Haguro (navire) — Wikipédia

Haguro
illustration de Haguro (navire)
Croiseur lourd Haguro.

Type Croiseur lourd
Classe Myōkō
Histoire
A servi dans  Marine impériale japonaise
Chantier naval Chantiers Mitsubishi, Nagasaki Drapeau du Japon Japon
Commandé en 1924
Quille posée
Lancement
Armé
Statut coulé dans le détroit de Malacca, près de Penang, le
Équipage
Équipage 773 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 201,7 m
Maître-bau 20,73 m
Tirant d'eau 6,32 m
Déplacement 13 300 tonnes
Propulsion 4 turbines (12 chaudières)
Puissance 130 000 ch
Vitesse 33,75 nœuds
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 100 mm
pont = 37 mm
Armement À l'origine :
(5×2) canons de 200 mm
6 pièces simples de 120 mm
4 mitrailleuses Vickers x 13,2 mm (DCA)
(4×3) tubes lance-torpilles de 610 mm
Après refonte :
(5×2) canons de 203 mm
(4×2) canons de 127 mm Type89
jusqu'à 52 x 25 mm AA type 96
(2×4) tubes lance-torpilles de 610 mm
Rayon d'action 8 000 milles nautiques à 14 nœuds
Aéronefs 2 puis 3 avions
Pavillon Empire du Japon

Le Haguro (羽黒?) fut le troisième des quatre croiseurs lourds de 10 000 tonnes de la classe Myōkō - construits au titre du Nouveau Programme de Renforcement de 1923 - à avoir été mis en service par la Marine impériale japonaise. Il a été commandé aux chantiers Mitsubishi de Nagasaki et construit de 1925 à 1929. Modernisé en 1936 et en 1940, il a pris une part active, de 1937 à 1945, aux opérations navales de la Marine impériale japonaise pendant la seconde guerre sino-japonaise, puis pendant la guerre du Pacifique. Il a fini coulé à la bataille du détroit de Malacca le .

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le Haguro en construction aux Chantiers Mitsubishi de Nagasaki, en 1928
Le Haguro à grande vitesse, par mer forte, en 1936

Le Haguro a été commandé aux Chantiers Mitsubishi de Nagasaki. Il a été mis sur cale le , lancé le , et admis en armement définitif le , jour où il a été incorporé dans la flotte japonaise.

Il avait à sa mise en service un déplacement déclaré de 10 000 tonnes selon les stipulations du traité naval de Washington de 1922 (en réalité 10 940 tonnes), mesurait 201 m de long, avait un blindage de coque atteignant 100 mm d'épaisseur et était capable d'une vitesse de 35,5 nœuds, grâce à un appareil propulsif développant 130 000 ch. Son armement principal comptait dix canons de 200 mm[1] en cinq tourelles doubles axiales : trois à l'avant, dont deux superposées, et deux superposées à l'arrière, ainsi que douze tubes lance-torpilles “Longue Lance de 610 mm intégrés dans la coque. Il avait une catapulte pouvant mettre en œuvre deux hydravions.

Au cours d'une première grande refonte en 1936, son artillerie principale a été équipée de canons plus puissants de 203 mm 2 GÔ (Mark II)[2]. Son artillerie secondaire de six pièces simples de 120 mm a été remplacée par quatre tourelles doubles de 127 mm Type 89[3]. La Défense Contre Avions a été renforcée par quatre affûts doubles de 25 mm Type 96 sous licence Hotchkiss. Les douze tubes lance-torpilles fixes de 610 mm, en deux groupes de trois de chaque bord, dans la coque à hauteur du pont principal, ont été remplacés par deux plates-formes quadruples orientables installées sur le pont supérieur. Une seconde catapulte a été installée, permettant la mise en œuvre de trois appareils. Ces modifications ont conduit à un accroissement du déplacement qui a atteint 13 380 tonnes mais à une période où l'empire du Japon n'était plus lié par les limites maximales de déplacement stipulées par le traité de Washington. Le maitre-bau et le tirant d'eau ayant été accrus (portés respectivement à 20,73 m et 6,32 m), la vitesse maximale s'en est trouvée réduite à 33,25 nœuds[4]. ,

Service[modifier | modifier le code]

Les quatre croiseurs de la classe Myōkō constituent à l'origine la 4e Division de Croiseurs. À l'entrée en service des croiseurs de la classe Takao, la 4e Division est reclassée 5e Division.

