Gaillet — Wikipédia

Galium

Les gaillets sont des plantes herbacées, vivaces, de la famille des Rubiacées appartenant au genre Galium, dont quelques-unes sont également appelées « caille-lait ». Ce genre (botanique) regroupe plus de 650 espèces dans le monde[1], dont au moins 45 en Europe[2] ; est une plante herbacée vivace, originaire d’Europe et d’Asie, et couramment utilisée dans la médecine traditionnelle de nombreux pays et pour une grande variété de traitements.

Certaines espèces sont considérées comme adventices volontiers envahissantes, notamment dans les milieux eutrophes ou dystrophes, dont elles sont un des indicateurs possibles.

Les feuilles et tiges de certaines espèces sont couvertes de minuscules crochets qui leur permettent de s'accrocher aux autres végétaux, mais aussi à la peau et aux tissus à la manière du Velcro.

Tous les gaillets sont comestibles. Mais certaines sont désagréables crus (à cause de leurs minuscules crochets siliceux) et/ou d'une saveur qui peut être amère.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Une croyance populaire répandue, mais invalidée par de nombreux auteurs[3],[4], allègue la présence d'une enzyme permettant de faire cailler le lait alors que cette plante (ou sa fleur ou sa racine selon Monique Dembreville en 1999[5]) n'était utilisée qu'additionnée à une présure souvent d'origine animale, probablement pour aromatiser le fromage. Cette propriété serait à l'origine de l'étymologie populaire « caille-lait », issue du nom de genre Galium (du grec gala, galaktos signifiant « lait »)[6].

Génétique[modifier | modifier le code]

Les espèces de gaillet sont nombreuses, formant le plus grand des genres botanique de la tribu Rubieae, avec (en 2018) 667 espèces réparties de par le monde[1].

Le genre Galium (comme la plupart de se sections) est non-monophylétique : presque tous les gaillet appartiennent à trois grands clades mélangés à d'autres genres du groupe Galium s.l. (sauf Galium paradoxum Maxim., 1re lignée divergente trouvée dans le groupe Galium s.l., ensuite traité comme un nouveau genre (Pseudogalium L.-E. Yang, Z.-L. Nie & H. Sun, gen. nov.)[1].

  1. un premier clade est le Galium ss : il ne contient que des espèces de Galium, généralement à six feuilles ou plus par verticille, trouvées surtout dans l'Ancien Monde[1] ;
  2. un second clade contient quelque espèces (G. maximowiczii ; Asperula. Glabella et Microphysa)[1] ;
  3. un troisième clade comprend des taxons purement Galium, mais n'ayant généralement que quatre feuilles par verticille, trouvés dans le Nouveau et l'Ancien Monde[1].

Microphysa est un genre monotypique devant encore être clarifié (pour ses liens phylogénétiques encore confus avec plusieurs taxons spécifiques trouvés en Chine[1].

Description[modifier | modifier le code]

Les feuilles des Gaillets sont en apparence verticillées par suite de la transformation des stipules en feuilles ordinaires (pseudo-verticille résultant de la multiplication des stipules)[7]. Leurs tiges ont souvent une section carrée.

Selon Li-E Yang et ses collègues (2018) « Contrairement aux inférences antérieures, la combinaison de feuilles opposées associées à deux stipules est proposée comme caractéristique ancestrale du Galium s.l. groupe et même la tribu[1]. De plus, les formes des différents types de corolles et d'inflorescences sont importantes pour distinguer certains taxons au sein des Rubieae »[1].

plante-hôte[modifier | modifier le code]

Les papillons de nuit (hétérocères) suivants (classés par famille) se nourrissent de gaillet :

Utilisations[modifier | modifier le code]

Usages alimentaires[modifier | modifier le code]

Les jeunes pousses tendres et les feuilles des gaillets sont comestibles, crues en salade[8].

Les fruits/graines de certains gaillets, une fois torréfiées ont été utilisées comme succédané de café.

Usages médicinaux[modifier | modifier le code]

Des gaillets ont connu (ou connaissent encore) de nombreux usages médicinaux : par exemple :

Des travaux récents ont confirmé des activités antibactérienne, antifongique, antiparasitaire et antioxydante de plantes de ce genre botanique[15],[16]. On évoque aussi des effets neuroprotecteurs et anticonvulsifs[17], antiparasitique (pour le Galium mexicanum)[18].

Des recherches portent sur leurs teneurs en molécules d'intérêt (dont en anthraquinones[19] et en antioxydants)[20] de gaillets, ainsi que sur les meilleurs méthodes d'extraction (par exemple assistée par ultrasons ou par micro-ondes)[12]. À titre d'exemple : parmi 5 espèces de Galiums testés (G. verum, G. album, G. rivale, G. pseudoaristatum et G. purpurum), « les extraits de parties aériennes Galium purpureum et de Galium verum ont montré respectivement la teneur totale en phénols Page d'aide sur l'homonymie et en flavonoïdes la plus élevée (...) Les extraits de G. purpureum et de G. verum ont montré respectivement la teneur totale en phénols et en flavonoïdes la plus haute. L'extrait le plus puissant en termes de capacité antioxydante a été obtenu à partir de G. purpureum, tandis que l'extrait obtenu à partir de G. album avait l'effet inhibiteur le plus puissant contre la tyrosinase »[12].

