections maliennes à Kidal, le MNLA accepte finalement de permettre la tenue de la présidentielle en juillet, cependant il refuse de laisser entrer l'armée malienne et propose que la sécurité des élections soit assurée par les troupes de l'ONU aussi bien à Kidal que dans l'ensemble de l'Azawad[389]. Cette proposition est rejetée par le gouvernement malien qui exige la présence de l'armée à Kidal[390].


Cependant le , la situation s'aggrave à Kidal où le MNLA arrête 180 personnes, une trentaine est relâchée le lendemain mais environ 10 ou 20 prisonniers, accusés d'être des espions et des militaires maliens infiltrés sont maintenus en prison . De son côté, le gouvernement malien accuse le MNLA d'avoir commis des pillages contre les populations noires ; Songhaï, Peuls et Bellas. Selon des témoins, plus habitants noirs sont contraints de prêter allégeance au MNLA sous peine d'être chassés de Kidal et évacué vers Gao. Le lendemain, le MNLA déclare que les personnes interpellées qui ne sont pas originaires de l'Azawad vont être expulsées et reconduites jusqu'à Douentza[391],[392],[393]. Le , l'armée malienne se met en mouvement et s'empare d'Anéfif après un combat contre le MNLA[394]. La France intervient après le combat, elle envoie une centaine d'hommes à Anéfis et freine l'offensive malienne sur Kidal[395]

Le , après deux semaines de négociations, le gouvernement de transition malien et les rebelles du MNLA et du HCUA (Haut conseil pour l'unité de l'Azawad) signent un accord de cessez-le-feu qui doit permettre la tenue de l'élection présidentielle le [396].

Afin d'éviter tout débordement entre les soldats maliens et les rebelles, des forces de l'ONU et de la MISMA sont également déployées à Kidal, ainsi le , une trentaine de véhicules guinéens gagne la ville[397].

Le , conformément aux accords signés, les forces du MNLA et du HCUA commencent leur retrait sur trois cantonnements, dont deux situés à Kidal, le troisième en périphérie. Le lendemain, 150 soldats maliens font leur entrée dans Kidal. La réaction de la population n'est pas unanime, des échauffourées opposent manifestants pro-Mali et manifestants pro-Azawad, elles font plusieurs blessés[398],[397],[399]. Le , de nouvelles émeutes éclatent entre des pro-Mali, en majorité des Songhaï et des pro-Azawad, majoritairement touaregs, elles font un mort et 7 blessés[400]. Le , cinq agents électoraux et un élu sont enlevés par des hommes armés à Tessalit[401]. Capturés par des hommes de Baye Ag Diknane, un officier du MNLA hostile à la tenue des élections, ils sont finalement relâchés le lendemain dans des circonstances mal éclaircies[402].

Le , un militaire français du 515e régiment du train est tué et un autre est blessé dans un accident de la route près de Douentza[403].

Les deux tours de l'élection présidentielle se déroulent sans incidents le et le . Ibrahim Boubacar Keïta est élu président avec 77,61 % des voix, contre 22,4 % pour Soumaïla Cissé, avec une participation de 48,98 % au premier tour, 45,78 % au deuxième[404].

Lors des négociations de Ouagadougou, les différents mouvements rebelles autonomistes parviennent à se réconcilier. Le , le MNLA, le HCUA et le MAA publient une déclaration commune où ils réclament l'autonomie des peuples de l'Azawad[405].

Le , selon un communiqué signé par Ahmed al-Tilemsi et Mokhtar Belmokhtar, le MUJAO et Les Signataires par le sang annoncent leur fusion en un seul mouvement[87]. Celui-ci prend le nom d'Al-Mourabitoune ("Les Almoravides")[406].

Le , au Stade du 26-Mars à Bamako, une cérémonie est organisée pour marquer le début du mandat d'Ibrahim Boubacar Keïta et la victoire sur les forces jihadistes. Plusieurs chefs d'État sont invités, dont le président français François Hollande, le président tchadien Idriss Déby, le roi du Maroc Mohammed VI et le président ivoirien Alassane Ouattara, également président de la Cédéao[407].