En 1932, la 4e Division de Croiseurs contribue au transport de troupes japonaises, à la suite de l'incident du 28 janvier 1932, à Shangaï. En , pendant la seconde guerre sino-japonaise, les quatre croiseurs de la classe Myōkō et le Maya ont pris part à un débarquement dans l'archipel de Zhoushan, à proximité de Shanghai[5].

De la mer de Java à la mer des Salomon[modifier | modifier le code]

Après avoir participé à la couverture des débarquements au sud des Philippines (Legaspi, Davao et Jolo) en , il participe en janvier et aux débarquement dans les Célèbes, à Ambon et à Timor. Ses actions se poursuivent contre les Indes orientales néerlandaises (aujourd'hui l'Indonésie), lorsqu'il a engagé des navires néerlandais à la bataille du détroit de Makassar le .

Le Haguro a joué un rôle clé dans la bataille de la mer de Java le , en participant à la destruction du navire amiral néerlandais HNLMS De Ruyter et aux dommages causés à l'HMS Exeter, puis à la destruction de celui-ci et d'un de ses destroyers d'escorte, le HMS Encounter dans la seconde bataille de la mer de Java au sud de Bornéo le [6],[7].

Le Haguro, sous les bombes de l'USAAF, dans Simpson Harbor à Rabaul, le 2 novembre 1943

Le , il participe à la bataille de la mer de Corail, puis se déplace aux iles Salomon où il prend part à la bataille des Salomon orientales le , à l'évacuation de Guadalcanal à la fin de , et est légèrement endommagé dans la bataille de la baie de l'Impératrice Augusta le [8],[9].

De la mer des Philippines au golfe de Leyte[modifier | modifier le code]

Basé ensuite, avec le Myōkō, au mouillage des îles Lingga, au sud de Singapour, puis à celui de Tawi-Tawi, il prend part, Le , à la bataille de la mer des Philippines, et le vice-amiral Ozawa, Commandant-en-Chef de la 1re Flotte Mobile y transfère momentanément sa marque, quand il doit abandonner le grand porte-avions Taihō. Dans la bataille du golfe de Leyte, du 23 au , il échappe aux attaques de la IIIe puis de la VIIe Flotte américaine, et se retrouve un des deux seuls croiseurs lourds japonais à rester opérationnels, sur les dix que comptait la Force commandée par le vice-amiral Kurita[10].

Dernier combat dans le détroit de Malacca[modifier | modifier le code]

Navire amiral de la 5e division de croiseurs, dernière formation de croiseurs lourds japonais, qui ne compte plus qu'un autre bâtiment , l'Ashigara, le Haguro, basé à Singapour avait pour mission, à partir de , de soutenir les garnisons japonaises du golfe du Bengale à Java. Il a combattu pour la dernière fois lors de la bataille du détroit de Malacca.

En , alors que les Britanniques attaquent en Birmanie, le Haguro est la cible de l'opération Dukedom et fait l'objet d'une véritable embuscade montée par l'Eastern Indies Fleet britannique. La 26e flottille de destroyers (HMS Saumarez, Verulam, Venus, Vigilant, Virago)[Note 1] le trouve, accompagné par le destroyer Kamikaze, juste après minuit le , dans le détroit de Malacca, à 55 milles marins de Penang et reussit à l'encercler. Durant cette bataille, le Kamikaze a été légèrement endommagé, mais le Haguro fut lui touché par les tirs de l'artillerie britannique et surtout par trois torpilles type Mark IX. Ralenti, il a pris une gîte de 30 degrés par bâbord. À 02:32, le Haguro a commencé à couler par l'arrière. Le Kamikaze sauva 320 marins, mais 900 hommes, incluant le vice-amiral Hashimoto et le contre-amiral Sugiura [Note 2] périrent avec lui[11].

