Hindouisme au Pakistan — Wikipédia

Hindouisme au Pakistan
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Holi célébré au Pakistan.
Religion Hindouisme
Pays Pakistan
Date (1er contact) 14 août 1947,
fondation du Pakistan
Langue(s) sindhi, autres
Population 4 444 870 (rec. 2017)

L’hindouisme au Pakistan représente la deuxième religion après l'Islam et donc la première minorité religieuse devant le christianisme. Il représenterait, selon le recensement national de 2017, environ 2,1 % de la population soit 4,4 millions d'habitants. Ils vivent essentiellement dans la province méridionale du Sind, où ils représentaient 8,7 % de la population.

La plupart des hindous ont quitté le Pakistan peu après sa fondation lors de la sanglante partition des Indes en 1947. Les hindous pakistanais souffrent, à l'instar des autres minorités religieuses du pays, de fortes discriminations et de violences régulières. Ils estiment également être sous-évalués dans les différentes études officielles.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Région de l'Inde concernée par la période Védique

L'histoire de l'hindouisme a de nombreuses ramifications dans des régions qui se sont retrouvées plus tard au Pakistan. La région de l'Inde où le védisme trouve ses origines, aux alentours de 1500 av J.-C., se trouve aujourd'hui en grande partie au Pakistan. Le royaume antique de Gandhara, qui a connu l'émergence de l'hindouisme, se trouvait sur des terres aujourd'hui situées au Pakistan et a vu une partie de la littérature mythologique hindouiste s'y développer, comme le Mahabharata ou le Ramayana. Le Rig-Véda, l'un des quatre grands textes canoniques (Śruti) de l'hindouisme est originaire de la région du Pendjab, dont les deux-tiers constitueront plus tard la province pakistanaise du Pendjab[1].

Le Pakistan compte ainsi une partie de l'héritage hindouiste, notamment des temples situés dans toutes les provinces du pays. Les hindous cessent d'être majoritaires dans les régions constituants plus tard le Pakistan après les conquêtes musulmanes des Indes qui voient l'avènement du sultanat de Delhi au XIIIe siècle puis de l'Empire moghol au XVIe siècle[2].

Indépendance[modifier | modifier le code]

Temples Katas Raj près de Choa Saidanshah.

Durant la première moitié du XXe siècle, alors que le sous-continent indien est sous colonisation britannique, les partisans de l'indépendance vont progressivement se diviser sur des bases religieuses. Alors que les meneurs les plus puissants, ceux du Congrès national indien, revendiquent une certaine laïcité, bien qu'ils soient majoritairement hindous, d'autres formations émergent sur des bases religieuses. Des nationalistes hindous se réunissent autour du Hindu Mahasabha et surtout la Ligue musulmane va progressivement réunir des musulmans indiens, notamment dans les régions où ils sont majoritaires. Alors que les négociations politiques sont dans l'impasse, les violences religieuses vont se multiplier en Inde, jusqu'à leur paroxysme durant la partition des Indes en 1947 avec entre un et deux millions de morts[2].

En 1947, les hindous représentaient près de 24 % de la population du Pakistan alors tout juste fondé, en prenant en compte l'actuel Bangladesh, qui était alors une province du Pakistan dénommée Bengale oriental[3]. Les indépendances de l'Inde et du Pakistan avec la partition du sous-continent vont entrainer des massacres à grande échelle et des déplacements de population des croyants s'étant retrouvés dans le « mauvais » pays. Sans prendre en compte le Bengale oriental cette fois, près de 4,7 millions de personnes fuient l'actuel Pakistan, en grande majorité des hindous, les autres étant des sikhs. Cela représente alors plus de 10 % de la population de cette partie du pays, alors que les hindous étaient près de 14 % en 1941. Dans le même temps, près de 6,5 millions de musulmans rejoignent le Pakistan[4]. Les déplacements les plus impressionnants ont lieu au Pendjab, qui est séparé en deux par la partition. Le Bengale connait aussi violences et déplacements massifs de population alors que de manière analogue au Pendjab, il est divisé en deux sur des bases religieuses. Dans le même temps, les déplacements et violences contre les hindous sont bien moins importants dans le Sind, mais les violences de 1948 accentuent les départs dans cette province[5].

Déclin et persécutions[modifier | modifier le code]

Festival hindou organisé dans le district de Lasbela, province du Baloutchistan.

Alors que les hindous représentaient près de 14 % de la population de l'actuel Pakistan en 1941, ils sont seulement 1,3 % selon le premier recensement mené par les autorités pakistanaises en 1951. Le déclin a donc été brutal, et surtout imputable aux déplacements massifs de population de la partition des Indes. Leur part dans la population pakistanaise s'affiche en légère hausse selon les études successives du gouvernement pakistanais[3]. Entre 1998 et 2017, l'hindouisme est la religion progressant le plus vite, étant donné que les hindous pakistanais sont essentiellement pauvres et ruraux, et présentent donc un taux de fécondité supérieur à la moyenne nationale.