Incidents entre l'armée malienne et le MNLA après l'accord de Ouagadougou[modifier | modifier le code]

Soldats maliens à Paris en 2013, lors du défilé militaire du 14 Juillet.

À partir de l'été 2013, les affrontements baissent en intensité mais des combats ponctuels continuent d'avoir lieu. Malgré la signature des accords de Ouagadougou, quelques incidents sanglants opposent l'armée malienne aux combattants du MNLA. De plus des affrontements intercommunautaires entre Touaregs et Arabes à l'extrême nord et Touaregs et Peuls dans la région de Gao éclatent occasionnellement et des combattants des divers groupes armés y prennent parfois part. Ainsi du 14 au à Bordj Badji Mokhtar, en Algérie, des combats entre Arabes berabiches et Touaregs idnanes font plusieurs morts, et selon des témoins, des hommes du MAA et du MNLA prennent part aux affrontements bien que leurs commandements aient officiellement condamnés les violences[408],[409]. De plus, des habitants affirment que les brigandages des « coupeurs de routes » sont réapparus depuis le départ des islamistes, plusieurs convois ont été dévalisés principalement sur les routes Anéfif-Kidal, Anéfif-Djebok et Kidal-Gao[410]. Le , à Foïta, près de Léré, un accrochage oppose des soldats maliens et des hommes du MNLA, les deux camps se rejettent respectivement la responsabilité de l'attaque[411]. Le MNLA dénonce une violation des accords de Ouagadougou et déclare que les engagements n'ont pas été respectés, selon lui le cantonnement des combattants n'a pas été pris en charge par l'ONU, la MINUSMA est jugée « incompétente », les prisonniers de guerre n'ont pas été libérés et la commission d'enquête de la communauté internationale n'a pas été mise en place. Plusieurs membres du MNLA feraient pression sur Bilal Ag Acherif pour reprendre les armes[412]. De son côté, la presse malienne dénonce l'indiscipline des combattants du MNLA et affirme que plusieurs d'entre eux se livrent au banditisme[413].

Le , des représentants de différents groupes armés ; le MNLA, le HCUA et le MAA et la Coordination des mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR, réunissant principalement Ganda Koy et Ganda Izo), signent un accord à Bamako, ils annoncent « mettre en commun leurs efforts » pour mettre fin à la crise au nord du Mali. Cet accord est cependant critiqué par des responsables du MNLA et du MAA qui déclarent que les délégués n'avaient pas été mandatés par leurs hiérarchies[414]. Le , le MNLA, le HCUA, le MAA publient un communiqué commun dans lequel ils déclarent suspendre les négociations avec le gouvernement malien à la suite du refus du président d'Ibrahim Boubacar Keïta de négocier l'autonomie du nord du Mali[415],[416],[417]. Les violences se poursuivent. Le 27, deux militaires maliens sont blessés à Kidal par des jets de grenades[418]. Le 29, dans la soirée, une escarmouche oppose des soldats maliens à des combattants du MNLA les belligérants se replient sur leurs bases alors que Français et les Casques bleus de la MINUSMA organisent des patrouilles[419]. Le lendemain, une nouvelle fusillade éclate à Kidal, plusieurs combattants sont blessés dans ces affrontements, les Français et les Casques bleus de la MINUSMA interviennent pour séparer les belligérants[420],[421]. Le , un homme du MNLA est tué par des habitants à Aguel'hoc[422]. Le , les groupes armés autonomistes reprennent les négociations avec le gouvernement malien[423]. Pourtant le , un nouvel accrochage oppose des soldats maliens et des hommes du MNLA à Amazragane, près de Ménaka, faisant au moins trois morts[424]. Le , à Kidal, le MNLA abandonne les bâtiments publics aux autorités maliennes, mais le 27 et le 28 alors que la visite du premier ministre Oumar Tatam Ly est attendue, l'aéroport de Kidal est envahi par des manifestants pro-Azawad malgré la présence de militaires maliens. Des coups de feu sont tirés, trois personnes sont blessées selon le gouvernement malien, d'après le MNLA un manifestant est tué et cinq autres sont blessés. Le , certains représentants du MNLA annoncent que le mouvement reprend la guerre contre le gouvernement malien, ces déclarations sont cependant contestées par d'autres responsables du mouvement[425],[426],[427]. En , l'Algérie propose sa médiation pour négocier avec les groupes armés. Une plate-forme est signée à Alger, mais cet accord est dénoncé par des membres du HCUA et du MAA, alors que le MNLA avait boycotté la rencontre[428],[429],[430].

