Gafsa — Wikipédia

Gafsa
Gafsa
Vue de la ville de Gafsa.
Administration
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Gouvernorat Gafsa
Délégation(s) Gafsa Nord
Gafsa Sud
Démographie
Gentilé Gafsien
Population 95 242 hab. (2014[1])
Densité 2 116 hab./km2
Géographie
Coordonnées 34° 25′ nord, 8° 47′ est
Altitude 298[2] m
Superficie 4 500 ha = 45 km2
Localisation
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Gafsa
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Gafsa
Liens
Site web www.commune-gafsa.gov.tn

Gafsa (arabe : ڨفصة Écouter [gɑfsˤæ]), l'antique Capsa, est une ville du sud-ouest de la Tunisie et le chef-lieu du gouvernorat éponyme. Située sur la rive droite de l'oued Beyach, elle fait face à El Ksar sur la rive gauche.

La municipalité abrite une population de 95 242 habitants selon le recensement de 2014[1] mais son agglomération, comprenant également El Ksar sur la rive gauche de l'oued Beyach, atteint quelque 130 000 habitants.

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation[modifier | modifier le code]

Gafsa surplombée par le djebel Bouramli.

Elle est située à quelque 360 kilomètres au sud de la capitale Tunis et à environ 70 kilomètres de la frontière tuniso-algérienne, dans une trouée au milieu d'un alignement montagneux appelé « monts de Gafsa », entre le djebel Bou Ramli et le djebel Orbata qui culmine à 1 165 mètres.

De par son emplacement, elle joue un rôle de carrefour sur les axes routiers reliant Tunis au sud du pays et l'Algérie à la Libye.

Apparu dès 2003 dans une ancienne carrière mais connu du public seulement à partir de juillet 2014, un lac a connu une certaine médiatisation. La découverte d'une oasis dans cette région pauvre et aride, en plein ramadan, a frappé par sa portée symbolique et a provoqué une brève flambée d'enthousiasme[3]. Il s'est toutefois vite avéré impropre à la baignade comme à la consommation, en raison de la forte pollution du sous-sol.

Climat[modifier | modifier le code]

Relevé météorologique de Gafsa
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 4 5,2 8,1 11,4 15,7 19,8 22,4 22,8 19,8 15,3 9,2 5,2 13,24
Température maximale moyenne (°C) 15,3 17,5 21,1 24,9 29,8 34,9 37,9 37,5 32,6 27,3 20,8 16,1 26,31
Ensoleillement (h) 201,2 214,9 246,4 268,9 311,4 333,3 359,5 331,4 261,8 243,2 214,4 200,6 264,83
Précipitations (mm) 26,1 7,8 14,3 17,9 12,5 4,8 1,4 4,5 19,8 16,4 18,8 16,9 161,2
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
15,3
4
26,1
 
 
 
17,5
5,2
7,8
 
 
 
21,1
8,1
14,3
 
 
 
24,9
11,4
17,9
 
 
 
29,8
15,7
12,5
 
 
 
34,9
19,8
4,8
 
 
 
37,9
22,4
1,4
 
 
 
37,5
22,8
4,5
 
 
 
32,6
19,8
19,8
 
 
 
27,3
15,3
16,4
 
 
 
20,8
9,2
18,8
 
 
 
16,1
5,2
16,9
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Histoire[modifier | modifier le code]

Préhistoire[modifier | modifier le code]

Capsa, le nom antique de la ville de Gafsa, a donné son nom à la culture épipaléolithique capsienne. Des ossements et des traces d'activités humaines remontant à plus de 8 500 ans[5] ont été découverts dans cette région. Outre la fabrication d'outils en pierre et en silex, les Capsiens produisaient, à partir d'ossements, divers outils dont des aiguilles pour coudre des vêtements à partir de peaux d'animaux.

Antiquité et période byzantine[modifier | modifier le code]

Piscine romaine de Gafsa.

Au XIIe siècle av. J.-C. selon la tradition littéraire, les Phéniciens fondent Utique. Les Romains occupent Capsa au IIe siècle av. J.-C. La ville se développe alors au point de devenir un municipe puis une colonie.

La région est conquise vers 439 par les Vandales venus d'Europe depuis l'Hispanie plus d'une décennie auparavant. En 523 a lieu à Capsa une célèbre bataille entre les partisans du nouveau roi vandale Hildéric et les partisans d'Amalafrida, l'épouse de l'ancien roi vandale mort la même année et cousin d'Hildéric, Thrasamund. La raison de ce conflit est d'ordre religieux (lutte entre les catholiques et les chrétiens ariens) et c'est Thrasamund qui sort vainqueur de la bataille[6]. En 540, les Byzantins, qui ont repris la ville, la protègent d'un rempart, construit avec des matériaux de remploi romains, et la rebaptisent Justiniana.

Il ne subsiste pas de vestiges repérables des monuments de l'époque romaine. Une inscription mentionne un spectacle de jeux et constitue la seule trace de l'existence d'un théâtre ou d'un amphithéâtre[7],[8].

Période de la conquête arabe[modifier | modifier le code]

Minaret de la Grande Mosquée de Gafsa.

Le général arabe Oqba Ibn Nafi al-Fihri prend la ville en 688 mais rencontre une résistance farouche car les Berbères refusent longtemps de se convertir à l'islam. Au XIIe siècle, on parle encore latin à Gafsa.

Au XVe siècle, la kasbah est construite sur les fondations de l'enceinte byzantine.

Période coloniale française[modifier | modifier le code]

17e régiment d'infanterie de ligne à Gafsa.

