Gordon Riots — Wikipédia

The Gordon Riots (1879), vues par John Seymour Lucas.

Les « Gordon Riots » (dites aussi en français à l'époque « sédition de Londres ») sont des émeutes anti-catholiques, provoquant des dégâts très importants qui se sont produites du 2 au à Londres.

Les causes[modifier | modifier le code]

L'exercice de la religion catholique était limité par les lois anglaises qui édictaient un certain nombre de sanctions et d'interdictions aux catholiques du royaume de Grande-Bretagne. En 1778, le Parlement avait passé le Papists Act (en) (1778) qui assouplissait le Popery Act (1698) voté en 1700.

Sir George Savile avait fait voter une loi, le Catholic Relief Act, permettant aux papistes, s'ils prêtaient serment de fidélité au roi et s'ils renonçaient à la juridiction du pape sur les affaires civiles, de tenir des écoles et d'acquérir ou hériter de terres dans le royaume[1]. La loi est votée à l'unanimité par les deux chambres et promulguée par le roi le 3 juin 1778[1]. Il s'agissait d'obtenir le soutien des catholiques, surtout irlandais, dans la guerre contre la France (1778-1783)[1]. La menace d'un débarquement français n'était effectivement pas exclu et il était important de pouvoir compter sur le recrutement de soldats catholiques[1].

Mais cette loi inquiète fortement les presbytériens écossais : le 2 février 1779 des émeutes éclatent à Edimbourg et Glasgow : des chapelles, des maisons, des commerces catholiques sont détruits[1]. Le roi décide que l'Act n'aura pas d'effet en Ecosse[1].

Lord George Gordon crée alors l'Association protestante en novembre 1779 pour demander le retrait du Papist Act en Angleterre également[1]. Fils d'un catholique et d'une protestante, élevé dans l'anglicanisme, il était un farouche adversaire des papistes[1].

Les événements[modifier | modifier le code]

Le , il organise une manifestation sur la place Saint Georges à Londres. Sur place, les gens devront signer une pétition réclamant le retrait du Catholic Relief Act. Lord Gordon s'engage alors publiquement à se retirer de la vie politique si sa pétition obtient moins de 20 000 signatures[1]. Le jour même il obtient 44 000 signatures[1]. Sur la place on compte 60 000 personnes arborant le bleu, la couleur de l'association[1]. Il décide alors d'aller déposer les signatures directement au Parlement le jour même[1]. La Chambre des Communes décide de reporter le vote au mardi 6 juin[1], ce qui entraine la colère des manifestants. Des pro-catholiques comme Burke ou Lord North sont hués et insultés. Deux chapelles catholiques (celle de l'ambassadeur de Bavière et celle du Piémont-Sardaigne) sont incendiées. Le dimanche 4 juin les manifestations reprennent. Une chapelle catholique est incendiée à Moorfields. L'incendie dégénère et détruit d'autres immeubles. Le Lundi 5 juin ça recommence. La maison de Sir Savile est attaquée à son tour. Cette fois le pouvoir envoie la troupe. Mais une chapelle irlandaise est incendiée non loin. Le mardi 6 juin pendant les délibérations du Parlement au sujet de la pétition, les manifestants se groupent tout autour. Lord Sandwich est tabassé. La Chambre des Communes reporte alors le vote au jeudi 8 juin. Pour disperser l'émeute, le juge Hyde fait charger la cavalerie. La foule se disperse mais incendie la maison du juge Hyde. Le soir venu les manifestants libèrent plusieurs prisons de Londres et incendient l'hotel particulier de Lord Mansfields aux idées libérales. Les maisons de Lord North et de l'archevêque d'York sont menacées. D'autres chapelles catholiques sont détruites. Les maisons arborent un drapeau bleu pour ne pas être attaquées.

Le mercredi 7 juin c'est l'apogée des émeutes connu comme le "black wednesday". Les maisons des juges et des chefs de la police ainsi que de personnalités catholiques sont prises pour cible. La maison d'un commerçant français (Jacques Malo) part en fumée, comme l'entrepôt d'un commerçant (catholique) d'alcool nommé Lansdale. L'alcool attise les flammes qui se répandent dans tout le quartier. D'autres prisons sont libérées. Le pont payant des Blackfriars est attaqué. Plus de 36 incendies sont comptés dans Londres[1]. La banque d'Angleterre est attaquée, mais cette fois les commerçants s'arment pour la défendre. Le "Common council" appelle à prendre les armes pour se défendre. Dans la nuit est créée la London Military Association pour défendre la propriété privée et les bâtiments publics.

