Gouvernement Benkiran I — Wikipédia

Gouvernement Benkiran I

Monarchie constitutionnelle

Description de cette image, également commentée ci-après
Chef du gouvernement marocain
Roi Mohammed VI
Chef du gouvernement Abdel-Ilah Benkiran
Législature IXe législature de la Chambre des Représentants (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Fin
Durée 1 an, 9 mois et 7 jours
Composition initiale
Coalition PJD - PI -PPS - MP
Parti politique Parti de la justice et du développement (PJD)
Ministres 30
Femmes 1
Hommes 29
Représentation
Parlement
217  /  395
Drapeau du Maroc

Le premier gouvernement Benkiran est le trentième gouvernement du Maroc depuis son indépendance en 1956.

Le Chef du gouvernement a été nommé par un décret royal en date du , conformément à l'article 47 de la Constitution adoptée par référendum le 1er juillet 2011.

En effet, le , le Parti de la justice et du développement avait remporté les élections législatives anticipées en obtenant 107 sièges sur les 395 qui composent la Chambre des représentants.

Les autres membres ont été nommés par un décret royal en date du [1].

Ce gouvernement compte, outre le Chef du gouvernement, trente membres et comprend une seule femme, Bassima Hakkaoui.

Il est remplacé le par le gouvernement Benkiran II à la suite de la sortie du parti de l'Istiqlal de la coalition gouvernementale.

Élections législatives de 2011[modifier | modifier le code]

Les résultats définitifs des élections du ont été annoncés le soir du par le ministre de l'Intérieur Taib Cherkaoui[2], le taux de participation a enregistré une légère hausse, s'établissant à 45,40 % alors que celui-ci s'était constamment réduit depuis les législatives de 1984 (67 % en 1984, 62 % en 1993, 58 % en 1997, 50 % en 2002 et 37 % en 2007).

  Rang Parti % Sièges Évolution
(Législatives 2007)
Participation au gouvernement
  1er Parti de la justice et du développement (PJD) 27,08 % 107 en augmentation +61 oui
  2e Parti de l'Istiqlal (PI) 15,19 % 60 en augmentation +8 oui
  3e Rassemblement national des indépendants (RNI) 13,16 % 52 en augmentation +13 opposition
  4e Parti authenticité et modernité (PAM) 11,90 % 47 stagnation nouveau parti
en diminution -8[n 1]
opposition
  5e Union socialiste des forces populaires (USFP) 9,87 % 39 en augmentation +1 opposition
  6e Mouvement populaire (MP) 8,10 % 32 en diminution -9 oui
  7e Union constitutionnelle (UC) 5,82 % 23 en diminution -4 opposition
  8e Parti du progrès et du socialisme (PPS) 4,55 % 18 en augmentation +1 oui
  9e Parti travailliste (PT) 1 % 4 en diminution -1 opposition
  10e Parti du renouveau et de l'équité (PRE) 0,50 % 2 en diminution -2 soutien
  10e Mouvement démocratique et social (MDS) 0,50 % 2 en diminution -7 soutien
  10e Parti de l'environnement et du développement durable (PEDD) 0,50 % 2 stagnation nouveau parti soutien
  10e Parti Al Ahd Ad Dimocrati (AHD) 0,50 % 2 stagnation nouveau parti soutien
  14e Front des forces démocratiques (FFD) 0,25 % 1 en diminution -8 opposition[3]
  14e Parti de l'action (PA) 0,25 % 1 en augmentation +1 soutien
  14e Parti unité et démocratie (PUD) 0,25 % 1 stagnation nouveau parti soutien
  14e Parti de la liberté et de la justice sociale (PLJS) 0,25 % 1 stagnation nouveau parti soutien
  14e Parti de la gauche verte (PGV) 0,25 % 1 stagnation nouveau parti opposition
  -- Total (taux de participation 45,40 %) 100 % 395 --

Formation[modifier | modifier le code]

Avec 27 % des sièges à la chambre basse du Parlement, le Parti de la justice et du développement doit se résoudre à former un gouvernement de coalition. Le , trois jours après l'annonce officielle des résultats du scrutin, le PJD lance officiellement un appel aux partis de la Koutla[4]. L'Istiqlal (deuxième au scrutin avec 60 sièges) est le premier parti à se dire intéressé tandis que l'USFP (39 sièges) décline l'offre le [5], préférant regagner une crédibilité dans l'opposition. Le troisième parti de la Koutla, le Parti du progrès et du socialisme, annonce quant à lui son ralliement au PJD le [6], invoquant un « compromis historique » qui justifie le dépassement des divergences idéologiques opposant les deux mouvements[7].