Dans le cadre du protectorat français de Tunisie, Gafsa devient le lieu de cantonnement de compagnies disciplinaires de l'armée française. Ainsi, les mutins du 17e régiment d'infanterie de ligne y sont envoyés après leur refus d'obéissance de 1907[9].

Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1942 et 1943, la cité subit plusieurs bombardements allemands et une partie de la kasbah est détruite. Gafsa est le théâtre d'une bataille historique, opposant la 10e division de panzers et les forces alliées, connue sous le nom de bataille d'El Guettar.

Le , le khalifa (préfet) de Gafsa, Sliman Ben Hamouda, est abattu d'un coup de pistolet[10].

Tunisie indépendante[modifier | modifier le code]

En 1980, la ville est prise d'assaut par un commando venu de Libye, ce qui est ensuite connu comme « les événements de Gafsa ».

Durant le premier semestre 2008, les grèves de Gafsa mobilisent une grande partie de la population, durement frappée par le chômage et la pauvreté, appelant au respect de la justice sociale et de la dignité. Elles secouent tout le gouvernorat, avec de nombreuses morts, des arrestations ou des actes de torture liées à la répression du régime de Zine el-Abidine Ben Ali.

La région est au cœur de la révolution de 2011, tout comme celles de Sidi Bouzid et Kasserine.

Économie[modifier | modifier le code]

Phosphate[modifier | modifier le code]

Siège de la Compagnie des phosphates de Gafsa.

Gafsa se développe grâce à l'exploitation minière des phosphates dont le gisement découvert en 1886 est l'un des plus importants au monde. Si la Tunisie extrayait près de cinq millions de tonnes de phosphates en 2011, la production a chuté après la révolution pour atteindre 3 500 000 tonnes en 2016. La Tunisie est ainsi passée du septième rang mondial au dixième[11]. La Compagnie des phosphates de Gafsa a possédé sa propre ligne de chemin de fer privée jusqu'en 1966, sur la base d'une convention signée le . Paradoxalement, la ville est assez pauvre et ne bénéficie pas des revenus du phosphate.

Artisanat[modifier | modifier le code]

Gafsa s'est aussi spécialisée dans l'artisanat du tapis de laine, notamment le kilim et le margoum, dont certains types sont destinés à l'exportation[12]. À partir de 1998, l'Office national de l'artisanat a lancé une politique de soutien locale[13], sous la direction de l'artiste Hmida Ouahada qui avait entamé un travail de recherche et de création dès 1957[14].

Éducation[modifier | modifier le code]

Lycée Ibn Khaldoun.

La ville de Gafsa comporte plusieurs établissements d'enseignement dont le lycée Ibn Khaldoun[15] et le lycée pilote[16].

Patrimoine[modifier | modifier le code]

Personnalités[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (ar) « Populations, logements et ménages par unités administratives et milieux » [PDF], sur census.ins.tn (consulté le ).
  2. (en) « Geographic coordinates of Gafsa, Tunisia », sur dateandtime.info (consulté le ).
  3. Bastien Roques, « Tunisie : le mystérieux lac de "Gafsa Beach", miracle ou malédiction ? », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  4. « Données climatiques », sur meteo.tn (consulté le ).
  5. Noura Rahmani, « Nouvelle interprétation de la chronologie capsienne (Épipaléolithique du Maghreb) », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 101, no 2,‎ , p. 345-360 (lire en ligne).
  6. (en) Thomas Hodgkin, Italy and Her Invaders : The Ostrogothic invasion, 476-535, Andesite Press, , 772 p. (ISBN 978-1375585828), p. 587-590.
  7. Inscription CIL VIII, 100.
  8. Jean-Claude Lachaux, Théâtres et amphithéâtres d'Afrique proconsulaire, Aix-en-Provence, Édisud, , p. 49-50.
  9. Jules Maurin et Rémy Pech, 1907, les mutins de la République : la révolte du Midi viticole, Toulouse, Privat, , 329 p. (ISBN 978-2708968738).
  10. Robert Herly, « Nationalisme et terrorisme en Afrique du Nord », Revue des Deux Mondes,‎ , p. 606 (ISSN 0035-1962, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) « Phosphate Rock » [PDF], sur minerals.usgs.gov (consulté le ).
  12. « Types de tapis produits à Gafsa », sur asmgafsa.org.tn, .
  13. « Historique de la tapisserie à Gafsa », sur asmgafsa.org.tn, .
  14. « Parcours de Hmida Ouahada », sur asmgafsa.org.tn, .
  15. « Lycée Ibn Khaldoun Sidi Aich », sur ecoles.com.tn (consulté le ).
  16. « Lycée pilote de Gafsa », sur ecoles.com.tn (consulté le ).
  17. a b c et d « Actions », sur asmgafsa.org.tn (consulté le ).
  18. « Escargotière de Gafsa », sur petitfute.com (consulté le ).
  19. « Grande mosquée », sur petitfute.com (consulté le ).
  20. « Casbah », sur petitfute.com (consulté le ).
  21. Mohamed Lahbib Ben Amor, « Étude-inventaire de l'oasis historique de Gafsa » [PDF], sur fao.org, (consulté le ).
  22. « Sites romains et piscines », sur petitfute.com (consulté le ).
  23. « Capsa », dans Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, vol. 12 : Capsa – Cheval, Aix-en-Provence, Édisud, (ISBN 2-85744-581-4, lire en ligne), p. 1757-1760.
  24. « Le quartier juif de Gafsa se refait une beauté », sur tunisie.co, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Francesca Soro, Gafsa : une médina oasienne en Tunisie, Gafsa, Association pour la sauvegarde de la médina de Gafsa, 2004.

Liens internes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]