Ghetto de Slonim — Wikipédia

Ghetto de Slonim
Ghetto Slonim 1h.jpg
Mémorail du ghetto Slonim
Présentation
Type Ghetto juif
Gestion
Date de création
Date de fermeture
Victimes
Type de détenus Juifs
Géographie
Pays Drapeau de la Biélorussie Biélorussie
Région Voblast de Hrodna
Localité Slonim
Coordonnées 53° 03′ 36″ nord, 25° 11′ 24″ est
Géolocalisation sur la carte : Biélorussie
(Voir situation sur carte : Biélorussie)
Ghetto de Slonim
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Ghetto de Slonim

Le ghetto de Slonim () — est un des 302 ghettos de Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale, un lieu de résidence forcée de la population juive de la ville de Slonim, en Biélorussie, en application du processus de la Shoah, pendant l'occupation des territoires de l'URSS par les armées du Troisième Reich. Il s'agit d'un ghetto dans lequel la résistance juive permet à 500 personnes de s'échapper et de rejoindre la résistance[1].

La communauté juive de Slonim[modifier | modifier le code]

Synagogue, Slonim

La communauté juive de Slonim est attestée depuis 1551, même s'il est probable qu'elle existait auparavant[2]. Elle commence à prospérer au milieu du XVIIIe siècle avec la construction du canal Oginski (en) et le développement du commerce[2]. Au recensement de 1897, la population juive de Slonim s'élève à 10 588 personnes sur un total de 15 893 habitants[2].

Occupation de Slonim et création du ghetto[modifier | modifier le code]

intérieur de la synagogue

Après l'occupation de la Pologne par les nazis, en , la population Juive de Slonim est accrue par des réfugiés et atteint 27 000 personnes, c'est-à-dire presque 80 % de la population totale[3],[4],[5].

Après la rupture du pacte germano-soviétique, par Hitler, en , la ville se trouve sous l'occupation allemande pendant plus de 3 ans[6],[3],[1] depuis le jusqu'au [7]. L'armée rouge recule précipitamment et la plupart des Juifs de la partie occidentale de la Biélorussie n'ont pas le temps d'évacuer[4].

Le plan des nazis concernant la Solution finale de la question juive, à Slonim, débute comme dans d'autres villes, par la prise de mesures contre les Juifs. Dès la prise de la ville par les forces d'occupations, ces dernières ordonnent aux Juifs, sous peine de mort, de coudre sur leurs vêtements l'Étoile de David, et obligent les hommes à passer la nuit dans la synagogue, à l'exclusion de tout autre endroit. Puis ils forcent les Juifs à créer un Judenrat. À peine est-il constitué que les Allemands fusillent ses premiers membres[6]. Une contribution financière de deux millions de roubles est alors imposée à la communauté juive[1].

Le , les nazis tuent 1 200 Juifs de Slonim, dans la banlieue de la ville[3],[1].

À la mi- (certains citent le mois de [3]), les Juifs de Slonim et des hameaux environnants sont chassés dans le ghetto, par les Allemands[8] à un emplacement situé près de la rivière Chtchara et du canal Oginski (en)[3], avec interdiction de sortir du ghetto et, pour les non-juifs, d'y entrer[4],[1].

Destruction du ghetto[modifier | modifier le code]

Année 1941[modifier | modifier le code]

De juin à , 10 000 personnes meurent de faim dans le ghetto[6].

Les 13 et , de 8 000 à 9 000 habitants de Slonim et des villages environnants sont fusillées[3],[6],[1]. Ces crimes sont exécutés, principalement, de la main des soldats de la Wehrmacht (la 6e compagnie du 727e régiment d'infanterie), avec la participation des Einsatzgruppen et de la police[9],[10].

Juin 1942[modifier | modifier le code]

En , le commandant du détachement de partisans appelé « Chtchorsa », Pavel Proniagine, avertit les juifs de Slonim des projets de destruction complète du ghetto, imagine un plan de fuite, le transmet aux prisonniers du ghetto et organise une opération d'évasion des juifs de la ville vers les bois environnants. Environ 170 juifs du ghetto de Slonim, réussissent à s'arracher au ghetto et à se joindre aux partisans[11],[12],[13].

Le , le ghetto est encerclé par les Allemands, les collaborateurs baltes et les membres de la collaboration biélorusse pendant la Seconde Guerre mondiale. Le président du Judenräte est un des premiers à être tué. Les nazis encerclent le ghetto tellement vite que les clandestins n'ont pas le temps de porter secours aux prisonniers du ghetto qui sont tués sur place[6].

Durant quelques jours, le bataillon letton, sous le commandement du major Roubénisse, prend part à ces tueries.

Autour d'eux il n'y a plus que des juifs morts, entièrement déshabillés, les dents en or arrachées. Edgard Voulnis Kapdar, membre de ce bataillon, photographie des scènes de massacres de masse, puis vend ses photos 5 Marks pièce. Le Lieutenant letton Eglasse se vante cyniquement, au milieu des coups de feu : « À 30 mètres, droit dans la tête, pour moi c'est simple ! »[14],[15].

