Garum — Wikipédia

Fabrique de garum à Tipasa, dans l'actuelle Algérie.

Le garum, ou parfois aussi liquamen ou encore muria[1] (qui veut dire « jus » ou « sauce » en latin) est une sauce, le principal condiment utilisé à Rome dès la période étrusque et en Grèce antique (garos). Elle était composée de chairs ou de viscères de poisson, voire d'huîtres, ayant fermenté longtemps dans une forte quantité de sel, afin d'éviter tout pourrissement. À l'époque romaine, il entrait dans la composition de nombreux plats, notamment grâce à son fort goût salé.

Il est similaire à la sauce nước mắm de nos jours.

Origine du garum

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Le siqqu est une sauce mésopotamienne à base de poissons lacto-fermentés. Ce condiment à la saveur et aux effluves extrêmement puissants est utilisé dans les pays du Moyen-Orient. Il est adopté ensuite par les Grecs, puis par les Romains, sous le nom de garum.

Le garum à l'époque romaine

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Un mélange de garum avec de l'huile ou du vin, nommé œnogaros, intervenait dans la confection du boudin[2].

Si l'on se fie au livre de recette De re coquinaria réputé contenir 140 recettes de l'antiquité gréco-romaine, le garum a aussi été intégré dans de la compote de poires (162) ; de coings (164) et d'abricots (170), mais quand le mot intestini est utilisé, certains auteurs se demandent s'il ne désigne pas un autre jus que le garum fabriqué à partir d'entrailles de poissons[3].

Le garum le plus réputé, dit garum des alliés (garum sociorum)[réf. souhaitée], était fabriqué en Bétique (notamment à Baelo Claudia), dans le Sud de l'Espagne actuelle, à partir du thon rouge qui migre de l'Atlantique à la Méditerranée. Il s'en faisait une grande pêche, dont le produit était commercialisé salé. Le garum [Lequel ?] lui, était élaboré avec le sang, les œufs et le système digestif des poissons, mélangés à une grande quantité de sel (au moins 50 % du volume total). La présence de sel inhibant la décomposition naturelle, la macération se produisait probablement sous l'action des sucs digestifs du thon. Il ne s'agit donc pas d'une putréfaction.

Des garums de moindre qualité, préparés directement à partir de la chair du thon, ou d'un autre poisson (comme le maquereau), étaient fabriqués dans tout le bassin méditerranéen. Tous ces garums étaient commercialisés dans des amphores de petite taille, en raison du prix du contenu. On commercialisait également de l'allec (en latin hallex), moins cher, qui était ce qui restait quand le dessus du liquide avait été enlevé.

Le garum aurait eu un aspect négatif sur la santé des populations romaines et des populations conquises, car il aurait pu servir de vecteur aux vers intestinaux, notamment aux œufs de « ténia du poisson » (un ver parasitaire connu également sous le nom de « bothriocéphale » et pouvant affecter les systèmes digestif et nerveux de son hôte)[4].

Selon Maguelonne Toussaint-Samat[5], le garum serait un des facteurs expliquant la conquête de la Gaule par les Romains : son commerce florissant aurait permis l'établissement de nombreux comptoirs commerciaux sur les côtes méditerranéennes, y compris à Massalia[6]. Ses habitants ont alors fait appel à l'armée romaine pour mettre un terme aux exactions des Celto-Ligures en Provence au IIe siècle av. J.-C.

Le garum pompéien

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L'une des mosaïques qui ornaient l'atrium de la villa d'Aulus Umbricius Scaurus. L'amphore représentée contenait la meilleure sorte qu'il vendait, du garum de maquereau : G(ari) F(los) SCOM(bri) SCAURI EX OFFICINA SCAUR(I) CIL IV, 5694.

Il était conservé dans une amphore de forme particulière, à panse piriforme assez effilée caractérisée par un long col au goulot étroit, marqué par une lèvre ayant au maximum 2cm de diamètre possédant une gouttière interne et une seule anse verticale et un pied en anneau. Il en existe de nombreux modèles allant d'une dizaine de centimètres à celle allant à jusqu'à 50 cm de hauteur. Ce récipient est nommé en archéologie urceus (au pluriel urcei). Ces flacons retrouvés à Pompéi portent des inscriptions peintes renseignant sur le nom des différents contenus dont : le liquamen, nom d'une autre forme de garum, ainsi que le nom du fabricant qui y figure également dont un certain Aulus Umbricius Scaurus[7] qui semble être le plus connu, dont la villa posséde aux quatre angles de son impluvium une mosaïque faite de tesselles noires et blanches représentant chacune un de ces urcei.

Une fabrique de garum existait en 79 de notre ère à Pompéi. A ce jour aucun atelier lié à la production des urcei n'a été découvert[8]

Le garum aujourd'hui

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La saveur du garum serait à rapprocher de celle du nuoc-mâm vietnamien et celle de l'allec du surströmming suédois.

Le garum est à l'origine du pissalat, élaboré à partir de sardines et d'anchois, consommé dans la région de Nice et de la colatura de Cetara en Campanie.

Dans la fiction

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Dans l'album Astérix et la Transitalique, la marque de garum Lupus (loup, en latin), dont le slogan est « Garum Lupus, le condiment des champions », est le sponsor de la course de chars reliant Modicia (Monza) à Napoli (Naples).

Notes et références

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  1. Le liquamen est une variante du garum dans son procédé de fabrication. De la même manière que la muria, un garum concentré obtenu à partir d'une pate épaisse et des cristaux de sel.
  2. Apicii Coelii, De opsoniis et condimentis, sive arte coquinaria, libri decem. Cum annotationibus Martini Lister. Londres, 1705, L. II, c. 2, p. 59.
  3. E. De Saint-Denis, « Apicius, L'art culinaire. De re coquinaria. Texte établi, traduit et commenté par Jacques André (Études et Commentaires, LVIII), 1965 », Revue des Études Anciennes, vol. 68, no 1,‎ , p. 190–193 (lire en ligne, consulté le )
  4. « Hygiène publique : les Romains n'étaient finalement pas précurseurs », sur sciencesetavenir.fr (consulté le ).
  5. Maguelonne Toussaint-Samat, Histoire naturelle & morale de la nourriture, Bordas, , 590 p. (ISBN 978-2-04-016370-9).
  6. Yannick Alléno et Vincent Brenot, Sauces, réflexions d'un cuisinier, Hachette Pratique, , 48 p. (ISBN 978-2-01-238742-3, lire en ligne), p. 9.
  7. Par exemple CIL IV, 02574, CIL IV, 05704.
  8. Laetitia Cavassa, « Des amphores à Pompéi, du garum et du vin », L'Archéologue, no 167,‎ , p. 86-89.

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • André Tchernia, « Conclusions », Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, vol. 112, no 1,‎ , p. 169-171 (lire en ligne, consulté le )
  • Pierre Grimal et Théodore Monod, « Sur la véritable nature du « garum » », Revue des Études Anciennes, vol. 154, nos 1-2,‎ , p. 27-38 (DOI https://doi.org/10.3406/rea.1952.3466, lire en ligne, consulté le )
  • Robert Étienne et Françoise Mayet, « Les mercatores de saumure hispanique », Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, vol. 110, no 1,‎ , p. 147-165 (DOI https://doi.org/10.3406/mefr.1998.2024, lire en ligne, consulté le )
  • Robert Étienne, « A propos du « garum sociorum » », Latomus, no XXIX,‎ , p. 297-313.
  • René Sanquer et Patrick Galliou, « Garum, sel et salaisons en Armorique gallo-romaine », Gallia, vol. 30, no 1,‎ , p. 199-223 (DOI https://doi.org/10.3406/galia.1972.2600, lire en ligne, consulté le )
  • Robert Étienne et Françoise Mayet, « Le garum à Pompéi. Production et commerce », Revue des Études Anciennes, vol. 100, nos 1-2,‎ , p. 199-215 (DOI https://doi.org/10.3406/rea.1998.4726, lire en ligne, consulté le )
  • Nathalie Desse-Berset et Jean Desse, « Salsamenta, garum et autres préparations de poissons. Ce qu'en disent les os », Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, vol. 112, no 1,‎ , p. 73-97 (DOI https://doi.org/10.3406/mefr.2000.2116, lire en ligne, consulté le )
  • Jacques André, L'alimentation et la cuisine à Rome, Paris, Les Belles Lettres, (réimpr. 2018) (1re éd. 1961), 252 p. (ISBN 978-2251328751), partie IV, chap. 3 (« Les condiments »), p. 195-198

Liens externes

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