Hara (Tunis) — Wikipédia

Photo de la synagogue de la Hara avant sa destruction.

La Hara (arabe : الحارة), actuellement appelée Hafsia, a été le quartier juif de la médina de Tunis.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Hara, un mot du dialecte arabe tunisien signifiant « quatre », est en rapport avec le nombre de familles juives qui ont fondé le quartier, et qui était quatre selon les histoires populaires.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Les origines de la Hara ne sont pas très bien définies. Selon R. Bonquero de Voligny, et jusqu'au XIIe siècle, les Juifs n'avaient pas le droit à passer la nuit dans la médina de Tunis. Ils devaient sortir chaque jour avant la fermeture des portes, et donc s'abriter dans les alentours de la ville, surtout dans le village de Mellassine. Ceci les expose à des braquages par les pillards du quartier[1].

Légende de Sidi Mehrez[modifier | modifier le code]

Selon la légende, les Juifs ont demandé l'intervention de Sidi Mahrez afin de convaincre le sultan de leur permettre de s'installer à l'intérieur de la médina et se protéger. Pour cela, ils fabriquent deux poignards damasquinés en or et offrent l'un d'eux au sultan comme signe de respect et d'admiration[1],[2]. Ensuite, le rabbin, chef de la délégation qui s'est présentée au sultan, lui dit qu'il existe un deuxième exemplaire qui se trouve à Constantinople, mais que Sidi Mahrez, un serviteur fidèle du sultan, peut le ramener grâce à ses pouvoirs magiques. Entre-temps, les Juifs implorent Sidi Mahrez de jouer le rôle et ramener le poignard au sultan pour demander, comme récompense, l'admission de quatre familles juives à l'intérieur de la médina. Le saint accepte et arrive à convaincre le sultan d'introduire une hara de famille juives (quatre). Mais vu que les familles juives étaient très nombreuses et étendues, toutes les personnes qui vivaient à Mellassine ont pu y entrer[1].

Pour le choix de l'emplacement du nouveau quartier, le sultan demande à Sidi Mahrez de lancer son bâton à partir du sommet du minaret de sa moquée dans le faubourg de Bab Souika. Là où tombe le bâton, les Juifs ont construit leurs premières demeures intra-murales de l'histoire de Tunis[1].

Démolition[modifier | modifier le code]

État actuel de la Hara devenue la Hafsia.

La Hara a subi deux phases de démolition successives : la première entre 1936 et 1938[3] puis la seconde dans les années 1960[4].

Culture populaire[modifier | modifier le code]

La hara est décrite dans les deux premières parties du roman Les Belles de Tunis de Nine Moati, à travers les aventures de Myriam, l'une des trois héroïnes du conte[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Abdelkrim Allagui, Juifs et musulmans en Tunisie : des origines à nos jours, Paris, Tallandier/Projet Aladin, , 190 p. (ISBN 979-10-210-2077-1), p. 26-29.
  2. « Légende de la Hara de Tunis », sur lepetitjournal.com (consulté le ).
  3. « El Hara », sur commune-tunis.gov.tn (consulté le ).
  4. Lotfi Ben Khelifa, « Sur les traces d'un quartier rasé », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Serge Koster, « Nine Moati et Les Belles de Tunis », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]