Guerre du Kivu — Wikipédia

Guerre du Kivu
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte approximative de la situation militaire au Kivu.
Informations générales
Date Depuis 2004en cours
(20 ans)
Lieu Kivu (notamment Nord-Kivu et Sud-Kivu), Ituri, république démocratique du Congo
Issue

En cours

  • Des milices armées telles que les FDLR, les groupes Maï-Maï et d'autres mouvements rebelles restent actives dans la région
Belligérants
CNDP
(2006-2009)
M23
Soutien :
Drapeau du Rwanda Rwanda (allégué)
Drapeau du Burundi Burundi (allégué)
FARDC
Pro Gouvernement
FDLR
(2006-2014)
APCLS
(2012-2013)
Nyatura
(2012-2014)
MONUSCO
Drapeau de l'Angola Angola
Drapeau du Zimbabwe Zimbabwe
Drapeau du Botswana Botswana
Soutien :
Drapeau de la France France
Drapeau de la Belgique Belgique
FDLR
Interahamwe
IAPCLS
(2013-2016)
RUD–Urunana
Nyatura
FNL Nzabampema
FNL Palipehutu
(2004-2013)
FPB
RED–Tabara
Nduma Défense du Congo-Rénové
Mai-Mai Sheka
(2008-2017)
Mai Mai Yakutumba
CNPSC
Raia Mutomboki
FDA
ISCAP
Mai-Mai Kyandenga
Commandants
Laurent Nkunda
Bosco Ntaganda
Sultani Makenga
Jean-Marie Runiga
Joseph Kabila
Félix Tshisekedi
Crispin Atama Tabe Mogodi
Didier Etumba Longila
Lucien Bahuma
Gabriel Amisi Kumba
Emmanuel Lombe
Ignace Murwanashyaka
Babacar Gaye
Carlos Alberto dos Santos Cruz
João Lourenço
José Eduardo dos Santos
Emmerson Mnangagwa
Robert Mugabe
Mokgweetsi Masisi
Ian Khama
Ignace Murwanashyaka
Callixte Mbarushimana
Ignace Murwanashyaka
Janvier Buingo Karairi
Agathon Rwasa
Aloys Nzabampema
Guidon Shimiray Mwissa
Ntabo Ntaberi Sheka
William Yakutumba
Devos Kagalaba
Salumu Kaseke
Musa Seka Baluku
Jamil Mukulu
Musa Baluku
Forces en présence
6 000 à 8 000 hommes[1] 20 000 hommes[1] 2 000 hommes[2]
Pertes

11 873 morts au moins (civils, soldats et rebelles confondus)[3],[4],[5],[6],[7]

Guerre du Kivu

Batailles

Offensive du M23 de 2022

La guerre du Kivu est une succession de conflits armés en cours depuis 2004 dans l'est de la république démocratique du Congo, pays d'Afrique centrale. Ce conflit entrecoupé d'intermèdes, oppose les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et au Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda jusqu'en 2009, puis au Mouvement du 23 Mars (M23) à partir de 2012, et à de nombreux autres groupes armés principalement dans la région et ancienne province du Kivu, notamment dans les provinces actuelles du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, ainsi que dans celle de l'Ituri (conflit d'Ituri).

Contexte[modifier | modifier le code]

Localisation des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

En , la deuxième guerre du Congo (1998 - 2003), un conflit militaire, qui a opposé, sur le sol de la république démocratique du Congo (RDC), plusieurs pays africains et une trentaine de groupes armés, prend officiellement fin avec la formation d'un gouvernement de transition[8]. Celui-ci, dirigé par Joseph Kabila et incluant les chefs des principaux groupes rebelles[9], organise immédiatement une nouvelle armée nationale : les forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), dans lesquelles sont intégrés les combattants issus des groupes armés[10].

Issu des rangs d'un de ces groupes armés, le RCD-Goma qu'il a rejoint en 1998, l'officier tutsi congolais Laurent Nkunda est intégré dans l'armée congolaise avec le grade de colonel[11]. En 2004, il est promu général[10],[12]. Rapidement cependant, il repart en rébellion avec des troupes du RCD-Goma dans les forêts du Masisi, territoire du Nord-Kivu, frontalier avec le Rwanda[10],[9].

Chronologie[modifier | modifier le code]

Offensive de Bukavu ()[modifier | modifier le code]

Plus tard en 2004, les forces de Nkunda déclarent les hostilités avec l'armée de la RDC au Sud-Kivu et, en , occupent la ville de Bukavu (où elles se rendent coupables de divers crimes de guerre)[13]. Nkunda prétend qu'il tentait de prévenir un génocide contre les Tutsi de la région[14], un argument rejeté par la MONUC[15].

