Front de libération du peuple du Tigré — Wikipédia

Front de libération du peuple du Tigré
(ti) ህዝባዊ ወያነ ሓርነት ትግራይ
Image illustrative de l’article Front de libération du peuple du Tigré
Logotype officiel.
Présentation
Président Debretsion Gebremichael
Fondation
Disparition janvier 2021 (parti)
Siège Meqelé
Tigré, Éthiopie
Vice-président Fetlework Gebregziabher
Porte-parole Getachew Reda
Journal Weyin (ወይን)
Positionnement Gauche


Historique:
Extrême gauche

Idéologie Social-démocratie
Nationalisme de gauche
Nationalisme tigréen[1],[2],[3],[4]
Autodétermination
Séparatisme


Historique:
Marxisme-léninisme
Communisme
Hoxhaïsme

Couleurs Rouge et jaune
Site web http://www.eprdf.org.et

Le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT), en tigrigna : ህዝባዊ ወያነ ሓርነት ትግራይ, hizbāwī weyānē ḥārinet tigrāy, est un parti politique et ancien groupe armé éthiopien social démocrate de gauche fondé sous le nom de Organisation nationale du Tigré (ONT) en 1970. Il est également nommé Hewehat, l'acronyme du nom officiel : ህወሓት.
Le terme de Weyane (tigrinya : ወያነ) ou Weyané (amharique : ወያኔ) désigne aussi bien les combattants du front que le parti dans son ensemble. Le mot peut avoir une connotation aussi bien positive que péjorative.

Il est dirigé par Meles Zenawi de 1989 à sa mort en 2012.

Lors des élections législatives de 2005, le FLPT était la principale composante du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien qui obtint 327 sièges sur 527[5]. La même année, lors des élections régionales, le parti aurait remporté l'ensemble des sièges dans la région du Tigré.

Histoire[modifier | modifier le code]

Au début des années 1970 un groupe de révolutionnaires du Tigré forme l'Organisation nationale du Tigré (ONT). Celle-ci organise des cellules clandestines et mène des opérations de propagande auprès du peuple. Lors du soulèvement populaire de 1974, l'organisation nationale du Tigré joua un rôle important en parvenant à mobiliser les peuples du Tigré. Après la prise du pouvoir par la junte militaire Derg, l'ONT déclara que la lutte armée était indispensable pour défaire le nouveau régime.

En , l'ONT devient le Front de libération des peuples du Tigré (FLPT) après diverses tractations politiques et militaires[6]. Au côté de partis comme le Front populaire de libération de l'Érythrée et d'autres partis démocratiques, le FLPT s'est battu contre le régime autoritaire Derg de Mengistu Haile Mariam et contrôlait certaines régions, notamment les anciennes provinces de Wollo et Gondar[7].

En 1983, les cadres dirigeants du parti fondent la Ligue marxiste-léniniste du Tigré en ajoutant ensuite à leur nom le terme Woyane pour faire référence à la rébellion Woyane, une révolte qui a émergé dans le Tigré et fut écrasée en 1943[8].

À l'époque, le parti est dirigé par un comité central et un bureau politique. Il est divisé en quatre groupes régionaux, trois étant au Tigré et étant supervisés par un quatrième groupe chargé en outre de coordonner les activités du parti à l'étranger, notamment au Soudan, au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique du Nord[9].

En 1990, compte tenu de l'effondrement progressif des régimes communistes dans le monde, le FLPT abandonne toute référence au marxisme-léninisme. La ligue marxiste-léniniste est alors dissoute alors que le FLPT soutient le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien qui prend le pouvoir après la chute du régime Derg en 1991 jusqu'en 2018.

