Incident de l'Altmark — Wikipédia

L'Altmark au début de 1940 à Jøssingfjord, Norvège.

L’incident de l'Altmark est une escarmouche navale de la Seconde Guerre mondiale entre le Royaume-Uni et l'Allemagne nazie. Elle se déroule le dans les eaux alors neutres de la Norvège.

Contexte[modifier | modifier le code]

En , le pétrolier ravitailleur allemand Altmark fait route vers l'Allemagne avec 299 marins britanniques à son bord : il s'agit de prisonniers de guerre qui ont été recueillis sur les navires de commerces coulés par le croiseur Admiral Graf Spee. Sur son chemin vers l'Allemagne, l’Altmark passe à travers les eaux norvégiennes. Il est contrôlé à trois reprises par la Marine royale norvégienne. Il est tout d'abord arraisonné par le torpilleur HNoMS Trygg (en) près de l'île Linesøya, puis par le HNoMS Snøgg dans le Sognefjord et enfin par le contre-amiral Carsten Tank-Nielsen (de) commandant le HNoMS Garm (en) dans le Hjeltefjord. Dans chaque cas, les marins norvégiens montent à bord du bateau et y effectuent des recherches superficielles. Les Allemands disent que le navire ne réalise que des affaires purement commerciales. Après le troisième contrôle, l’Altmark est escorté vers le sud par les torpilleurs HNoMS Skarv et HNoMS Kjell (en) et le garde-côtes HNoMS Firern. Les prisonniers britanniques détenus dans la cale du navire tentent de se signaler en tapant sur la coque du bateau et en criant, au point que l'équipage allemand est obligé de couvrir le bruit par des treuils en marche. Toutefois, les Norvégiens n'inspectent pas la cale et autorisent le navire à poursuivre sa route.

Interception et abordage[modifier | modifier le code]

L’Altmark est ensuite repéré au large d'Egersund tard le même jour par un avion britannique, qui avertit la Royal Navy. Cet avion est stationné à la base de Thornaby dans le nord-est de l'Angleterre. Après avoir été intercepté par le HMS Cossack (destroyer de la Royal Navy), l’Altmark cherche refuge dans le Jøssingfjord, mais le HMS Cossack le suit le lendemain. Les navires norvégiens empêchent le HMS Cossack d'aborder l’Altmark et pointent leurs tubes lance-torpilles vers le Cossack. Le capitaine Philip Vian demande alors des instructions à l'Amirauté et reçoit les ordres suivants de Winston Churchill : « À moins que le torpilleur norvégien ne s'engage à convoyer l'Altmark à Bergen avec une garde anglo-norvégienne à bord et une escorte conjointe, vous devez aborder l'Altmark, libérer les prisonniers et prendre le contrôle du navire en attendant de nouvelles instructions. Si le torpilleur norvégien interfère, vous devez l'avertir de se tenir à l'écart. S'il vous tire dessus, vous ne devez pas riposter sauf si l'attaque est importante, dans ce cas vous devez vous défendre en usant d'aussi peu de force que nécessaire, et en cessant le feu quand il abandonne le combat[1]. ».

Le gouvernement britannique ne fait aucune objection particulière au fait qu'un bateau-prison traverse des eaux neutres. En fait, dans les documents officiels concernant l'incident ils notent le fait que la Royal Navy a déjà fait la même chose, comme en , lorsque le croiseur HMS Despatch passa le canal de Panama avec les prisonniers allemands du cargo Düsseldorf.

Les marins allemands morts sont ramenés à terre pour y être inhumés.

Les forces norvégiennes refusent de prendre part à une escorte commune, réitérant que leurs recherches antérieures sur l’Altmark n'ont rien donné. Vian déclare ensuite qu'il a l'intention de monter à bord de l’Altmark et invite les Norvégiens à y prendre part. Cette proposition est aussi refusée. Dans l'action qui suit, l’Altmark s'échoue. Les Britanniques montent à bord le à 22 h 20 et après quelques combats prennent le contrôle du navire. Six marins allemands sont tués et huit blessés par les Britanniques, dont sept en tentant de fuir sur la glace.

Le HMS Cossack quitte le Jøssingfjord juste après minuit le . Les navires d'escorte norvégiens protestent mais n’interviennent pas. L'explication officielle donnée plus tard par le gouvernement norvégien a été que selon un traité international, un pays neutre n'est pas obligé de résister à une force largement supérieure.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Les Norvégiens sont irrités que leur neutralité ait été violée et ne veulent pas être entraînés dans une guerre européenne. Néanmoins, l'incident de l’Altmark sème des doutes sur la neutralité norvégienne parmi les Alliés et en Allemagne. Les deux côtés ont des plans d'urgence pour une action militaire contre la Norvège, principalement pour contrôler le trafic du minerai de fer suédois, dont l'industrie allemande d'armement dépend. L'incident de l’Altmark convainc Hitler que les Alliés ne sauront pas respecter la neutralité norvégienne et, le , il décide d'intensifier la planification de l'opération Weserübung, l'occupation du Danemark et de la Norvège, qui a finalement lieu le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Texte originel : « Unless Norwegian torpedo-boat undertakes to convoy Altmark to Bergen with a joint Anglo-Norwegian guard on board, and a joint escort, you should board Altmark, liberate the prisoners, and take possession of the ship pending further instructions. If Norwegian torpedo-boat interferes, you should warn her to stand off. If she fires upon you, you should not reply unless attack is serious, in which case you should defend yourself, using no more force than is necessary, and ceasing fire when she desists. »