Formule de trigonométrie — Wikipédia

En mathématiques, une formule de trigonométrie est une relation faisant intervenir des fonctions trigonométriques, vérifiée pour toutes les valeurs possibles des variables intervenant dans la relation. Ces formules peuvent servir à simplifier une expression comportant des fonctions trigonométriques ou à la transformer (par exemple pour en calculer une primitive). Elles constituent donc une « boîte à outils » utile pour la résolution de problèmes.

Les fonctions trigonométriques sont définies géométriquement ou analytiquement. Elles servent beaucoup en intégration, pour intégrer des fonctions « non trigonométriques » : un procédé habituel consiste à effectuer un changement de variable en utilisant une fonction trigonométrique, et à simplifier ensuite l'intégrale obtenue avec les identités trigonométriques.

Notation : si ƒ est une fonction trigonométrique, ƒ2 désigne la fonction qui à tout réel x associe le carré de ƒ(x). Par exemple : cos2 x = (cos x)2.

Relations entre fonctions trigonométriques[modifier | modifier le code]

Les relations entre fonctions trigonométriques résultent d'une part des définitions

et d'autre part de l'application du théorème de Pythagore, notamment :

Relations entre fonctions trigonométriques dans le premier quadrant ()[1], éventuellement non valables en 0 ou
cos sin tan cot sec csc
cos
sin
tan
cot
sec
csc

Propriétés liées au cercle trigonométrique[modifier | modifier le code]

Symétries, parité[modifier | modifier le code]

Parité - Réflexion d'axe (θ = 0) Réflexion d'axe (θ = π/4) Réflexion d'axe (θ = π/2)

Note : Toutes ces formules sont également utilisables pour des ajouts d'angles, il suffit pour cela de prendre l'opposé : par exemple,. Il suffit ensuite d'appliquer la formule de simplification correspondante de la première colonne.

Périodicité, décalages[modifier | modifier le code]

Décalage de π/2 Décalage de π
(Période de tan et cot)
Décalage de
(Période de sin et cos)

Équations trigonométriques[modifier | modifier le code]

Certaines des relations ci-dessus sont renforcées par les équivalences suivantes[2] :

Formules d'addition et de différence[modifier | modifier le code]

Les deux formules principales sont les formules d'addition pour le cosinus et le sinus[3],[4] :

En remplaçant b par son opposé, on obtient aussi les formules de différence[4] :

Cos(a+b) et Sin(a+b)
Démonstration géométrique des formules d'addition de cos(a+b) et sin(a+b)

Le moyen le plus rapide pour les démontrer est, à partir de la définition analytique du cosinus et du sinus, d'utiliser les formules d'Euler.

Il existe de nombreuses autres démonstrations possibles, utilisant les propriétés d'une corde dans un cercle, la relation entre cosinus d'un angle et produit scalaire (en évaluant de deux façons différentes le produit scalaire des vecteurs (cos a, sin a) et (cos b, sin b), la propriété du changement de repère ou encore la démonstration matricielle ci-dessous.

On en déduit les formules d'addition et de différence pour la tangente et la cotangente. Par exemple pour l'addition[N 1] :

.
Exemple
.

Plus généralement, la tangente d'une somme de n angles[5] (resp. la cotangente) s'exprime en fonction des tangentes (resp. des cotangentes) de ces angles :

où les σk (pour 0 ≤ kn) sont les polynômes symétriques élémentaires. Pour n impair, il s'agit de la même fraction rationnelle ; par exemple pour n = 3[N 2] :

Une autre conséquence intéressante de la formule d'addition pour sin est qu'elle permet de ramener la combinaison linéaire d'un sinus et d'un cosinus à un sinus : si α est positif et sinon.

Formules de duplication et d'angle moitié[modifier | modifier le code]

Formules de l'angle double[modifier | modifier le code]

Appelées aussi « formules d'angle double », elles peuvent être obtenues, pour les deux premières[6], en remplaçant a et b par x dans les formules d'addition ou en utilisant la formule de Moivre avec n = 2. Les deux suivantes se déduisent de l'identité cos2x + sin2x = 1.

Formules de réduction du carré[modifier | modifier le code]

Ces formules[7],[8] permettent d'écrire cos2x et sin2x, donc aussi tan2x, en fonction du cosinus de l'angle double :

Formules de l'angle moitié[modifier | modifier le code]

Formules impliquant la « tangente de l'arc moitié »[modifier | modifier le code]

Si l'on pose, pour x ≠ π + 2kπ,

,

on a[9]

[N 3]

Dans le cas de changement de variable en intégration, on ajoutera la relation [9] : .