Le jeudi 8 l'émeute se calme bien que les incendies continuent. Le vendredi 9 au matin Lord Gordon est arrêté et enfermé à la Tour de Londres. Le samedi 10 tout est fini[1].

La justice ne rend pas l’Association protestante responsable des violences. Lord George Gordon est acquitté. Par contre, vingt cinq meneurs d’origine populaire sont pendus.

John Wilkes défendit son quartier face aux émeutiers.

Les incendies auront tué plusieurs centaines de personnes. La police a tué près de 300 émeutiers. Les propriétaires seront dédommagés à hauteur de 30 000 livres[1].

Dans l'art et la littérature[modifier | modifier le code]

Gordon Riots (1790), gravure d'après le tableau de Francis Wheatley.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o et p Jacques Godechot, La prise de la Bastille, Paris, Gallimard, , p.30-42

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Babington, Anthony. Military intervention in Britain: from the Gordon riots to the Gibraltar Incident. Routledge, 1990.
  • (en) Black, Eugene Charlton. « The Tumultuous Petitioners: The Protestant Association in Scotland, 1778–1780 », Review of Politics vol. 25, no 2 (1963), p. 183-211.
  • (en) Burney, Susan. « Journal Letter, June 5–12, 1780 », The Journals and Letters of Susan Burney, Ashgate : ed. Philip Olleson, 2012, p. 168-181 (ISBN 978-0-7546-5592-3).
  • (en) Green, Dominic, « The Making of a "Protestant Rabbin". The Cultural Transfers of Lord George Gordon, 1781-1793 », in Thies Schulze (dir.), Grenzueberschreitende Religion. Vergleichs- und Kulturtransferstudien zur neuzeitlichen Geschichte, Goettingen : Vandenhoeck & Ruprecht 2013, p. 165–184.
  • (en) Haydon, Colin. Anti-Catholicism in Eighteenth-Century England, C. 1714-80: A Political and Social Study (1993).
  • (en) Haydon, Colin. « Eighteenth-Century English Anti-Catholicism: Contexts, Continuity and Diminution », in John Wolffe (dir.), Protestant-Catholic Conflict from the Reformation to the Twenty-first Century, Palgrave Macmillan UK, 2013, p. 46-70 (présentation en ligne).
  • (en) Hibbert, Christopher, King Mob: The Story of Lord George Gordon and the Riots of 1780, Dorset Press, 1990 (ISBN 0-88029-399-3).
  • (en) Jones, Brad A. « 'In Favour of Popery': Patriotism, Protestantism, and the Gordon Riots in the Revolutionary British Atlantic », Journal of British Studies vol. 52, no 1 (2013), p. 79-102.
  • (en) McDonagh, Patrick. « Barnaby Rudge, ‘idiocy’ and paternalism: Assisting the ‘poor idiot’ », Disability & Society, vol. 21, no 5 (2006), p. 411-423.
  • (en) John Hungerford Pollen « Gordon Riots » (1909), transcrit par Joseph P. Thomas dans Charles George Herbermann : The Catholic Encyclopedia, New York: Robert Appleton Co., 1907–1914.
  • (en) Rudé, George. « The Gordon Riots », History Today, juillet 1955, vol. 5, no 7, p. 429–437.
  • (en) Rudé, George. « The Gordon Riots: A Study of the Rioters and their Victims », Transactions of the Royal Historical Society, no 6 (1956), p. 93-114.
  • (en) Rudé, George. The Gordon Riots, in Paris and London in the Eighteenth Century, Londres : Fontana/Collins, 1974.
  • (en) Rudé, George. « 'Church and King' Riots », The Crowd in History, Londres : Serif, 2005.
  • (en) Rogers, Nicholas. « The Gordon Riots », Crowds, Culture and Politics in Georgian Britain, Oxford : Clarendon Press, 1998, p. 152–175.
  • (en) Nicholson, John. The Great Liberty Riot of 1780, Bozo, 1985 (ISBN 0-904063-16-X).
  • (en) Simms, Brendan. Three Victories and a Defeat: The Rise and Fall of the First British Empire, Penguin Books, 2008.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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