Guerre civile italienne — Wikipédia

Guerre civile italienne
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Soldats de la République sociale italienne, 1944.
Informations générales
Date 8 septembre 1943 - 2 mai 1945
Lieu Italie
Casus belli Armistice de Cassibile
Issue Percée alliée en Italie du Nord, prise du pouvoir par la résistance et le gouvernement royal
Belligérants
Drapeau de la République sociale italienne République sociale italienne
Esercito Nazionale Repubblicano
Guardia Nazionale Repubblicana
Brigate Nere
Soutien
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Drapeau du Royaume d'Italie Royaume d'Italie
Comité de libération nationale
Républiques partisanes
Comité de libération nationale de Haute Italie (en)
Drapeau de l'Italie Résistance
Soutien
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau des États-Unis États-Unis
Commandants
Esercito Nazionale Repubblicano :
Drapeau de l'Italie Benito Mussolini
Drapeau de l'Italie Rodolfo Graziani
Guardia Nazionale Repubblicana :
Drapeau de l'Italie Renato Ricci
Drapeau de l'Italie Valerio Borghese
Brigate Nere
Alessandro Pavolini
Armée royale italienne :
Drapeau de l'Italie Victor-Emmanuel III
Drapeau de l'Italie Pietro Badoglio
Résistance :
Ivanoe Bonomi
Alfredo Pizzoni
Forces en présence
400 000 soldats italiens pro-fascistes
100 000 soldats allemands
600 000 soldats italiens pro-républicains
300 000 soldats alliés

Seconde Guerre mondiale

Batailles

La guerre civile italienne est une confrontation qui a eu lieu entre et , au cours de la Seconde Guerre mondiale, entre d'une part les forces fidèles au roi Victor-Emmanuel III et celles des partisans italiens, et d'autre part l'armée fasciste de la République sociale italienne, état fantoche du Troisième Reich.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Le roi Victor-Emmanuel III d'Italie.

À la suite de la période dite des « quarante-cinq jours », qui se clôt par l'armistice entre le royaume d'Italie et les puissances alliées, les Italiens se trouvent devant un choix : suivre Mussolini rétabli au pouvoir dans le nord de la péninsule italienne par l'Allemagne nazie, au sein de la soi-disant « République sociale italienne », ou bien obéir à la résistance formée par le gouvernement royal ayant autorité dans les zones contrôlées par les Alliés dans le Sud de la péninsule, et par les Partisans communistes actifs surtout dans le Nord[1].

Chronologie des événements[modifier | modifier le code]

Dès le , la guerre civile se déchaîne en Italie, avec son cortège de violences et de crimes de toute nature[2]. Elle se manifeste par le retour à la pratique du banditisme[3]. Pendant cette guerre civile, au Nord de l'Italie, la terreur fasciste et nazie se déchaîne contre les nombreuses républiques communistes éphémères créées sur des territoires limités, pour une durée n'excédant pas quelques semaines avant leur anéantissement. Au Sud, des conflits sporadiques éclatent parfois entre royalistes et communistes dans les zones contrôlées par les Alliés, mais ceux-ci séparent les belligérants et, en décembre 1943, se coordonnent à la Conférence de Téhéran où les Soviétiques renoncent à toute prétention sur l'Italie et la Grèce, tandis que les Anglo-Américains renoncent à toute prétention sur l'Europe orientale : informés, les Partisans communistes joignent leurs forces à celles du gouvernement Badoglio[4].

Dans cette guerre civile, les deux camps n'appliquent pas les Conventions de Genève et se trouvent engagés dans une logique de représailles croisées n'épargnant pas les familles des combattants ni les civils des quartiers tenus par l'ennemi, logique similaire à celle connue par l'Espagne et la Grèce durant leurs guerres civiles, ainsi que par la France entre 1942 et 1945. Le nombre d'otages italiens assassinés par soldat allemand tué est, durant la période qui s'étend d' à , de 10 civils italiens pour un soldat allemand (Pologne : 100 civils pour 1 soldat)[5].