Autres usages[modifier | modifier le code]

  • Certains extraits de gaillet sont de composants de plusieurs formulations de produits cosmétiques en Roumanie[14] ;
  • Les parties aériennes séchées de gaillets « servaient à rembourrer les matelas »[21] ;
  • les fleurs de certains gaillet auraient servi à coaguler le lait pour la fabrication du fromage, d'où son nom de caille-lait.

Phytopathologies, parasitoses[modifier | modifier le code]

Les gaillets (Galium spp.) peuvent être attaqués par plusieurs oïdiums (de la famille de Erysiphaceae qui regroupe de nombreux micro champignons parasite (obligatoirement biotrophes) affectant le angiospermes). Il a été récemment constaté que l'« oïdium du gaillet » est en réalité composée d'au moins quatre espèces différentes, à savoir. Neoerysiphe galii, Golovinomyces orontii, G. riedlianus et une espèce jusqu'alors inconnue collectés en Argentine, baptisée Golovinomyces calceolariae[22].

Ils peuvent aussi être parasités par de petits arthropodes y formant des gales.

Recherche[modifier | modifier le code]

Des travaux de recherche portent sur l'intérêt médicinal des gaillet, ainsi que sur la possibilité de les identifier plus facilement, via des critères morphologiques, mai aussi via des marqueurs moléculaires[23].

Dénominations et systématique[modifier | modifier le code]

Asperula et Galium[modifier | modifier le code]

Les genres Asperula et Galium ont à l'origine été distingués sur la base de la morphologie de la corolle. Mais même après plusieurs tentatives de redéfinition de ces deux genres sur d'autres bases, morphologiques (notamment la présence ou non de bractéoles) ou génétiques (analyses d’ADN), leur taxonomie n'était toujours pas résolue en 2010[24].

Principales espèces[modifier | modifier le code]

Flore européenne :

Selon World Checklist of Selected Plant Families (WCSP) (11 mars 2012)[25] :

Calendrier[modifier | modifier le code]