Pendant ce temps, la MINUSMA se déploie au Mali; Cependant le , 167 Casques bleus tchadiens désertent à Tessalit et regagnent Gao. Ces derniers se plaignent de pas avoir reçu leurs primes et leurs salaires et de ne pas avoir été relevés après 9 mois de présence au Mali[431],[432]. Au moins quatre de ces soldats sont accusés de viols à Gao[433].

Guérilla des djihadistes[modifier | modifier le code]

Des combattants d'AQMI

De leur côté, les forces françaises continuent de traquer les groupes djihadistes qui tentent d'organiser une guérilla. Le , elles découvrent et détruisent un camion contenant une tonne d'explosifs dans une forêt à 100 kilomètres à l'ouest d'Anéfif[434]. Le 1er octobre, les Français tuent onze djihadistes près de Douaya, dans la région de Tombouctou[435],[436]. Le , 700 soldats maliens et 500 à 600 soldats français du GTIA Désert lancent l'Opération Hydre dans le nord-est du Mali[437]. Aucun combat n'a lieu, car les djihadistes évitent le forces militaires. L'opération s'achève le [438], son principal bilan est la destruction d'un important dépôt logistique au nord-est de Tombouctou[439]. La nuit du 13 au , un pick-up est surpris dans le désert par les Français à 200 kilomètres à l'ouest de Tessalit, trois djihadistes sont tués, dont El-Hassen Ould Khalill, dit Jouleibib, lieutenant de Belmokhtar et ancien porte-parole des Signataires par le Sang[440],[441]. Le , l'armée française mène une opération dans les environs d'Araouane, dans le désert au nord de Tombouctou, tue 19 djihadistes et fait huit prisonniers. Les Français se portent ensuite jusqu'à Taoudeni, où il découvrent un camp, mais cette fois les islamistes parviennent à s'enfuir[442],[443]. Quelques jours plus tard, dans la nuit du 22 au , onze djihadistes sont tués dans un raid des forces spéciales près du village de Kondaoui, non loin d'Araouane[444].

Très affaiblis, les djihadistes continuent cependant de mener des attaques. À Tombouctou, le , quatre kamikazes conduisant un véhicule piégé se font exploser devant une caserne, tuant deux civils et blessant six militaires[445],[446]. L'attentat est revendiqué le lendemain par AQMI[447],[448]. Le , le MUJAO tire cinq obus sur la ville de Gao, quelques civils et deux soldats maliens sont blessés, dont un mortellement[449],[450],[451],[452],[453]. Le lendemain, un petit pont est dynamité à Bentia[454],[455]. Le , des kamikazes islamistes attaquent la garnison tchadienne à Tessalit, deux soldats tchadiens et cinq jihadistes sont tués[456]. Le soir du , sept djihadistes sont repérés par des soldats français à Ménaka, près d'un camp où 500 à 700 soldats nigériens et 24 soldats français sont présents. L'un d'eux se fait exploser sans faire de victimes et les autres prennent la fuite[457],[458],[459]. Le , deux Casques bleus sénégalais sont tués par un kamikaze à Kidal[460],[461].

