Famille Vidor — Wikipédia

Maison Vidor
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Pavillon de la maison Vidor D'azur à la croix d'argent

Création 1821
Disparition 1961
Fondateurs Jean Louis Philippe Vidor
Activité Maison de pêche

La maison Vidor, fondée en 1821 à Boulogne-sur-Mer est la première maison de pêche française qui subsista jusqu'en 1961[1],[2]. Elle fut fondée par la famille Vidor qui a donné une dynastie d'armateurs du Boulonnais[3],[4],[5].

La maison de pêche Vidor (1821-1961)[modifier | modifier le code]

Les débuts (1821-1840)[modifier | modifier le code]

En 1821, Jean Louis Philippe Vidor, fonde, avec Lebeau, la première maison de pêche française à Boulogne sur Mer[6]. Il s'agit à l'origine d'une maison de salaison[7] et d'armement de voiliers de pêche[1]. Son alliance avec Marie Françoise Augustine Boutillier issue d'une vieille famille boulonnaise, conforte la position sociale de la famille dans le contexte d'industrialisation de l'époque[8]. En 1840, la maison Vidor rachète les parts de Lebeau[9]. Au début du XIXe la famille Vidor fait partie des familles qui contribuèrent par leur générosité à ouvrir un pensionnat à Dohem[10].

Des pionniers de l'industrie de la pêche (1840-1894)[modifier | modifier le code]

Jean Louis Philippe Vidor devient membre de la chambre de commerce de Boulogne en 1843 et le restera jusqu'en 1846[11]. En 1854, Jean Louis Philippe Vidor est conseiller municipal de Boulogne-sur-Mer[12]. Le comité des armateurs et patrons de pêche sera créé en 1856 et Jean Louis Philippe Vidor en sera le vice-président[13].

Son fils, Auguste I Vidor, président du syndicat des armateurs[14], devient membre de la chambre de commerce en 1867, puis de 1873 à 1893, année de sa mort, en est secrétaire général[11]. Dès 1868, l'armement Vidor possède, avec 3 autres armateurs de la place, 51 % des harenguiers envoyés en Écosse[15],[16]. Il devient en 1873 le deuxième plus gros armement de Boulogne-sur-Mer[1] et en 1875, il possède 31 bateaux dont 13 de grande taille[16]. En 1880, il est président du syndicat des marcheurs saleurs de Boulogne-sur-Mer. La crise des années 1880 accéléra le passage au stade capitaliste de la pêche au hareng[5]. En 1884, A. Vidor Fils est la plus grosse entreprise de salaison de Boulogne-sur-Mer[17]. Auguste I Vidor présentera un projet de création d'un nouveau port en eaux profondes à la chambre de commerce de Boulogne-sur-Mer en 1873[18] anticipant l'expansion de l'industrie de la pêche. Il est considéré comme « l'un des plus grands et des plus estimés » armateurs de la place et « l'un des meilleurs défenseurs » de la pêche aux progrès de laquelle il contribuera beaucoup[14]. Il a aussi été proche des milieux conservateurs et royalistes, en témoignent ses rapports fréquents avec le ministre royaliste Auguste Paris[19].

En 1890, l'armement Vidor est l'un des premiers à pratiquer la « salaison à l'américaine »[20]. En 1892, quelques mois avant le décès d'Auguste I Vidor, est formée pour 20 ans la société en nom collectif A. et G. Vidor Fils, au 54 rue d'Orléans à Boulogne avec un capital de 450 000 Francs[21].

