Guillaume Guillon Lethière — Wikipédia

Guillaume Guillon Lethière
Julien Léopold Boilly, Guillaume Guillon Lethière (1822),
lithographie, New York Public Library.
Fonction
Directeur
Académie de France à Rome
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Guillaume Guillon dit Lethière
Nationalité
Formation
Activité
Parentèle
Mélanie Hahnemann (fille adoptive)
Jean-Joseph-Xavier Bidauld (beau-frère)
Eugénie Servières (belle-fille)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
École des beaux-arts (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Mouvement
Maître
Élève
Genre artistique
Distinction
Second prix de Rome en peinture de 1784

Guillaume Guillon dit Lethière ou Guillaume Guillon Lethière, né le à Sainte-Anne (Guadeloupe) et mort le à Paris, est un peintre français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ingres, Portrait de Guillaume Guillon Lethière, 1815, New York, Morgan Library and Museum.

Enfant naturel de Marie-Françoise Dupepaye, une femme libre de couleur de la Guadeloupe, et de Pierre Guillon, notaire royal à Saint-Pierre de la Martinique et procureur du roi en Guadeloupe, qui le reconnut à Paris le , ainsi que sa sœur Andrèze, ne pouvant les reconnaître plus tôt à cause du Code noir. Guillaume Guillon Lethière présenta dès l’enfance des dispositions pour la peinture qui décidèrent son père à l’emmener en France. Ils quittent la Guadeloupe en juin 1774, à bord de L'Éveillé, et accostent à Bordeaux en .

Il fut d'abord, placé sous le nom de « Letiers » (étant le troisième fils de la famille), chez le peintre Jean-Baptiste Descamps, professeur à l’école publique gratuite de dessin, nouvellement fondée à Rouen, où il fit en trois ans des progrès rapides. Il changea plus tard son nom en « Lethiers », ensuite en « Lethière » qu'il conservera finalement, même si de nombreuses œuvres étaient signées « Le Thière ». Il vint ensuite à Paris en 1777 et entra chez le peintre du roi, Gabriel-François Doyen, chez qui il resta jusqu’en 1786. Il fréquente l'atelier de David, chez qui il ne fut jamais élève, où ses camarades le rebaptisèrent en « Lethière »[réf. nécessaire].

Le prix de Rome[modifier | modifier le code]

Ingres, Madame Guillaume Guillon Lethière, née Marie-Joseph-Honorée Vanzenne, et son fils Lucien, 1808, New York, Metropolitan Museum of Art[1].
Erminie et les Bergers (1795), huile sur toile, 102 × 119 cm, musée d'Art de Dallas.

Ayant remporté le second prix de Rome en 1784, dont le sujet était La Cananéenne aux pieds de Jésus-Christ, il partit pour Rome. En 1787, il a un fils naturel, Alexandre, avec Marie-Agathe Lapôtre. En 1788, il peint la première version du Brutus condamnant ses fils à mort (Clark Art Institute). Cette version sera présentée deux fois aux Salons de 1795 et 1801. Il modifie cette première composition lorsqu'il peint la grande version aujourd'hui au Louvre en 1811. Le geste du bourreau montrant la tête décapitée est modifié pour en atténuer la violence.

De retour à Paris en 1792, il consolida sa réputation par de grands ouvrages, qui lui valurent d’être choisi en 1811 par la quatrième classe de l’Institut comme directeur de l’Académie de France à Rome. Son mandat lui ayant été renouvelé à l’expiration de son exercice, il y resta dix ans. Il s’y trouvait en 1818 lorsqu’il fut nommé membre de l’Académie des beaux-arts. Le roi refusa d’abord son approbation, mais il finit par l’accorder. Il reçoit les insigne de chevalier de la Légion d'honneur en 1818[2],[3]. Il prit en 1792 le parti de La Révolution et traça sur le papier et la toile les exploits du général Dumas[réf. nécessaire].

Le , il épouse à Brunoy Marie-Joseph-Honorée Vanzenne, née en 1762 à Bruxelles, veuve de Pierre Charen dont elle avait eu une fille, la future peintre Eugénie Servières. Elle lui donnera un fils, Auguste, en 1796.

En 1799, Pierre Guillon a pu légitimer son fils Alexandre et en faire son héritier. Celui-ci mourra jeune des suites de blessures reçues sur un bateau engagé contre les Anglais pour libérer la Martinique, laissant lui aussi un enfant en bas âge que Lethière va élever. À partir de ce moment, il a ajouté Guillon à son nom de famille, mais a continué à utiliser le nom de Lethière, qu'il avait adopté à son arrivée en France[4].

