Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés — Wikipédia

Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés
GATIA
Image illustrative de l’article Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés

Idéologie Loyalisme malien
Objectifs Maintien de l'Azawad au sein de la République du Mali
Défense des intérêts de la tribu des Imghad
Statut Actif
Fondation
Date de formation
Organisation
Chefs principaux Fahad Ag Almahmoud
Youssouf Ag Mohamed
El Hadj Ag Gamou
Ahmoudou Ag Asriw
Membres 500 à 1 000 hommes[1],[2],[3]
Fait partie de Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger
Guerre du Mali

Le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) est un groupe armé créé le pendant la guerre du Mali.

Logos et drapeaux[modifier | modifier le code]

Création[modifier | modifier le code]

La création du GATIA est une conséquence de la défaite de l'armée malienne lors de la bataille de Kidal du , qui voit les forces rebelles du MNLA, du HCUA et du MAA prennent le contrôle de la ville, ainsi que celle d'Anéfis, abandonnée par les militaires maliens[4].

De mai à juillet des affrontements éclatent dans les environs de Tabankort et Anéfis, dans la région de Gao, entre d'un côté les groupes rebelles du MNLA, du HCUA, de la branche autonomiste du MAA, de l'autre une alliance de groupes armés pro-Mali, avec une fraction loyaliste du MAA composée d'Arabes de la tribu des Lemhars, une milice de Touareg de la tribu des Imghad et des Songhaï du Coordination des Mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR). Ces combats font plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de morts[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12].

Le , les combattants loyalistes de la tribu des Imghad annoncent la création du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés[2].

Le , la Plateforme des cadres et leaders touaregs, présidée par Ahmed Mohamed ag Hamani, condamne la création du GATIA qu'elle qualifie de « milice ethnique » et exclut Fahad Ag Almahmoud de la Plateforme[13].

Objectifs[modifier | modifier le code]

Le GATIA est un mouvement loyaliste, opposé à l'indépendance ou à l'autonomie du nord du Mali[14]. Il est allié à la branche loyaliste du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA)[14].

Le jour de l'officialisation de la création du mouvement, son secrétaire-général, Fahad Ag Almahmoud, déclare :

« Nous venons de créer le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) pour défendre les intérêts de notre communauté dans le nord du Mali, notamment contre le MNLA. Nous sommes pour le processus de paix, nous reconnaissons l’intégrité territoriale du Mali, et nous ne réclamons pas d’autonomie. Nous voulons travailler avec le gouvernement malien pour amener la stabilité du pays[2]. »

Organisation[modifier | modifier le code]

Lors de la fondation du mouvement, Fahad Ag Almahmoud est désigné secrétaire général du GATIA[14] et Habala Ag Amzata secrétaire-général adjoint[15], mais le véritable fondateur et chef militaire du mouvement est le général El Hadj Ag Gamou[16],[17],[18],[19],[20],[21].

Parmi les autres commandants figure Almadi Ag Lengach, chef du GATIA à Ménaka, assassiné dans cette ville dans la nuit du 16 au [22].

Les combattants du GATIA sont en grande majorité des Touareg de la tribu des Imghad, connue pour avoir soutenu le gouvernement malien dès le début de la guerre du Mali[14].

Officiellement le gouvernement malien nie être l'origine de la création du GATIA. Mais en , la MINUSMA constate que plusieurs miliciens du groupe, blessés au cours des combats de Tabankort et soignés à Gao, étaient des militaires de l'armée régulière malienne qui avaient suivi une formation de la Mission de formation de l'Union européenne au Mali à Koulikoro. Selon Jeune Afrique : « En dépit des dénégations officielles, les liens entre les autorités et cette milice sont donc clairement établis »[23].

Le 10 juillet 2023, un document du GATIA annonce la mise en place d'un nouveau bureau et la nomination de Youssouf Ag Mohamed comme secrétaire général[24]. Cette nomination est cependant contestée par Fahad Ag Almahmoud, qui affirme que son mandat court jusqu'en 2024 et qui dénonce une manœuvre orchestrée par le ministre de la Réconciliation nationale Ismaël Wagué[24]. Ces divisions au sein du GATIA sont dues aux critiques de Fahad Ag Almahmoud envers les autorités de transition et à son implication au sein du Cadre stratégique permanent (CSP)[24].