Ces formules permettent de simplifier des calculs trigonométriques en se ramenant à des calculs sur des fractions rationnelles. Elles permettent aussi de déterminer l'ensemble des points rationnels du cercle unité.

Formules de Simpson[modifier | modifier le code]

Les égalités suivantes, du nom de Thomas Simpson, ont servi historiquement aux calculs en goniométrie.

Transformation de produits en sommes, ou linéarisation[modifier | modifier le code]

(équivalente à la précédente par interversion de a et b).

Ces formules peuvent être démontrées en développant leurs membres de droite en utilisant les formules d'addition et de différence.

Transformation de sommes en produits, ou antilinéarisation[modifier | modifier le code]

(équivalente à la précédente en remplaçant q par –q).

Il suffit de remplacer a par p + q/2 et b par pq/2 dans les formules de transformation de produit en somme. On en déduit une généralisation des formules de la tangente de l'angle moitié :

.

Par ailleurs, on déduit directement de la formule d'addition pour sin :

.

Formules d'Euler[modifier | modifier le code]

i est l'unité imaginaire. On en déduit que

Formule de Moivre et formules d'angle multiple[modifier | modifier le code]

La formule de Moivre s'écrit :

.

Par la formule du binôme, elle équivaut à :

.

Compte tenu de sin2 x = 1- cos2x, si l'on pose

,

on a cos(nx) = Tn(cos x) et sin((n+1)x) = sin(x) Un(cos x).

Le polynôme Tn (resp. Un) est le n-ième polynôme de Tchebychev de première (resp. seconde) espèce.

Par exemple

.

La formule de Moivre permet aussi d'exprimer tan(nx) en fonction de tan x par la relation

.

Par exemple

.

Linéarisation[modifier | modifier le code]

La linéarisation d'une expression cospx sinqx a pour but de l'exprimer comme combinaison linéaire de divers cos(nx) (si q est pair) ou sin(nx) (si q est impair) — par exemple pour en calculer une primitive. On peut utiliser soit les formules de transformation de produits en sommes ci-dessus, soit les formules d'Euler :

Il suffit ensuite de

  • développer chacun des deux facteurs grâce à la formule du binôme de Newton,
  • développer le produit des deux sommes obtenues (par distributivité),
  • simplifier les termes en utilisant que
  • puis les regrouper, sachant que

Si l'un des deux exposants p ou q est nul, en appelant « degré » la valeur de l'autre, on a :

Calcul de sommes partielles de séries trigonométriques à coefficients constants[modifier | modifier le code]

Les sommes et ont les expressions closes suivantes, pour  :

.

On démontre ces formules en remarquant que et en utilisant les sommes de suites géométriques, ou en multipliant par et en linéarisant.

On en déduit que .

Pour , .


Ces formules permettent d'exprimer le noyau de Dirichlet Dn , fonction définie par :

pour tout réel x,

Le produit de convolution de n'importe quelle fonction de carré intégrable et de période avec le noyau de Dirichlet coïncide avec la somme d'ordre n de sa série de Fourier.

Fonctions trigonométriques réciproques[modifier | modifier le code]

Ce sont les fonctions réciproques des fonctions sinus, cosinus et tangente.

Si alors

.

Si alors

.
On a également l'identité suivante :

.

Beaucoup d'identités similaires aux suivantes peuvent être obtenues à partir du théorème de Pythagore.

Relations entre fonctions trigonométriques inverses pour x > 0
arccos arcsin arctan arccot
arccos
arcsin
arctan
arccot

Propriétés métriques dans un triangle quelconque[modifier | modifier le code]

Théorème d'Al-Kashi ou loi des cosinus[modifier | modifier le code]

Fig. 1 - Notations usuelles dans un triangle quelconque.

Soit ABC un triangle, dans lequel on utilise les notations usuelles : d'une part α, β et γ pour les mesures des angles et, d'autre part, a, b et c pour les longueurs des côtés respectivement opposés à ces angles (voir figure ci-contre). Alors on a :

Formule des sinus[modifier | modifier le code]

En notant de plus S l'aire du triangle et R le rayon de son cercle circonscrit (voir figure ci-contre), on a :

D'autre part, S est le produit du demi-périmètre p = a + b + c/2 par le rayon r du cercle inscrit.

