Henriette de France (1727-1752) — Wikipédia

Anne-Henriette de France
Description de cette image, également commentée ci-après
Madame Henriette jouant de la basse de viole par Jean-Marc Nattier, 1754.
Biographie
Titulature Fille de France
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Anne-Henriette de France
Surnom Madame Seconde
Madame Henriette
Naissance
Château de Versailles (Royaume de France)
Décès (à 24 ans)
Château de Versailles (Royaume de France)
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Louis XV
Mère Marie Leszczynska
Conjoint Aucun
Enfants Aucun
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Anne-Henriette de France

Description de cette image, également commentée ci-après

Anne-Henriette de France, dite Madame Seconde puis Madame Henriette, est née au château de Versailles le 14 août 1727 et est morte au même endroit le 10 février 1752. Elle est l'une des huit filles de Louis XV et de Marie Leszczynska. Elle est la soeur jumelle de Louise-Élisabeth, épouse de Philippe Ier, duc de Parme. Henriette fut réputée pour être la fille préférée du couple royal, et se signala surtout par sa grande douceur et ses qualités de cœur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Un mariage royal[modifier | modifier le code]

Succédant à son arrière-grand-père Louis XIV, dont le règne brillant fut un des plus longs que l'histoire ait connus, le roi Louis XV, orphelin de bonne heure, était âgé de 5 ans et six mois lors de son avènement. Son oncle et plus proche parent mâle étant le roi d'Espagne, Philippe V, qui avait renoncé à contre-cœur pour lui et ses descendants à la couronne de France, la régence fut assumée par Philippe d'Orléans, neveu et gendre du défunt roi.

Sacré en à Reims, le jeune Louis XV fut déclaré majeur en . Il confia le pouvoir à l'ex-régent qui mourut en décembre de la même année. A peine âgé de 13 ans, le roi orphelin confia le pouvoir à un autre membre de sa famille, Louis IV Henri de Bourbon-Condé. Celui-ci, gouverné par sa mère et surtout sa maîtresse, se posait en rival des Orléans et chaque maladie du jeune roi le mettait en transe. En 1724, la duchesse douairière d'Orléans, dans l'expectative de la mort du roi adolescent et convoitant le trône pour son propre fils maria ce dernier prestement. En , le roi qui venait de fêter son quinzième anniversaire, se trouva une fois encore malade. Le duc de Bourbon n'hésita plus.

Il voulut marier le roi afin de contrecarrer les partisans de Louis d'Orléans qui avait trouvé en son épouse l'amour de sa vie. Le but était de donner au plus vite une descendance à la maison de Bourbon, décimée par les maladies et les accidents entre 1711 et 1715. Cependant, le duc de Bourbon n'élit pas une princesse issue des grandes dynasties catholiques européennes régnantes. Sa maîtresse, craignant l'influence que pourrait prendre sur le jeune souverain une épouse digne de son rang, choisit une princesse en exil, fille d'un roi de Pologne fantoche imposé par la Suède puis chassé par les Russes et les Autrichiens : Marie Leszczynska. Le duc de Bourbon souhaitait surtout une princesse en âge de donner un hériter au trône dans le cas où le roi ne survivrait pas.

La jeune femme avait sept ans de plus que son futur époux, et pouvait être considérée comme une vieille fille de province, ne connaissant rien à la vie de cour. La maîtresse du duc calculait que, par reconnaissance, la nouvelle reine lui serait totalement soumise. Cependant, dès l'année suivante, le duc, particulièrement impopulaire, perdait la confiance du roi, se trouvait disgracié, séparé de sa maîtresse et reclus dans un de ses châteaux tandis que sa maîtresse trouvait une mort prématurée. La jeune reine, qui avait voulu s'entremettre, s'y prit si mal qu'elle perdit à jamais l'influence politique qu'elle aurait pu avoir sur son mari. Néanmoins, le roi gardait son affection à son épouse qui conservait sa mission de devenir la mère du futur héritier.

Le roi fait "coup double"[modifier | modifier le code]

Le premier accouchement de la reine était donc très attendu. Mais à la place du dauphin espéré, ce furent deux princesses qui virent le jour. La surprise et la déception furent grandes et les ragots commençaient à fuser quand le roi, heureux père de 17 ans, s'exclama joyeusement : « On avait dit que je ne pouvais pas avoir d'enfant, eh bien j'ai fait coup double ». Et il demanda à haute voix à la reine de donner rendez-vous à son accoucheur pour l'année suivante. Venue au jour après sa sœur, Madame Henriette fut considérée comme fille puînée nommée « Madame Seconde » avant son baptême[1] à Versailles le et ensuite « Madame Henriette ». Son parrain désigné fut Louis IV Henri de Bourbon-Condé et sa marraine Louise-Anne de Bourbon-Condé.

Une famille nombreuse[modifier | modifier le code]

Marie Leszczyńska, reine de France et le Dauphin Louis par Alexis Simon Belle, vers 1730.