Après des négociations avec les Nations unies, les forces de Nkunda quittent Bukavu et se replient dans les forêts du Masisi. Ces forces se scindent et une partie part vers le Rwanda sous les ordres de Jules Mutebesi[13]. Plus de 150 000 rwandophones (comme Nkunda) ont, selon les observateurs, fui le Sud-Kivu pour le Nord-Kivu par peur de représailles de la part de l'armée de la RDC[16].

Affrontement de 2005 avec l'armée régulière[modifier | modifier le code]

En 2005, Nkunda appelle à la dissolution du gouvernement de transition qu'il accuse de corruption. De plus en plus de déserteurs de l'armée régulière qui étaient d'anciens combattants du RCD-Goma viennent renforcer ses rangs[17]. À cette époque, ses forces comptent environ 3 000 soldats.

2006[modifier | modifier le code]

En , les troupes de Nkunda affrontent les troupes régulières congolaises, puis de nouveau en aux environs Sake[18]. La MONUC dénonce les crimes de guerre commis par les FARDC[19].

Un mandat d'arrêt international est lancé contre Laurent Nkunda mais la MONUC refuse d'opérer son arrestation, arguant que « M. Laurent Nkunda ne représente pas une menace pour les populations locales, et nous ne pouvons dès lors justifier aucune action contre lui[20]. » Jusqu'en cependant, le Conseil de sécurité des Nations unies impose des mesures de restriction à Nkunda[21].

Au cours des premier et deuxième tours contestés et violents de l'élection présidentielle congolaise de 2006, Nkunda déclare qu'il respecterait le résultat des urnes[22],[23],[24]. Le , soit un jour avant que la Cour suprême de la république démocratique du Congo confirme la victoire de Joseph Kabila au second tour de l'élection présidentielle, les forces de Nkunda lancent une offensive majeure contre la 11e brigade des troupes gouvernementales à Sake[25], affrontant également des troupes de la MONUC[26]. L'attaque pourrait ne pas être liée au résultat de l'élection, mais plutôt au « massacre d'un Tutsi proche de l'un des commandants du groupe. » Les Nations unies appellent le gouvernement à négocier avec Nkunda, et le Ministre de l'Intérieur, le général Denis Kalume, est envoyé dans l'est du pays pour entamer des négociations[27].

Le , les troupes du RCD-Goma attaquent des positions de l'armée régulière au Nord-Kivu. Avec l'assistance militaire de la MONUC, l'armée gouvernementale parvint à reprendre le terrain et 150 rebelles sont tués dans l'opération. Environ 12 000 civils congolais fuient vers le district de Kisoro en Ouganda[28]. Ce même jour, une roquette tirée du Congo vers Kisoro tue sept personnes[29].

2007[modifier | modifier le code]

Au début 2007, le gouvernement régulier tente de diminuer la menace que constituait la présence de Laurent Nkunda en essayant d'intégrer davantage ses troupes au sein des FARDC, l'Armée nationale, en un processus appelé « brassage »[30]. Cependant, ceci n'aboutit pas, et il apparaît qu'entre janvier et , Nkunda contrôlait désormais cinq brigades plutôt que deux.

Le , le responsable des soldats de la paix des Nations unies Jean-Marie Guehenno déclare que « les forces de M. Nkunda sont la seule menace sérieuse contre la stabilité dans la RD Congo. »[31]

Fin 2007, l'instabilité au Nord-Kivu, largement attribuée aux affrontements entre les troupes de Nkunda et les milices hutu, était à l'origine du déplacement de plus de 160 000 personnes. Au cours de négociations entre Nkunda et le gouvernement pour intégrer ses troupes, Nkunda garde le contrôle de plusieurs unités, qui continuent à lui obéir après l'échec des négociations.

La BBC accuse Nkunda de recevoir l'aide du Rwanda[32].

À la fin août, Nkunda retire ses hommes des brigades mixtes Nkunda/FARDC et commence à attaquer les troupes gouvernementales qu'il accusait d'aider les milices hutu à attaquer les milliers de Tutsi présents dans le Kivu.