En 1800 et 1801, Guillon Lethière accompagne Lucien Bonaparte, le frère de Napoléon, fraîchement nommé ambassadeur en Espagne, où il travaille à constituer une collection d'art pour le prince impérial.

L'enseignant[modifier | modifier le code]

Guillaume Guillon Lethière, Joséphine de Beauharnais, impératrice des Français (1763-1814), 1807, château de Versailles.

Au début de l'Empire, Lethière ouvre un atelier à Paris près de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, au 9, rue Childebert, que les élèves surnomment « La Childebert », un endroit où l'on pratique à la fois l'escrime et la peinture, et où l'on refait le monde et la mode. En 1803, une rixe éclata au Café militaire de la rue Saint-Honoré, le conflit dégénéra. Lethière tue un des officiers et blesse les autres. Son atelier est fermé et il part en exil en Allemagne avec Lucien Bonaparte.

Ce dernier insiste pour qu'il soit nommé à la tête de l'Académie de France à Rome. Il le fut par décret du , puis renouvelé jusqu'à , pour être remplacé par Pierre-Narcisse Guérin, par une ordonnance du roi[5].

De retour de la villa Médicis en 1816, il rouvre son atelier dans le quartier Saint-Germain-des-Prés, au 9, rue Childebert, d’où sortirent nombre d'artistes, en particulier de nombreuses femmes mais aussi des artistes tels que le guadeloupéen Jean-Baptiste Gibert (1803-1889), premier prix de Rome de paysage historique en 1829, et le célèbre peintre français de l'école de Barbizon, Théodore Rousseau (1812-1867).

Il est nommé professeur de l’École des beaux-arts de Paris le en remplacement d'Étienne-Pierre-Adrien Gois[6]. Il fit quatre fois le voyage d’Italie, d’Angleterre et d’Espagne. Il termine sa carrière académique en tant que membre de l'Institut de France[4].

Élèves[modifier | modifier le code]

Œuvre[modifier | modifier le code]

Ayant été témoin des efforts tentés par d’éminents artistes pour ramener la peinture à l’étude de l’antique, il était décidé à suivre cette voie. Ses succès furent grands à Rome et ses études très remarquées en France.

En 1795, s'éloignant du néo-classicisme, il présente au Salon un tableau qui peut-être considéré comme l'un des premiers témoignages du style troubadour, Herminie et les Bergers (musée d'Art de Dallas) qui trouvera quelques années plus tard un véritable épanouissement dans les milieux proches de l'impératrice Joséphine.

Le Serment des Ancêtres
Le Serment des Ancêtres (1822), Port-au-Prince, Palais national.

Premier homme de couleur à s’imposer dans le monde de la peinture occidentale, Lethière a peint un tableau représentant Alexandre Pétion et Jean-Jacques Dessalines, intitulé le Serment des ancêtres et signé « Lethière, né à la Guadeloupe », qu’il offrit à la nouvelle République d’Haïti.

L'Empire[modifier | modifier le code]


Dessins[modifier | modifier le code]

  • Ensemble de douze études pour le tableau La Mort de Virginie, Musée du Louvre
    • Étude d’ensemble pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), plume, encre brune, papier, 20 × 38 cm[35]
    • Étude d’ensemble pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), plume, lavis brun, gouache, 29 × 54 cm[36]
    • Étude d’ensemble pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), fusain, craie, 32 × 54 cm][37]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 31 × 45 cm, Crayon graphite[38]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 27 × 24 cm, Graphite[39]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 29 × 22 cm, pierre noire, estompe, craie blanche[40]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 32 × 36 cm, graphite, craie[41]
    • Étude d’homme nu, un poignard à la main, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), graphite, 34 × 24 cm[42]
    • Étude d’armes en faisceau (1795-1828), fusain, 32 × 54 cm[43]
    • Groupe de personnages autour d’un oiseau sur un perchoir, pierre noire, 29 × 21 cm[44]
  • Académie d’homme, de profil à droite, assis, la jambe gauche repliée (Salon de 1831), pierre noire, 29 × 54 cm, musée du Louvre[45]
  • Paysage avec des rochers et des arbres, craie blanche, mine de plomb, 137 × 210 cm, musée du Louvre[46]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Postérité[modifier | modifier le code]

