Godelieve de Gistel — Wikipédia

Godelieve de Gistel
Image illustrative de l’article Godelieve de Gistel
Fresque de sainte Godelieve dans l'Abbaye Sainte-Godelieve de Gistel en Belgique
Sainte, vierge et martyre
Naissance 1045
Wierre-Effroy, Pas-de-Calais, France
Décès   (à 25 ans)
Gistel
Nom de naissance Godelieve de Wierre-Effroy
Nationalité Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Vénérée à Gistel
Canonisation 30 juillet 1084
par Urbain II
Vénérée par Église catholique
Église orthodoxe (Flandre)
Fête 30 juillet (Église catholique)
6 juillet (Église orthodoxe)
Attributs La couronne du martyre, une corde, un mouchoir autour du cou
Sainte patronne Des femmes délaissées et maltraitées par leur mari

Godelieve de Gistel (ou Godeleine en Flandre française et en Wallonie)[1], née en 1045[2] à Wierre-Effroy et morte le à Gistel, est une jeune femme issue de la noblesse flandrienne.

Délaissée par son mari qu'elle ne cessa d'aimer, et maltraitée par sa belle-mère, elle meurt assassinée. Elle est considérée comme sainte et martyre.

Liturgiquement elle est commémorée le 30 juillet par l'Église catholique[3] et en Flandre le 6 juillet par l'Église orthodoxe[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Godelieve est la fille d'Hemfried de Wierre-Effroy, Baron d'Hardifort, issu de la noblesse flandrienne et d'Odgive de Boulogne, issue de La maison de Boulogne, famille de la noblesse franque issue de la maison de Flandre. Elle a deux sœurs, Ogide et Adèle[5].

Elle vient au monde dans le château de Londefort dans le hameau de Hondefort à Wierre-Effroy où son père est seigneur. Belle et aimable, la jeune fille de 25 ans refuse les prétendants, souhaitant devenir religieuse.

Un noble, d'origine danoise, Bertholf de Ghistelles, fils de Wulfart de Ghistelles, né à Sainte Aemond au Danemark et d'une des filles de Baudouin IV de Flandre[6] veut à tout prix l'épouser, et pour atteindre son but, la demande par l'entremise d'Eustache II de Boulogne, comte de Boulogne, suzerain du père de Godelieve, lequel ne peut alors refuser.

Le jour du mariage, l’attitude de Bertholf change, il devient froid, lointain et méprisant. Il se désintéresse de son épouse. Il fait accélérer le départ vers son château de Gistel, près d’Ostende. Godelieve, en quittant le manoir de son père, plante une quenouille dans un petit bois et une source en jaillit.

Godelieve est très mal reçue par sa belle-mère qui la jalouse, la persécute, l'oblige à vivre dans une cellule minuscule, sans la nourrir adéquatement. Ce qui n'empêche pas Godelieve de partager ses maigres victuailles avec les pauvres. De son côté, Bertolf fait courir des rumeurs calomnieuses à son sujet, et le mariage n'est pas consommé.

Après quelque temps, Godelieve s'enfuit et retourne chez ses parents. Son père fait appel à l'évêque de Tournai pour obliger Bertholf à reprendre son épouse et à lui rendre ses droits et sa dignité d'épouse.

L'histoire éclate et Bertholf échappe de peu à l’opprobre général. Il fait amende honorable, se repent, jure à Godelieve, à ses parents et aux autorités ecclésiastiques qu’il regrette ses gestes. Il promet d’avoir une conduite irréprochable vis-à-vis de Godelieve. Inquiète mais prête à pardonner, la jeune femme repart à Gistel.

La mort de Godelieve de Gistel. Abbaye de Gistel

Bertholf veut se débarrasser définitivement de Godelieve. Il lui faire croire qu’il a demandé les services d’une femme qui a le secret de renouer les liens conjugaux rompus.

Godelieve doit la rencontrer seule, en secret, pendant la nuit. Le à l’aube, deux serviteurs chargés de sa surveillance viennent la réveiller. Elle doit se rendre au rendez-vous dans ses vêtements de nuit. Une fois sortis du château, ils l’emmènent vers un point d’eau, et là, l’étranglent et la noient pour faire passer ce meurtre pour une mort naturelle. Son corps est ramené en secret jusqu’à sa chambre.

Elle s'est débattue et du sang a coulé à l’endroit où elle a été tué. Dès les premiers instants, on raconte que le sol sous ses pieds se change alors en marbre blanc, attestant ainsi de sa pureté.

Son époux revient de Bruges en veuf éploré pour éviter les soupçons.

