Guerre de la Hottée de pommes — Wikipédia

Guerre de la Hottée de pommes
Description de cette image, également commentée ci-après
La porte des Allemands, (XIIIe – XVIe siècle).
Informations générales
Date 1428-1429
Lieu Metz et Pays messin
Casus belli Droits seigneuriaux
Issue Victoire des Messins
Belligérants
Mercenaires et soldoyeurs de la cité messine Troupes de Charles II, de René Ier et du margrave Bernard Ier
Commandants
Guillaume de Châteauvillain Charles II de Lorraine
Forces en présence
1 200 mercenaires + ? 1 000 cavaliers et 20 000 fantassins

Guerres féodales en Lorraine

La Guerre de la Hottée de pommes est une guerre du Saint-Empire romain germanique, qui opposa de 1428 à 1429, la République messine au duc de Lorraine et à ses alliés.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Aux XIVe et XVe siècles, la Lorraine devient le théâtre régulier d’affrontements entre différents seigneurs du Saint-Empire romain germanique. Les ducs de Lorraine, de Bar, de Luxembourg, les comtes de Deux-Ponts, de Vaudémont, l’archevêque de Trèves, les évêques de Metz, Toul et Verdun, s’allient ou s’opposent au gré des circonstances, dans un monde fortement marqué par la féodalité.

La guerre de la Hottée de pommes oppose les troupes de Charles II de Lorraine, René Ier d'Anjou et Bernard Ier de Bade à la cité messine[1],[2].

Casus belli[modifier | modifier le code]

En 1427, les très nombreuses tensions accumulées dans la région éclatèrent à la suite d’un incident minime. L’abbaye de Saint-Martin-lès-Metz dépendait du duché de Lorraine. Or, en 1427, l’abbé de Saint-Martin y fit cueillir une hottée de pommes en son jardin et fit porter les fruits en la cité de Metz. Le duc Charles II de Lorraine (1365-1431) réclama alors un droit sur ces fruits, que les magistrats de Metz se refusèrent à lui allouer, comme contraire aux franchises et privilèges de la cité[3].

« [...] Les religieux de Saint-Martin en donnèrent avis aux officiers du duc de Lorraine, qui demandèrent plusieurs fois, au nom de leur maître, certains droits sur ces fruits, à raison de leur sortie des États de Lorraine pour entrer dans Metz. Les Messins refusèrent de payer, prétendant que cela était contraire à leurs franchises. La guerre naquit de cet incident, on appela pour cela la Guerre de la hottée de Pommes [...] »

Charles II de Lorraine, initiateur de la guerre de la Hottée de pommes et son épouse Marguerite de Bavière, initiatrice de la paix.

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Le duc de Lorraine déclara donc la guerre aux Messins, guerre amplifiée par le jeu des différentes alliances. Pour la circonstance, Charles II s’était en effet allié avec ses gendres, le duc de Bar René Ier d'Anjou[4] et le marquis Bernard Ier de Bade, puis avec le duc de Bavière, son beau-père. Réunis, ces seigneurs avaient sous leurs ordres une armée d’environ 1 000 cavaliers et 20 000 fantassins.

De son côté, la ville de Metz avait signé un pacte avec un certain Guillaume, seigneur de Château Villain[5], qui s’était engagé à servir les Messins avec 1 200 combattants, et avec d’autres capitaines qui s’étaient mis à la solde de la ville avec leurs compagnies de mercenaires. Les paroisses, le clergé même, durent fournir des chevaux ; on arma les murs de la ville, on construisit des bombardes et on se prépara à la défense.

Déroulement du conflit[modifier | modifier le code]

En 1428, le duc de Lorraine, après avoir défié la ville non seulement par lui-même, mais par tous ses chevaliers, se jeta sur le pays messin, qu’il ravagea et saccagea sans rencontrer de résistance. Voulant couper les voies de communications de la ville, il fit clore les chemins de toutes parts, sauf du côté du Luxembourg. En effet, la voie était restée libre aux Messins, par ordre de la duchesse engagère de Luxembourg, Élisabeth de Goerlitz, qui leur était favorable. Celle-ci avait des ennuis financiers avec le duc de Lorraine.