Estampes d'interprétation[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • (en) Descriptive synopsis of the Roman gallery, (in the Egyptian Hall, Piccadilly,) with its magnificent decorations; consisting of antique marbles, jasper, agate, &c. in vases, tablets, and tazzas; and superb pictures of the ancient and modern masters; including the great and celebrated picture of The judgment of Brutus upon his sons; painted by the president of the academy at Rome, Paris, London Museum, (OCLC 4525794).
  • Séance publique […] du 1er octobre 1831, Paris, Firmin-Didot, (OCLC 799689650).
  • Le Médicament, Paris, A. Parent, (OCLC 432155958).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Maria Tsaneva.- Ingres: 107 Paintings and Drawings,2014, page 1782
  2. Digital Collection-Lethière, [Guillaume, Guillon ; Membre de la Légion d'honneur.
  3. « Cote LH/1621/27 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  4. a et b Biographie Detroit Museum
  5. François Fossier, Les directeurs de la Villa Médicis au XIXe siècle. Correspondance de Guillaume Guillon-Lethière (1807-1816), Paris, L'Harmattan, 2018, 466 p. (ISBN 9782343147093).
  6. François-Joseph Heim lui succèdera (cf. Frédéric Chappey, « Les Professeurs de l'École des Beaux-Arts (1794-1873) », Romantisme , no 93, 1996, pp. 95-101).
  7. Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936
  8. Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l'école française au XIXe siècle, Paris, Madame Vergne, 1831, 709 p.
  9. Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936, sur Wikisource.
  10. Musée des peintres de Barbizon : Théodore Rousseau et la critique.
  11. Camille, Rhode Island
  12. (en) Brutus, Clark Institut
  13. Croix, Toulouse
  14. Déposition, Dijon
  15. Erminie, Dallas
  16. Caton, Ermitage
  17. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p.
  18. Philoctète, Pointe-a-Pitre
  19. J. Femme, Worcester
  20. Pascal DUPUY, « La patrie en danger », Histoire par l'image, consulté le 28 mai 2020
  21. Victoire, Louvre
  22. Virginie, Los Angeles
  23. Préliminaires paix, Versailles
  24. Leoben, Versailles
  25. Danube, Versailles
  26. Elisa B. Versailles
  27. Joséphine de B. Versailles
  28. Brutus, huile base Joconde
  29. Serment, Haïti
  30. St Louis, Bordeaux
  31. St Louis Abbeville
  32. St Louis, Versailles
  33. Virginie, Louvre
  34. Virginie, Lille
  35. Virginie ensemble, Encre, Base Joconde
  36. Virginie ensemble, Lavis, Base Joconde
  37. Virginie ensemble, fusain, Base Joconde
  38. Groupe Virginie, graphite 1, Base Joconde
  39. Groupe Virginie, graphite 2, Base Joconde
  40. Groupe Virginie, Pierre noire, Base Joconde
  41. Groupe Virginie, Grphite, craie, Base Joconde
  42. Poignard, dessin, Louvre
  43. Faisceau, dessin, Louvre
  44. Oiseau, dessin, Louvre
  45. Académie, Louvre
  46. Paysage, Louvre
  47. « Guillaume Guillon-Lethière. Commémoration d'un peintre méconnu », sur Académie de la Guadeloupe (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Fossier, Les directeurs de la Villa Médicis au XIXe siècle. Correspondance de Guillaume Guillon-Lethière (1807-1816), Paris, L'Harmattan, 2018, 466 p. (ISBN 9782343147093).
  • François Debret, Funérailles de M. Guillon Lethière : le mardi 24 avril 1832, Paris, Institut royal de France, (OCLC 879777151).
  • Quatremère de Quincy, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Lethière, Paris, 1837? (OCLC 28658631).
  • Alexandre Privat d'Anglemont, « La Childebert », in Paris anecdote, Paris, P. Jannet Libraire, 1854, pp. 171 à 198.
  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 30, Paris, Firmin-Didot, 1859, p. 1011-1012.
  • Charles Lefeuve, Histoire de Paris, rue par rue, maison par maison, Paris, 1875.
  • Bruno Foucart (introduction), Geneviève Capy et G.-Florent Laballe (texte), Guillaume Guillon Lethière, peintre d'histoire 1760-1832, Savigny-sur-Orge, Association des amis de Guillaume Guillon Lethière, (OCLC 28737394).
  • Geneviève Capy et G.-Florent Laballe, "Le Serment des ancêtres" de Guillaume Guillon-Lethière, peintre d'histoire, 1760-1832 : Fort-Delgrès, Basse-Terre, 18 avril au 28 mai 1998 (exposition), Savigny-sur-Orge, Association des amis de Guillaume Guillon Lethière, (OCLC 586307795).
  • François Fossier, Les directeurs de la Villa Médicis au XIXe siècle : correspondance de Guillaume Guillon-Lethière (1807-1816), Paris, L'Harmattan, , 455 p. (ISBN 9782343147093, OCLC 1047703229, BNF 45514474)
  • Arlette Sérullaz, Guillaume Guillon dit Lethière, suite de douze dessins inédits pour La Mort de Virginie[réf. incomplète].

Liens externes[modifier | modifier le code]

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