Famille de Saint-Sauveur — Wikipédia

Famille de Saint-Sauveur
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La famille de Saint-Sauveur (dites des Nigellides[1] est un lignage aristocratique important de la Normandie ducale (Xe – XIIe siècles) probablement d'origine scandinave[2] possessionné dans le Cotentin, et notamment autour de Saint-Sauveur-le-Vicomte, d'où le nom qu'on lui attribue dès le XIe siècle de Saint-Sauveur[3].

Richard du Cotentin (nom franc), fils de Malahulce ou Hulce Eyesteinson, comte de Moer ou de Maerc et de Maud de Flandres, fut l'ancêtre des Néel, barons de Saint-Sauveur[4].

Le premier membre connu est Roger Ier, vicomte, membre du baronnage normand du duc Guillaume Longue Épée à la fin du Xe siècle[5].

Membres notables[modifier | modifier le code]

  • Roger Ier, est qualifié de vicomte dans la 2e moitié du Xe siècle[6]. Il serait le père de Néel Ier.
  • Néel Ier, fils et successeur du précédent[6], cité comme l'un des justiciers ducaux de Normandie en 1036[7] et cité en 1040[6]. Il remporte en 1001 la bataille du Val de Saire contre l'armée anglo-saxonne du roi d'Angleterre Æthelred II, et repousse en 1033 une invasion bretonne[8].
  • Néel II, fils et successeur du précédent, présent au combat du Val-ès-Dunes en 1047 aux côtés du vicomte du Bessin, Ranulph de Briquessart. Wace nous apprend qu'ensuite, Néel est parti s'exiler en Bretagne[9], où il était proche d'Eudes, frère du duc Alain III[10]. Il perd son honneur cotentinais, qu'il ne retrouve qu'en 1054[6]. En 1067, il fonde l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, avec des bénédictins venus de l'abbaye de Jumièges[11]. Il serait mort vers 1078[12].
  • Eudes, d'après Léopold Delisle, fils et successeur du précédent[13]. Il ne doit pas être confondu avec Eudes au Chapel ( 1098), vicomte du Cotentin après Néel II[14], qui est la souche de la famille de La Haye et fondateur avec son père de l'abbaye de Lessay entre 1056 et 1064[15]. En 1104, Eudes de Saint-Sauveur réaffirme les libertés accordées précédemment à l'abbaye de Saint-Sauveur[16].
  • Néel III de Saint-Sauveur, successeur du précédent dans l'honneur de Saint-Sauveur, fonde définitivement vers 1080 l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte fondée par Néel II[17],[18]. Néel II avait perdu sa fonction de vicomte du duc en Cotentin après 1047, mais Néel III la retrouve et signe deux actes avec ce titre en et en 1081-1082[19]. D'après Elisabeth van Houts, il aurait participé à la conspiration de Raoul de Gaël en Angleterre[20]. Il est encore cité en 1110 comme vicomte[21]. Mort sans postérité mâle, sa nièce Létitia (Léticie), épousa, avant 1145, Jourdain Tesson. La baronnie de Saint-Sauveur et de Néhou entre dans la famille Tesson, qui épousa Mathilde de Falaise, fille de Gaultier de Falaise, qui elle-même épousa, vers 1220, Richard d'Harcourt, et lui amène en dot la baronnie de Saint-Sauveur-le-Vicomte[22].

Arbre généalogique[modifier | modifier le code]

Selon André Davy[note 1].

  • Richard dit le Danois (880-933), fils de Malalulce Eyesteinson et de Maud de Flandres, vicomte de Saint-Sauveur et du Cotentin[23].
    • Néel ( 943), baron de Saint-Sauveur, vicomte du Cotentin en 938
        × Sprota de Senlis (890-935)
      • Roger
        • Néel Ier († v. 1040), dit le Vieux, baron de Saint-Sauveur, d'Aubigny, vicomte du Cotentin. Il se retira en 1054 à l'abbaye du Mont-Saint-Michel
            × Hélène de Normandie ( 1045)
          • Mauger (fils cadet)
              × une fille adultérine du duc de Normandie
          • Néel II, dit le Jeune ( 1092), vicomte du Cotentin, baron de Saint-Sauveur, fondateur en 1067 de l'abbaye de Saint-Sauveur
              × Adèle d'Eu et de Reviers (Adèle de Brionne)
            • Néel III, mort sans postérité mâle
            • Roger, vicomte de Saint-Sauveur
            • Guillaume d'Aubigny
            • Girard
            • Guillaume le Jeune
            • Emma
            • Bileud
            • Mathilde