Mutinerie des bérets vert à Kati[modifier | modifier le code]

Des troubles éclatent aussi à Kati où d'ancien putschistes bérets vert manifestent leur colère contre Amadou Haya Sanogo, promu général de corps d'armée le . Le et le 1er octobre, une trentaine de mutins réclament à leur tour des grades et des primes et tirent plusieurs coups de feu. Un lieutenant-colonel proche de Sanogo est blessé et retenu prisonnier pendant plusieurs heures[462],[463],[464]. Le , l'armée malienne reprend le contrôle du camp de Kati, une vingtaine de mutins sont arrêtés dont le capitaine Amadou Konaré et le colonel Youssouf Traoré[465],[466]. Quatre militaires maliens trouvent la mort dans ces événements[467]. Plusieurs autres sont portés disparus, dont le colonel Youssouf Traoré, ancien numéro quatre des putschistes, dont le corps est retrouvé près de Kati quelques semaines plus tard[468],[469],[470]. Le , le général Amadou Haya Sanogo, accusé de meurtre contre des prisonniers bérets rouges après le coup d'état de 2012, est arrêté à Kati[471].

Conflit communautaire entre Peuls et Touaregs imghad dans la région de Gao[modifier | modifier le code]

La région de Gao est également secouée par des conflits communautaires. À la fin du mois de , dans les environs de Tin-Hama et Djebok, des violences opposent les Touaregs imghad du général loyaliste El Hadj Ag Gamou à des Peuls insurgés accusés par les Imghad de faire partie du MUJAO. La nuit du 18 au dans le village d'Intakabar, près de Djebok, deux membres de la famille du général Gamou, un vieillard de 70 ans et une petite fille de 3 ans, sont assassinés par des Peuls[472]. Du 18 au , les combats font plusieurs morts chez les Touaregs et 53 tués du côté des Peuls[473],[474],[475]. Le , une trentaine de civils, majoritairement des Touaregs imghad, sont massacrés près de Tamkoutat. Le gouvernement malien et le MNLA accusent le MUJAO d'être responsables de cette tuerie, d'autres témoins évoquent un conflit communautaire entre Touaregs et Peuls[476]. En représailles, le MNLA attaque deux jours plus tard les auteurs présumés du massacre près de la frontière nigérienne, après le combat, le mouvement azawadien déclare que six djihadistes et un de ses combattants ont été tués[477].

2014[modifier | modifier le code]

Opérations contre les djihadistes entre janvier et mai[modifier | modifier le code]

Le , les 600 à 700 mineurs des mines de sel de Taoudeni sont chassés des lieux par des hommes armés et s'enfuient vers Tombouctou. Le groupe armé auquel ces derniers appartiennent n'est pas identifié. Accusés par certains, le MAA et le MNLA démentent et accusent les djihadistes[478]. Cependant quelques mois plus tard, le MAA affirmera contrôler les mines de Taoudeni[479].

En février, des habitants signalent de nombreux mouvements djihadistes au nord du Mali. Des familles abandonnent leurs villages, une dizaine de cadres du MNLA ont également été assassinés par des hommes d'AQMI. Le , près de Tessalit un hélicoptère français Tigre est la cible de tirs qui blessent légèrement un pilote. Le retour de combattants d'Ansar Dine est également signalé à Abeïbara, où ils distribuent de l'argent à des habitants, et à Boghassa, où ils forcent les villageois qui ne leur sont pas favorable à s'exiler[480],[481]. Quant à AQMI, des témoignages indiquent son retour dans les environs de l'Adrar Tigharghar, notamment à Telakak, Bakasso et dans la vallée de Dorayat[480]. Le , des drones Reaper repèrent un groupe de djihadistes dans la vallée de l'Ametettaï. Les Français engagent des Mirage 2000D et des hélicoptères Tigre qui tuent 11 rebelles salafistes[482], dont Omar Ould Hamaha