Fort de Villey-le-Sec — Wikipédia

Fort de Villey-le-Sec
Image illustrative de l’article Fort de Villey-le-Sec
Description
Type d'ouvrage fort à enveloppe
Dates de construction de 1875 à 1879
Ceinture fortifiée place forte de Toul
Utilisation fort de ceinture
Utilisation actuelle musée
Propriété actuelle département de Meurthe-et-Moselle
Garnison 1 300 hommes
Armement de rempart 24
Armement de flanquement 12
Organe cuirassé une tourelle Mougin
Modernisation béton spécial 1888
Programme 1900
Dates de restructuration 1903 ; 1909 et 1914
Tourelles 2 tourelles de 75 mm,
1 tourelle de mitrail.
Casemate de Bourges néant
Observatoire 9
Garnison
Programme complémentaire 1908 2 tourelles de 155 mm en construction
Coordonnées 48° 39′ 29″ nord, 5° 58′ 26″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fort de Villey-le-Sec
Géolocalisation sur la carte : Meurthe-et-Moselle
(Voir situation sur carte : Meurthe-et-Moselle)
Fort de Villey-le-Sec

Le fort de Villey-le-Sec est un ouvrage de fortification du XIXe siècle appartenant au système Séré de Rivières de la place forte de Toul, se situant sur le territoire de la commune de Villey-le-Sec, en France. Il s'agit de l'unique exemple d'une enceinte fermée autour d'un village de cette ligne de défense des frontières conçu après la défaite de 1871. Situé en dehors des zones de combat de la Première Guerre mondiale, il est resté quasiment intact.

Histoire[modifier | modifier le code]

dome de béton dépassant légèrement du sol au milieu d'une pelouse
Observatoire de commandement de la batterie cuirassée à proximité du réduit.

Il a été construit de 1875 à 1879 puis modernisé en 1888 puis de 1903 à 1914. S'étendant sur 40 000 m2, il présente un raccourci saisissant de 40 années de fortification.

Construction[modifier | modifier le code]

Le camp retranché de Toul venait clore le rideau défensif des Hauts de Meuse. La déclaration d'utilité publique (DUP) du prévoit de le protéger par quatre forts : Écrouves, Domgermain, Saint-Michel et Villey-le-Sec. Le fort de Villey-le-Sec devait verrouiller l'accès sud-est de la ville. Il était placé sur le plateau de Haye, appuyé au sud sur les côtes escarpées creusées par la Moselle. Sa position était initialement prévue 1 000 m plus à l'ouest, sur l'emplacement actuel de la redoute de Chaudeney[1].

L'étude commença à partir du et la construction le . Les travaux, confiés à l'entreprise Morel, durèrent quatre ans et nécessitèrent des centaines d'ouvriers. C'est le fort le plus onéreux de la région.

En 1885 la mise au point des obus à mélinite rend obsolète les fortifications en pierre. Il est nécessaire de renforcer le fort de Villey à l'aide de béton et de cuirassements en métal. On estime aussi que l'artillerie n'est plus suffisamment protégée par le fort et on la disperse sur le plateau.

En 1890, on ajouta aussi quatre casernes en béton spécial : dans le réduit, le redan et les deux batteries.

Vers 1900, un champ de tir est créé à Gondreville, en bordure de la forêt de Haye, pour tester les armes du fort. Un autre, dans le bois de l'Embanie, servait de camp d'entraînement pour les militaires[2].

En 1912, des travaux débutent pour équiper le fort d'une batterie équipée de deux tourelles de 155 mm. Ils sont interrompus par la Première Guerre mondiale.

Guerre de 1914-1918[modifier | modifier le code]

rails dans une prairie passant près d'un arbre
À proximité du fort

Au début de la guerre, après la défaite française à la bataille de Morhange, les troupes allemandes progressent rapidement vers l'ouest. À partir de la mi-septembre, après la bataille du Grand-Couronné de Nancy, la ligne de front se stabilise à quelques dizaines de kilomètres, suivant un axe Saint-Mihiel, Pont-à-Mousson, Nomeny, Moncel-sur-Seille, Arracourt. Elle n'évoluera plus guère dans ce secteur.

La population est évacuée pour ne laisser que la garnison et les hommes indispensables aux travaux des fermes.

Après guerre[modifier | modifier le code]

Après le rattachement de l'Alsace-Moselle, le fort perd de son intérêt stratégique. L'armée y installe un gardien de batterie mais n'assure plus d'entretien. Durant la Seconde Guerre mondiale, les éléments métalliques sont récupérés par l'armée allemande[2].

Aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Les travaux de l'association La Citadelle ont renouvelé l'intérêt porté au fort[2]. C'est, depuis le , un site inscrit au sens de la loi du 2 mai 1930, sur une superficie de 21 hectares[3]. Il est aujourd'hui possible de visiter le fort du 1er mai jusqu'en septembre au cours d'une visite guidée durant environ deux heures. L'association La Citadelle a pour objet la préservation et de la mise en valeur du fort. Afin d'entretenir les dessus du fort et les 20 hectares du site, l'association a fait appel à des bovins de race highlands.

Ouvrages du fort[modifier | modifier le code]

Le village occupant déjà l'emplacement le plus favorable, il fut décidé de construire le fort tout autour pour limiter les délais et les frais qu'auraient entraînés la destruction des habitations et le relogement de leurs occupants. Les habitants s'étaient par ailleurs opposés à cette éventualité car la zone du village est l'un des seuls points de la commune où l'eau est disponible de par la présence d'une couche d'argile qui retient l'eau en surface[2].

Réduit[modifier | modifier le code]

Allée d'herbe entre deux murs de pierre
Le fossé du réduit

Construit à l'angle sud-ouest du fort (48° 39′ 29″ N, 5° 58′ 26″ E), le réduit forme un carré de 180 m de côté. C'est un fort à lui seul concentrant l'ensemble des ressources, magasins, casernement. Son plan est similaire au fort de Lucey. Cependant sa modernisation fut différente et modifia considérablement l'aspect de l'ouvrage. Il s'organise autour d'une coupole Mougin équipée de deux pièces de 155 L, l'une des deux seules tourelles de 155 mm en état de marche avec le fort du Barbonnet. Quatre cours rectangulaires constituent les casernements d'origine. Deux casernes bétonnées ont été construites ; l'une en 1888 en béton spécial, l'autre en 1910 en béton armé, c'est l'entrée actuelle du réduit.

En 1914, une batterie cuirassée pour deux tourelles de 155 mm court était en construction et n'a jamais été achevée.

Redan[modifier | modifier le code]

Situé entre les deux batteries nord et sud (48° 39′ 36″ N, 5° 58′ 46″ E) à l'opposé du réduit, il était équipé d'une tourelle de 75 mm et de deux observatoires cuirassés. Un casernement a été ajouté en 1890 sous la tourelle.

Batterie nord[modifier | modifier le code]

champs, village puis forêt en arrière-plan
Vue aérienne de la batterie nord et du village

En forme de V, elle possédait une tourelle de 75 mm et une tourelle de mitrailleuse, ainsi que deux observatoires cuirassés. Sa situation (48° 39′ 43″ N, 5° 58′ 38″ E) permettait de contrôler la plaine. L'entrée est protégée par un pont-levis modèle Pilter. Elle a conservé en outre sa caponnière double.

Batterie sud[modifier | modifier le code]

Plus imposante que la batterie nord, elle avait pour vocation de couvrir la route de Maron, de prendre en enfilade la vallée de la Moselle et fait face à la forêt domaniale de Bois l'Évêque (48° 39′ 27″ N, 5° 58′ 47″ E).

Elle n'a pas été renforcée en béton après 1885 et permet donc de découvrir l'architecture initiale des forts de pierre. Il était prévu qu'elle reçoive un canon de 75 mm qui ne sera finalement jamais installé.

L'entrée était équipée d'un pont roulant escamotable latéralement.

La batterie sud a été utilisée par l'École nationale supérieure de géologie appliquée et de prospection minière de Nancy pour stocker une collection de minéraux radioactifs[réf. souhaitée].

Virage de chemin longeant une barrière, entre deux hauts murs de pierre
Batterie sud

Le centre de résistance[modifier | modifier le code]

Le fort s'inscrivait dans un ensemble d'ouvrages, destinés à sécuriser le plateau pour verrouiller l'accès sud-est au camp retranché de Toul.

Redoute de Chaudeney[modifier | modifier le code]

Batterie de Chaudeney[modifier | modifier le code]

Il était prévu quatre batteries sur les arrières de la redoute (48° 39′ 28″ N, 5° 57′ 14″ E). Il semble que seule la batterie numéro 2, 250 m à l'ouest, ait été construite en 1912. Elle était équipée de quatre canons de 155 mm[4].

Magasin à poudre de Bois sous roche[modifier | modifier le code]

Ruines sans toit couvertes de lierre dans une forêt
Bâtiments de surface du magasin à poudre
Passage entre deux murs vers une porte, sous le niveau du sol
Accès aux magasins à poudre

Ce magasin à poudre était situé à 1 800 m au sud-ouest du fort (48° 39′ 00″ N, 5° 57′ 10″ E). Construit en 1890-1891, il était équipé d'un puits d'eau potable (aujourd'hui tari)[5].