Début septembre, les forces de Nkunda assiègent une position gouvernementale au Masisi, et les hélicoptères de la MONUC doivent transporter des soldats gouvernementaux pour les évacuer de la ville[33]. Le , après l'annonce par les forces des FARDC de la mort de 80 hommes de Nkunda à la suite d'un raid d'un hélicoptère Mil Mi-24, Nkunda appelle le gouvernement à revenir vers les termes d'un accord de paix. Selon lui « C'est la partie gouvernementale qui a brisé le processus de paix » et il demande au gouvernement de réintégrer le processus de paix[34].

En septembre, les hommes de Nkunda vident une dizaine d'écoles secondaires et quatre écoles primaires, où ils enrôlent de force des enfants-soldats. Selon les Nations unies, les filles furent emmenées comme esclaves sexuelles, les garçons comme soldats[35]. Des milliers de civils quittent leurs maisons pour rejoindre les camps de réfugiés[36].

Le gouvernement impose le une date limite au désarmement des troupes de Nkunda. Sans réaction de la part de ce dernier, les FARDC marchent vers la position principale de Nkunda : Kichanga. Des milliers de civils fuient les combats entre les troupes de Nkunda et les Mai-Mai pro-gouvernementaux de Bunagana vers Rutshuru qu'ils atteignent après plusieurs jours de marche. Plusieurs informations font état de combats entre les troupes gouvernementales et celle de Nkunda aux environs de Bukima, à proximité de Bunagana, ainsi que de fuite de civils vers l'Ouganda. Le nombre total de déplacés depuis le début de l'année est estimé à plus de 370 000 personnes[37].

Au début , les troupes de Nkunda s'emparent de la ville de Nyanzale, à environ 100 km au nord de Goma. Trois des villages des environs sont également pris, et les positions de l'armée gouvernementale abandonnées[38]. Une offensive gouvernementale au début décembre reprend la localité de Mushake le par la 82e brigade, et de la route qui la traversait[39]. Ceci suit l'annonce par la MONUC que celle-ci était prête à fournir de l'artillerie aux offensives gouvernementales. Lors d'une conférence régionale à Addis-Abeba, les États-Unis, le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda s'engagent à soutenir les forces gouvernementales et non pas les « forces négatives »[40]. Nkunda reprend cependant Mushake le , ainsi que la localité de Karuba[41],[42],[43].

Avec l'ampleur des revers subis par l'armée gouvernementale en 2007, des doutes se font jour quant à sa capacité opérationnelle et à la fidélité de ses dirigeants en place, incapables de résister avec 20 000 hommes aux 4 000 miliciens de Nkunda[44]. Les pertes gouvernementales subies au cours de la bataille de Mushake sont considérables : sur environ 6 000 hommes engagés, 2 600 militaires ont été tués dont 2 000 policiers en tenue militaire et 600 éléments de la garde républicaine et 600 blessés. Le matériel saisi par les rebelles est également impressionnant : 6 tonnes de munitions, dont des munitions d’hélicoptères, 45 blindés, 20 lance-roquettes, 15 000 caisses de grenades, 6 000 caisses de fusil militaire FAL, ainsi que 15 missiles sol-air[44]. C'est la plus importante défaite de l'armée gouvernementale depuis la bataille de Pweto en . La fiabilité de certaines troupes de la MONUC est également mise en cause[45].

Nkunda annonce le qu'il est prêt à ouvrir des pourparlers de paix[46]. Le gouvernement répond positivement et, après un report, les pourparlers s'ouvrent le [47],[48] à la conférence de Goma[49].

Quelque 200 écoliers auraient encore été enrôlés par les forces de Nkunda le [50]. De violents combats entre les forces de Nkunda et des milices Maï-Maï sont par ailleurs intervenus le [51].

2008-2009 : accord de paix de Goma et arrestation de Laurent Nkunda[modifier | modifier le code]

Les partisans de Nkunda décident de participer aux négociations, mais quittent la conférence de Goma le , après la tentative d'arrestation de l'un d'entre eux[52]. Ils reviennent cependant à la table des négociations[53].

Les pourparlers se déroulent jusqu'au [54], et un accord est presque trouvé le [55]. Il est finalement reporté au malgré des discussions liées aux cas de crimes de guerre[56]. Le traité de paix est finalement signé le , et inclut une déclaration de cessez-le-feu immédiat, un retrait du Nord-Kivu des troupes de Nkunda, le retour au village de milliers de civils, et l'immunité des forces de Nkunda[57].

Ni les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda ni le gouvernement du Rwanda n'ont pris part aux discussions, ce qui pourrait hypothéquer la valeur de l'accord[58],[59].