De son côté, l'Alliance pour la démocratie, coalition politique hétéroclite de partis couramment surnommée le G8 et formée le dans la perspective des élections, se fissure. Si le PJD a d'emblée écarté l'hypothèse d'une alliance avec le Parti authenticité et modernité (47 sièges)[8], plusieurs partis de la coalition se déclarent intéressés, en premier lieu le Mouvement populaire (32 sièges) et l'Union constitutionnelle (23 sièges)[9]. Le , le bureau politique du Mouvement populaire vote à l'unanimité le ralliement au PJD, outrepassant les réticences de la frange réformatrice de la base du parti[10].

Coalition gouvernementale[modifier | modifier le code]

Après 2 semaines de négociations entre le chef du gouvernement Abdel-Ilah Benkiran et les partis politiques susceptibles de participer au gouvernement, la coalition a été officiellement dévoilée le soir du lundi à la suite de la réunion d'Abdelilah Benkirane avec les secrétaires généraux des partis ayant accepté la participation. Après 5 semaines de négociations, la liste gouvernementale a été approuvée et nommée officiellement le par le roi Mohammed VI.

  Rang Parti %
(Législatives 2011)
Sièges
(Législatives 2011)
Nombre de ministres
  1er Parti de la justice et du développement (PJD) 27,08 % 107 (en augmentation+61) 11 (+ Chef du gouvernement)
  2e Parti de l'Istiqlal (PI) 15,19 % 60 (en augmentation +8) 6
  6e Mouvement populaire (MP) 8,10 % 32 (en diminution -9) 4
  8e Parti du progrès et du socialisme (PPS) 4,55 % 18 (en augmentation +1) 4
  -- Indépendants 5
  -- Total 54,92 % 217 (en augmentation +61) 31

Crise de mai-juillet 2013[modifier | modifier le code]

Le , le conseil national du parti de l'Istiqlal annonce son retrait de la coalition gouvernementale à la suite d'une réunion extraordinaire tenue à Rabat. Le début de cette crise politique commence en effet en septembre 2012, à la suite de l'élection de Abdelhamid Chabat à la tête du parti de l'Istiqlal, il critique alors publiquement le bilan gouvernemental et appelle au retrait de ses six ministres partisans du gouvernement. Le roi, alors en voyage privé en France, depuis le , obtient néanmoins, par téléphone, un ajournement de la décision des instances dirigeantes de l'Istiqlal[11]. Le , cinq des six ministres istiqlaliens déposent officiellement leur démission au chef gouvernement[12], seul Mohamed Louafa refuse de mettre à exécution la décision de retrait du gouvernement prise par son parti et maintient son poste à l'Éducation nationale[13], il est suspendu par conséquent de son parti le .

Avec la sortie du parti de l'Istiqlal de la coalition, le gouvernement Benkiran devient de facto minoritaire à la Chambre des représentants. Le parti de la justice et du développement (PJD), meneur du gouvernement, décide alors de former une nouvelle coalition en intégrant son opposant le Rassemblement national des indépendants (RNI), arrivé 3e lors des législatives de 2011[14]. Le , le gouvernement Benkiran II voit le jour et remplace le gouvernement Benkiran I.