Le 24e jour du mois de prairial du calendrier républicain/ révolutionnaire français est officiellement dénommé jour du caille-lait[26], généralement chaque 12 juin du calendrier grégorien.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i (en) Li-E Yang, Ying Meng, De-Li Peng et Ze-Long Nie, « Molecular phylogeny of Galium L. of the tribe Rubieae (Rubiaceae) – Emphasis on Chinese species and recognition of a new genus Pseudogalium », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 126,‎ , p. 221–232 (DOI 10.1016/j.ympev.2018.04.004, lire en ligne, consulté le ).
  2. Ohindovschi A (2022). Polyphenol extraction from aerial parts of Galium verum L. By different techniques. In MedEspera (Vol. 9, p. 325-325)
  3. Le caille-lait fait-il cailler le lait ?
  4. François Rozier, Nouveau cours complet d'agriculture théorique et pratique, Deterville, , p. 63.
  5. (en) Monique Dembreville et Anne-Claire Déré, « La garance au carrefour des sciences médicales et des pratiques tinctoriales », dans Between the Natural and the Artificial. Dyestuffs and Medicines: Proceedings of the XXth International Congress of History of Science (Liège, 20-26 July 1997), vol. 2, Brepols Publishers, , 17–27 p. (ISBN 978-2-503-50887-0, DOI 10.1484/m.dda-eb.5.113527, lire en ligne), p. 11-27.
  6. François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolite, Éditions Quae, (lire en ligne), p. 63.
  7. Rodolphe-Edouard Spichiger, Murielle Figeat, Botanique systématique des plantes à fleurs, Presses polytechniques et universitaires romandes, , p. 89.
  8. Michel Botineau, Guide des plantes comestibles de France, Humensis, (lire en ligne), p. 118.
  9. a b et c (en) MARIANNE SCHMIDT, CLAUS-JUERGEN SCHOLZ, GEORGIANA-LUMINITA GAVRIL et CLEMENS OTTO, « Effect of Galium verum aqueous extract on growth, motility and gene expression in drug-sensitive and -resistant laryngeal carcinoma cell lines », International Journal of Oncology, vol. 44, no 3,‎ , p. 745–760 (ISSN 1019-6439 et 1791-2423, DOI 10.3892/ijo.2013.2220, lire en ligne, consulté le ).
  10. a b c d et e (en) Ayşe Kuruüzüm-Uz, Zuhal Güvenalp, L Ömür Demirezer et Isabelle Bergère, « 4′-Deoxy iridoid glycosides from Centranthus longiflorus », Phytochemistry, vol. 61, no 8,‎ , p. 937–941 (ISSN 0031-9422, DOI 10.1016/s0031-9422(02)00476-4, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Andrea Pieroni et Cassandra L. Quave, « Traditional pharmacopoeias and medicines among Albanians and Italians in southern Italy: A comparison », Journal of Ethnopharmacology, vol. 101, nos 1-3,‎ , p. 258–270 (ISSN 0378-8741, DOI 10.1016/j.jep.2005.04.028, lire en ligne, consulté le ).
  12. a b et c (en) Andrei Mocan, Alina Diuzheva, Sabin Bădărău et Cadmiel Moldovan, « Liquid Phase and Microwave-Assisted Extractions for Multicomponent Phenolic Pattern Determination of Five Romanian Galium Species Coupled with Bioassays », Molecules, vol. 24, no 7,‎ , p. 1226 (ISSN 1420-3049, PMID 30925810, PMCID PMC6480365, DOI 10.3390/molecules24071226, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Nassima Chaher, Stéphanie Krisa, Jean-Claude Delaunay et Stéphane Bernillon, « Unusual compounds from Galium mollugo and their inhibitory activities against ROS generation in human fibroblasts », Journal of Pharmaceutical and Biomedical Analysis, vol. 117,‎ , p. 79–84 (DOI 10.1016/j.jpba.2015.07.027, lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b (en) Andrei Mocan, Laurian Vlase, Dan Vodnar et Cristina Bischin, « Polyphenolic Content, Antioxidant and Antimicrobial Activities of Lycium barbarum L. and Lycium chinense Mill. Leaves », Molecules, vol. 19, no 7,‎ , p. 10056–10073 (ISSN 1420-3049, DOI 10.3390/molecules190710056, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Neda Lakić, Neda Mimica-Dukić, Jelena Isak et Biljana Božin, « Antioxidant properties of Galium verum L. (Rubiaceae) extracts », Open Life Sciences, vol. 5, no 3,‎ , p. 331–337 (ISSN 2391-5412, DOI 10.2478/s11535-010-0022-4, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Masoumeh Khalili, Mohammad Ali Ebrahimzadeh et Yaghoub Safdari, « Antihaemolytic activity of thirty herbal extracts in mouse red blood cells », Archives of Industrial Hygiene and Toxicology, vol. 65, no 4,‎ , p. 399–406 (ISSN 0004-1254, DOI 10.2478/10004-1254-65-2014-2513, lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) Nilüfer Orhan, Didem Deliorman Orhan, Mustafa Aslan et Murat Şüküroğlu, « UPLC–TOF-MS analysis of Galium spurium towards its neuroprotective and anticonvulsant activities », Journal of Ethnopharmacology, vol. 141, no 1,‎ , p. 220–227 (ISSN 0378-8741, DOI 10.1016/j.jep.2012.01.056, lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Paulina Bolivar, Carla Cruz-Paredes, Luis R. Hernández et Zaida N. Juárez, « Antimicrobial, anti-inflammatory, antiparasitic, and cytotoxic activities of Galium mexicanum », Journal of Ethnopharmacology, vol. 137, no 1,‎ , p. 141–147 (DOI 10.1016/j.jep.2011.04.069, lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) A. A. El-Gamal, K. Takeya, H. Itokawa et A. F. Halim, « Anthraquinones from the polar fractions of Galium sinaicum », Phytochemistry, vol. 42, no 4,‎ , p. 1149–1155 (ISSN 0031-9422, DOI 10.1016/0031-9422(96)00080-5, lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) Pille-Riin Laanet, Piret Saar-Reismaa, Piia Jõul et Olga Bragina, « Phytochemical Screening and Antioxidant Activity of Selected Estonian Galium Species », Molecules, vol. 28, no 6,‎ , p. 2867 (ISSN 1420-3049, DOI 10.3390/molecules28062867, lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) T. V. Il’ina, A. M. Kovaleva, O. V. Goryachaya et A. N. Aleksandrov, « Essential oil from Galium verum flowers », Chemistry of Natural Compounds, vol. 45, no 4,‎ , p. 587–588 (ISSN 0009-3130 et 1573-8388, DOI 10.1007/s10600-009-9375-1, lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) Susumu Takamatsu, Vasyl Heluta, Maria Havrylenko et Rangsi Divarangkoon, « Four powdery mildew species with catenate conidia infect Galium: molecular and morphological evidence », Mycological Research, vol. 113, no 1,‎ , p. 117–129 (DOI 10.1016/j.mycres.2008.09.006, lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) A C Deroo, P. Eckstein, D Benaragama et A D Beattie, « Evaluation of Galium species and populations using morphological characters and molecular markers », Weed Research, vol. 59, no 1,‎ , p. 28–38 (DOI 10.1111/wre.12336, lire en ligne, consulté le ).
  24. (en) Référence Flora of China : Galium (consulté le ).
  25. WCSP. World Checklist of Selected Plant Families. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet ; http://wcsp.science.kew.org/, consulté le 11 mars 2012
  26. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 27.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :