François Récaborde — Wikipédia

François Récaborde
Description de cette image, également commentée ci-après
François Récaborde en 1928.
Fiche d'identité
Nom complet François Louis Récaborde
Naissance
Pau (France)
Décès (à 48 ans)
Pau (France)
Taille 1,75 m (5 9)
Poste XV : troisième ligne aile
XIII : troisième ligne
Carrière en senior
PériodeÉquipeM (Pts)a
XV
1922-1931
XIII
1934-1936

Section paloise

Pau XIII
Carrière en équipe nationale
PériodeÉquipeM (Pts)b
XIII
1934-1934

France

1 (0)
Carrière d'entraîneur
PériodeÉquipe 
XIII
1936-??
XV
1946-0000
1948-1950
1950-1951

Dax XIII

US Dax
Stadoceste tarbais
FC Oloron

a Compétitions nationales et continentales officielles uniquement.
b Matchs officiels uniquement.

François Récaborde, né le à Pau et mort le dans la même ville, est un joueur français de rugby à XV et de rugby à XIII qui évolue au poste de troisième ligne aile en XV, et durant une saison en troisième ligne en XIII.

Légende de la Section avec qui il est champion de France en 1928 en inscrivant un essai en finale, Récaborde se lance dans l'aventure du « néo-rugby » en raison de sa suspension injuste à XV. Ainsi, François Récaborde intègre les « Pionniers » du rugby à XIII, et est également sélectionné à l'occasion du tout premier match international organisé en France de Rugby à XIII[1]. Récaborde est également le fondateur du club de Pau XIII.

Sergent durant la Seconde Guerre mondiale, puis membre du Réseau Alibi, Récaborde est fait prisonnier par la Wehrmacht mais parvient à s'échapper[2]. Il est récompénsé de la Croix de guerre 1939-1945[3] et fait Chevalier de la Légion d'Honneur[4], en plus d'être titulaire d'une distinction britannique pour sa courageuse action de résistant[5].

À la Libération, il devient conseiller municipal socialiste de Pau, sa ville de toujours, et entraîneur de rugby à XV après que la fédération ait levé sa suspension pour acte de bravoure, jusqu'à son décès des suites d'un accident de la route.

Enfant du quartier du Hédas, Récaborde était un enfant de ce quartier populaire. Lorsque la ville y acquit un terrain pour aménager une place en rasant une zone d'habitat insalubre, elle fut nommée place François-Récaborde[6].

Famille[modifier | modifier le code]

François Louis Récaborde naît le à Pau[7]. Son père, Pierre Récaborde (1862-?), est menuisier, et sa mère, Marie Milhet (1862-?), ménagère[7]. Il se marie le à Jeanne Brongnes, en la mairie de Pau et décède le à Pau.

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière sportive[modifier | modifier le code]

Boxe anglaise[modifier | modifier le code]

Né le à Pau[8], François Récaborde commence la pratique sportive dans sa ville natale avec la boxe anglaise au sein du club du Ring béarnais, en compagnie de son futur coéquipier à la Section paloise Fernand Taillantou[9].

Rugby à XV[modifier | modifier le code]

Récaborde, debout à gauche, au stade de Colombes avec la Section paloise, le .

François Récaborde s'oriente ensuite vers le rugby à XV et intègre l'équipe première de la Section paloise en 1922[10]. À partir de 1923, il est un joueur cadre de l'équipe et s'impose comme un joueur d'avenir dans le rugby français[11].

Il se signale en étant expulsé le 26 avril 1925 à l'occasion d'un match de barrages d'accession en Excellence contre le Saint-Girons SC[12]. Cela n'empêche pourtant pas son équipe d'obtenir sa promotion dans l'élite en remportant le match.

Le point culminant de la carrière de Récaborde à la Section est l'obtention du titre de champion de France en 1928[13]. Il est notamment auteur d'un essai en finale face à l'US Quillan[14].

En 1931, Récaborde est radié de la FFR lors d'un match à Bordeaux, qui l'empêcha de confirmer les espoirs placés en lui au rugby à XV[15],[16]. En effet l'arbitre M. Lahitte considère, à tort, que Recaborde était l'auteur d'un coup de pied sur lui[17]. Le responsable Domercq, écrivit à la Fédération, mais la suspension du joueur fut maintenue[18].