L'apogée (1894-1914)[modifier | modifier le code]

En 1894, Louis Bouclet puis les frères Auguste II et Georges Vidor, deux des plus importants armateurs de la place, firent l’acquisition, en Angleterre, des deux premiers chalutiers à vapeur : la « Ville de Boulogne » (196 tonneaux et 390 CV) pour le premier et la « Liane » (136 tonneaux et 248 CV) pour les frères Vidor[22]. C'est principalement la « Liane » qui va convaincre les armateurs boulonnais de passer aux chalutiers à vapeur[1]. La presse locale vantera les mérites de la « Liane », de son patron M. Georges Lermet et de l'armement Vidor. Louis Bouclet déclarera que Vidor tirait les enseignements du succès des petits vapeurs de M. Gournay-Hédouin. La « Liane » péchait exclusivement au chalut. En juin 1895, on lit dans la presse que le « bateau de fer de M. Vidor a rapporté 2 300 f de sa pêche contre 500 f prévu ». Et en 1896, la Revue Maritime et coloniale publie « de superbes bénéfices pour la « Liane »  ».

En 1898, les Vidor feront construire la « Canche» en Angleterre sur le chantier de Berveley puis l' « Authie ». En 1900, l'armement A. et G. Vidor Fils remporte la médaille d'or de l'exposition universelle de Paris. En 1901, l'armement est membre du jury à l'exposition d'Ostende. En 1901, Auguste II Vidor, fils aîné de Auguste I Vidor, devient membre de la chambre de commerce de Boulogne[11]. En 1902, l'excellente pêche de l'armement Vidor lui permet de toucher la prime du maquereau et en 1903 il gagne la prime attribuée au premier retour avec l' « Emma », dirigé par M. Malfoy[1].En 1912, les frères Vidor sont à la tête d'un des plus grands comptoirs de Boulogne : ils dirigent l'exploitation de 2 voiliers et de 10 vapeurs[23]. En septembre 1912, soit presque un an avant le décès d'Auguste II Vidor, la société est reformée pour 20 ans avec un capital porté à 850 000 Francs[24]. En 1914, l'armement G. Vidor Fils possède 9 chalutiers à vapeur[25].

L'entre deux-guerres (1918-1939)[modifier | modifier le code]

En 1924, Georges Vidor, sur les conseils de son gendre Jules Aubrun, s'associe avec le polytechnicien Ferdinand Sarraz-Bournet[1],[26] pour l'aider après la mort de son frère ainé, Auguste II Vidor, en 1913. La maison G.Vidor Fils change une dernière fois de dénomination et sera désormais connue sous le nom de Vidor, Sarraz & Cie[27]. En 1928, Georges Vidor meurt et c'est son unique fils, Auguste III Vidor qui devient gérant de la Maison Vidor à 29 ans.

La seconde guerre mondiale (1939-1945)[modifier | modifier le code]

En 1941, l'armement Vidor, Sarraz & Cie dispose de 5 harenguiers[28].

L'après-guerre (1945-1961)[modifier | modifier le code]

En 1948, est lancé le premier et le seul chalutier a moteur (diesel) de l'armement Vidor, Sarraz & Cie : le « Notre-Dame des Anges ». Construit à Sorel au Canada, il restera armé jusqu'en 1955[29]. En 1950, l'armement Vidor, Sarraz et Cie fournira des « bons pour colis de poissons » comme prix pour la tombola du bal de l'X[30]. Dans les années 1960, les Pêcheries Delpierre absorbent la société Vidor, Sarraz & Cie qui était alors la plus ancienne compagnie de pêche française et aussi une des plus importantes entreprises de transformation de poisson[2]. La société continue alors d'exister sous le nom Pêche et Froid avec la marque KIP puis avec la marque Pompon Rouge.

« Les marques de marine des chalutiers constituaient un équivalent d'armorial de la marine boulonnaise »[31]. À l'origine sous forme de pavillon, ces marques de marine furent peintes sur les cheminées des chalutiers à vapeur à partir de 1894. Le pavillon de la maison Vidor était d'azur à la croix d'argent[31],[32].

La famille Vidor[modifier | modifier le code]

Alliances[modifier | modifier le code]

Baillard (1784), Boutillier (1822), Hamerel (1856), Bellet (1880), Thélu (1892), Aubrun (1900), Delmotte (1906), Mabille de Poncheville (1918), Fievet, Libermann (1919), Hamoir (1920), de Selle de La Castille (1925).