Répartition des ministères[modifier | modifier le code]

Chef du gouvernement[modifier | modifier le code]

Image Fonction Nom Parti
Chef du gouvernement Abdel-Ilah Benkiran PJD

Ministres[modifier | modifier le code]

Image Fonction Nom Parti
Ministre d'État Abdellah Baha PJD
Ministre de l'Intérieur Mohand Laenser MP
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Saâdeddine El Othmani PJD
Ministre de la Justice des Libertés El Mostafa Ramid PJD
Ministre des Habous et des Affaires islamiques Ahmed Toufiq Ind.
Secrétaire général du gouvernement Driss Dahak Ind.
Ministre de l'Économie et des Finances Nizar Baraka PI
Ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la ville Mohamed Nabil Benabdallah PPS
Ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime Aziz Akhannouch Ind.
Ministre de l'Éducation nationale Mohamed Louafa PI
Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres Lahcen Daoudi PJD
Ministre de la Jeunesse et des Sports Mohammed Ouzzine MP
Ministre de l'Équipement et du Transport Aziz Rabbah PJD
Ministre de la Santé Houcine El Ouardi PPS
Ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi PJD
Ministre de l'Énergie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement Fouad Douiri PI
Ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle Abdelouahed Souhaïl PPS
Ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies Abdelkader Amara PJD
Ministre du Tourisme Lahcen Haddad MP
Ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social Bassima Hakkaoui PJD
Ministre de la Culture Mohamed Amine Sbihi PPS
Ministre de l'Artisanat Abdessamad Kayouh PI
Ministre chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile El Habib Choubani PJD

Ministres délégués[modifier | modifier le code]

Image Fonction Ministre de rattachement Nom Parti
Ministre délégué à l'Administration et la Défense nationale Chef du gouvernement Abdellatif Loudiyi Ind.
Ministre délégué aux Marocains résidant à l'étranger Chef du gouvernement Abdellatif Maâzouz PI
Ministre délégué Ministre de l'Intérieur Charki Draiss Ind.
Ministre déléguée Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Youssef Amrani PI
Ministre délégué aux Affaires générales et de la Gouvernance Chef du gouvernement Mohamed Najib Boulif PJD
Ministre délégué à la Fonction publique et la Modernisation de l'administration Chef du gouvernement Abdelâdim El Guerrouj MP
Ministre délégué au Budget Ministre de l'Économie et des Finances Driss El Azami El Idrissi PJD

Actions[modifier | modifier le code]

Conformément à l'article 88 de la constitution, le Chef du gouvernement a présenté le programme gouvernemental le mardi devant les membres du parlement.
Le jeudi , le parlement a approuvé ce programme par 218 voix contre 135. Aucune abstention n'a été enregistrée[15].

Les cinq grands axes du programme

La déclaration gouvernementale repose sur trois bases[16] sur lesquelles seront fondées les politiques gouvernementales, ainsi que leurs mises en application:

  • action intégrée ;
  • l'approche coopérative;
  • lier la responsabilité à la reddition des comptes.

Dans la page 9 du programme qui en compte 97, cinq grandes directives sont instaurées :

  • la consolidation de l’identité nationale unifiante dans la diversité de ses composantes tout en s’ouvrant sur les civilisations, les cultures et les langues étrangères ;
  • le renforcement de l’économie nationale, la création d’emplois décents et l'instauration d'une politique économique garantissant une répartition équitable des richesses ;
  • l’adoption d’un nouveau pacte social axé sur la solidarité entre les différentes couches sociales, entre les générations et les régions et assurant aux citoyens l’accès aux prestations sociales ;
  • l'encouragement de la réactivité positive avec l'environnement régional et mondial et le renforcement du service public au profit des marocains résidant à l'étranger ;
Réactions de la classe politique

Ce programme a été qualifié par la majorité de la classe politique de "très ambitieux et d'audacieux"[17]. Mais l'accusation qui revient le plus souvent à l'égard du PJD et de son programme, jugé irréaliste, c'est celle de pratiquer le populisme[18].

Débats parlementaires
Programme gouvernemental face aux attentes de la société civile

Le chômage, le manque de prestations sociales adéquates et les problèmes liés au déséquilibre entre le pouvoir d'achat des citoyens et les prix exorbitants de l'habitat et des services médicaux constituent les principaux défis à l'action gouvernementale[19].