« Je jouais depuis 10 ans à la Section paloise ; quoique maintes fois sollicité par d'autres clubs, je ne l'ai jamais quittée, car je m'étais fait un devoir de rester fidèle à l’équipe de mon pays. Vraiment, pas une seule fois, je n'ai pu songer qu’après une telle présence, il me faudrait un jour, abandonner le rugby, n'emportant pour souvenir qu'une injuste radiation.

Je pensais quand même que Messieurs les dirigeants n'auraient pas, avec une telle désinvolture, adhéré à ce geste et qu’ils n'en seraient pas ainsi restés là. »

— François Récaborde, à propos de sa suspension.

Pionnier du XIII[modifier | modifier le code]

Premier match officiel de l'histoire de l'équipe de France de rugby à XIII

Ainsi, en 1934, il rejoint l'appel de Jean Galia pour donner naissance au rugby à XIII en France en constituant une sélection qui effectuerait une tournée au Royaume-Uni[19]. François Récaborde fait donc partie de cette sélection de dix-sept joueurs emmenée par Galia et composée par de nombreux anciens internationaux français de rugby à XV tels que Jean Duhau, Robert Samatan, Maurice Porra, Charles Petit, Antonin Barbazanges et Léopold Fabre, qui ont de leur côté tous affirmé la mise en place d'un amateurisme marron dans le rugby à XV[20]. Cette tournée en mars 1934 permet à cette sélection de disputer six rencontres contre des clubs anglais ou des sélections régionales anglaises de rugby à XIII.

Récaborde, premier à droite au premier rang, avec l'équipe des « Pionniers » en 1934.

Le , la sélection, appelée plus tard « les Pionniers », est opposée aux Wigan Warriors pour le premier match de cette tournée. Il dispute au cours de cette tournée plusieurs rencontres dans des conditions météorologiques compliquées n'empêchant pas toutefois le succès de cette tournée et l'enthousiasme des Anglais, notamment du Nord de l'Angleterre, de voir le rugby à XIII naître en France.

Récaborde se signale lors de cette tournée en portant les couleurs de son club de cœur de la Section paloise[21].

Récaborde et Jenkins durant le match entre la France et l'Angleterre de 1934.

De retour d'Angleterre, François Récaborde et la sélection française préparent le premier match officiel de l'équipe de France de rugby à XIII contre l'Angleterre devant 25 000 personnes au stade Buffalo[22].

François Récaborde est sélectionné pour ce match au poste de troisième ligne, derrière une seconde ligne composée de Galia et Duhau.

Bien que battue 21-32, l'équipe de France à XIII sut séduire le public et la presse qui relaie largement l'évènement, l'Auto appela ce code de rugby le « rugby révolutionnaire » dans son édition du 16 avril 1934. Récaborde, quant à lui, se fait remarquer par ses qualités de plaqueur qui gênent considérablement le demi de mêlée anglais Emlyn Jenkins (en)[23].

Récaborde est ensuite l'un des principaux instigateurs de la création du club de Pau XIII[24]. Récaborde met un terme à sa carrière en 1935, abandonnant le capitanat à un autre ancien sectionniste, Henri Mounès[25].

Récaborde annonce en 1936 une fusion à venir des clubs de Pau XIII et Côte basque XIII sous le nom de « Stade basco-béarnais »[26].

Dans la Résistance[modifier | modifier le code]

Pendant la guerre, Récaborde revient à ses premiers amours du rugby à XV, intégrant l'équipe de l'Armée française[27]. Robert Sarrade l'accompagne durant ce match[28]. Récaborde fut un des premiers résistants du département des Basses-Pyrénées[29].