Les hindous sont victimes au Pakistan de nombreuses violences et discrimination, en plus de l'inaction des autorités qui les considéreraient comme des « citoyens de seconde catégorie ». Ils ont notamment beaucoup de difficulté à pratiquer leur religion librement. Plusieurs centaines d'hindous continueraient ainsi à fuir le pays pour l'Inde chaque année[6].

Démographie[modifier | modifier le code]

Part d'hindous par district, en 2017.

En 1951, au lendemain de la partition des Indes, le Pakistan ne compte que 1,3 % d'hindous au sein de sa population selon le premier recensement du pays. Ce chiffre exclu le Bengale oriental, qui compte alors 22 % d'hindous, avant de devenir le Bangladesh en 1971. Selon les études suivantes menées par les autorités, la part d'hindous dans la population augmente très légèrement : 1,4 % en 1961, 1,5 % en 1981, 1,6 % en 1998 et enfin 2,1 % en 2017[3].

Plus de 90 % des hindous vivent dans le Sind, soit 8,7 % de la population provinciale, notamment dans les districts de Tharparkar, Mirpurkhas et d'Umerkot où ils représentent 44 % de la population, et sont majoritaires dans le dernier. Avec 2,11 millions de croyants en 1998, l'hindouisme est de peu la deuxième plus importante religion du pays devant le christianisme qui compte 2,09 millions de fidèles selon les autorités[7],[8]. Selon le recensement de 2017, les hindous sont 4,44 millions et représentent la communauté religieuse progressant le plus vite, dépassant largement les chrétiens[9].

Une étude menée par le Conseil des hindous du Pakistan estime plutôt le nombre d'hindous à près de huit millions (2011), dont 6,8 millions dans le Sind, soit près de 4 % de la population du pays[10]. Les sources de cette étude ne sont toutefois pas citées[3]. Selon une étude indépendante du Pew Research Center, leur part dans la population s'établit à 1,9 % soit 3,33 millions d'individus en 2010[11].

Recensement de 2017
Province/territoire Population hindoue[9] % de la pop. locale[9] % de la pop. hindoue
Sind 4 176 986 8,73 % 93,97 %
Pendjab 211 641 0,19 % 4,76 %
Baloutchistan 48 133 0,39 % 1,08 %
Khyber Pakhtunkhwa 6 073 0,02 % 0,14 %
Territoire fédéral d'Islamabad 737 0,04 % 0,02 %
Régions tribales 300 0,01 % 0,01 %
Pakistan 4 444 870 2,14 % 100 %

Politique[modifier | modifier le code]

La sénatrice hindoue Krishna Kohli et sa mère.

La communauté hindoue du Pakistan est représentée par un système de sièges réservés aux minorités religieuses dans les assemblées législatives. Ainsi, sur les dix sièges réservés aux minorités sur un total de 342 députés à l'Assemblée nationale, entre quatre et cinq sièges vont à des hindous. Ceux-ci sont désignés au sein des partis politiques arrivés en tête lors des élections directes. Un hindou peut aussi être élu directement par le peuple, mais dans la pratique, cela n'est arrivé pour la première dans l'histoire du Pakistan que lors des élections législatives de 2013 pour un siège provincial et lors des élections de 2018 pour un siège national. À cette occasion, un député national hindou a été élu ainsi que deux députés à l'Assemblée provinciale du Sind, tous membres du Parti du peuple pakistanais et originaires des districts de Tharparkar et Umerkot[12].

En , Krishna Kohli est la première femme hindoue issue d'une caste intouchable à être élue sénatrice sur un siège réservé, toujours membre du Parti du peuple pakistanais[13].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Rigveda sur Encyclopædia Britannica
  2. a et b (en) William Dalrymple, « The Great Divide », sur The New Yorker, (consulté le )
  3. a b c et d (en) Anand Ranganathan, « The Vanishing Hindus of Pakistan – a Demographic Study », sur newslaundry.com, (consulté le )
  4. (en) Arif Hasan et Mansoor Raza, Migration and Small Towns in Pakistan, Oxford University Press, , 250 p. (ISBN 978-0-19-906065-8, lire en ligne), p. 12
  5. (en) The Making of Exile: Sindhi Hindus and the Partition of India sur 1947partitionarchive.org
  6. (en) « Why Pakistani Hindus leave their homes for India », sur BBC News, (consulté le )
  7. (en) Population Distribution by Religion, 1998 Census sur pbs.gov.pk
  8. (en) POPULATION BY RELIGION sur pbs.gov.pk
  9. a b et c (en) Population by mother tongue, sex and rural/urban - Pakistan sur pbs.gov.pk
  10. (en) Population of Hindus in the Pakistan sur pakistanhinducouncil.org.pk
  11. (en) 10 Countries With the Largest Hindu Populations, 2010 and 2050 sur Pew Research Center, le 2 avril 2015
  12. (en) Imdad Soomro, « 3 Hindus elected from Muslim majority areas », sur The News International, (consulté le )
  13. (en) « Hindu woman elected to Pakistan's senate in historic first », sur Times of India, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]