Indépendants de droite — Wikipédia

Indépendants de droite
Image illustrative de l’article Indépendants de droite
Léon Daudet en 1922, figure la plus saillante des Indépendants
Chambre Chambre des députés (Troisième République)
Législature(s) XIIe législature
Fondation 1919
Fusion de Groupe des droites
Disparition 1924
Ancien(s) nom(s) Indépendants
Partis membres Action française
Président Hyacinthe de Gailhard-Bancel
Représentation
29  /  619
Positionnement Droite
Idéologie Nationalisme intégral
Catholicisme social
Royalisme

Le groupe Indépendants de droite est un groupe parlementaire français qui officie de 1919 à 1924 à la Chambre des députés. Dirigé par Hyacinthe de Gailhard-Bancel, il rassemble vingt-neuf députés français tenants du catholicisme social. Son objectif est de permettre l'émergence (ou le retour) d'un « ordre social chrétien ».

Parfois appelé « groupe des Indépendants », ce vocable a entretenu la confusion pour deux raisons : tout d'abord la multiplicité des groupes parlementaires de la Troisième République et de la Quatrième République s'étant réclamés de l'épithète « indépendant » (Indépendants de gauche, indépendants républicains, indépendants et paysans d'action sociale etc.) mais surtout par le fait qu'un indépendant est habituellement un parlementaire non-inscrit à la Chambre des députés.

Contexte et idéologie[modifier | modifier le code]

Les élections législatives françaises de 1919 sont l'occasion d'une percée historique de la droite, grâce à la coalition du Bloc national. De fait, la droite française voit tous ses courants historiques représentés à la Chambre : légitimistes, orléanistes, royalistes d'Action française, ralliés à la République ainsi que libéraux[1].

Dans ce contexte, les tenants du catholicisme social[2], qu'ils soient royalistes ou non, ont l'opportunité de former un groupe d'une taille conséquence à la Chambre des députés, et c'est finalement sous l'impulsion de Hyacinthe de Gailhard-Bancel que ce dessein se réalise[3]. Ce groupe a un positionnement relativement similaire au groupe des droites, formation parlementaire monarchiste en activité de 1910 à 1919.

L'« ordre social chrétien » défendu par le groupe est conforme au versant social du nationalisme intégral[3], qui rejette dos-à-dos le conservatisme patronal et le syndicalisme révolutionnaire, deux attitudes qui menacent la société française et sont donc fondamentalement anti-patriotiques[4]. Dans la droite ligne des doctrines de l'Ancien Régime et des thèses d'Albert de Mun (bien que ce dernier soit hostile à l'Action française du fait de son ralliement à la République) et de René de La Tour du Pin, l'Action française prône en effet un retour au corporatisme, seule solution qui permet de mettre fin à la lutte des classes en associant patrons et travailleurs selon leur objet social au lieu de les diviser par leur classe sociale[4]. La convergence peut donc s'opérer sur le plan social entre les députés de l'Action française et les députés catholiques-sociaux plus traditionnels[3].

Activités et propositions[modifier | modifier le code]

Pour aider à la rédaction de propositions de lois cohérentes se met en place « un comité de travail extraparlementaire ». Ce Comité d'études législatives et sociales, hébergé Rue de Rome, dans les locaux de l'Action française, est « chargé de préparer, sur les questions sociales d'actualité, des textes que défendraient ensuite, devant les Assemblées, les parlementaires amis ». Le marquis Marie de Roux, le juriste de l'Action française, y conseille les Indépendants de droite dans la rédaction des propositions[3].

Le 27 décembre 1919, Hyacinthe de Gailhard-Bancel présente une proposition de loi tendant à modifier la loi du 9 avril 1898-22 mars 1902 concernant les responsabilités des accidents du travail dont étaient victimes les ouvriers[3].

Xavier Vallat dépose, le 23 juillet 1920, le texte d'un autre projet pour limiter la spéculation et réglementer l'accès des bourses de commerce[3].

Le 19 janvier 1922, Hyacinthe de Gailhard-Bancel demande l'organisation professionnelle et régionale d'assurances sociales. La proposition de loi se réfère directement dans ses motifs aux doctrines d'Albert de Mun et de René de La Tour du Pin[3].

François de Ramel propose, le 8 novembre 1922, de modifier les conditions des retraites des ouvriers mineurs. Il s'agit « notamment d'abaisser l'âge de la retraite normale à cinquante ans » et de « créer une caisse spéciale d'épargne et de sur-pension et une caisse d'amélioration » [3].

Le 15 mai 1923, Xavier Vallat, Léon Daudet et Ambroise Rendu proposent l'institution d'un Ordre des médecins[3], qui ne verra finalement le jour qu'en 1945.

Disparition[modifier | modifier le code]

En 1924, avec la victoire du Cartel des gauches aux élections législatives, une grande partie des membres du groupe parlementaire - et en particulier son président Hyacinthe de Gailhard-Bancel - ne parviennent pas à être réélus. Le groupe n'est donc pas reconduit. Néanmoins, d'autres initiatives ponctuelles reprenant le but du groupe et rassemblant d'anciens « Indépendants de droite » comme Xavier Vallat ainsi que de nouveaux députés ont lieu dans les quatre législatures suivantes, notamment grâce à la réactivation du Comité d'études législatives et sociales de l'Action française[3].

  • Au cours de la XVIe législature[3] :
    • 5 juin 1936 : René Dommange réclame la protection de la main-d’œuvre nationale employée en dehors des entreprises, et non plus seulement des salariés ;
    • 11 février 1938 : Xavier Vallat, Jean Le Cour-Grandmaison et René Dommange demandent l'organisation des professions « de façon que le travailleur y trouve la garantie efficace des libertés concrètes de l'homme, de la famille et de la profession » ainsi que la réforme des sociétés de capitaux contre « la fortune anonyme et vagabonde ».

Membres[modifier | modifier le code]

Les 29 membres du groupe des indépendants sont les suivants :

Quelques députés n'appartenant pas au groupe votent souvent avec les Indépendants de droite[5] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Becker, Jean Jacques., Victoire et frustrations : 1914-1929, Seuil, (OCLC 654565990, lire en ligne)
  2. Michel Leymarie, Jacques Prévotat et Olivier Dard, L' Action française: culture, société, politique, Presses Univ. Septentrion, (ISBN 978-2-7574-0043-2, lire en ligne)
  3. a b c d e f g h i j k l m et n Stéphane Boiron, « L'action française et les juristes catholiques », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, vol. 28, no 2,‎ , p. 337 (ISSN 1266-7862 et 2119-3851, DOI 10.3917/rfhip.028.0337, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Maurras, Charles, 1868-1952., Mes idées politiques. Texte établi par Pierre Chardon., Fayard, [1968] (OCLC 976601960, lire en ligne)
  5. Jean Garrigues, « Le moment parlementaire de l’Action française : 1919-1924 », dans L’Action française : culture, société, politique, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », (ISBN 978-2-7574-2123-9, lire en ligne), p. 243–253