François Hanriot — Wikipédia

 François Hanriot
François Hanriot
François Hanriot.
Croquis par Georges-François-Marie Gabriel, Paris, musée Carnavalet.

Naissance
Nanterre
Décès (à 34 ans)
Paris
Origine Drapeau de la France France
Arme Infanterie
Grade Général de division
Années de service 17921794
Commandement Bataillon de la garde nationale de la section du Jardin-des-Plantes
Garde nationale de Paris

François Hanriot, né à Nanterre le [1], guillotiné à Paris le , est un général de division de la Révolution française.

Biographie[modifier | modifier le code]

François Hanriot est le fils d'un couple de paysans pauvres originaires de Sormery et devenus domestiques chez un ancien trésorier de France du nom de Alexandre Ju des Retz, bourgeois de Paris — Edmé Hanriot, né dans une famille de laboureurs, le 17 aout 1715 et mort le à Nanterre à l'âge de 72 ans, et Marguerite Davoine. Il a une sœur aînée, Marie-Cécile, née en 1753 à Sormery et mariée à Charles Lassus, maître tourneur installé au petit marché des Quinze-Vingts, à Paris, dont elle divorce en l'an II[2],[3]. Il étudie à l'école paroissiale, où il apprend à lire et à écrire, et devient saute-ruisseau chez un notaire, avant d'obtenir une place de commis à l'octroi de Paris.

Le il participe à une émeute au cours de laquelle les barrières sont brûlées, ainsi que les dossiers et registres du bureau, ce qui lui vaut d'être arrêté et emprisonné à Bicêtre. Bientôt remis en liberté grâce à la campagne de presse de Marat en faveur des incendiaires, il milite à la section du Jardin-des-Plantes dans le faubourg Saint-Marcel, l'un des quartiers les plus peuplés et les plus pauvres de la capitale. Électeur en 1792, il occupe les fonctions de secrétaire-greffier du comité local, puis est élu le , commandant du bataillon de la garde nationale de sa section[4].

Hanriot participe à la journée du 10 août 1792, puis à la prise des Tuileries. Il est parfois qualifié de « septembriseur » dans l'historiographie de la Révolution française (notamment par Hippolyte Taine) mais sa responsabilité dans le massacre de Saint-Firmin a été contestée en raison d'une possible confusion avec un homonyme[5],[6], Humbert Henriot, débardeur de 32 ans[7].

Journée du .
Estampe de Pierre-Gabriel Berthault représentant la Garde nationale devant la Convention
(musée Carnavalet).

Proclamé commandant en chef provisoire de la garde nationale par le Comité insurrectionnel de l'Évêché le soir du , il dirige le mouvement insurrectionnel lors des journées du 31 mai et du 2 juin 1793, où il cerne la Convention avec 80 000 hommes. Son rôle décisif lui vaut d'être appelé « sauveur de la patrie » par Marat[8]. Le , il donne sa démission, mais la Commune le maintient dans ses fonctions jusqu'à l'élection d'un nouveau chef. Candidat des jacobins et des sans-culottes, il l'emporte le 1er juillet face à Raffet, candidat de la bourgeoisie modérée, par 9 087 voix contre 6 095 à son concurrent. Proche des sans culottes, il parvient, secondé par Boulanger et Lavalette, à maintenir l'ordre dans la capitale, en prévenant les désordres plutôt qu'en réprimant. Il parvient notamment, durant l'hiver de l'an II particulièrement rigoureux, à éviter que les queues devant les boucheries et les boulangeries ne tournent à l'émeute.

Il est promu général de brigade le puis général de division le [9].

Portrait de François Hanriot. Estampe de François Bonneville, Paris, fin du XVIIIe siècle.

Membre du club des Cordeliers, lié aux hébertistes, il est menacé en ventôse lors de leur arrestation, mais Robespierre le protège. Désormais fidèle à l'Incorruptible, il s'oppose à Carnot qui veut dégarnir Paris de ses canonniers. Destitué et décrété d'arrestation par la Convention lors de la séance du 9 thermidor, il rejoint la Commune et tente d'organiser une insurrection, donnant l'ordre aux chefs des six légions de la garde nationale d'envoyer chacun 400 hommes à l'Hôtel de Ville et à l'adjudant-général des canonniers de requérir les compagnies de canonniers et les pièces d'artillerie. Mais quatre chefs de la légion refusent d'obéir, et seize sections seulement envoient des détachements de la garde nationale, mais plus que les 50 hommes demandés par Hanriot (la section du Panthéon-Français en fournit à elle seule 1 200). Il tente ensuite de libérer Robespierre et ses amis, retenus dans les locaux du Comité de sûreté générale, à l'hôtel de Brionne, mais il est lui-même arrêté sur ordre du député Rühl[10].

Délivré plus tard par Jean-Baptiste Coffinhal, juge du Tribunal révolutionnaire, il commet l'erreur, pour une raison que les historiens ont vainement tenté de déterminer avec certitude, de ramener ses troupes à l'Hôtel de Ville au lieu de s'emparer de la Convention. On a parfois émis l'hypothèse qu'il aurait reculé par légalisme devant la perspective d'attaquer la Convention[11],[12]. Une thèse tend à considérer que le jugement d'Hanriot aurait été obscurci par son état d'ébriété[n 1],[15] mais les sources à ce sujet se révèlent tardives, invérifiables et contradictoires[14],[16].

Lors de la prise de l'Hôtel de Ville par les troupes de la Convention, il se cache. On le retrouve, le matin du 10 thermidor, dans une cour de l'Hôtel de Ville, affreusement blessé à la tête. Une autre version, diffusée par les thermidoriens, mais qu'aucune source ne permet d'étayer, prétend que Coffinhal l'aurait jeté par une fenêtre en lui reprochant l’échec de l’insurrection[17]. Mis hors-la-loi par la Convention comme tous les robespierristes, il n'est pas jugé, Fouquier-Tinville se bornant à constater son identité. Il est guillotiné le soir du 10 thermidor an II () en compagnie des autres robespierristes.

Historiographie[modifier | modifier le code]

Le général François Hanriot devant la Convention nationale le 9 Thermidor. Gravure publiée dans l’Histoire des Girondins d'Alphonse de Lamartine, 1865-1866.

La légende thermidorienne et plusieurs historiens — de Jules Michelet[16] à Hippolyte Taine[9] — ont dressé de François Hanriot un portrait « venimeux et mensonger », selon l'historienne Raymonde Monnier[18]. À l'avenant, l'historien Gérard Walter juge que les « écrivains réactionnaires » Charles Foleÿ[19] et G. Lenotre[20] ont propagé plusieurs affabulations à son sujet dans des « récits venimeux[17] ». Enfin, l'historien Haïm Bustin soutient également que le général Hanriot « fut la cible de critiques cinglantes, avant même que tout fût connu de sa biographie »[7] et que l'« historiographie modérée » l'a « dépeint comme un homme despotique, ivrogne et peu sûr »[21].

Dès 1795, Edme-Bonaventure Courtois, député à la Convention nationale, le traite, dans son Rapport sur les événements du 9 thermidor, de « domestique chassé pour infidélité par ses maîtres »[22],[14], accusation de vol dont l'historien Alphonse Aulard lui a fait justice en établissant qu'elle visait un homonyme[9].

Par la suite, Jules Michelet se représente la Convention exposée aux troupes d'un général ivrogne durant les journées du 31 mai et du 2 juin 1793. À l'opposé, Gérard Walter insiste sur la discipline imposée par Hanriot « au milieu de ses troupes improvisées à la dernière minute ». De la sorte, Walter crédite le commandant sans-culotte, « ivre ou non », d'avoir évité l'effusion de sang lors de l'exclusion et l'arrestation des députés girondins, le [23],[24].

L'alcoolisme présumé du général révolutionnaire a notamment été avancé comme explication de son manque de résolution durant le 9 Thermidor[25],[26],[27]. Buchez et Roux-Lavergne évoquent des témoins anonymes qui mettent en avant son habituelle sobriété, sauf le jour dit où il aurait bu « un petit verre d'eau de vie pour s'exciter »[13].

Or cette version est contestée par Ernest Hamel, auteur robespierriste[28] qui attribue la légende noire d'un Hanriot aviné aux calomnies d'auteurs royalistes ou républicains trop crédules vis-à-vis des récits thermidoriens. Hamel relève ainsi l'absence complète de référence à la « prétendue ivresse » d'Hanriot dans « toutes les pièces officielles et officieuses sur le 9 Thermidor, les procès-verbaux et rapports des sections, les rapports des gendarmes, officiers et autres fonctionnaires ou simples citoyens. »

De surcroît, Hamel souligne les contradictions entre le Rapport sur les événements du 9 thermidor, document établi ultérieurement par le conventionnel Edme-Bonaventure Courtois, et les déclarations d'un nommé Courvol, huissier à la Convention, dont la déposition est transcrite dès le 9 Thermidor à cinq heures de l'après-midi. Ainsi, l'huissier Courvol ne fait pas état de l'ébriété d'Hanriot au moment dit, contrairement à ses propos retouchés un an plus tard dans le Rapport... de Courtois. Ce dernier prête également au général des exhortations que Courvol attribuait pourtant à un aide de camp anonyme[14],[16],[29].

Au surplus, Gérard Walter met en évidence le procès-verbal de l'arrestation du général pour remettre en question le récit — repris par Jules Michelet — qui décrit Jean-Baptiste Coffinhal reprochant son manque d'efficacité à Hanriot avant de jeter celui-ci par la fenêtre de l'Hôtel de Ville lors du 9 Thermidor. Cependant, le procès-verbal signale que le général a été découvert dans une arrière-cour de la Maison commune (et non dans un égout), blessé mais se tenant debout, « ce qui ne se conçoit guère chez quelqu'un tombé d'une fenêtre du troisième étage sur des pavés de pierre », pointe l'historien[17].

Représentation au cinéma[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Buchez et Roux-Lavergne affirment que « des gens qui l'ont connu assurent qu'il était ordinairement fort sobre, et que ce jour-là ayant voulu boire un petit verre d'eau-de-vie pour s'exciter, cela avait suffi pour le mettre hors de lui »[13], sans préciser l'identité de ces témoins, note Ernest Hamel[14].

Références[modifier | modifier le code]