Aux yeux des résistants italiens, les représailles aveugles pratiquées par les troupes allemandes et les soldats de la RSI posent problème : faut-il renoncer à l'action pour éviter ces exactions ? En , le commandement militaire pour la Haute-Italie préconise la limitation à cause des représailles, et donc d'opérer une stricte sélection des actions de la Résistance[6]. Mais cette attitude de la Résistance évolue au fil de l'année 1944 : les Partisans préconisent de frapper encore plus fort, pour accélérer la fin de la guerre, affirmant qu'au final cela permettra d'économiser des vies[7], étant donné l'incapacité des troupes allemandes et fascistes d'exercer de manière systématique les représailles annoncées[8].

Alors que l'Italie fasciste avait, avant sa chute à l'automne 1943, persécuté les Juifs sans les exterminer et en limitant le nombre des déportations vers l'Allemagne nazie, la RSI pour sa part, à la demande de ses mentors nazis, procède à l'extermination systématique des Juifs[9] avec l'aide des SS et des polices locales. Les premiers Juifs italiens déportés sont ceux vivant dans les zones administrées directement par l'Allemagne en Italie (Zone d'opérations des Préalpes et Zone d'opérations de la côte Adriatique), notamment les communautés de Trieste et de Merano. En octobre 1943, en dépit des objections du général Albert Kesselring et de diplomates en poste à Rome, Theodor Dannecker, dépêché sur place par Heinrich Himmler, coordonne la déportation des Juifs de Rome[10].

À l'automne 1943, l'ordonnance no 5 ordonne à la police de la la RSI de procéder à l'arrestation des Juifs habitant les territoires contrôlés par celle-ci. Des Juifs italiens se cachent dans de petites localités, d'autres s'engagent comme combattants des Républiques partisanes italiennes, hors d'atteinte de la police fasciste et des troupes allemandes. Les ordres concernant les Juifs sont inégalement appliqués par les forces de police de la RSI : à Venise, entre décembre 1943 et octobre 1944, environ 500 personnes sont arrêtées et déportées ; à Milan, les sbires de la RSI appliquent à la lettre les instructions du Duce[11].

Le procès de Vérone du 8 au est la dernière action politique d'envergure de la RSI : on y condamne à mort certains membres du Grand Conseil du fascisme qui avaient provoqué la chute du régime fasciste de Benito Mussolini ; son gendre Galeazzo Ciano fait partie des condamnés.

Mussolini est tué le 28 avril 1945 par les Partisans. Le , les dernières forces fascistes capitulent. En , un référendum décide du remplacement de la monarchie italienne par un régime républicain.

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pavone 1991, p. 70-72
  2. Pavone 1991, p. 490
  3. Pavone 1991, p. 529
  4. Christopher Andrew, (en) « Les archives Mitrokhine » in Le KGB contre l'Ouest (1917-1991) Fayard 2000.
  5. Pavone 1991, p. 562
  6. Pavone 1991, p. 563
  7. Pavone 1991, p. 565
  8. Pavone 1991, p. 564
  9. Selon Liliana Piciotto-Fargion, 35,5 % des Juifs italiens déportés le furent par les autorités de la RSI.
  10. R.J. Evans, Le Troisième Reich, 1939-1945, p. 560.
  11. Saul Friedländer, Les Années d'extermination, 2008, p. 749-750.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) Claudio Pavone, Una guerra civile. Saggio storico sulla moralità della Resistenza, Turin, Bollati Boringhieri, , 825 p. (ISBN 88-339-0629-9)
  • (it) Renzo De Felice, Mussolini l'alleato II. La guerra civile 1943-1945, Einaudi, Torino, 1997. (ISBN 8806118064)
  • (it) Luigi Ganapini, La repubblica delle camicie nere. I combattenti, i politici, gli amministratori, i socializzatori, Garzanti, Milano, 2010. (ISBN 8811694175)
  • (it) Gianni Oliva La resa dei conti. Aprile-maggio 1945: foibe, piazzale Loreto e giustizia partigiana, Mondadori, Milano, 1999. (ISBN 8804456965)
  • (it) Aurelio Lepre, La storia della Repubblica di Mussolini. Salò: il tempo dell'odio e della violenza, Mondadori, Milano, 1999. (ISBN 8804458984)