Son mari, la fait inhumer dès le lendemain, dans un caveau de l’église de Gistel. Lors des obsèques, un autre miracle se produit. Une foule immense se déplace et comme la coutume le prévoit, on distribue des pains aux pauvres. Lorsque les pains commencent à manquer, ils se multiplient pour permettre à chacun d’en recevoir.

La source de Wierre-Effroy[modifier | modifier le code]

Son caveau puis l’eau dans laquelle Godelieve fut noyée attirent ensuite les infirmes et les malades. Des miracles se produisent très rapidement. La source de Wierre-Effroy devient ensuite un lieu de pèlerinage. Bertholf qui c'est remarié, a une fille, Edith, née aveugle. La tradition relate que l'enfant fut guérie que par l'intercession de Godelieve. Après ce miracle, Bertholf se repent et part à Rome pour obtenir l'absolution de sa faute. Il part ensuite en pèlerinage en Terre sainte et se fait moine à l'abbaye de Saint-Winoc de Bergues où il meurt[7]. Sa fille Edith fonde un monastère bénédictin à Gistel (Ten Putte) sous le patronage de sainte Godelieve[7].

Canonisation[modifier | modifier le code]

Son corps est levé de terre le pour la reconnaissance de canonisation[8].

Les reliques de Godelieve sont visitées par les prélats locaux dans les siècles suivants. Il y a une reconnaissance le , une attestation fut rédigée en 1392, une en 1604.

Une visite des reliques, assez mouvementée, fut effectuée le . Une nouvelle reconnaissance a eu lieu le .

Des parties de ces reliques ont été depuis distribuées à différentes églises. On en trouvait à Tournai, à Gand, à Sleidinge, à Ypres, à Courtrai, au monastère d'Eeckhout (nl) et à Mechelen.

Souvenir et vénération[modifier | modifier le code]

Chapelle Sainte Godeleine à Wierre-Effroy.
Abbaye Sainte-Godelieve de Gistel.
  • Une dizaine d'années après la mort de Godelieve, Drogon, alors moine de Gistel, écrit Vie de Godelieve (Vita Godeliph), œuvre qui détaille la vie de cette dernière[9]. Cette 'Vita' fut complétée plus tard par un compte-rendu de miracles et d'évènements divers, rédigé par un moine, probablement de l'abbaye de Saint-André-lez-Bruges, connu seulement sous le nom de Anonymus Ghistellensis.
  • En 1084, l'évêque de Tournai et de Noyon fit exhumer le corps de Godelieve, qui depuis lors reçut une grande vénération populaire et fut à l'origine de nombreux miracles[10].
  • Une procession comptant plus de mille participants parcourt chaque année les rues de Gistel, le dimanche suivant le .
  • Une petite chapelle qui lui est dédiée existe dans son village natal de Wierre-Effroy au hameau Londefort, à l'intérieur de laquelle se trouve une source dite miraculeuse.
  • A Gistel, est fondée autour du puits où fut jeté le corps de Godelieve en 1070, l'abbaye de Ten Putte qui deviendra l'abbaye Sainte-Godelieve. On peut y observer une chemise, que la légende attribue à Godelieve.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Antoine Lefebvre, Hagiographie boulonnaise. Sainte Godeleine, son culte et ses reliques, Arras, Sueur-Charruez, , IV-XVI-324

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Connue également sous d'autres noms : Godeleva, Godeliève, Godelaine, Godelina ou Godelive, ou même - erronément - Gertrude
  2. De "Vita Godeliph" van de monnik Drogo (books.google.fr)
  3. nominis.cef.fr Nomins : Sainte Godelieve de Ghistelles.
  4. stmaterne.blogspot.com Saint Materne : Sainte Godelieve, martyre, patronne des époux malheureux.
  5. Hemfried de Wierre-Effroy (geneanet.org)
  6. Volume 3De Revue Générale 1883 (books.google.com)
  7. a et b Pierre Guelff, « Le puits magique de Godelieve », Soirmag,‎ (lire en ligne).
  8. Sainte GODELIEVE de GHISTELLES, martyre (blogspot.com)
  9. [https://books.google.com/books/about/Annales_de_la_Soci%C3%A9t%C3%A9_d_Emulation_pour.html?hl=fr&id=KcefL8z58dYC#v=onepage&q=Bertolf%20de%20Ghistelles&f=false Annales de la Société d'Emulation pour l'Etude de l'Histoire et les Antiquités de la Flandre Occidentale Volume 2-1848] (books.google.com)
  10. Bien qu'elle soit vénérée comme 'martyre' les Bollandistes font remarquer (dans Acta Sanctorum, vol. 2 de juillet) que, à strictement parler, la sainte ne mourut pas en défense de la foi chrétienne mais bien comme victime de violences domestiques, qu'elle supporta cependant avec le plus éminent esprit de charité chrétienne. De là lui vient sa sainteté.