Membre actif de la Résistance intérieure française durant la Seconde Guerre mondiale, il est déporté vers le camp de concentration de Buchenwald [30]. Après avoir combattu en Belgique et en Hollande, l'unité de Récaborde se replie vers Dunkerque, mais arriva trop tard, les derniers bateaux étant partis la veille. Pris en étau entre la mer et l'armée allemande, ils sont fait prisonniers, d'après ses propos relatés par Charles Lagarde[30]

Récaborde est contraint de remonter à pied vers Lokeren, quasiment sans nourriture, avec des étapes quotidiennes de 30 kilomètres et les pieds en sangs. Nombreux furent ceux qui moururent d'épuisement durant cette marche, ou exécutés par les sentinelles[30].

Finalement, François Récaborde apprend qu'il est destiné à être interné en Pologne et se refuse à cette éventualité. Avec cinq de ses camarades, dont le béarnais Roger Lassus, il échafaude un plan pour s'évader[31]. Le , profitant d'une halte et d'une inattention des sentinelles allemandes, Récaborde et ses compagnons parviennent à se faire la belle et se cachent dans un champ de seigle. Finalement, deux soldats ne purent se résoudre à s'échapper et restèrent pétrifiés. Une paysanne flamande les aide dans leur cavale, en leur mettant à disposition des vivres et des vêtements. Après une nuit de repos, les évadés prennent la direction de Gand[31].

Reconversion post-sportive et retour au XV[modifier | modifier le code]

Après sa carrière de joueur, Récaborde occupe la place de conseiller municipal de Pau[32].

Après la Seconde Guerre mondiale, les exploits de Récaborde conduisant la FFR à annuler sa suspension. Récaborde intègre dès lors la commission de rugby de la Section paloise, à une époque où le rôle d'entraineur était réparti entre le capitaine et le président de la commission[33].

Il met également à disposition son expérience sportive au poste d'entraîneur. Il entraîne entre autres l'US Dax dans les années après-guerre à la demande du président Didier Castex[34] de 1946[35],[36]à 1948[réf. nécessaire].

En dépit de l'antique rivaliré avec le Stadoceste tarbais, Récaborde, légende de la Section, prend néanmoins les rênes de l'équipe première des Bigourdans en 1948[37],[38].

Au début de la saison 1950-1951, Récaborde devient entraineur du FC Oloron, où il forma notamment Robert Barran[39].

Décès[modifier | modifier le code]

Le , soit quasiment 19 ans après son coéquipier René Bernardini, Récaborde décède également dans accident de la route[32],[8]. Après la rencontre entre le FC Oloron et le FC Lourdes, la Peugeot 203 qu'il conduisait s'encastre contre un platane au niveau du château les Astous sur la nationale 134[32]. Parmi les passagers, François Récaborde et Maurice Lezian décèdent des suites de leurs blessures. Paul Lalanne et Jean Fages, correspondant du journal L'Équipe, sont grièvement blessés[8].

Palmarès[modifier | modifier le code]

Rugby à XV[modifier | modifier le code]

Détails en club[modifier | modifier le code]

Saison Championnat
Comp. Class.
1923-24 Section paloise Championnat de France Poule de cinq
1924-25 Championnat de France Poule de cinq
1925-26 Championnat de France Poule de trois
1926-27 Championnat de France 1/2 finale
1927-28 Championnat de France Vainqueur
1928-29 Championnat de France Poule de trois
1929-30 Championnat de France 1/2 finale
1930-31 Tournoi des douze 3e

Rugby à XIII[modifier | modifier le code]

Détails en sélection[modifier | modifier le code]

Matchs internationaux de François Récaborde en équipe de France de rugby à XIII
Date Adversaire Résultat Compétition Poste Points Essais Pen. Drops
1. Angleterre 21-32 Test-match Trioisième ligne - - - -

Détails en club[modifier | modifier le code]

Saison Championnat Coupe Sélection
Comp. Class. Comp. Class. Comp. M Pts Ess. Buts Dp.
1934-1935 Pau XIII Championnat de France 5e Coupe de France 1/4 finale 1 - - - -
1935-1936 Championnat de France 9e Coupe de France 1/4 finale

Postérité[modifier | modifier le code]

Place au quartier du Hédas[modifier | modifier le code]

Une place de la ville de Pau, située dans le quartier du Hédas où il a vu le jour, porte son nom.