Juillet 1942[modifier | modifier le code]

Durant les deux semaines précédant le , environ 9 000 juifs de Slonim sont tués — les Allemands incendient les alentours du ghetto, puis tirent sur ceux qui tentent de fuir et jettent des grenades dans les maisons des prisonniers du ghetto[3],[6],[16].

Pendant les quelques jours qui suivent le pogrom du , les juifs commencent à sortir de leurs cachettes et essayent de sortir du bois. Les Allemands annoncent que l'"action" est terminée (c'est par cet euphémisme que les Allemands appellent les massacres et l'organisation de ceux-ci), que les juifs n'ont plus rien à craindre, et qu'ils les rassemblent dans des équipes de travailleurs, n'exigeant d'eux qu'une seule chose : porter sur eux l'étoile de David. Quelques centaines de Juifs croient à ces mensonges, sont interceptés et fusillés[16].

Suivant des sources étayées par des documents, le , 8 000 juifs sont tués à Slonim[8]. Toutefois 150 artisans spécialisés sont, selon les témoignages, simplement retirés des rangs des condamnés et laissés en vie, mais les membres de leurs familles sont, quant à eux, fusillés[16].

Résistance[modifier | modifier le code]

Le ghetto de Slonim connaît une opération de résistance qui concerne 500 prisonniers du camp et des partisans extérieurs au camp. Ce sont les organisations clandestines du camp qui permettent ce soulèvement. Il est l'un de plusieurs dizaines de soulèvements de ghettos durant la Seconde Guerre mondiale.

Dès la fin de l'année 1941, une organisation clandestine est créée dans le ghetto de Slonim et elle entre en action sous la direction de Gerts Chepetinskiy (qui n'avait que 19 ans). Une liaison est créée avec les partisans et d'autres organisations locales clandestines et encore avec le groupe de résistants sous le commandement de P.V. Proniagin[6],[11].

En , au moment du massacre en masse des prisonniers du ghetto, une partie des jeunes Juifs réussit à se soulever contre les nazis et leurs complices. Environ 500 personnes parviennent à s'enfuir dans les bois et la plupart d'entre eux se joignent aux partisans.

Août, septembre, décembre 1942[modifier | modifier le code]

Le les Allemands fusillent encore 400 juifs.

Au début de , il reste encore 300 juifs en vie à Slonim, qui sont tués en , quand le ghetto de Slonim est totalement détruit.

La plupart des massacres sont organisés à proximité de Slonim - sur le mont Pietraliévitch[3],[1] et dans les champs de Tchepelevsky[4].

Selon le témoignage du commissaire de district de Slonim, Erena, sur une période d'un an et demi d'occupation de Slonim 25 000 Juifs sont tués.

En , le 271e bataillon des collaborateurs baltes lettons prend part à la lutte contre les partisans, à Slonim, et à l'extermination d'une population pacifique. À propos de l'une des opérations, dans le raïon de Jirovitch, Byten Kosava communique : « Chaque bandit, tzigane ou juif était considéré comme un ennemi... Sur les territoires se trouvant dans les limites des opérations, 28 658 juifs et 30 tziganes furent exécutés[14]. »

De nombreuses maisons furent incendiées au cours du "nettoyage" final du ghetto.Bientôt le feu s'étendit à tout le ghetto. Les quelques Juifs encore vivant dans les caves furent asphyxiés par la fumée ou écrasés sous les ruines, enfin de nouveaux groupes arrivèrent avec des bidons d'essence; et brûlèrent dans les rues les morts et les blessés[17].

Mémoire[modifier | modifier le code]

Mémorial : à ce endroit (champ de Tchepelevsky), le 14 novembre 1941 sont tués environ 10 000 Juifs de Slonim et des villages environnants par les nazis et la police sous leurs ordres