En , l'accord de paix tient toujours, mais n'a pas empêché des combats entre les FARDC et FDLR, et les civils continuent à être victimes d'atrocités[60].

En , à la suite de nouvelles attaques de Nkunda, une internationalisation du conflit se profile[61].

Le , la ville de Rutshuru est menacée par les rebelles. Goma est également assiégée et attaquée, ce qui motive une intervention d'hélicoptères de la MONUC contre les rebelles[62]. La ville est cependant abandonnée par les troupes gouvernementales le [63].

À la suite d'un retournement d'alliance, les gouvernements rwandais et congolais lancent une opération militaire combinée le menant à l'arrestation de Laurent Nkunda au Rwanda le au soir[64].

Le , le CNDP signe un traité de paix avec le gouvernement dans lequel il accepte de devenir un parti politique en échange de la libération de ses prisonniers et d'une meilleure prise en compte de la communauté des Tutsis congolais, notamment en donnant trois ministères au CNDP à la suite de l'élection présidentielle du Congo-Kinshasa de 2011.

2012 : création et rébellion du M23[modifier | modifier le code]

Opération de sécurisation conjointe entre les troupes de la MONUSCO et les FARDC dans la localité d’Eringeti. À la suite des récents massacres dans le territoire de Beni, le Chef de la MONUSCO, Martin Kobler, a demandé des actions conjointes MONUSCO-FARDC immédiates pour éliminer les terroristes.
Destruction de la ville de Kitshanga à la suite des combats entre les FARDC et les rebelles maï-maï APCLS en 2013

Cet accord n'ayant pas été respecté selon lui, il se crée le M23[65] qui reprend les armes et prend en le contrôle de deux villes, Bunagana et Rutshuru[66].

Dans la nuit du 4 au , l'armée congolaise a chassé les combattants du M23 des dernières positions qu'ils occupaient dans les montagnes du Nord-Kivu, à la frontière du Rwanda et de l'Ouganda. Le , le M23 déclare qu'elle dépose les armes[67] et deux jours plus tard, environ 1 500 membres du M23 se rendent aux autorités de l'Ouganda. Après l'échec de l'élaboration d'un premier document commun sur un accord début novembre, la RDC et le M23 signent le à Nairobi un accord de paix qui confirme la dissolution du M23, définit les modalités de la démobilisation et conditionne à l'abandon de la violence la reconnaissance des droits de ses membres[68].

En dépit de la neutralisation du M23 et du CNDP par les forces congolaises, la région demeure loin d'être pacifiée et constitue une véritable zone de non-droit, puisque des affrontements violents surviennent régulièrement entre l'armée régulière et des groupes rebelles[69],[70] et des massacres continuent d'y être perpétrés par des milices armées en 2016 et en 2017[4],[71],[72]. Les civils constituent les principales victimes des combats incessants, notamment les femmes et les enfants régulièrement victimes de viols et d'abus sexuels[73],[74], des atrocités rendues possibles par l'impuissance, l'indifférence voire la complicité/corruptibilité des forces congolaises et des soldats de la MONUSCO[75],[76].

2022 : résurgence du M23 et reprise des hostilités[modifier | modifier le code]

Le l'ambassadeur d'Italie Luca Attanasio, son garde du corps Vittorio Iacovacci et le chauffeur de l'ONU Mustapha Milambo sont tués par six assaillants qui tentent d'enlever l'ambassadeur. L'attaque du convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) de trois véhicules, transportant un total de sept personnes de la MONUSCO effectuait une mission des Nations unies et se rendait dans la province du Nord-Kivu à un programme d'alimentation scolaire du PAM à Rutshuru, une ville située à 70 kilomètres au nord de Goma sur un itinéraire qui aurait conduit les véhicules à travers le parc national des Virunga. L'attaque a lieu près des cantons de Kibumba et Kanyamahoro[77].

Du 13 juin 2022 au 16 juin 2022, la ville frontalière de Bunagana est occupée par le M23[78], elle est reprise par les Forces armées de la république démocratique du Congo le 16 juin 2022[79].

Motivation économique due à l'importance des enjeux miniers[modifier | modifier le code]

Présentation des ressources[modifier | modifier le code]

Le territoire est une région riche en minerais (cuivre, cobalt, zinc, manganèse, or, uranium, et germanium). L’exploitation minière date de avec la découverte de l’or et de la cassitérite ; mais la chasse au minerai s’est développée bien plus tard en devenant un enjeu politique et économique. Les sociétés Conbelmenzaïre et Kinoretain s’occupent de l’exploitation et elles fusionnent en en donnant la SOMINKI (société des mines du Kivu).