Porteurs du nom Vidor non reliés[modifier | modifier le code]

En 1684, Pierre Vidor, marchand, demeurant à Coulomby achète un fief dénommé le fief de Coulomby, situé au territoire de Saint-Omer-Capelle[40],[41].

En 1699 a lieu le remplacement de l'office de notaire royal en la chaussée du Boulonnais en résidence au bourg de Hucqueliers précédemment occupé par maitre Nicolas Vidor, décédé[42].

On trouve des Vidor, bourgeois de Saint-Omer de 1709 à 1734[43] et Jacques Vidor, bourgeois de Paris avant 1790[44].

On trouve des Vidor à Thiembronne[45].

En 1790, François Vidor est cultivateur et Jean-Louis Vidor est aubergiste[46].

En 1789, Pierre Vidor fait partie des habitants de Selles-en-Boulonnois qui rédigent et signent le cahier des doléances de la communauté de Selle[47].

En 1795, Macau Vidor est maire de la commune de Thiembronne[48].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f François Guennoc, La Pêche boulonnaise du temps des chalutiers à vapeur : 1894-1920, , p. 19
  2. a et b La Pêche maritime, Éditions maritimes, (lire en ligne)
  3. Alain Lottin, Histoire de Boulogne-sur-Mer, ville d'art et d'histoire, Septentrion, , p. 278
  4. Alexandre Saint-Léger, Revue du Nord, Université de Lille, (lire en ligne), p. 799 et 800
  5. a et b Mémoires de la Commission départementale d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais, The Commission, , 294 p. (ISBN 978-2-900643-13-6, lire en ligne), p. 45 et 47
  6. François Guennoc, La pêche Boulonnaise du temps des chalutiers à vapeur Tome 2 : 1920 - 1957, p. 188
  7. Annuaire général du commerce et de l'industrie, de la magistrature et de l'administration, Chez F. Didot Frères, (lire en ligne), p. 1840
  8. Guy Bataille, Mémoire de la marine boulonnaise, Dunkerque, Editions des Beffrois, , p. 179
  9. « Charles Lebeau, un mécène boulonnais », sur www.lasemainedansleboulonnais.fr (consulté le )
  10. Augustin Victor Deramecourt, Le clergé du diocèse d'Arras, Boulogne et Saint-Omer pendant la Révolution (1789-1802), Imprimerie de la Société du Pas-de-Calais, (lire en ligne), p. 386
  11. a b c et d Chambre de commerce de Boulogne-sur-Mer, La chambre de commerce et le port de Boulogne, Boulogne-sur-Mer, Société typographique et lithographique, , p. 16-17
  12. Auguste Parenty, A. Sorel, Joseph Coffinier et U. Bruyant, Annuaire du Pas-de-Calais, E. Lefranc., (lire en ligne), p. 84
  13. a et b Guy Bataille, Mémoire de la marine boulonnaise, Dunkerque, Editions des Beffrois, , p. 61
  14. a b et c Georges Oustric, Le port de Boulogne-sur-Mer au XIXème siècle, Le Téméraire, , p. 17
  15. Alain Lottin, Histoire de Boulogne-sur-Mer, ville d'art et d'histoire, Septentrion, , p. 250
  16. a et b Georges Oustric, Le port de Boulogne-sur-Mer au XIXème siècle, Le Téméraire, , p. 120-121
  17. Union Géographique du Nord de la France Douai, Bulletin, (lire en ligne), p. 409
  18. Louis-Auguste Vidor et Chambre de commerce et d'industrie de Boulogne-sur-Mer, Rapport et délibération sur l'avant-projet d'un nouveau port à créer en eau profonde à Boulogne, au sud-ouest du port actuel, impr. de Simonnaire, (lire en ligne)
  19. Jean-Marc Guislin, Histoire et littérature de l'Europe du Nord-Ouest, UMR CNRS IRHiS – Lille 3, (ISBN 2-905637-37-4, lire en ligne), p. 175–201