Effectifs[modifier | modifier le code]

À sa création le groupe revendique 1 000 combattants, il affirme également disposer d'une base entre Gao et Kidal[2],[14]. Le mouvement est surtout présent dans les environs de Bourem et dans les localités de Tarkint et Tabankort, près d'Anéfis[25]. Il possède également un camp à Tin-Habou, près de Boni[17]. Dans un rapport rédigé en , la MINUSMA estime que le GATIA compte 500 hommes[1].

Actions[modifier | modifier le code]

De l'été 2014 à l'été 2015, le GATIA et les groupes de la Plateforme mènent de rudes combats contre les rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad, principalement à Ménaka, Tabankort et Anéfis. Le GATIA prend notamment Ménaka le et Anéfis le [26],[27],[28]. Mais sous la pression de la MINUSMA, le groupe se retire de cette dernière ville quelques jours plus tard[29].

Après l'été 2015, une phase de « décrispation » est observée[30]. Le , après trois semaines de discussions, la Plateforme et la CMA scellent la paix lors de « pactes d’honneur »[31],[32]. Les 1er et , des centaines de membres du GATIA menés par Ag Gamou peuvent rentrer à Kidal avec le « consentement » de la CMA[31],[33],[34],[35],[36],[37],[38],[39],[40]. Depuis le GATIA s'est émancipé de la « tutelle » du gouvernement malien et s'est un peu rapproché de ses anciens ennemis de la CMA[17], même si des épisodes de tensions persistent ponctuellement à Kidal entre le GATIA et les ex-rebelles[41].

Cependant des affrontements communautaires opposent en mai et des Touaregs du GATIA à des Peuls de Ganda Izo, bien que les deux groupes soient membres de la Plateforme[42],[43],[44],[45].

Mais à Kidal, la situation se dégrade en entre les Touaregs imghad du GATIA et les Ifoghas du HCUA en lutte d'influence pour la gestion administrative et sécuritaire de la ville. Le , des combats éclatent mais ils ne tournent pas à l'avantage du GATIA qui est chassé de la ville[46],[47],[48]. Des affrontements se poursuivent ensuite dans les environs de Kidal contre les hommes de la CMA[49].

Le , Paul Folmsbee, l'ambassadeur des États-Unis au Mali, demande officiellement au gouvernement malien de rompre avec le GATIA : « Le gouvernement malien doit mettre fin à tous les liens à la fois publics et privés avec le GATIA, un groupe de milices armées qui ne contribue pas à ramener la paix dans le nord du Mali »[50],[51].

Le , après une attaque contre un poste de militaire à Abala, au Niger, les djihadistes de l'État islamique se replient au Mali. Mais ils sont alors attaqués par l'armée malienne, l'armée française et les miliciens touaregs du GATIA et du MSA. En réponse Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, le chef de l'EI au Sahel, accuse dans une missive les Touaregs imghad et daoussahak d'être les complices de la France et du Niger, et menace particulièrement les chefs du MSA et du GATIA : Moussa Ag Acharatoumane et El Hadj Ag Gamou[52],[53].

Mais dans la région de Kidal, des combats éclatent début entre le GATIA et la CMA[54]. En juillet, les affrontements reprennent et tournent à l'avantage de la CMA : le , le GATIA est chassé d'Anéfis[55],[56] ; le , il est battu à la bataille de Takellote au sud de Kidal et perd une de ses plus importantes positions[57] ; le , il est chassé d'Inafarak, près d'In Khalil[57] ; et le , il abandonne la ville de Ménaka[58].

Le , un officier du GATIA, Youssouf Ag Noch dit Ahallachoch, est assassiné à Gossi par l'État islamique dans le Grand Sahara[59].

Exactions[modifier | modifier le code]

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, des hommes du GATIA ont exécuté six personnes à Tin-Hama le , lors de combats livrés contre le MNLA[60],[61].

Certains membres du GATIA font également l'objet d'accusations de liens avec le trafic de drogue[17],[62].

En , pour avoir recruté des enfants soldats, le GATIA et les autres groupes de la Plateforme sont inscrits sur la liste noire de l'ONU d’entités violant dans les guerres les droits des enfants[63].