L'année suivante, une autre fille vint au monde (qui ne vécut que 5 ans) mais en 1729 naquit enfin le dauphin tant espéré. Cela faisait 68 ans qu'un dauphin n'était pas né en France et la naissance de l'héritier du trône fut célébrée avec faste. En 1730, un petit duc d'Anjou prit le second rang dans la succession royale mais le rendit après trois ans d'existence. De 1732 à 1737 les naissances de cinq filles se succédèrent.

En 1738, une fausse-couche obligea les médecins à déclarer à la reine qu'une onzième grossesse lui serait fatale. Sans rien oser dire et encore moins prévenir son mari, la reine, qui s'était parfois plainte de ses nombreuses grossesses, ferma sa porte au roi qui, toujours jeune homme tandis que la reine devenait une vieille femme, commença la carrière d'adultère qui le rendit si impopulaire.

Peut-être pour des raisons d'économie, le cardinal de Fleury qui tenait les fonctions de premier ministre convainquit alors le roi, qui l'aimait comme un père, de confier l'éducation de ses filles au plus prestigieux couvent de France, l'abbaye de Fontevrault dont l'abbesse était toujours une dame de la plus haute noblesse : si les jumelles étaient dispensées du voyage (on songeait déjà à marier l'aînée), la pétillante Madame Adélaïde, du haut de ses six ans, sut au dernier moment attendrir son père et resta à Versailles avec ses aînées et son frère tandis que les filles cadettes, Victoire, Sophie, Thérèse-Félicité, et Louise, 1 an quittèrent la cour pour un lieu moins corrompu.

Une série de mariages[modifier | modifier le code]

L'année suivante, Madame Élisabeth, fut mariée à l'infant Philippe d'Espagne, troisième fils du roi Philippe V d'Espagne. Il s'agissait de consolider l'union entre les branches française et espagnole de la maison de Bourbon. Les souverains espagnols avaient été humiliés par la rupture des fiançailles de Louis XV avec l'infante Marie-Anne-Victoire en 1725. En signe de réconciliation, le dauphin était promis à l'infante Marie-Thérèse et Élisabeth devait épouser l'infant. Le mariage n'était guère brillant pour la fille aînée du plus puissant roi d'Europe : l'infant, troisième dans l'ordre de succession n'était pas appelé à ceindre la couronne. La princesse devrait laisser le pas à ses belles-sœurs, une infante de Portugal et une duchesse de Saxe, princesses issues de dynasties moins prestigieuses sans parler de sa belle-mère, née princesse de Parme. Fière de son sang, la jeune princesse vécut mal cette relégation. La séparation des trois enfants aînés du roi fut déchirante. « Hélas, c'est pour toujours ! » se lamentait le dauphin. En 1741, la jeune infante d'Espagne donna une fille à son mari qui combattait en Italie pendant la guerre de Succession d'Autriche. Louis XV devenait grand-père à 31 ans.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Madame Henriette de France en vestale par Jean-Marc Nattier, vers 1749.

On lui prêta une idylle avec son cousin le duc de Chartres. Le roi, qui posa d'abord sur cette idylle un regard bienveillant, dut finalement, pour des raisons diplomatiques, s'opposer à ce mariage qui aurait trop élevé le futur chef de cette branche cadette de la maison de France et aurait alors indisposé Philippe V, plus proche successeur du roi au cas où le dauphin Louis mourût sans descendance mâle survivante. Comme son frère et ses sœurs, Madame Henriette se passionna pour la musique. En témoigne le célèbre portrait de Jean-Marc Nattier, Madame Henriette jouant de la basse de viole, instrument qu'elle étudia avec Jean-Baptiste Forqueray. On célébra en 1745 le mariage convenu du dauphin âgé de 15 ans avec l'infante d'Espagne qui en avait alors 18. Au cours des fêtes qui suivirent, le roi rencontra la châtelaine d'Etiolles, charmante jeune femme du monde de la finance. Le roi en fit rapidement sa maîtresse et, pour qu'elle pût être présentée à la cour et y tenir une charge, la titra marquise de Pompadour. La reine se résigna à la présence de cette quatrième favorite royale qui, à la différence des trois premières issues de la Haute Noblesse, la traitait avec respect et ménagement.

Décès[modifier | modifier le code]

De santé délicate, Henriette décéda prématurément le , à seulement 24 ans de la petite vérole[2], à la suite d'une course en traîneau avec son père sur un canal gelé. La fièvre emporta la fille favorite de Louis XV, après une existence solitaire et effacée. La famille royale fut très affectée par la mort de la princesse. Le roi commençait à être impopulaire auprès du peuple, et l'on prétendit que la mort de sa fille préférée était un châtiment divin pour punir le roi adultère.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. AD 78, registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame de Versailles, année 1737, vue 27/76
  2. « Biographie et œuvre de Jean-Marc Nattier », sur www.rivagedeboheme.fr (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]