Guerre civile du Suriname — Wikipédia

Guerre civile du Suriname
Description de cette image, également commentée ci-après
Régions affectées par la guerre civile
Régions affectées par l'afflux de réfugiés
Informations générales
Date -
(6 ans et 17 jours)
Lieu Suriname oriental
Issue Le Jungle Commando dépose les armes après la restauration de la démocratie
Belligérants
Drapeau du Suriname Suriname Jungle Commando
Tucayana Amazonas (en)
Commandants
Fred Ramdat Misier
Desi Bouterse
Ronnie Brunswijk
Thomas Sabajo
Pertes
87 morts 60 morts

Civils :
⩾ 300 morts


Total :
⩾ 447 morts

La guerre civile du Suriname est un conflit qui dura de 1986 à 1992 au Suriname. Il a opposé le gouvernement du Suriname mené par Dési Bouterse au Jungle Commando mené par Ronnie Brunswijk. Le conflit a touché principalement l'est du Suriname, notamment les populations marrons.

La situation s'enlisant durablement, les Jungle Commando ont progressivement évolué vers le banditisme, entre l'attaque de la banque de Moengo et divers trafics sur le fleuve Maroni (essence, or, armes puis drogue).

Déroulement[modifier | modifier le code]

Desi Bouterse prend le pouvoir en 1980 à la suite d'un coup d'État. En quelques années, le pays s'enfonce dans la pauvreté et la corruption, alors que les Pays-Bas suspendent leur aide au développement en raison des exactions. En 1986, une guérilla est mise en place, menée par Ronnie Brunswijk, un garde du corps de Bouterse formé à Cuba. La guerre touche principalement l'est du Suriname et a pour enjeu majeur le contrôle du trafic de cocaïne[1].

À l'été 1989, des pourparlers de paix sont engagés. En mars 1991, la paix entre Bouterse et Brunswijk est signée à Kourou, celle entre leurs milices respectives est signée en mai 1992, puis ratifiée le par le président Ronald Venetiaan le [1].

Massacre de Moïwana et réfugiés[modifier | modifier le code]

Le monument en mémoire des victimes du massacre de Moïwana.

Le , à Moïwana (en) (ancien village de Bushinenges), 39 personnes sont tuées par l'armée gouvernementale, dont des femmes enceintes, des enfants en bas âge et des vieillards[1],[2]. Si la raison officielle de l'intervention était la présence supposée de Brunswijk au sein du village, cette explication est peu vraisemblable, Moïwana se tenant alors loin des combats. Les habitants étant des Bushinengés comme le chef rebelle, il pourrait s'agir de représailles ethniques[3].

Après la fin de la guerre, une enquête a été ouverte concernant le massacre de Moïwana, mais s'est arrêtée avec le meurtre en pleine rue du policier chargé de l'enquête. La cour interaméricaine des droits de l'homme a demandé en 2004 que l'enquête se poursuive, mais n'a obtenu que des excuses officielles du président Venetiaan, ainsi que des compensations financières[3].

À la suite du massacre de Moïwana, les survivants et des milliers d'autres civils ont fui vers la Guyane française voisine[1], dans les environs de Saint-Laurent-du-Maroni. Ceux-ci, appelés Personnes Provisoirement Déplacées du Suriname (PPDS), ont été placés dans quatre camps de réfugiés, sous l'égide des Nations unies :

  • Camp A à côté de l'aérodrome de Saint-Laurent-du-Maroni (A pour aviation, également appelé Vliegveld — signifiant « aérodrome » en néerlandais — par les réfugiés… ) fut le camp de transit des femmes réfugiées attendant un enfant et sur le point d'accoucher, ainsi que toutes autres personnes nécessitant une surveillance médicale resserrée.
  • Camp PK9 le long de la route D9 allant vers Mana
  • Camp de Charvein au début de la route D10 reliant la D9 à Javouhey
  • Camp de l'Acarouany à proximité de Javouhey.

Ces camps sous tutelle du UNHCR étaient administrés par des gendarmes français avec l'aide de militaires de divers régiments 41e RI , 1 et 9 RCP, Bataillon de Chasseurs Alpins et autres. Nourriture, soins, électricité et eau étaient fournis par les militaires. La langue employée était le taki-taki, mélange de créole et d'anglais. Cette situation sociale, médicale et politique aura duré six ans, plongeant Saint-Laurent-du-Maroni et ses environs dans une situation difficile, notamment pour l'hôpital André-Bouron, qui mit des années à se relever sur le plan financier.

Bilan[modifier | modifier le code]

Il n'existe aucune donnée officielle sur le nombre de victimes. On estime cependant que la guerre a fait 350 morts et 25 000 déplacés[4]. La situation économique des marrons du Suriname ne s'est pas améliorée depuis la fin de la guerre civile[1].

Sources[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (nl) « BINNENLANDSE OORLOG IN SURINAME », sur isgeschiedenis.nl (consulté le ).
  2. (en) « Surname’s govt to apologise for 1986 massacre » [archive du ], sur RadioJamaica.com,
  3. a et b (nl) Harmen Boerboom, « Moiwana: het vergeten bloedbad in het Surinaamse binnenland », sur nos.nl, (consulté le ).
  4. (nl) « Suriname. Binnenlandse oorlog, 1986-1992 », sur humanityhouse.org, (consulté le ).