Aujourd'hui en ruines il abrite des chauves-souris : grand murin, oreillard et vespertilion à moustaches. La température et l'humidité stable des souterrains sont favorables à leur hibernation.

Il est ainsi devenu une réserve naturelle du programme LIFE et l'accès aux galeries a été clos pour assurer la tranquillité des animaux.

Batteries de Bois sous roche[modifier | modifier le code]

Un ensemble de six batteries était prévu le long de la voie menant de la poudrière au fort (48° 39′ 16″ N, 5° 57′ 48″ E). Il semble que seules les quatre les plus à l'ouest aient été construites en 1888, totalisant actuellement 24 plateformes de pièces pour 120 ou 155 mm[6].

Une levée de terre, située à 100 m en arrière (au Nord), abrite les niches à munitions et permettait de dérober le chemin de fer à voie de 0,60 m aux vues directes.

Un avant-poste : l'ouvrage du Fays[modifier | modifier le code]

C'est une petite installation d'infanterie située à 1 000 m au nord du fort (48° 40′ 17″ N, 5° 58′ 34″ E). Construit par DUP du , il est présumé avoir été légèrement modernisé entre 1907 et 1914.

Ligne de chemin de fer[modifier | modifier le code]

Un train à voie de 0,60 m système Péchot permettait de ravitailler le fort. On trouve encore aujourd'hui un wagon Péchot. De multiples traces de cette voie subsistent à proximité comme le talus de protection de la voie ferrée étroite.

Porte arquée murée formant un thalus dans une forêt
Magasin d'artillerie dans talus de protection de la voie de 0,60 m

La desserte du môle fortifié de Villey-le-Sec est effectuée entre 1889 et 1891. Des extensions sont réalisées en 1906 (redoute de Chaudeney) et 1913-1914 (ligne des affûts-trucks entre la route de Toul à Villey-le-Sec et Gondreville).

L'association a recréé une section de voie pour les visites touristiques : le chemin de fer touristique du fort de Villey-le-Sec.

Autres ouvrages[modifier | modifier le code]

Plus loin sur le plateau, on trouve aussi : la redoute de Dommartin (48° 39′ 56″ N, 5° 55′ 45″ E), la batterie de Dommartin (48° 39′ 56″ N, 5° 57′ 05″ E), l'ouvrage du Haut-des-Champs (48° 41′ 01″ N, 5° 58′ 11″ E), la batterie du Charmois (48° 40′ 27″ N, 5° 56′ 34″ E), le fort de Gondreville (48° 40′ 58″ N, 5° 56′ 21″ E).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Pascal Thiébaut, « La boucle de la Moselle : Un enjeu stratégique (1873 - 1914) », Études touloises, Association des Boucles de la Moselle, no 111,‎ , p. 3–7 (lire en ligne).
  2. a b c et d René Jolin et Jean-Pierre Uriot, « Villey-le-Sec, un village du Toulois à travers les âges : Les fortifications », Études touloises, Association des Boucles de la Moselle, no 22,‎ , p. 51–57 (lire en ligne).
  3. Sites inscrits et classés : Ensemble fortifié de Villey-le-sec, no SI54583A, DIREN de Lorraine, 29 mars 2006.
  4. « Index de la fortification française 1874 - 1914 : Chaudeney (batteries de) », sur Fortiff'Sere.
  5. « Index de la fortification française 1874 - 1914 : Bois sous Roche (magasin de) », sur Fortiff'Sere.
  6. « Index de la fortification française 1874 - 1914 : Bois sous Roche (batteries de) », sur Fortiff'Sere.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens internes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Régis Berger (photogr. Pascal Noslier), Le Fort de Villey-le-Sec : un chef-d'œuvre de la fortification au XIXe siècle, Villey-le-Sec (2 Pl. de l'Église, 54840, Association la Citadelle, , 43 p. (ISBN 978-2-951-18050-5, OCLC 468046482)
  • Stéphane Gaber, Les forts de Toul : Histoire d'un camp retranché, 1874-1914, Metz, Serpenoise, , 179 p. (ISBN 2-87692-598-2), « Le fort de Villey », p. 24 et suiv.
  • Régis Berger, « Du village fortifié de Villey-le-Sec à l'organisation défensive de Villey-Saint-Etienne », Études touloises, Association des Boucles de la Moselle, no 111,‎ , p. 9–18 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]