Mise en application du programme

Popularité[modifier | modifier le code]

Un peu plus d'une semaine après la victoire électorale du PJD le , un sondage d'opinion réalisé pour le compte de l'hebdomadaire Actuel par l'institut LMS-CSA (filiale marocaine de l'institut de sondage français CSA) révèle que 82 % des Marocains font confiance au Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane[n 2]. Il montre aussi que la lutte contre la corruption, l'amélioration de l'accès aux soins et la réforme de l'éducation constituent alors les dossiers prioritaires du gouvernement aux yeux de la population[20].

Critiques du roi Mohammed VI[modifier | modifier le code]

Le roi Mohammed VI a en l'espace de trois semaines critiqué ouvertement le bilan du gouvernement à travers deux discours pronnocés. Le , à l'occasion de la fête du Trône, le roi a tenu à préciser que le gouvernement actuel avait hérité d'une « situation saine » de la part du gouvernement précédent. Trois semaines plus tard, à l'occasion d'un discours prononcé lors de la 60e commémoration de la Révolution du roi et du peuple et à la veille de son cinquantième anniversaire, le roi dénoncera la politique du gouvernement islamiste Benkiran en matière d'éducation. Il la juge décevante et promet des réformes dans ce secteur qui doit être une priorité nationale. Il réactive à cette occasion le Conseil national de l'Éducation[21],[22].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le Parti authenticité et modernité, bien que n'ayant pas participé aux législatives de 2007, était présent dans le précédent parlement avec 55 députés ayant rallié le parti au cours de la législation, à la suite de sa fondation.
  2. Sondage réalisé du 2 au sur un échantillon de 1000 personnes.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Dahir no 1-12-01 du 9 safar 1433 (3 janvier 2012) portant nomination des membres du gouvernement, BORM, no 6010 du 5 janvier 2012, p. 34,, sur sgg.gov.ma
  2. MAP, « Résultats définitifs du scrutin du 25 novembre portant sur les 395 sièges », Le Matin,‎ (lire en ligne).
  3. Fouâd Harit, « Le gouvernement "kafkaïen" de Benkirane », Afrik.com, .
  4. RFI, « Maroc: tractations du PJD pour la formation d'un gouvernement de coalition », Radio France internationale, .
  5. RFI, « Maroc : l’USFP ne participera pas au gouvernement Benkirane », Radio France internationale, .
  6. Halima Djigo, « Le PPS rejoint le gouvernement Benkirane », Yabiladi, .
  7. Oumar Baldé, « Mort de la Koutla démocratique, place à la « Koutla historique » », Yabiladi, .
  8. Oumar Baldé, « Benkirane : « Toutes les alliances sont possibles, sauf avec le PAM » », Yabiladi, .
  9. Oumar Baldé, « Nouveau gouvernement au Maroc : Quand les alliances cèdent la place aux postes ministériels », Yabiladi, .
  10. Reda Mouhsine, « Divisé, le MP rejoint l'équipe Benkirane », Le Soir Échos, .
  11. La vie éco, « Crise de la majorité : qui sera le grand perdant ? », Ecopress.com, .
  12. Maroc: démission officielle des ministres de l'Istiqlal, rfi.fr, 10/07/2013
  13. Le Secrétariat général de l’Istiqlal suspend Mohamed El Ouafa de ses fonctions partisanes, lopinion.ma, 12/07/2013
  14. Benkirane II : le RNI ne veut pas lâcher les Finances !, Aujourd'hui le Maroc, consulté le 18/09/2013.
  15. [1]
  16. Gouvernement 2012 BON.pdf|page 6 du programme gouvernemental de janvier 2011 ( en langue arabe
  17. [2]
  18. Tahar Abou El Farah, « Populiste le gouvernement Benkirane? », La Vie éco, .
  19. [3]
  20. Maghreb Arabe Presse, « Plus de 80 % des Marocains font confiance au leader du PJD, Abdelilah Benkirane », Atlasinfo.fr, .
  21. Hassan Alaoui, « Enseignement : le Roi remue le couteau dans la plaie », in Le Soir Echos
  22. Le glas sonnerait-il pour Benkiran ? », in Akhabar Al Youm