L’entreprise est ensuite rachetée par un groupe canadien et s’est ensuite fait attaquer par les « Forces Démocratiques pour la Libération de Congo-Zaïre » (AFDL) ; après la guerre civile elle n’est plus en action.

Depuis la fin du XXe siècle, c’est le tantale qui est valorisé car il sert à la fabrication de produits électroniques. Des dizaines de milliers de personnes ont émigré vers la région du Kivu pour devenir des « creuseurs » et investir les anciens sites miniers de la SOMINKI. La ruée vers le tantale n’a duré que de à ; les cours ayant baissé. Mais l’activité minière n’est pas morte, elle joue maintenant sur le marché mondial en exploitant les autres minerais de la région.

Les minerais sont transportés dans des villes de l’est du Kivu ou au Rwanda. Quand le terrain ne permet pas de faire une route, comme pour la zone de Bisie (Nord-Kivu ; à 200 kilomètres à vol d’oiseau de Goma), le transport de minerai se fait à dos d’hommes sur environ 30 kilomètres jusqu’à une route où des camions prennent les sacs qu’ils emmènent sur un « aéroport » ou des petits avions finissent le transport.

Ensuite, les villes servent de lien entre les exploitations et le marché mondial dominé par de grandes firmes de pays industriels ou émergents (États-Unis, Allemagne, Belgique, Chine, Kazakhstan).

Mais entre les mines et les comptoirs (villes), l’État n’a pas les moyens de mettre un contrôle armé ; ce sont donc des milices qui utilisent la loi du plus fort[80].

Dénonciation du pillage des ressources minérales[modifier | modifier le code]

Le ministre de la Communication de la RDC a dénoncé le soutien d'un « lobby » pillant les ressources minières de la RCD au CNDP. La principale ressource pillée est le coltan, un minerai de tantale servant à la fabrication d'électronique miniaturisée telle que les téléphones et ordinateurs portables[81],[82].

Le sénateur Pere Sampol, du BLOC, a déclaré au cours de cette même conférence de presse que cette nouvelle guerre à l’Est du Congo « a été présentée comme un conflit ethnique ou tribal alors que [le] problème essentiel a été le contrôle par de grands groupes européens et américains des ressources naturelles du Congo ». « C’est juste au moment où le Congo a essayé d’établir des contrats commerciaux avec la Chine pour exploiter le cuivre et le coltan, avec des contrats beaucoup plus avantageux pour le Congo, que les multinationales, avec la complicité des grandes puissances internationales, ont provoqué ce conflit » a-t-il affirmé[83]. Militaires ou rebelles, quelles que soient leurs allégeances ou leurs ethnies, ont en commun le pillage de ces ressources pour les grands groupes occidentaux. Ces seigneurs de la guerre se sont en effet transformés en milices contrôlant chacune un territoire minier, leurs scissions politiques masquant en fait des différends commerciaux[66]. De grandes puissances internationales (nord-américaines, européennes ou asiatiques) fournissent de l'armement aux belligérants locaux qui n'en produisent pas, et financent indirectement cette guerre par l'achat du produit de l'exploitation des ressources naturelles régionales (bois, diamants, or et autres métaux précieux) contrôlée par les groupes armés en conflit[84].  

Rôle du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi dans le pillage des ressources et la perpétuation du conflit[modifier | modifier le code]

Le RCD Goma et le Rwanda s’organisent pour plus ou moins contrôler l’exploitation minière de toute la région, ils sont aidés par les réseaux tutsis transfrontaliers. Ces trois acteurs ont militarisé toute l’activité extractive de la région.

Le rôle majeur de l’exploitation minière dans les conflits du Congo peut être prouvé par le fait que le Rwanda et l’Ouganda soient devenus des frères ennemis lors du contrôle de grandes zones diamantifères, par exemple dans la région de Kisangani en pendant la deuxième guerre du Congo.

Les buts de guerre illégaux de l’Ouganda et du Rwanda sont dénoncés par l’ONU en dans un rapport. D’autres études donnent des informations plus précises sur les agissements des acteurs. Le Rwanda se sert des groupes tutsis pour renforcer l’animosité entre autochtones et Banyarwanda et augmenter les tensions intercommunautaires. De plus, le Rwanda se sert de sa puissance militaire supérieure à celle de ses opposants pour faire profiter ses propres entreprises de l’exploitation du coltan. Même après le départ définitif des troupes rwandaises en , des petits avions continuaient d’amener les récoltes minières à Kigali, finançant l’armement rwandais[80].

