Francis Bouygues — Wikipédia

Francis Bouygues
Francis Bouygues (à droite) en 1983.
Fonctions
Président-directeur général
Groupe TF1
-
Président-directeur général
Bouygues
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Passy, Grave of Bouygues (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Francis Georges BouyguesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Monique Tézé (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Corinne Bouygues (d)
Nicolas Bouygues (d)
Olivier Bouygues
Martin BouyguesVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Distinction
Vue de la sépulture.

Francis Bouygues, né le dans le 17e arrondissement de Paris et mort le 1993 à Saint-Coulomb (Ille-et-Vilaine), est le fondateur du groupe de BTP Bouygues.

Origine[modifier | modifier le code]

Il étudie au collège Stanislas, et devient pensionnaire à l'Immaculée-Conception à Laval du 4 janvier 1937 à la fin de l'année scolaire 1938, en classes de troisième et de seconde. De retour à Paris, il retrouva la Mayenne pendant la guerre. Pour échapper au STO, il vint se cacher à Ambrières-les-Vallées[1] chez un camarade de l'École centrale, Philippe Tézé[2]. Il y fait la connaissance de sa future épouse, Monique Tézé[3], l'une des sœurs de Philippe Tézé, l'aînée d'une famille de dix enfants, avec qui il se marie en octobre 1946.

Le couple a quatre enfants, qui feront partie du groupe familial Bouygues :

  • Corinne Bouygues[4], née le 24 août 1947 à Laval ;
  • Nicolas Bouygues[5], né le 20 mars 1949 à Paris ;
  • Olivier Bouygues, né le 14 septembre 1950 à Suresnes ;
  • Martin Bouygues, né le 3 mai 1952 à Suresnes.

Il a fait construire à Saint-Coulomb, près de Saint-Malo, une villa de vacances entourée de maisons pour chacun de ses enfants[6],[7].

L'ingénieur de la reconstruction[modifier | modifier le code]

Ingénieur de l'École centrale Paris (promotion 1947) comme son père Georges (1913) et son fils aîné Nicolas (1971), il commence sa carrière comme directeur de travaux dans l'entreprise, qui deviendra Dumont-Besson, dirigée par Pierre Dumont[8]. De 1949 à 1951, Francis Bouygues suit les cours du Centre de perfectionnement aux affaires (CPA) les soirs et les samedi-après-midi. Il complète alors sa formation d'ingénieur, par une formation de manager.

Il s'installe en 1952, à 29 ans, comme entrepreneur de bâtiment.

Munie d'un bureau d'études et d'un « bureau des méthodes », son entreprise se spécialise, dans ces années d'après-guerre marquées par une forte crise du logement, dans les méthodes de construction industrielles, Francis Bouygues rompant avec les pratiques timorées et familiales qui dominaient dans la profession.

Cette ambition moderniste rencontre celle des planificateurs politiques de la IVe République. Nommé en 1955 conseiller technique au ministère de la Reconstruction sous Roger Duchet, Francis Bouygues y acquiert une expérience et des connaissances utiles qui lui serviront à bâtir son empire grâce à de nombreuses commandes publiques.

Son entreprise est l'une des premières à utiliser massivement une main d'œuvre immigrée recrutée dans les campagnes algériennes, marocaines et portugaises. Dans les années 1970, le personnel de la société est déjà constitué de 80 % d'immigrés[9]. Il exerce un lobbying actif pour soutenir auprès des hommes politiques le décret d'avril 1976 sur le regroupement familial[10].

Identité et culture d'entreprise[modifier | modifier le code]

Francis Bouygues a aussi doté son entreprise d'une forte culture identitaire, très particulière, institutionnalisée par l'instauration d'un ordre interne de compagnonnage. Créé en 1963, l'« ordre des Compagnons du Minorange » distingue une élite d'employés dont la fidélité au groupe est exaltée et récompensée et qui doivent défendre les valeurs de leur profession.

En 2005, Martin Bouygues crée la fondation Francis-Bouygues. Cette fondation d'entreprise a pour vocation de réaliser des actions d'intérêt général dans le domaine éducatif. Son objectif est d'apporter son aide à des lycéens motivés et confrontés à des difficultés financières pour effectuer des études supérieures et réaliser un projet professionnel ambitieux. Au , près de 300 étudiants ont pu bénéficier des bourses délivrées par la fondation.

Un empire de béton et d'images[modifier | modifier le code]

Sous sa direction, les activités de l'entreprise ne cesseront de s'étendre dans le bâtiment, sur le marché international dès 1972, mais aussi dans les travaux publics et l'immobilier, et en 1986 Bouygues devient le premier groupe mondial du BTP, qu'il restera jusqu'en 2000. Il rachète TF1 en 1987. En 1988, Kevin Roche, architecte américain, réalise Challenger, siège du groupe situé avenue Eugène-Freyssinet dans la ville de Guyancourt dans les Yvelines[réf. nécessaire].

