Guillemot de Troïl — Wikipédia

Uria aalge

Le Guillemot de Troïl[1], connu aussi sous le nom de Guillemot marmette au Canada, est une espèce d'oiseaux marins de la famille des alcidés.

Nom[modifier | modifier le code]

Guillemot de Troïl proviendrait de « niais et fol »[2] (lumme et trottel en vieux-germanique)[3] mais le nom guillemot a aussi été rapproché du prénom « Guillaume »[4]. Le nom scientifique Uria aalge dérive du grec ancien ouria, oiseau de mer évoqué par le musicien Athénée, et du danois aalge, du norrois alka désignant cette famille d'oiseaux[5].

Description[modifier | modifier le code]

Le guillemot marmette ou de Troïl ressemble de loin au petit Pingouin et se tient d'ailleurs debout comme le Pingouin lorsqu'il est à terre.

Les adultes mesurent de 38 à 46 cm de longueur, avec une envergure de 61 à 73 cm.

Ils ont la tête, le dos et les ailes brun foncé, presque noirs, et le dessous du corps blanc. Leur long bec foncé est mince et pointu et leur queue, également foncée, est courte et arrondie.

Certains individus de l'Atlantique nord présentent la forme dite « bridée », avec un cercle oculaire blanc et une ligne blanche qui s'étire derrière l'œil. Le plumage d'hiver est presque identique, sauf que la gorge et les joues deviennent blanches et une ligne foncée apparaît derrière l'œil.

Comportement[modifier | modifier le code]

Alimentation[modifier | modifier le code]

Le guillemot de Troïl ou marmette est une espèce pélagique, qui passe presque tout son temps en mer, sauf pendant la période de reproduction. Il plonge et cherche sa nourriture en « volant » littéralement sous l'eau à l'aide de ses puissantes ailes. Il se nourrit surtout de petits poissons de banc (200 mm de long au maximum), comme les lançons, mais aussi de crustacés, de vers marins et de calmars. Il plonge souvent jusqu'à 30 m de profondeur, mais on a enregistré des plongeons de plus de 150 m.

Reproduction[modifier | modifier le code]

Œuf de Guillemot de Troïl - Muséum de Toulouse
Œuf de Uria aalge aalge - Muséum de Toulouse

Cet oiseau niche généralement en colonies denses et pond son unique œuf directement sur le roc ou le sol sans faire de nid[6]. Les œufs ont la forme d'une poire, de telle façon qu'ils pivotent sur eux-mêmes lorsqu'ils sont dérangés, et ne tombent pas en bas de la falaise. Leurs couleurs et leurs motifs varient, probablement pour aider les adultes à les reconnaître. Dès qu'il atteint deux semaines, le jeune n'est plus nourri au nid par ses parents. C'est sur l'eau que ses parents le nourriront jusqu'à l'achèvement de sa croissance (la taille d'un gros canard), vers la fin de l'été.

Le guillemot de Troïl ou marmette s'installe volontiers en colonies à mi-hauteur des falaises.

On ne trouve plus en France que 150 couples, de la sous-espèce Uria aalge albionis, confinés aux côtes nord de la Bretagne, où la pollution pétrolière les menace gravement. Aux îles Britanniques, c'est, avec 570 000 couples nicheurs, un oiseau de mer encore commun au début du XXIe siècle. Après quelques migrations vers le sud, les adultes deviennent presque sédentaires.

Répartition géographique[modifier | modifier le code]

Le guillemot marmette ou de Troïl niche sur des îles, des rivages, des falaises et des pitons rocheux sur les côtes de l'Atlantique et du Pacifique Nord, en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest et du Nord (jusqu'à la péninsule de Kola en Russie). Pendant la période de reproduction, on le trouve sur la côte nord du Pacifique en Alaska, en Colombie-Britannique et vers le sud jusqu'au centre de la Californie et le nord du Japon, ainsi que sur les côtes de l'Atlantique nord, du Labrador jusqu'en Nouvelle-Écosse, et de la Norvège jusqu'au Portugal. En France, quelques couples nichent encore dans la réserve du Cap Sizun, dans le Finistère, dans la réserve naturelle des Sept-Îles au large de Perros-Guirec ainsi que dans les falaises du cap Fréhel dans les Côtes-d'Armor.

Certains oiseaux sont des résidents permanents, mais pendant l'hiver, les oiseaux nordiques migrent vers le sud pour trouver des eaux libres de glace jusqu'en Nouvelle-Angleterre, au sud de la Californie et à l'ouest de la Méditerranée.

Systématique[modifier | modifier le code]

L'espèce Uria aalge a été décrite par le zoologiste danois Erik Pontoppidan en 1763[7].

Synonymes[modifier | modifier le code]

Taxinomie[modifier | modifier le code]

D'après Alan P. Peterson, cette espèce est constituée des cinq sous-espèces suivantes :

  • Uria aalge aalge (Pontoppidan) 1763 ;
  • Uria aalge albionis Witherby 1923 ;
  • Uria aalge californica (H. Bryant) 1861 ;
  • Uria aalge hyperborea Salomonsen 1932 ;
  • Uria aalge inornata Salomonsen 1932.

Répartition selon les sous-espèces

Trois guillemots de Troïl naturalisés - Musée océanographique de Monaco

Le Guillemot de Troïl et l'Homme[modifier | modifier le code]

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. R.T. Peterson, Guy Mountfort, P.A.D. Hollom, 1994. Guide des oiseaux de France et d'Europe, collection : « Les guides du naturaliste », Delachaux & Niestlé (éd.), 525 p., ASIN : 2603009400.
  2. « LE GUILLEMOT. », sur Oiseaux.net, Histoire naturelle de Buffon.
  3. Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902.
  4. Pierre Belon, L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel, p. 261.
  5. « Guillemot Uria aalge [Pontoppidan, 1763] », sur Bird facts, British Trust for Ornithology (consulté le )
  6. Jérome de Fuchs et Marc Pons (Muséum National d'Histoire Naturelle), « Pourquoi et comment les oiseaux font-ils leurs nids ? », sur caminteresse.fr, Ça m'intéresse,
  7. Erik Pontoppidan; Den danske atlas eller kongeriget Dannemark 1 p.621 pl.26

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références taxonomiques[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]