Formule des différences des côtés[modifier | modifier le code]

.
.
.

Relations entre les angles[modifier | modifier le code]

En utilisant le fait que on obtient de nombreuses relations trigonométriques, dont par exemple :

Identités sans variable[modifier | modifier le code]

.

Une telle identité est un exemple d'identité qui ne contient pas de variable ; elle s'obtient à partir de l'égalité :

.
  • Autres exemples :

Les facteurs 1, 2, 4, 5, 8, 10 sont les entiers inférieurs à 21/2 qui n'ont pas de facteur commun avec 21.

Ces exemples sont des conséquences d'un résultat de base sur les polynômes cyclotomiques ; les cosinus sont les parties réelles des racines de ces polynômes ; la somme des zéros donne la valeur de la fonction de Möbius en 21 (dans le tout dernier cas qui précède) ; seulement la moitié des racines sont présentes dans ces relations.

  • Dans cet article, on trouvera des identités faisant intervenir l'angle , comme
  • et dans celui-ci, des identités faisant intervenir l'angle , comme .
  • Autres identités classiques[N 4] :
    • , dont on déduit .
    • , dont on déduit .
    • , dont on déduit .

En analyse[modifier | modifier le code]

En analyse, il est essentiel que les angles qui apparaissent comme arguments de fonctions trigonométriques soient mesurés en radians ; s'ils sont mesurés en degrés ou dans n'importe quelle autre unité, alors les relations reportées ci-dessous deviennent fausses.

Encadrement[modifier | modifier le code]

La signification géométrique du sinus et de la tangente « montre[10] » — et le théorème des accroissements finis démontre — que

Cet encadrement est souvent utilisé ; deux exemples en sont la méthode d'Archimède pour le calcul du nombre π (voir quadrature du cercle) et le problème de Bâle.

En changeant x en arctan x , on obtient :

En changeant x en arcsin x, on obtient :

Dérivées[modifier | modifier le code]

Les dérivées de sin et cos peuvent se déduire l'une de l'autre par décalage de π/2. Elles sont :

Les autres fonctions trigonométriques peuvent être dérivées en utilisant les identités précédentes et les règles de dérivation. Par exemple :

Primitives[modifier | modifier le code]

Les identités sur les intégrales peuvent être trouvées dans la table des primitives de fonctions trigonométriques.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pour une démonstration du développement de tan(a + b), voir par exemple ce chapitre de la leçon « Trigonométrie » sur Wikiversité. Celui de cot(a + b) se démontre de même.
  2. Voir « Loi des cotangentes » pour une utilisation.
  3. Sous réserve que t soit différent de ±1, c'est-à-dire xπ/2 + kπ.
  4. Voir plus généralement cette liste d'identités sur Wikiversité.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Milton Abramowitz et Irene Stegun, Handbook of Mathematical Functions with Formulas, Graphs, and Mathematical Tables [détail de l’édition] (lire en ligne), p. 73, 4.3.45.
  2. Arthur Adam et Francis Lousberg, Espace Math 5e/6e, De Boeck, (lire en ligne), p. 144.
  3. Lionel Porcheron, Le formulaire MPSI, MP, Dunod, , 4e éd. (lire en ligne), p. 178.
  4. a et b Dany-Jack Mercier, L'épreuve d'exposé au CAPES mathématiques, vol. 2, Publibook, (lire en ligne), p. 168.
  5. (en) Martin Erickson, Aha! Solutions, MAA, (lire en ligne), p. 30-31.
  6. Collectif, Objectif Bac - Toutes les matières - Term STI2D, Hachette, (lire en ligne), p. 18.
  7. Mercier 2006, p. 169.
  8. « Formules de Carnot » (Adam et Lousberg 2003, p. 143).
  9. a et b Jean-Pierre Ramis, André Warusfel et al., Mathématiques Tout-en-un pour la Licence - Niveau L1, Dunod, 2e éd. (lire en ligne), p. 676.
  10. (en) Fred Richman, « A Circular Argument », The College Mathematics Journal (en), vol. 24, no 2,‎ , p. 160-162 (lire en ligne).
  11. Détaillé dans Fonctions trigonométriques/Propriétés préliminaires sur Wikiversité.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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