Il est un des personnages clefs du scandale Aranda. Le 13 avril 1972, une charge d'explosif cause d'importants dommages à sa villa située au lieu-dit de Les Nielles au Havre-de-Rothéneuf sur le territoire de la commune de Saint-Coulomb en Ille-et-Vilaine. La DST reconnaîtra en être l'auteur pour faire incriminer les indépendantistes bretons du FLB[11].

Il est ami au roi du Maroc Hassan II, duquel il obtient le marché de la grande mosquée de Casablanca[12].

Il laisse l'entreprise à son fils Martin Bouygues en 1989 et, tout en restant administrateur du groupe, se consacre à la production cinématographique (en fondant Ciby 2000) jusqu'à sa mort en 1993[13],[14].

Il est enterré au cimetière de Passy (4e division), à Paris. Monique Bouygues est décédée le 18 octobre 2017 à 93 ans.

Hommages[modifier | modifier le code]

  • Le film Little Buddha de Bernardo Bertolucci est dédié à sa mémoire. Coproducteur du film, il mourut peu avant sa sortie.
  • Le roman L'Aménagement du territoire d'Aurélien Bellanger brosse le portrait d'un personnage inspiré de Francis Bouygues.
  • Claire Chazal, dans son dernier journal télévisé, déclare : « Je ressens aujourd'hui une immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que m'avait confiée Francis Bouygues ».
  • Martin Bouygues a fait réaliser par le sculpteur tchèque Jan Tesar un buste de son père, qu'il a installé à l'entrée de la salle du conseil d’administration du groupe familial[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le responsable principal de la résistance locale est Jacques Foccart, dirigeant le Réseau Action-Tortue Foccart.
  2. Fils de l'ancien maire, et conseiller général d'Ambrières-les-Vallées.
  3. Sa sœur, Marie-Blandine Delafon, née à Ambrières le 22 août 1946, est diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris et directrice de communication. Elle est chef de publicité puis chargée d'études au journal L'Express de 1967 à 1977. Directeur d'études à IPSOS de 1977 à 1980, elle lance le magazine Medias lancé en 1980 en compagnie de son mari Eudes, avec comme photographe Roberto Battistini. Le magazine reste jusqu'en 1988. Elle participe au livre avec Virgil Tănase Ma Roumanie: entretiens avec Blandine Tézé-Delafon, 241 p, publié par Ramsay en 1990. Elle participe auprès de son neveu Martin à la communication du groupe Bouygues lors de la tentative de raid de Vincent Bolloré. Elle en est directrice de la communication de 1993 jusqu'en 2010, à l'âge de sa retraite.
  4. Elle préside la régie publicitaire de TF1 de 1989 à 1997. Elle est mariée à Francis Gérard, puis Sergio Gobbi.
  5. Ingénieur de l'École centrale Paris, il est associé à la direction générale du groupe. Il se brouille avec son père, quitte l'entreprise, et fonde un groupe de BTP en 1986. Il dirige ensuite à Laval une société d'équipement de carrosserie Geys.
  6. Bertille Bayart, « Martin Bouygues sur tous les fronts », Le Figaro Magazine, semaine du 4 juillet 2014, p. 44-52.
  7. a et b Raphaëlle Bacqué, « Martin et Olivier, les frères d’armes de l’empire Bouygues », sur Le Monde, (consulté le ).
  8. Cousin germain des Tézé. Président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris de 1956 à 1958.
  9. Francis Bouygues sur les immigrés, document ina.fr
  10. Gérard Pince, Les Français ruinés par l’immigration, éditions Godefroy de Bouillon, 2013.
  11. Faligot Roger, DST : police secrète, Flammarion, (OCLC 607369359)
  12. « Maroc. Hassan II, « pote » et despote », sur Orientxxi.info,
  13. Il meurt à Saint-Coulomb où il avait acheté puis entretenu une résidence en 1955.
  14. Romain Blondeau, « La dernière séance du roi du béton », Vanity Fair no 39, septembre 2016, pages 166-173.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Élizabeth Campagnac et V. Nouzille, Citizen Bouygues, Belfond, 1988.
  • Sous la direction d'Antoine Picon, L'art de l'ingénieur constructeur, entrepreneur, inventeur, p. 90, Centre Georges Pompidou/éditions Le Moniteur, Paris, 1997 (ISBN 978-2-85850-911-9).
  • Dominique Barjot, Bouygues. Les ressorts d’un destin entrepreneurial, Paris, Economica, 2013.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]