Souhaitant se rapprocher des États occidentaux, le FLPT se tourne davantage vers le libéralisme et son dirigeant Meles Zenawi explique publiquement à Washington en 1990 faire de la « démocratie révolutionnaire » le nouveau socle idéologique du parti. L'idéologie véritable du FLPT n'en reste pas moins l'ethno-nationalisme, et ce depuis sa création. Une nouvelle Constitution est ainsi adoptée en 1995, inaugurant un système de gouvernance fondé sur la notion de fédéralisme ethnique. Chaque groupe ethno-régional se voit doté d’un territoire et d’un Parlement, sa langue y devient officielle. Le droit à la sécession est même reconnu.

Conflit de 2020-2021[modifier | modifier le code]

Front de libération du peuple du Tigré
Image illustrative de l’article Front de libération du peuple du Tigré

Idéologie
Statut Inactif
Fondation
Date de formation
Date de dissolution novembre 2022
Organisation
Chefs principaux Seyoum Mesfin
Meles Zenawi
Debretsion Gebremichael
Fait partie de FDRPE (1988-2019)
FUFFCE (depuis 2021)
Répression
Considéré comme terroriste par Éthiopie (2021-2023)
Guerres civiles en Éthiopie
Guerre du Tigré

Dans l’opposition depuis 2018, le FLPT est devenu séparatiste depuis que les élections nationales qui devaient se tenir en ont été reportées. Il accuse le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed — un oromo, ethnie la plus importante en Éthiopie — d’avoir progressivement marginalisé la minorité tigréenne (6 % de la population) au sein de la coalition au pouvoir, que le parti a depuis quittée, se positionnant de facto dans l’opposition.

Le , le FLPT lance une attaque contre des bases des Forces de défense nationale éthiopiennes à Mekele, la capitale du Tigré, et à Dansha, une ville de l’ouest de la région.

La région totalise plus de la moitié de l’ensemble du personnel des forces armées et des divisions mécanisées du pays dans le Commandement du nord, selon un rapport du centre de réflexion International Crisis Group publié fin . Selon ICG, les autorités du Tigré peuvent compter sur « une importante force paramilitaire et une milice bien entraînée », dont les effectifs combinés sont estimés à 250 000 hommes et « semblent bénéficier d’un soutien significatif des six millions de Tigréens »[10].

Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, dans une intervention télévisée, a déclaré que l'attaque avait été repoussée par des forces de sécurité de la région d’Amhara, qui bordent le sud du Tigré. Elle a fait « de nombreux morts, des blessés et des dégâts matériels ».

Le bureau du Premier ministre a accusé dans un communiqué le TPLF d’avoir habillé ses soldats avec des uniformes semblables à ceux portés par l’armée érythréenne afin « d’impliquer le gouvernement érythréen dans les fausses revendications d’agression contre le peuple du Tigré »[11].

Le , l'état d'urgence est déclaré pour six mois par le gouvernement éthiopien qui a lancé la veille une opération militaire avec de l'artillerie contre le FLPT[12].

Le même jour, le président du Front de libération du peuple du Tigré Debretsion Gebremichael a confirmé que les forces tigréennes contrôlaient le quartier général du commandement nord de l'armée éthiopienne et avaient saisi la plupart de ses armes[13]. Debretsion Gebremichael a également déclaré que le Commandement du Nord lui-même avait fait défection et rejoint le soulèvement, et que l'armée de l'air éthiopienne bombardait des zones proches de Mekele, la capitale du Tigré[14].

Le TPLF perd le contrôle de la capitale du Tigré Mekele après la bataille de novembre 2020.

En juin 2021, le TPLF s'empare de deux villes stratégiques en Ambara et Afar, après avoir chassé hors du Tigré, avec de lourdes pertes, une armée gouvernementale forte de 160 000 hommes[15].

Début novembre 2021, plusieurs Etats occidentaux ordonnent à leurs ressortissants de quitter l'Ethiopie, en prévision d'une éventuelle prise d'Addis-Abeba par le TPLF accompagnée d'exactions. À ce stade le conflit a engendré, outre des milliers de morts, le déplacement forcé de plus de deux millions de personnes et un risque de famine pour cinq millions[15].