Dans un rapport daté du , des experts indépendants de l'ONU accusent également Baye Coulibaly, gérant d'une entreprise de transports et membre du GATIA, d'être un des plus importants trafiquant de migrants dans la région de Gao[64],[65]. Selon le rapport, il aurait également fait enrôler au sein du GATIA certains des migrants rejetés par l'Algérie[64],[65]. Un autre membre du GATIA, Ahmoudou Ag Asriw, est quant à lui accusé d'avoir escorté de nombreux convois de drogue en 2017 et 2018[65].

Le , le Conseil de sécurité de l'ONU adopte des sanctions contre Ahmoudou Ag Asriw, un cadre du GATIA, qui est interdit de voyage pour entrave à l'accord de paix de 2015[66].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Baba Ahmed, « Mali : le business du cantonnement ? », Jeune Afrique,
  2. a b c et d AFP, « Un nouveau groupe armé créé par des Touareg dans le nord du Mali », sur malijet.com
  3. « Dorothée Thienot, Mali : discussions à Alger, combats vers Gao », Jeune Afrique
  4. « Mali: Kidal aux mains des rebelles, appel présidentiel au cessez-le-feu », sur ladepeche.fr (consulté le )
  5. « Le Témoin : Affrontements inter-communautaire à Tabankort : Plus de 100 morts et 125 blessés », sur malijet.com,
  6. « Mali: affrontements dans le Nord », sur RFI, (consulté le )
  7. Massiré DIOP, « Maliweb : Querelle de leadership entre groupes armés dans la région de Gao : Les affrontements entre deux factions du MAA à Tabancort font 7 morts et 15 blessés », sur maliweb.net,
  8. « Mali Actu : Combats MNLA-MAAA : La guerre pour le contrôle des routes de drogue », sur maliactu.net - Le Mali en continu,
  9. « L'Indicateur du Renouveau : Tabankort : Affrontements entre factions rivales du MAA », sur malijet.com,
  10. « Nord – Mali : quand le MNLA confond le MAA avec le MUJAO », Mali Actu,
  11. « Retour des violences et des jihadistes au nord du Mali », sur RFI, (consulté le )
  12. « Alger: pendant les négociations, les combats continuent au Mali », sur RFI, (consulté le )
  13. « RFI : Mali: une organisation touarègue s'oppose à la création du Gatia »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  14. a b c d et e « Nord du Mali: naissance d’un groupe armé opposé à l'autodétermination », sur RFI, (consulté le )
  15. « Mali: le Gatia accuse les hommes de la CMA d'exactions contre des civils à Kidal », RFI,
  16. Dorothée Thiénot et Benjamin Roger, « Jeune Afrique : Nord du Mali : le Gatia, une milice loyaliste qui veut monter... jusqu'à Alger », Jeune Afrique,
  17. a b c et d Rémi Carayol, « Carte : au centre du Mali, une constellation de groupes armés », Jeune Afrique,
  18. « Mali: le général El Hadj Ag Gamou affirme appartenir au Gatia », sur RFI, (consulté le )
  19. « Mali: Kidal, cœur du conflit », sur RFI, (consulté le )
  20. Rémi Carayol, « Mali : le vrai-faux coming out du général Gamou », Jeune Afrique,
  21. Célian Macé, « Au Nord-Mali, l'ex-rébellion touareg chancelle », Libération,
  22. « Mali: un chef militaire d'un groupe pro-gouvernemental assassiné à Ménaka », RFI, (consulté le )
  23. « Mali : le Gatia, drôle de milice », Jeune Afrique (consulté le )
  24. a b et c David Baché, Mali: changement contesté à la tête du Gatia, groupe armé touareg signataire de l'accord de paix, RFI, 14 juillet 2023.
  25. « Malijet Fahad Ag Almahmoud, Secrétaire Géneral du Gatia à l’Aube : « L’Azawad n’est pas une entité politique » Bamako Mali », sur malijet.com (consulté le )
  26. « Mali: un groupe pro-Bamako prend Ménaka aux mains du MNLA », RFI,
