Fable-express — Wikipédia

La fable-express, ou fable express, est un genre littéraire mineur[réf. nécessaire], qui s'illustre par des textes brefs en vers et à caractère humoristique.

Malicieuse, elle se termine par une chute (« moralité ») inattendue, qui reprend un proverbe ou une expression courante, souvent sous forme d'un calembour ou d'un à-peu-près tarabiscoté ou de mauvais goût, ce qui la rend intraduisible. En ce sens, elle représente une parodie ou un détournement du genre plus respectable de la fable. Lorsqu'elle s'attaque explicitement à une œuvre ou une personne, elle se rapproche de l'épigramme. Constituant fréquemment un poème de circonstance, elle ne peut plus guère dans ce cas être appréciée au bout d'un certain temps sans un commentaire explicatif.

Apparue à la fin du XIXe siècle, elle a inspiré occasionnellement de nombreux auteurs tels que Alphonse Allais, Eugène Chavette, Maurice Donnay, Willy ou Tristan Bernard. Le genre a été régulièrement repris, dans l'Almanach Vermot ou Le Canard enchaîné par exemple, ou encore dans des revues de bande dessinée telles que Pilote ou Fluide glacial (Marcel Gotlib, Mandryka, Volny, Gérare...).

En musique, la fable-express a inspiré le genre de la chanson flash, lancé par le chansonnier Claude Cérat, et popularisé par Raymond Devos et François Corbier.

Exemples[modifier | modifier le code]

Pépin le Bref est mort depuis bientôt mille ans.
Moralité :
Quand on est mort, c'est pour longtemps[1].

(Eugène Chavette)


Un mari quelque peu volage
Le lendemain de son mariage
Tua sa femme à son réveil.
Moralité :
La nuit souvent porte conseil.

(Alexandre Pothey)

Un général anglais durant une bataille

Eut les deux fesses emportées par la mitraille

Il s'en fit faire une autre paire en bois

Mais jamais il ne les paya

Moralité

Fesses que dois [2]

(Alphonse Allais)


Lorsque tu verras une bonne

D'enfants,et non d'autre personne

Assise au milieu d'un tender

ou wagon de chemin de fer

Découvres toi sur son passage

Salut à son noble visage!

Moralité :

A bonne en Tender , Salut![3]

(Alphonse Allais)


« Que nul n'entre chez moi ! » dit l'auteur du Trouvère
Et pour faire observer la consigne sévère,
Il compte sur sa bonne, un monstre aux traits hideux.
Moralité :
La bonne à Verdi en vaut deux.


Une caissière aimable, et souriante, et gaie,
D'un monsieur, certain jour, reçut un coup de poing,
Ayant pris son argent et gardé la monnaie.
Moralité :
Rien ne sert de sourire, il faut sortir l'appoint.

(Willy)


De l'Ourcq, un beau matin, un pêcheur un pli retira
Qu'à l'Élysée aussitôt il porta
Et qui, chose bizarre, fort extraordinaire
Était un document relatif à l'« Affaire ».
Moralité :
Loubet lit ce qui de l'Ourcq sort[4].

(Alphonse Allais)


Un jeune enfant, sur son pot, s'efforçait.
Moralité :
Le petit poussait.

(Alphonse Allais)


Un cheval mal ferré, d'un fer plein de défauts
Fit des trous dans la route en allant au galop
Moralité :
Tel fer, telle piste


Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Moralité :
Concentrique !

(Boris Vian)


Lors, David était en ces temps reculés

Au bord de la Volga le chef des bateliers

Pour donner à leurs pas la cadence parfaite

Il agitait en l'air une petite clochette

Moralité :

Halez !, David Sonne !

(Paru dans la revue Moto Journal en 1978, sous la plume de Frederic Tran Duc , pour blaguer son collègue Pierre David )


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. "Quand on est mort c'est pour longtemps" refrain de la chanson "délire bachique"
  2. « fais ce que dois, advienne que pourra », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
  3. « « À bon entendeur, salut ! » : définition et origine de l’expression », sur La langue française, (consulté le )
  4. L'« Affaire » : l'Affaire Dreyfus. Loubet : Émile Loubet, Président de la République.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]