Personnalités[modifier | modifier le code]

Parmi les membres anciens ou actuels du parti, on peut citer Meles Zenawi (chef du parti jusqu'à son décès en 2012), Tedros Adhanom Ghebreyesus, Seyoum Mesfin, Sebhat Nega, Arkebe Equbay, Tesfaye Hayara, Aregawi Berhe, Abay Tsehaye, Tsegay Berhe, Siye Abraha, Sara Abraham, Tadesse Gebregzabier, Haftom Abraha, Gebrezgi Alemayahu (décédé) et Weyen (décédé). Plusieurs de ses membres ont fait partie du gouvernement, par exemple Fetlework Gebre-Egziabher qui a été la ministre du Commerce et de l'Industrie dans le gouvernement d'Abiy Ahmed de 2018 à 2020.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Tefera Negash Gebregziabher, « Ideology and power in TPLF’s Ethiopia: A historic reversal in the making? », African Affairs,‎ (DOI 10.1093/afraf/adz005).
  2. (de) « Napalm statt Hirse » [« Napalm instead of millet »], Die Zeit,‎ (lire en ligne Inscription nécessaire).
  3. (de) « Kriege ohne Grenzen und das »erfolgreiche Scheitern« der Staaten am Horn von Afrika » [« Wars without borders and the 'successful failure' of the states in the Horn of Africa »], sur Stiftung Wissenschaft und Politik, Berlin, .
  4. (de) « Parlamentswahlen in Äthiopien » [« Parliamentary elections in Ethiopia »], sur Social Science Open Access Repository, .
  5. (en) « 2005 Ethiopian Election: A Look Back », Voice of America,‎ (lire en ligne).
  6. Torstensson, Gösta. Befrielsekampen i Tigray. Stockholm: Kommunistiska Arbetarförlaget, 1986. p. 4-5.
  7. Torstensson, Gösta. Befrielsekampen i Tigray. Stockholm: Kommunistiska Arbetarförlaget, 1986. p. 8.
  8. Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia, second edition (Oxford: James Currey, 2001), p. 215, 259.
  9. Torstensson, Gösta. Befrielsekampen i Tigray. Stockholm : Kommunistiska Arbetarförlaget, 1986. p. 14.
  10. Le Monde avec AFP, « L’Ethiopie tente de rassurer après le lancement d’opérations militaires contre la région dissidente du Tigré », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  11. Le Monde avec AFP, « Ethiopie : le premier ministre annonce une riposte après l’attaque d’un camp militaire dans le Tigré », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  12. Christelle Gérand, « L’Éthiopie fait un pas de plus vers la guerre civile », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  13. (en) « Tigray crisis : Ethiopia's Abiy Ahmed vows to continue military offensive », sur yahoo.com, Yahoo News, (consulté le ).
  14. « Ethiopia says forced into 'aimless war' as bombings alleged », sur apnews.com, Associated Press, (consulté le ).
  15. a et b (en) Debka, 7 novembre 2021.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Kahsay Berhe, Ethopia: Democratization and Unity: The Role of the Tigray's People Liberation Front, Münster, 2005 (ISBN 3-86582-137-5)
  • (en) Jenny Hammond, Fire From the Ashes: A Chronicle of the Revolution in Tigray, Ethiopia, 1975-1991, Lawrenceville, 1999 (ISBN 1-56902-087-6)
  • (en) John Young, Peasant Revolution in Ethiopia: the Tigray People's Liberation Front, Cambridge, 1997 (ISBN 0-521-59198-8)
  • (en) Aregawi Berhe, A Political History of the Tigray People's Liberation Front (1975-1991) - Revolt, Ideology, and Mobilisation in Ethiopia, Tsehai Publishers, , (ISBN 978-1599070414)

Articles connexes[modifier | modifier le code]