  27. « Suite aux combats du nord du Mali, l’ONU tente de sécuriser Kidal », RFI,
  28. « Mali : que se passe-t-il à Anéfis ? », Jeune Afrique,
  29. Benjamin Roger, « Mali : la Plateforme entame un retrait partiel d’Anéfis », Jeune Afrique,
  30. « Mali: échange de prisonniers entre Bamako et groupes rebelles », RFI,
  31. a et b Le Monde avec AFP, « Mali : des combattants loyalistes entrent sans heurts dans Kidal »,
  32. « Mali: à Kidal, des zones d’ombres dans l’accord CMA-Gatia », RFI,
  33. « Mali: des hommes d'un groupe pro-Bamako sont entrés dans Kidal », RFI,
  34. « Mali: les discussions se poursuivent à Kidal pour un retrait du Gatia », RFI,
  35. Joséphine Johnson, « Mali : faut-il s'inquiéter du retour des groupes armés à Kidal ? », Le Point,
  36. « Mali: à Kidal, le Gatia et les rebelles tombent d’accord », RFI,
  37. « Mali: le calme à Kidal après l’accord CMA-Gatia », RFI,
  38. David Baché, « Mali: Gatia et CMA à Kidal, les enjeux », RFI,
  39. « Mali : après l'accord d'Alger, la paix des tribus », RFI,
  40. « Mali: situation apaisée à Kidal, un mois après l'incursion du Gatia en ville », RFI,
  41. Baba Ahmed, « Mali – Kidal : à quoi joue le général El Hadj Ag Gamou ? », Jeune Afrique,
  42. « Mali: l'anniversaire de l'accord de paix marqué par des accrochages dans le Nord », RFI,
  43. « Attaque des positions de Gandalzo dans le Gourma : les mises au point de la COMPIS 15 et du Mouvement GandaIzo », Malijet,
  44. « Nord du Mali: huit à dix personnes tuées dans de nouvelles violences », RFI,
  45. Rémi Carayol, « Mali : près de Douentza, Imghads et Peuls ne veulent pas « se partager » le territoire », Jeune Afrique,
  46. « Mali: un calme précaire est revenu à Kidal », RFI,
  47. « Mali: après les combats, Kidal est toujours sous tension », RFI,
  48. Oksanna Le Rallec, « Mali : à Kidal, l'impossible réconciliation », Le Point,
  49. « Mali: nouveaux affrontements meurtriers entre la CMA et le Gatia », RFI,
  50. « Mali: les États-Unis demandent au gouvernement de rompre les liens avec le Gatia », RFI,
  51. « Mali: silence des autorités face aux accusations des États-Unis sur le Gatia », RFI,
  52. « Point de situation des opérations du 8 juin 2017 », Ministère de la Défense,
  53. « Le chef jihadiste Al-Sahraoui accuse et menace deux communautés du Mali », RFI,
  54. « Mali: les raisons qui expliquent le regain de violence dans la région de Kidal », RFI,
  55. « Mali: la Plateforme et la CMA s'affrontent pour le contrôle d'Anéfis », RFI,
  56. « Kidal, l’enjeu d’un cessez-le-feu à plusieurs inconnues », Journal du Mali,
  57. a et b Baba Ahmed, « Mali : risque d’escalade après les affrontements meurtriers près de Kidal », Jeune Afrique,
  58. « Mali: les combattants de la CMA prennent le contrôle de Ménaka », RFI,
  59. Le Monde avec AFP et Reuters, « Explosions près des bases de la Minusma et de la force française Barkhane Tombouctou, au Mali »,
  60. « Mali: l’ONU dénonce de massives violations des droits de l’homme », RFI,
  61. AFP, « Mali: état d'urgence jusqu'au 1er janvier », Le Point,
  62. Rémi Carayol, « Mali : à quoi joue le général Gamou ? », Jeune Afrique,
  63. AFP, « L'ONU ajoute des groupes violant les droits des enfants à une liste noire »,
  64. a et b Morgane Le Cam, « Au Mali, des signataires de l’accord de paix accusés de terrorisme », Le Monde,
  65. a b et c Aïssatou Diallo et Matthieu Millecamps, « Rapport de l’ONU sur le Mali : ceux qui font obstacle à la paix », Jeune Afrique,
  66. Le Figaro avec AFP, « Accord de paix: premières sanctions de l'ONU contre des Maliens »,