Succédant à de nombreuses escarmouches et à de sanglants pillages dans la campagne environnante, les Messins constatèrent l'arrivée des troupes ducales sous les murs de leur ville, et virent se dresser contre eux les canons et les bombardes. Mais les Messins avaient eux-mêmes installé des bombardes sur leurs remparts, et celles-ci furent particulièrement efficaces. Elles semèrent le désordre parmi l’armée ennemie, si bien que quelques jeunes marchands de Metz, archers et arbalétriers firent une sortie et, par leur hardiesse, causèrent de grands dommages aux troupes de Charles II ; mais ils se laissèrent surprendre et plus de 36, dont Jean Hulot, furent fait prisonniers. Le duc de Lorraine, surpris par tant de résistance, préféra lever le siège pour de nouveau dévaster les campagnes.

Trêve et paix[modifier | modifier le code]

Le pays fut bientôt épuisé et les Lorrains fatigués, ce qui permit d’aboutir à une trêve suivie de la paix, publiée et proclamée dans Metz le premier jour de . Le duc se désista de sa prétention sur la hottée de pommes, cause ou plutôt prétexte de tant de maux, et les prisonniers furent échangés de part et d’autre, non sans grandes difficultés toutefois, car Charles II, mécontent de l’insuccès de son entreprise, apporta dans l’exécution de cette partie du traité beaucoup de mauvaise volonté.

Sa mort, survenue en 1431, mit fin à tous les délais ; la pieuse Marguerite de Bavière, veuve du feu duc, relâcha tous les prisonniers et vint même rendre visite à la ville de Metz, qui la reçut en grande pompe et lui fit des présents magnifiques[6].

En même temps, la paix fut signée entre les Messins et le duc de Bar René Ier d'Anjou, successeur de Charles II de Lorraine par son épouse Isabelle Ire de Lorraine, et beau-frère par sa sœur Marie d'Anjou du roi de France Charles VII.

Originalité de la guerre[modifier | modifier le code]

La guerre de la hottée de pommes est insignifiante dans l'histoire des relations entre le duché de Lorraine et la ville de Metz. Cependant, la mobilisation des chevaliers du duc de Lorraine, et l'envoi de lettre de défi en masse, est complètement original[7]. En effet, Metz reçu entre le 31 mai, date d'expédition de la lettre de défi (déclaration de guerre) du duc de Lorraine, et la signature de paix, plus de 4500 lettres de défi[8]. Aujourd'hui, 250 de ces lettres sont encore conservées aux Archives Municipales de Metz. Il est exceptionnel de retrouver tant de lettres de défi, ces documents étant généralement retrouvés seul ou par groupe de trois ou quatre.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Google livre "Les Guerres stupides de l'Histoire" de Bruno Fuligni, Bruno Léandri, consulté le 17 avril 2019.
  2. Google livre, Les Chroniques de la ville de Metz: 900-1552 de Jean-François Huguenin, Philippe de Vigneulles, Jean Aubrion, St. Thiébault (doyen de), Praillon, consulté le 17 avril 2019.
  3. D’après la Chronique du curé de Saint-Eucaire de Metz, dite du doyen de Saint-Thiébaut, écrite dans la première moitié du XVe siècle, Histoire de Lorraine, t. II, col. CXCVII et sq., texte revu sur les manuscrits et traduit.
  4. Le Moigne François-Yves, Histoire de Metz, 1986. (p. 152).
  5. Peut-être s’agit-il de Guillaume, seigneur de Châteauvillain, de Grancey et de Pierre-pont, chevalier et chambellan du roi, gouverneur de Langres, chambrier de France en 1419, décédé en 1439. (Jean Baptiste Pierre Julien de Courcelles, Dictionnaire universel de la noblesse de France, p. 46).
  6. site La Lorraine dans le temps, page sur "la guerre de la hottée de pommes", consulté le 17 avril 2019.
  7. Lecanuet--Pennequin, Edouard, Les Lettres de défi adressées à la ville de Metz en 1429 à l'occasion de la guerre de la Hottée de Pommes, Mémoire de master, Université de Strasbourg, 2021.
  8. De Vigneulles, Philippe, Aubrion, Jean, St. Thiévault( doyen de), Praillon, Chroniques de la ville de Metz, par Huguenin, Jean François, S. Lamort, Metz, 900-1552.

Articles connexes[modifier | modifier le code]