Un rapport au Conseil de sécurité des Nations unies montrait en détail en 2012 que le M23 bénéficiait d'un soutien important militaire, financier et politique de la part de membres haut placés du gouvernement rwandais, y compris du ministre de la Défense et du chef d’état-major de la Défense du Rwanda :

  • assistance directe à la création du M23 à partir du territoire rwandais ;
  • recrutement effectué par les Forces rwandaises de défense pour le compte du M23 ;
  • appui logistique des Forces rwandaises de défense au M23 ;
  • implication directe de responsables rwandais de haut rang dans la mobilisation de l’appui au M23 ;
  • appui direct fourni au M23 par des unités des Forces rwandaises de défense lors d’opérations en RDC ;
  • soutien au M23 par des officiels rwandais ;
  • soutien du Rwanda à des groupes armés et à des mutineries liées au M23 ;
  • soutien du Rwanda à des personnes visées par les sanctions, notamment le général Bosco Ntaganda.

Le Gouvernement rwandais a catégoriquement nié les allégations selon lesquelles le Rwanda soutiendrait le M23.

« Certaines autorités rwandaises pourraient être considérées comme complices de crimes de guerre en raison de l’appui militaire continu qu’elles apportent aux forces du M23 » selon l'ONG Human Rights Watch[85].

Félix Tshisekedi, président de la république démocratique du Congo, accuse le 5 juin 2022 le Rwanda de soutenir le M23[86].

En août 2022, un nouveau rapport de l'ONU confirme les liens entre le M23 et le Rwanda[87].

Solutions mises en place[modifier | modifier le code]

Bien que les Nations unies soient présentes sur le territoire depuis avec 25 000 hommes, de nombreux acteurs tirent leur épingle du jeu de cette accumulation de conflits ; au niveau local mais aussi international. Par exemple, le Rwanda se sert de son privilège d’impunité gagné à la suite du génocide de , bien que ce privilège perde de son effet avec le temps. L’ONU cherche donc des solutions alternatives à ces acteurs.

Le processus de Kimberley () impose un régime de certification ayant pour but d’empêcher l’achat de diamant des zones de conflits[88]. Ce  processus s’appuie sur la rhétorique des « diamants de sang » actif dans les pays du nord. Pour la région du Kivu, les diamants ont été remplacés par le coltan mais la règle reste la même.

De plus, en a été créée par une ONG une plateforme « Publish what you pay » (« publiez ce que vous payez »). Ainsi les sociétés qui achètent les minerais du Kivu illégalement sont dénoncées et elles sont parfois même obligées de se retirer du marché pour ne pas ternir leur image.

Mais à ce moment-là le problème de la distinction des origines de minerais se pose. Des recherches scientifiques permettent de cerner l’origine des minerais mais c’est surtout un problème politique. Il faut que les instances politiques de RDC acceptent de mettre en place les moyens de traçabilité. Sinon les États-Unis refuseront tout achat de minerais provenant de cette région du monde (Kivu et ses voisins).

Le pouvoir congolais de Joseph Kabila a donc mis en place en une suspension de l’exploitation des minerais pour faire un embargo sur les trafiquants d’armes. Mais ces derniers ont trouvé des moyens de contourner cet embargo et l’arrêt des exploitations obligeait un grand nombre de mineurs à ne pas pouvoir travailler. La suspension a donc été levée en [80].

Crimes de guerre[modifier | modifier le code]

D’après Human Rights Watch (HRW), les membres du M23 « sont responsables de crimes de guerre commis à grande échelle, y compris des exécutions sommaires, des viols et des recrutements de force ».

Le journal Libération rapporte que pour leurs témoignages apportés aux chercheurs de HRW, les habitants de la ville de Goma reçoivent une « compensation financière »[89]. Des graves violations des droits de l'homme ont été commises aussi par les forces gouvernementales à Goma et à Minova. Une enquête de la Monusco (mission de l'ONU en RDC) a permis de recenser au moins 126 femmes violées fin dont une partie aurait été commise par les soldats des FARDC[90],[91].

Notes et références[modifier | modifier le code]

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  6. « DR Congo: New ‘Kivu Security Tracker’ Maps Eastern Violence », sur Human Rights Watch, (consulté le ).
  7. « ACLED Data (2018) », sur ACLED (consulté le ).
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Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]