  1. C'est la date de son baptême, où il est indiqué qu'il est fils de « Pierre Henriot, present et de Marie Lavoine ». Son parrain est François Coypel, officier chez les seigneurs de ce lieu, et sa marraine, Marie Murat, fille du défunt Jacques Murat, qui habite elle aussi chez M. Juderet. L'acte de baptême est corrigé le 22 frimaire an VII, à la demande de Marie-Cécile Hanriot, sur décision du tribunal civil de la Seine du 24 messidor an VII. Voir Fernand Bournon (1857-1909), État des communes à la fin du XIXe siècle, Nanterre : notice historique et renseignements administratifs, Montévrain, Imprimerie de l'école d'Alembert, 1903, 132 pages, in-8°, p. 12-13.
  2. Henri Vuagneux, Courbevoie et ses environs : de leur origine à nos jours, 1906, 157 pages, p. 73.
  3. G. Lenotre, Vieilles maisons, vieux papiers, tome 3, Perrin et cie, 1921, p. 312-313.
  4. Walter 1977, p. 1438.
  5. Ernest Hamel, Histoire de Robespierre : d'après des papiers de famille, les sources originales et des documents entièrement inédits, t. 2 : Les Girondins, Paris, Chez l'auteur, , III-730 p. (lire en ligne), p. 714, n. 1.
  6. Alphonse Aulard, Taine historien de la Révolution française, Paris, Armand Colin, , XI-333 p. (lire en ligne), p. 204.
  7. a et b Haïm Burstin, Une révolution à l'œuvre : le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époques », , 923 p. (ISBN 2-87673-370-6), p. 426.
  8. Deux ans plus tard, à la suite de sa répression de l’insurrection du 12 Germinal an III (1er avril 1795), Pichegru reçoit également le titre de "Sauveur de la Patrie".
  9. a b et c Alphonse Aulard, « Taine historien de la Révolution française », La Révolution française : revue d'histoire moderne et contemporaine, Paris, Société de l'histoire de la Révolution, t. 53,‎ , p. 219-220 (lire en ligne).
    Parution en volume : Alphonse Aulard, Taine historien de la Révolution française, Paris, Armand Colin, , XI-333 p. (lire en ligne), p. 282-283.
  10. Françoise Brunel, Thermidor : la chute de Robespierre, 1794, Bruxelles, Complexe, coll. « La Mémoire des siècles » (no 211), , 155 p. (ISBN 2-87027-275-8), p. 102.
  11. Daniel Guérin, La lutte de classes sous la Première République (1793-1797), vol. 1, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 571 p., p. 325.
  12. Françoise Brunel, Thermidor : la chute de Robespierre, 1794, Bruxelles, Complexe, coll. « La Mémoire des siècles » (no 211), , 155 p. (ISBN 2-87027-275-8), p. 103.
  13. a et b Philippe Buchez et Pierre-Célestin Roux-Lavergne, Histoire parlementaire de la Révolution française, ou Journal des assemblées nationales depuis 1789 jusqu'en 1815 : contenant la narration des événements... précédée d'une introduction sur l'histoire de France jusqu'à la convocation des États-Généraux, t. 34, Paris, Paulin, , 488 p. (lire en ligne), p. 41.
  14. a b c et d Ernest Hamel, Histoire de Robespierre : d'après des papiers de famille, les sources originales et des documents entièrement inédits, t. 3 : La Montagne, Paris, Chez l'auteur, , 815 p. (lire en ligne), p. 768, n. 1.
  15. Léo Joubert, dans sa notice sur Robespierre, parue dans Ferdinand Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, fils & Cie, 1863, tome 42, p. 431, estime quant à lui qu'Hanriot était « peu capable de sang-froid » et « avait bu pour se donner de l'assurance ».
  16. a b et c Ernest Hamel, Thermidor : d'après les sources originales et les documents authentiques avec un portrait de Robespierre gravé sur acier, Paris, Librairie Furne, , 2e éd., XII-363 p. (lire en ligne), p. 305-306.
  17. a b et c Walter 1977, p. 1439.
  18. Monnier 1989, p. 532.
  19. Charles Foleÿ, Les fantoches de la peur (1792 à 1794), Paris, Bloud et cie, vers 1913.
  20. G. Lenotre, Paris révolutionnaire. Vieilles maisons, vieux papiers, 3e série, 11e édition, Paris, Librairie académique Perrin, 1906, lire en ligne.
  21. Haïm Burstin, Une révolution à l'œuvre : le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époques », , 923 p. (ISBN 2-87673-370-6), p. 573.
  22. Edme-Bonaventure Courtois, Rapport fait au nom des comités de salut public et de sûreté générale, sur les événemens du 9 thermidor, an II, Précédé d'une Préface en réponse aux détracteurs de cette mémorable journée, Prononcé le 8 thermidor an 3, la veille de l'anniversaire de la chute du tyran, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne), p. 60, n. 3.
  23. Gérard Walter, « Notes et commentaires : Livre X, chapitre XI », dans Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, t. 2, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 56), , 1694 p., p. 1070 (n. 2 de la p. 393).
  24. (en) Morris Slavin, The Making of an insurrection : Parisian sections and the Gironde, Cambridge (Massachusetts) / Londres, Harvard University Press, , IX-236 p. (ISBN 0-674-54328-9), p. 207, n. 32.
  25. Charles-Aimé Dauban, Paris en 1794 et en 1795 : histoire de la rue, du club, de la famine / composée d'après des documents inédits, particulièrement les rapports de police et les registres du Comité de salut public, Paris, Plon, , XX-600 p. (lire en ligne), p. 505.
  26. Charles d'Héricault (1823-1899), La révolution de thermidor : Robespierre et le Comité de salut public en l'an II, Didier & Cie., 1876, 514 pages, p. 425.
  27. Frantz Funck-Brentano, La Révolution française, Paris, Flammarion, , 64 p., p. 52.
  28. Maurice Dommanget, « La Société et les Annales. Cinquante ans d'histoire (1908-1958) », Annales historiques de la Révolution française, no 152 « Bi-centenaire de la naissance de Robespierre (1758-1958) »,‎ , p. 7 (lire en ligne).
  29. Alphonse Aulard, « Chronique et bibliographie », La Révolution française : revue d'histoire moderne et contemporaine, Paris, Société de l'histoire de la Révolution, t. 54,‎ , p. 380 (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources primaires[modifier | modifier le code]

  • « Hanriot François. Général de division » (Cote SHAT : 7 Yd 104).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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