Gulmurod Khalimov — Wikipédia

Gulmurod Khalimov
Nom de naissance Gulmurod Salimovitch Khalimov
Naissance
Daraï Foni (RSS du Tadjikistan)
Décès ou
Mossoul ou Deir ez-Zor
Origine Tadjik
Allégeance Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan (1993-2015)
Drapeau de l'État islamique État islamique (2015-2017)
Grade Colonel (Tadjikistan)
Émir (État islamique)
Commandement Forces spéciales du ministère de l'Intérieur du Tadjikistan (2013-2015)
Conflits Guerre civile du Tadjikistan
Affrontements de juillet 2012 au Haut-Badakhchan
Seconde guerre civile irakienne
Guerre civile syrienne
Faits d'armes Bataille de Deir ez-Zor
Bataille de Mossoul (2016-2017)
Autres fonctions Ministre de la Guerre de l'État islamique (2016-2017)

Gulmurod Khalimov ou Goulmourod Khalimov (en tadjik : Гулмурод Ҳалимов ; en arabe : جول مراد حليموف) ; né le à Daraï Foni, en RSS du Tadjikistan, aujourd'hui au Tadjikistan, est un militaire tadjik, devenu ensuite djihadiste au sein de l'État islamique.

Origines[modifier | modifier le code]

Gulmurod Khalimov est le fils d'Abdusalim Khalimov[1]. Il est né le à Daraï Foni, un village du district de Varzob (en), à 35 kilomètres de la capitale Douchanbé[2],[3].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Au Tadjikistan[modifier | modifier le code]

De 1994 à 1996, il effectue son service militaire au sein de la garde présidentielle du Tadjikistan (en). Après avoir terminé son service militaire avec le grade de caporal, il intègre le détachement mobile des forces spéciales (OMON) du ministère des Affaires intérieures au printemps 1996[4].

En 1997, il effectue un stage au sein des Spetsnaz à Moscou (Russie)[4].

En 2000, il intègre l'école de police du Tadjikistan (en), nouvellement créée, dont il sort avec le grade de major en 2005. Toujours en 2005, il apparaît en une d'une revue commémorant les dix ans de la création de l'OMON. Le portrait qui est dressé de lui en page 17 est particulièrement élogieux : « Ce n'est pas un hasard si Savadi et Gulmurod Khalimov ont été nommés commandants de compagnie. Ces gars-là ont commencé leur carrière dans l'OMON en tant que tireur d'élite, acquérant des connaissances et de l'expérience non pas dans les livres, mais après avoir vécu toutes les difficultés du service dans la militsi : des années de guerre civile, la perte d'amis et de collègues, un entraînement quotidien pour pratiquer la tactique et tout ce qu'un membre de l'OMON devrait savoir et être capable de faire. C'est pourquoi ils enseignent désormais à tous ceux qui viennent servir dans l'OMON pour la première fois une profonde compréhension du devoir patriotique, afin que quiconque sert la cause de l'ordre public soit lui-même parfaitement droit devant la loi. »[4].

De 2003 à 2014, il suit plusieurs formations militaires aux États-Unis, y compris au centre d'entraînement de la société militaire privée Blackwater[4],[5].

De 2008 à 2009, il est le commandant adjoint de l'OMON en charge de l'entraînement au combat. Il participe lui-même à des affrontements contre des groupes armées non-étatiques (en) dans la vallée de Rasht (en) en 2009 et dans la région de Khorog en 2012[6].

En 2013, Khalimov prend le commandement de l'OMON avec le grade de colonel (polkovnik). Il est alors le patron de l'antiterrorisme tadjik et assure, entre autres, la sécurité de l'ambassade américaine (en)[4],[7].

Le , Khalimov ne se présente pas à une réunion avec le ministre des Affaires intérieures, Ramazon Rahimzoda (en). Contactée, sa première épouse, Nazokat Murodova, affirme qu'il vit « depuis un certain temps » avec sa seconde épouse, Khumairo Mirova. Cette dernière déclare aux autorités que son mari lui a dit qu'il « partait en mission quelques jours », avant de disparaître[7],[8],[9],[10]. Rapidement, des rumeurs sur les causes de sa disparition commencent à se répandre. Certains disent qu'il a rejoint l'opposition et s'est retranché dans les montagnes, d'autres disent qu'il s'est mis à dos le fils du président, entraînant son élimination[4].

Au sein de l'État islamique[modifier | modifier le code]

Le , une autre rumeur concernant la disparation de Khalimov apparaît dans la presse : il aurait rejoint l'État islamique (EI) en Syrie[11]. Le , cette rumeur se retrouve confirmée par une vidéo de Furat (en), dans laquelle Khalimov revient sur sa carrière et les raisons qui l'ont poussé à rejoindre l'organisation djihadiste[10]. Selon le journaliste russe Arkadi Doubnov, il s'agit en premier lieu des « actions dangereuses, irréfléchies, imbéciles du gouvernement (ru), qui profanait les traditions musulmanes et le mode de vie de ses compatriotes ». Khalimov évoque en particulier une proposition du chef de la police criminelle, Nazar Kudratov, de tourner un spot dans lequel des jeunes femmes portant le hidjab buveraient de la vodka avec des hommes le long d'une rivière. Toujours dans la vidéo, il insulte le président Emomali Rahmon et ses ministres de « bande de chiens » et leur assure que beaucoup « de frères attendent ici [...] pour entrer au Tadjikistan et y rétablir la charia ». Son message s'adresse également aux travailleurs migrants tadjiks en Russie (ru), à qui il demande de ne pas être « les esclaves des mécréants » mais « les esclaves d'Allah » et de rejoindre « le djihad » afin « de construire le califat et l'État islamique ». Enfin, il menace la Russie et les États-Unis, où il promet de « porter le djihad »[4],[10],[12],[13].