En 1994 à Slonim, à l'emplacement de l'ancien cimetière juif un mémorial est édifié, en souvenir des Juifs tués parmi les prisonniers du ghetto de Slonim[4],[18], à l'endroit des tueries du , du au et du [19].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (fr) Raul Hilberg : La destruction des Juifs d'Europe I. Folio Histoire. Édition Gallimard, 2006 (ISBN 978-2-07-030983-2).
  • (en) Nachum Alpert, The destruction of Slonim Jewry : the story of the Jews of Slonim during the Holocaust, Holocaust Library, 1990, 379 p. (ISBN 0-896-04136-0 et 978-0-896-04136-3) (L'histoire des Juifs de Slonim)
  • (fr) Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, Juifs et Polonais, 1939-2008, Albin Michel, ouvrage collectif dont section par Andrzej Zbikowski : Le début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs des confins de l'est de la Pologne Kresy, 2009, (ISBN 978-2-226-18705-5)
  • (ru) Leonid SmilovitskiСмиловицкий, Леонид Львович|Л. Смиловицкий, «Катастрофа евреев в Белоруссии, 1941—1944 гг.», Тель-Авив, 2000 (Léonid Smilovitskiy, «La Shoah en Biélorussie» Tel-Aviv, 2000).
  • (ru) Пронягин, Павел Васильевич. «У самой границы», изд. Беларусь, 1979, 208 стр (Pavel Proniagin, Aux frontières mêmes , éditeur Belarus, 1979)
  • (ru) Линьков, Григорий Матвеевич. «Война в тылу врага», Государственное издательство художественной литературы, 1951, 572 стр (Grigoriy Linkov, La guerre à l'arrière des ennemis, Éditions gouvernementales de littérature artistique, 1951)
  • (ru) Яков Шепетинский. «Приговор» («Военная одиссея узника гетто, партизана, фронтовика, зека»), Тель-Авив, 2002 (Jacob Chepetinskiy, L'odyssée guerrière d'un prisonnier du ghetto, d'un partisan, d'un combattant, Tel Aviv, 2002)
  • (ru) Yitzhak AradИцхак Арад. Уничтожение евреев СССР в годы немецкой оккупации (1941—1944). Сборник документов и материалов, Иерусалим, издательство Яд ва-Шем, 1991, (ISBN 9-653-08010-5) (Isaak Arad, Extermination des Juifs d'URSS pendant l'occupation allemande. Recueil de documents et matériaux, Jérusalem, édition : Yad Vashem)
  • книга|автор=Черноглазова Р. А., Хеер Х.|заглавие=Трагедия евреев Белоруссии в 1941— 1944 гг.: сборник материалов и документов|издание=Изд. 2-е, испр. и доп.|место=Мн.|издательство=Э. С. Гальперин|год=1997|страницы=|страниц=398 (ISBN 9-856-27902-X) тираж=1000 (R.A Tchernoglasova, La tragédie des Juifs de Biélorussie de 1941 à 1944. Recueil de documents, édition : Galpérine, 1997, (ISBN 985627902X))

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g (ru) « Слоним (Slonim) », sur eleven.co.il
  2. a b et c (en) « Slonim », sur Jewish Encyclopedia
  3. a b c d e f g h et i (ru) « Спилберг снимет фильм, в котором будет упоминаться Слоним? (Spielberg tourne un film dans lequel on se souviendra de Slonim ?) », sur newsby.org
  4. a b c d et e Д. Русаков. (ru) « Город, знакомый до слез… », sur mishpoha.org
  5. Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka|Juifs et Polonais 1939-2008 |Albin Michel |Histoire |section par Andrzej Zbikowski |Le début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs des confins de l'est de la Pologne (Kresy) |page 98 et 99 |2009 | (ISBN 978-2-226-18705-5)
  6. a b c d e f et g Шепетинский Я. И. (ru) « Приговор. — Тель-Авив: Кругозор, 2002.(Chépetinsky Prigavor -Tel-Aviv:Krougazor 2002) », sur sakharov-center.ru
  7. (ru) « Периоды оккупации населенных пунктов Беларуси (Périodes d'occupation des régions peuplées de Biélorussie) », sur archives.gov.by
  8. a b c et d Книга:Справочник о местах принудительного содержания гражданского населения на оккупированной территории Беларуси 1941-1944 (Recueil d'emplacements d'extermination de populations sur le territoire de la Biélorussie occupée)
  9. К. Козак. (ru) « Германский оккупационный режим в беларуси и еврейское население (Le régime de l'occupation allemande en Biélorussie et la population juive) », sur homoliber.org
  10. (ru) « Трагедия евреев на Беларуси во время фашистской оккупации (1941—1944 гг.) (La tragédie de l'occupation fasciste en Biélorussie 1941-1944)) [date= »
  11. a et b (ru) « Вспоминая о «белорусском Шиндлере» (Souvenirs du Shindler biélorusse) », sur base.ijc.ru
  12. Смиловицкий, Леонид Львович (ru) « Проявления антисемитизма в советском партизанском движении на примере Белоруссии, 1941—1944 гг.(Manifestations d'antisémitisme dans les mouvements de partisans soviétiques en Biélorussie (1941-1944)) », sur homoliber.org
  13. Смиловицкий, Леонид Львович (ru) « Поиски спасения евреев на оккупированной территории Белоруссии, 1941—1944 гг.(Recherches de sauvetage de Juifs dans la Biélorussie occupée (1941-1944)) », sur netzulim.org
  14. a et b Доктор исторических наук Алексей Литвин. (ru) « Советская Белоруссия. Под кодовым названием « Рига » (La Biélorussie soviétique. Sous le nom de code «Riga») », sur sb.by
  15. (ru) « Я помню… (Je me souviens…) », sur gs.by
  16. a b et c (ru) « Воспоминания ветеранов ВОВ. Шапсай Евсей (Шая) Замилович (Souvenir des vétérans de la VOV. Chapsaï Evceï) », sur iremember.ru
  17. Raul Hilberg : "La destruction des Juifs d'Europe I". Folio Histoire. Édition Gallimard, 2006 p. 702 (ISBN 978-2-07-030983-2)
  18. (be) « Слоним », sur belarustourism.by
  19. (en) « Holocaust in Slonim », sur jhrgbelarus.org