  20. Guy Bataille, Mémoire de la marine boulonnaise, Dunkerque, Editions des Beffrois, , p. 86
  21. Archives commerciales de la France, n°57, , page 900
  22. La Chambre de Commerce et le port de Boulogne, Société Typ. et Lithogr. (A. Baret), (lire en ligne), p. 118
  23. Alain Lottin, Histoire de Boulogne-sur-Mer, ville d'art et d'histoire, Septentrion, , p. 254
  24. Archives commerciales de la France, n° 74, , page 1268
  25. Pascal Boisson, Le chalutage à vapeur à Lorient (1880-1939), Université de Bretagne Sud, Lorient, (lire en ligne), p. 78
  26. « Ferdinand Sarraz-Bournet (1887-1961) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  27. « Vidor, Sarraz et Cie », L'illustration économique et financière : Le Pas-de-Calais,‎
  28. Éric Dardel, La pêche harenguière en France : étude d'histoire économique et sociale. Ouvrage publié sous le patronage de l'Office scientifique et technique des pêches maritimes, Presses universitaires de France, (lire en ligne), p. 307
  29. François Guennoc, La pêche à Boulogne-sur-Mer du temps des chalutiers classiques, tome 1 : 1932 - 1957, , 44 p.
  30. « La Rouge et la Jaune », Mensuel,‎ (lire en ligne)
  31. a et b Guy Bataille, Mémoire de la marine boulonnaise, Dunkerque, Editions des Beffrois, (lire en ligne), p. 13
  32. Lloyd's Royal Exchange, Lloyd’s book of house flags and funnels of the principal steamship lines of the world and the house flags of various lines of sailing vessels, Londres, , 307 p.
  33. Annuaire statistique et administratif du département du Pas-de-Calais, (lire en ligne), p. 367
  34. Almanach royal et national, (lire en ligne), p. 830
  35. J. Brunet, Almanach de Boulogne-sur-mer pour 1846, De Watel, (lire en ligne), p. 130
  36. Jean-Marc Guislin, Histoire et littérature de l'Europe du Nord-Ouest, UMR CNRS IRHiS – Lille 3, (ISBN 2-905637-37-4, lire en ligne), p. 175–201
  37. Catherine Sanson-Stern, Échec scolaire : Des solutions pouse réconcilier avec l'école, Fabert, (ISBN 978-2-84922-226-3, lire en ligne)
  38. « Courrier », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  39. « carte blanche à…. Thierry Vidor », sur www.republicain-lorrain.fr (consulté le )
  40. Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie, Imprimerie de Chanvin fils, (lire en ligne), p. 1137
  41. Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie, Imprimerie de Chanvin fils, (lire en ligne), p. 1633
  42. Mémoires de la société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer, Tome 20, (lire en ligne), p. 200
  43. « ancetresdartois.com », sur ancetresdartois.com (consulté le ).
  44. Journal de Paris, Journal de Paris, (lire en ligne)
  45. Abbé Jules Leroux, Histoire de Thiembronne, Saint-Omer,
  46. Léon-Noël Berthe, Villes et villages du Pas-de-Calais en 1790 : Districts de Béthune, de Boulogne et de Calais, Commission départementale d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais, (lire en ligne), p. 282 et 297
  47. Etats-Généraux de 1789 : Assemblée du Boulonnais, Soc. typogr. et lithogr., (lire en ligne), p. 477
  48. Augustin Victor Deramecourt (bp of Soissons.), Le clergé du diocèse d'Arras, Boulogne & Saint-Omer pendant la Révolution, 1789-1802, (lire en ligne), p. 369

Articles connexes[modifier | modifier le code]