Le , Khalimov est inscrit sur la liste des personnes recherchées par Interpol à la demande du Tadjikistan[14].

Le , Khalimov apparaît dans une nouvelle vidéo de Furat, où il réagit aux rumeurs entourant sa défection[15].

Le , Arabi Press annonce que Khalimov a été tué dans la nuit du au par un bombardement de l'armée arabe syrienne à Hawija al-Mariya, près de Deir ez-Zor[16]. Le 23 juin, cette annonce est démentie par la publication d'une photo dans laquelle il apparaît blessé mais vivant sur un lit d'hôpital[17].

Le , le département d'État des États-Unis met sa tête à prix, à trois millions de dollars[18].

Vers début , il est nommé « Ministre de la guerre » de l'État islamique après la mort d'Abou Omar al-Chichani[19].

Il dirige les défenses de l'État islamique lors de la deuxième bataille de Mossoul[20]. Selon The Times, il aurait été tué à Mossoul par une frappe aérienne à la mi-[20]. Le , la Russie affirme pour sa part avoir mortellement blessé Gulmurod Khalimov lors d'une frappe aérienne à Deir ez-Zor et indique qu'il aurait succombé dans la localité d'al-Mouhassane[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ru) Mavzuna Abdulloeva, « МВД не подтверждает гибель Гулмурода Халимова. Его до сих пор ищет Интерпол » [« Le MVD ne confirme pas le décès de Gulmurod Khalimov. Interpol le recherche toujours »], sur ASIA-Plus,‎ (consulté le )
  2. (kk) « Қашқын тәжік полковнигінің ауылындағы ауыр тыныштық » [« Silence douloureux dans le village d'un colonel tadjik fugitif »], Radio Azattyq,‎ (consulté le )
  3. (ru) « Милиция убила четверых родственников экс-главы таджикского ОМОНа. Он уехал воевать в "ИГ" » [« La militsia a tué quatre proches de l'ancien chef de l'OMON tadjik. Il est allé combattre dans l'« EI » »], Current Time TV (en),‎ (consulté le )
  4. a b c d e f et g « Asie centrale, l'appel de Daech », Arte, (consulté le )
  5. (en) Joshua Kucera, « Tajik officer's defection to Isis highlights US support for repressive regime », The Guardian, (consulté le )
  6. (en) « Riot squad of Tajikistan: We have not received threats from Gulmurod Halimov », sur ASIA-Plus, (consulté le )
  7. a et b (en) Joshua Kucera, « What Did Tajikistan's ISIS Colonel Learn From His American Training? », Eurasianet (en), (consulté le )
  8. (ru) « В Таджикистане арестован старший сын Гулмурода Халимова » [« Le fils aîné de Gulmurod Khalimov a été arrêté au Tadjikistan »], Radio Ozodi,‎ (consulté le )
  9. (ru) « Жена полковника Гулмурода Халимова примкнула к ИГИЛ » [« L'épouse du colonel Gulmurod Khalimov a rejoint l'EIIL »], Radio Ozodi,‎ (consulté le )
  10. a b et c AFP et Reuters, « Le chef des forces spéciales tadjikes rejoint l’Etat islamique », Le Monde, .
  11. (ru) « Полковник Гулмурод Халимов «на три дня ушел по делам» и пропал.. » [« Le colonel Gulmurod Khalimov « est parti pour affaires pendant trois jours » et a disparu... »], Radio Ozodi,‎ (consulté le )
  12. (en) Alexander Shustov, « Shadow of the IG over Central Asia » [« L'ombre de l'EI sur l'Asie centrale »], sur Voyennoye Obozreniye, (consulté le )
  13. « Un ancien chef des forces spéciales rejoint l'EI », Le Figaro, (consulté le )
  14. (ru) Kayumars Ato et Nurmuhammad Kholzoda, « Халимов выехал в Сирию вместе с двумя своими сторонниками » [« Khalimov s'est rendu en Syrie avec deux de ses partisans »], Radio Ozodi,‎ (consulté le )
  15. (ru) « Беглый экс-командир ОМОН Таджикистана вновь объявился » [« L'ancien commandant en cavale de l'OMON du Tadjikistan réapparaît »], sur ASIA-Plus,‎ (consulté le )
  16. (ar) Mahmoud Abdel Latif, « بعملية للجيش السوري في ريف دير الزور .. حليموف قتيلا و الشيشاني جريحاً » [« Lors d'une opération de l'armée syrienne dans l'arrière-pays de Deir ez-Zor... Halimov a été tué et Al-Shishani a été blessé »], sur Dampress,‎ (consulté le )
  17. (ru) « В соцсетях появилось фото раненого экс-командира ОМОН МВД РТ » [« Une photo d'un ancien commandant de l'OMON du MVD de la RT blessé »], sur ASIA-Plus,‎ (consulté le )
  18. (en) Arshad Mohammed, « U.S. offers $3 million reward for man it gave anti-terror training », Reuters, .
  19. (en) « Isis: US-trained Tajik special forces chief Gulmurod Khalimov becomes Isis 'war minister' », International Business Times, .
  20. a et b (en) Gareth Browne, « Isis ‘minister of war’ is killed by allied airstrike in Mosul », The Times, (consulté le ).
  21. Reuters, « Syrie : des chefs de l'EI tués dans un raid aérien russe », Le Figaro, (consulté le ).