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. André Davy attribut au fils de Richard le rang de Néel Ier qui construit un château fort à Néhou, et décale ainsi la numérotation des Néel[22], qui n'a pas été conservée dans la généalogie ci-dessous afin d'être en cohérence avec les articles sur Wikipédia[22].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Eric van Torhoudt, « Les sièges du pouvoir des Néel, vicomtes dans le Cotentin », dans Les lieux de pouvoir au Moyen Âge en Normandie et sur ses marges : Tables rondes du Crahm, 2, Caen, , p. 23.
  2. van Torhoudt 2003, p. 8, d'apr. Léopold Delisle.
  3. van Torhoudt 2003, p. 24-25.
  4. Davy 2014, p. 54-55.
  5. Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Valognes), 1867, pièces justificatives, p. 59, n° 48.
  6. a b c et d Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe – XIIe siècle) : Étude historique et topographique », dans Archéologie médiévale, t. 12, (lire en ligne sur Persée.), p. 180.
  7. Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Valognes), 1867, p. 13.
  8. R. Allen Brown, Anglo-Norman Studies XI: Proceedings of the Battle Conference 1988, 1989, lire sur Google Livres.
  9. Wace, Roman de Rotrou, cité dans Les lieux du pouvoir au Moyen Âge en Normandie et sur ses marges.
  10. Livre noir de la cathédrale de Bayeux, n°XXI, t. 1, p. 28, cité dans Les lieux du pouvoir au Moyen Âge en Normandie et sur ses marges.
  11. Bernard Beck, « Recherches sur les salles capitulaires en Normandie et notamment dans les diocèses d'Avranches, Bayeux et Coutances », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. LXVIII, années 1965-1966 (Caen, 1969), p.27.
  12. Fr. Albert-Bruno, « L'Abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte », La Normandie bénédictine au temps de Guillaume le Conquérant (XIe siècle), Lille : Facultés catholiques de Lille, 1967, p. 330.
  13. Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Valognes), 1867, p. 26-27.
  14. Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Valognes), 1867, p. 22-23.
  15. Sébastien Gosselin, « L'abbaye de Lessay du XIe au XXe siècle. Histoire et architecture », Positions des thèses de l'École des chartes, pour 2005, Paris : École des Chartes, 2005, p. 86.
  16. Jean Yver, « Autour de l'absence d'avouerie en Normandie. Notes sur le double thème du développement du pouvoir ducal et de l'application de la réforme grégorienne en Normandie », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. LXVII, années 1963-1964 (Caen, 1965), p.205, note 42.
  17. Delacampagne 1982, p. 179.
  18. Bernard Beck, « Recherches sur les salles capitulaires en Normandie et notamment dans les diocèses d'Avranches, Bayeux et Coutances », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. LXVIII, années 1965-1966 (Caen, 1969), p. 27.
  19. van Torhoudt 2003, p. 16.
  20. Elisabeth van Houts, « Wace as historian », dans : (Katharine Keats-Rohan (éd.), Family trees and the roots of politics : The Prosopography of Britain and France from the Tenth to the Twelfth Century, Woodbridge (Suffolk) : Boydell Press, 1997, p. 111, n°40 et 89.
  21. van Torhoudt 2003, p. 29.
  22. a b et c Davy 2014, p. 62.
  23. Abbé Lebredonchel, Histoire de la Paroisse de Néhou, vol. Livre II, Cherbourg, Imprimerie de Noblet, , p. 17.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte suivie de pièces justificatives, Valognes, 1867, 368 p.
  • André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 61-62.

Articles connexes[modifier | modifier le code]