Fontaine des trois ordres — Wikipédia

Fontaine des trois ordres
Présentation
Type
Créateur
Construction
1897
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
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La fontaine des trois ordres, également appelée fontaine du centenaire, est un monument commémoratif des évènements pré-révolutionnaires de l’été 1788 à Grenoble que sont la journée des Tuiles et la Réunion des états généraux du Dauphiné.

Sculptée par Henri Ding et inaugurée en 1897 en présence du président Félix Faure, elle est située sur la place Notre-Dame à Grenoble.

Chronologie de la construction[modifier | modifier le code]

À l’approche du centenaire des évènements de l’été 1788 — la journée des Tuiles et la Réunion des états généraux du Dauphiné —, qui font de Grenoble le berceau de la Révolution française, le député Gustave Rivet prend l’initiative en , de lancer l’idée de la construction d’un monument à la gloire du centenaire de la pré révolution dauphinoise. Le sculpteur grenoblois Henri Ding, professeur à l’école des Beaux arts de la ville, est retenu pour réaliser le monument. En effet, le maire, Édouard Rey, a été auparavant très satisfait de sa réalisation sur les quais de l’Isère d’un monument à la mémoire de son beau-père, Xavier Jouvin.

Au cours du conseil municipal du , le vœu est émis de construire ce monument dans la ville même, un autre étant prévu à Vizille. Le , un conseil municipal accepte le projet d’une fontaine. Le , le nouveau maire, Auguste Gaché, obtient le principe de son édification sur la place Notre-Dame plutôt que sur la place Victor Hugo. Sept années sont alors nécessaires pour libérer la place Notre-Dame de bâtiments vétustes ainsi que pour déplacer la colonne qui trône actuellement sur la place de Metz.

Avec neuf ans de retard, l’inauguration a lieu le sous la municipalité de Stéphane Jay et en présence du président de la République, Félix Faure. Trois tribunes sont dressées devant le monument pour assister à des défilés. On profite de ces journées de festivités pour inaugurer l'agrandissement du palais de justice et celui du palais de l'université sur la place de la Constitution[1].

Description du monument[modifier | modifier le code]

Un bassin circulaire de 12 mètres de diamètre avec en son centre un piédestal de 9 mètres de haut supporte un groupe de trois personnages en marbre de Carrare, fraternellement réconciliés autour des tables où s'inscrivent les droits de l'Homme. Les personnages symbolisent les trois ordres dans la société du Dauphiné, sous l’ancien régime : le Tiers État, le Clergé et la Noblesse, précurseurs des trois ordres du serment du jeu de Paume de Versailles.

Au milieu du bassin, quatre tritons en bronze lancent par leur conque un jet d'eau vertical, et quatre griffons en bronze crachent l'eau par leurs naseaux.

Les quatre faces du piédestal portent en lettres d’or des inscriptions relatant les grandes dates de la Révolution française, depuis la journée des Tuiles, jusqu’à son avènement à Versailles, le lors du serment du jeu de Paume. Véritable livre de pierre, le monument comporte sur ses quatre faces des inscriptions historiques.

Sa face est porte l'inscription :

« A la gloire des Trois Ordres du Dauphiné
Aux représentants
Qui ont les premiers
Affirmé
Les droits de la nation
Et préparé
La Révolution française, 1788
La ville de Grenoble, 1888
Monts sacrés d'où la France
Vit naître le soleil avec la liberté.
André Chénier »

Sur sa face nord, l'inscription :

« Edits de
, Résistance du parlement de Grenoble
, Protestation du Conseil de la ville
, Envoi des lettres de cachet, manifestations publiques
, Intervention des troupes, journée des Tuiles »

Sur sa face ouest, l'inscription :

« , le conseil de Grenoble prépare et organise la réunion de Vizille
Les trois ordres jurent de rester unis pour le triomphe de la justice
Ils proclament que l'impôt ne peut être légalement établi que par le consentement des peuples réunis en assemblée nationale »

Sur sa face sud, l'inscription :

« , l'assemblée révolutionnaire de Vizille réclame la convocation immédiate des États Généraux
, assemblée légale de Romans
, ouverture des États Généraux
, serment du jeu de paume »

Historique[modifier | modifier le code]

La fontaine des trois ordres en 1900, avec ses bronzes d'origine.
  • Lors de l’inauguration, en , des milliers de personnes viennent acclamer le président de la République Félix Faure dans une réception à l’hôtel de ville, mais le sculpteur Henri Ding n’est même pas présenté au président[2].
  • Le , le monument voit la mise en service de la ligne de tramway Grenoble - Chapareillan à ses pieds.
  • Le , un rassemblement populaire à ses pieds fait le serment de lutter contre le fascisme[réf. nécessaire].
  • En 1940, Le Tiers-État perd le majeur de sa main gauche[réf. nécessaire].
  • En 1942, sous l’occupation allemande, les bronzes du monument sont envoyés à la fonte malgré les protestations du maire Paul Cocat[3].
  • Le , le maire Léon Martin inaugure la restauration des bronzes[3].
  • Dans les années 1990, ravalé et redoré, le monument reçoit un habillage de lumière[réf. nécessaire].

Selon Françoise Goyet, les Grenoblois facécieux ne manquent pas d'interpréter les trois personnages en les faisant parler[4] :

« Pleut-il ? » interroge le Tiers État en levant la main gauche, paume vers le sol.
« Plût au ciel qu'il eût plu » déplore le Clergé en levant la main gauche, paume vers le ciel.
« Il pleuvra ! » affirme péremptoirement la Noblesse en levant la main droite comme pour prêter serment.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Dénommée 20 ans plus tard, place de Verdun.
  2. « J'ai dû boire le calice jusqu’à la lie », écrit-il à un ami[réf. nécessaire]. Il meurt subitement, un an et vingt jours après l’inauguration de son monument.
  3. a et b « Fontaine-monument des Trois Ordres (Fondue) (remplacée) – Grenoble », notice sur e-monumen.net.
  4. Françoise Goyet, Grenoble, cœur de pierre, Edi Loire, p. 44.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Françoise Goyet, Grenoble, cœur de pierre, Edi Loire, 1996 (ISBN 2840840464).

Article connexe[modifier | modifier le code]