Le Haguro fut l'avant-dernier croiseur lourd de la Marine impériale japonaise à couler en haute mer, sous pavillon japonais, lors du conflit[12],[Note 3] Son épave a été découverte en 2003, montrant un dommage significatif des superstructures à la suite de son dernier combat.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Robert Jon Cox, The Battle Off Samar : Taffy III at Leyte Gulf (5th Edition), Agogeebic Press, LLC, , 292 p. (ISBN 978-0-9822390-4-9 et 0-9822390-4-1)
  • (en) Andrieu D'Albas et Robert A. Theobald (introduction, notes and maps) (trad. du français par Anthony Rippon), Death of a Navy: Japanese Naval Action in World War II [« Marine impériale »], New York, TheDevin-Adair Company, , 362 p. (ISBN 978-0-815-95302-9)
  • (en) Paul S. Dull, A battle history of the Imperial Japanese Navy, 1941-1945, Annapolis, Naval Institute Press, , 284 p. (ISBN 978-0-870-21097-6)
  • (en) Ashley Jackson, The British Empire and the Second World War, London New York, Hambledon Continuum, , 604 p. (ISBN 978-1-852-85417-1, OCLC 937273622, lire en ligne)
  • (en) Eric Lacroix et Linton Wells, Japanese cruisers of the Pacific War, Annapolis, Md, Naval Institute Press, , 882 p. (ISBN 978-0-870-21311-3)
  • Antony Preston (trad. de l'anglais), Histoire des Destroyers [« Destroyers »], Paris, Fernand Nathan Éditeurs, , 224 p. (ISBN 978-2-092-92039-8)
  • Antony Preston (trad. de l'anglais par Jean-Louis Parmentier), Histoire des croiseurs [« Cruisers, an illustrated history. »], Paris, Nathan, , 191 p. (ISBN 978-2-092-92027-5, OCLC 319747385)
  • (en) Shuppan Kyodo-sha, Navies of the Second World War Japanese battleships and cruisers, Macdonald & Co Publishers Ltd., (ISBN 978-0-356-01475-3)
  • (en) C.Vann Woodward, The battle for Leyte Gulf, New York, Ballantine Books,
  • Oliver Warner, Geoffrey Bennett, Donald G.F.W. Macyntire, Franck Uehling, Desmond Wettern et Antony Preston (trad. Jacques Mordal), Histoire de la guerre sur mer des premiers cuirassés aux sous-marins nucléaires (Encyclopédie visuelle Elsevier), Bruxelles, Elsevier Sequoia, , 250 p. (ISBN 978-2-800-30148-8, OCLC 82924828)
  • (en) Anthony John Watts, Japanese warships of World War II, London, Allan, (1re éd. 1966) (ISBN 978-0-711-00215-9, OCLC 500346053)
  • (en) John Winton, Sink the Haguro! : the last destroyer action of World War Two, London, Pan, (1re éd. 1979), 180 p. (ISBN 978-0-330-28139-3, OCLC 12143706)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Les HMS Saumarez et Virago avaient participé à la bataille du Cap Nord, où avait coulé le Scharnhorst.
  2. Shintarō Hashimoto était commandant de la 5e Division de Croiseurs, et Kaju Sugiura, commandant du Haguro, promu contre-amiral le
  3. Le dernier aura été l'Ashigara, le . L'Aoba et le Tone ont été coulés en juillet 1945, en rade de Kure, le Myōkō et le Takao, après leur reddition aux Britanniques, ont été détruits en 1946.
Références