Stade François-Récaborde[modifier | modifier le code]

En 1974, l'AS Pau Béarn XIII, successeur de Pau XIII, club fondé par Récaborde lui-même en 1934, inaugure le « stade François-Récaborde »[40].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Frank Perrin, Rugby à XIII, le Rugby du Futur, Books on Demand, (ISBN 978-2-322-38929-2, lire en ligne).
  2. « Le bloc-notes de l'Equipe », sur gallica.bnf.fr, L'Équipe, (consulté le )
  3. « La Croix de Guerre pour François Récaborde », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne).
  4. « François Récaborde Chevalier de la Légion d'Honneur », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne).
  5. Dominique Lormier, Aquitaine, 1940-1945: l'histoire de la Résistance, Éditions CMD, (ISBN 978-2-84477-055-4, lire en ligne).
  6. Michel Fabre, Pau pas à pas : ses monuments, son boulevard, ses rues, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-14238-0, lire en ligne).
  7. a et b Acte de naissance de François Louis Récaborde , earchives.le64.fr, consulté le 14 avril 2023.
  8. a b et c « RECABORDE François », sur finalesrugby.fr (consulté le ).
  9. « Boxe anglaise », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  10. « Entrainements », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  11. « Finale de la Côte basque », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  12. « L'Indépendant des Basses-Pyrénées : paraissant les lundi, mercredi et vendredi ["puis" paraissant tous les jours excepté le dimanche "puis" journal républicain quotidien "puis" le mieux informé des journaux de la région] », sur Gallica, (consulté le )
  13. « L'historique du club », sur section-paloise.com (consulté le ).
  14. Garcia 2013, p. 297.
  15. Olivier Chovaux et William Nuytens, Rugby : un monde à part ? : Énigmes et intrigues d’une culture atypique, Artois Presses Université, (ISBN 978-2-84832-405-0, lire en ligne).
  16. « La FFR ne pardonnera plus », Paris-Soir, (consulté le ).
  17. « Récaborde radié de la FFR », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  18. « On nous écrit », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  19. Garcia 1996, p. 329.
  20. Marcel Rollet, Mêlées et démélés, touches et retouches, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-22777-3, lire en ligne).
  21. « Des nouveaux », Paris-Soir, (consulté le ).
  22. « France - Angleterre », Le Miroir des sports, (consulté le ).
  23. Émile-Georges Drigny, « Grande consécration du rugby a treize a la faveur du premier match international organisé en France. L'équipe d'Angleterre défait nos représentants par 32 points a 21. », Le Miroir des sports,‎ , p. 253 (lire en ligne)
  24. Franck, « Rugby à XIII: La guerre des terrains (1934) », sur surlatouche.fr (consulté le ).
  25. « Propos du Ligueur », L'Auto, (consulté le ).
  26. « Une fusion entre basques et palois », L'Auto, (consulté le ).
  27. « Equipe de la 7ème Armée », sur Gallica, L'Auto, (consulté le ).
  28. « Sarrade et Récaborde joueront dans l'équipe militaire », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  29. Journal officiel de la République française, (lire en ligne).
  30. a b et c « L'évasion de François Récaborde, as du Rugby », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  31. a et b « L'évasion de François Récaborde, as du Rugby (suite) », L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le ).
  32. a b et c « 1951 : François Récaborde se tue », La République des Pyrénées, (version du sur Internet Archive).
  33. « Autour des touches », L'Auto, (consulté le ).
  34. Dussarrat, Bordenave et Dussarrat 2003, p. 28-34.
  35. « François Récaborde entraîneur de l'US Dax », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne).
  36. Jean Coussy, « Dax compte sur ses juniors... et sur François Recaborde », France-Soir, no 675,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  37. « Récaborde entrainera le Stadoceste Tarbais », Midi olympique, (consulté le ).
  38. « La Tribune des Verts & Blancs », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne).
  39. Robert Barran, Du rugby et des hommes, (Albin Michel) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-7050-0284-8, lire en ligne).
  40. René Hégoburu, « L'AS Pau Béarn XIII inaugure officiellement le stade François Récaborde », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes[modifier | modifier le code]