Façade maritime — Wikipédia

Un exemple de façade maritime : le range nord-européen, appelé aussi la Northern Range. Carte de localisation des principaux ports de commerce alignées au sud de la mer du Nord.

Dans le domaine de la géographie, de l'aménagement du territoire et de la planification de l’espace maritime (cadrée en Europe par une directive[1]), une façade maritime est la zone marine située au large d'une côte, et son interface terre-mer, pour chaque « mer » (la France est ainsi divisée en quatre grandes façades[2]).

Dans le domaine de l'économie, une façade maritime désigne souvent un territoire marin et littoral regroupant un ensemble d'infrastructures logistiques et portuaires alignées le long de ce littoral, desservant un territoire terrestre économiquement très développé, tout en lui permettant d'échanger avec les autres territoires et le grand large. Les grandes façades maritimes structurent de plus en plus la logistique du commerce mondial de marchandises. Le « range nord-européen » correspond ainsi au littoral du sud de la mer du Nord.

Notions théoriques en économie[modifier | modifier le code]

Selon la théorie géographique développée par André Vigarié, un port forme une interface (une zone de contact) entre un Hinterland (notion allemande pour désigner l'« arrière-pays » terrestre) et un Foreland (notion anglaise désignant l'« avant-pays » au-delà des mers). Cette théorie vaut pour un port isolé comme pour un groupe de ports formant une interface littorale : l'hinterland de cette façade est alors partagé.

Les ports d'une façade maritime peuvent se spécialiser pour être complémentaires entre eux, ou à cause de leur concurrence mutuelle. Cette spécialisation peut concerner un secteur économique (le port de Houston est par exemple spécialisé dans la pétrochimie) ou une fonction de hub (« moyeu » en anglais). Un hub est un port pratiquant surtout du transbordement, accueillant les plus gros navires transocéaniques (mothers-ship) pour faire des économies d'échelle, approvisionnant les autres ports de la façade grâce à des navires plus modestes (feeders : navires collecteurs)[n 1] faisant du cabotage[3]. Le port de Marsaxlokk, sur Malte, est par exemple un des hubs de la Méditerranée.

Répartition en façades[modifier | modifier le code]

Le développement des infrastructures portuaires étant lié au développement économique de l'hinterland, les principales façades maritimes se trouvent logiquement dans les pôles de la Triade : l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie de l'Est. Des façades plus modestes émergent dans d'autres territoires, notamment dans le Sudeste brésilien, sur les deux façades indiennes, les deux façades australiennes et au Maghreb[4].

Façades nord-américaines[modifier | modifier le code]

Les ports nord-américains peuvent se répartir en trois ou quatre grandes façades (Seaboard), selon qu'on considère l'ensemble que forment les Grands Lacs et l'axe du Saint-Laurent comme fluvial ou maritime[5]. Une autre approche est de répartir les ports en groupes plus petits (range : « rangée »)[6] :

Façades asiatiques[modifier | modifier le code]

Le développement des pays de l'Asie de l'Est (ou Asie d'Extrême-Orient) a entraîné la constitution de plusieurs façades maritimes :

Façades européennes[modifier | modifier le code]

Les ports européens se répartissent en six façades[7] :

En France[modifier | modifier le code]

Quatre façades maritimes ont été définies (Manche-Est - Mer du Nord[9], Nord-Atlantique - Manche Ouest[10], Sud-Atlantique[11] et Méditerranée[12]), correspondant aux zones marines qui bordent leurs côtes, chacune disposant d'un préfet maritime, d'une commission administrative dédiée[13], chargée de produire la position de l'État sur les sujets maritimes et littoraux de ladite façade (dont sur le document stratégique de façade et le plan d'action pour le milieu marin. Les Agences de l'eau et les conseils de rivage du Conservatoire du Littoral, les conseils de gestion des Parcs naturels marins, les comités de pilotage Natura 2000, certaines instances de gouvernance de syndicats mixtes, etc. sont aussi organisés en fonction des façades maritimes.

Avec l'ambition d'étudier en détail la façade littorale de la basse Normandie, un Centre d'Études et de Recherche sur la façade maritime a vu le jour en 1977[14]

Classement des principales façades[modifier | modifier le code]

Il y a trois méthodes pour classer les ports et les façades :

  • soit en se basant sur le trafic total (entrant et sortant) exprimé en tonnes ;
  • soit en se basant sur la valeur totale des marchandises échangées ;
  • soit en comptabilisant seulement le trafic de conteneurs, exprimé en EVP.
Principales façades maritimes, classées selon le trafic total, en millions de tonnes[15]
Façades maritimes États Principaux ports Trafics 2012 Trafic total 2012[n 3]
Façade de la mer Jaune Drapeau de la République populaire de Chine Chine Port de Tianjin 477 2 436
port de Qingdao 407
Port de Qinhuangdao 233
Port de Dalian 373
Port de Tangshan 364
Port de Yingkou 301
Port de Rizhao 281
Rangée nord-européenne Drapeau de l'Allemagne Allemagne Port de Hambourg 130 1 086
Port de Bremerhaven 84
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas Port de Rotterdam 441
Port d'Amsterdam 94
Drapeau de la Belgique Belgique Port d'Anvers 184
Port de Zeebruges 43
Drapeau de la France France Port de Dunkerque 47
Port du Havre 63
Embouchure du Zhu Jiang Drapeau de la République populaire de Chine Chine Port de Guangzhou 438 1 021
Port de Hong Kong 269
Port de Shenzhen 196
Port de Yantian 118
Delta du Yangzi Jiang Drapeau de la République populaire de Chine Chine Port de Shanghai 644 1 008
Port de Ningbo-Zhoushan 364
Façade du golfe du Mexique Drapeau des États-Unis États-Unis Louisiane du Sud 228 903
Port de Houston 216
Port de La Nouvelle-Orléans 71
Port de Beaumont 71
Port de Corpus Christi 62
Port de Baton Rouge 54
Port de Texas City 51
Port de Mobile 49
Port de Lake Charles 49
Port de Plaquemine 52
Façade malaise Drapeau de Singapour Singapour Port de Singapour 538 893
Drapeau de la Malaisie Malaisie Port Kelang 195
Tanjung Pelepas 116
Port de Kota Baru 44
Façade japonaise du Pacifique Drapeau du Japon Japon Port de Nagoya 202 830
Port de Chiba 152
Port de Yokohama 121
Port de Kitakyushu 98
Port d'Osaka 88
Port de Kobe 87
Port de Tokyo 82
Façade coréenne Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud Port de Busan 298 801
Port d'Ulsan 174
Port d'Inchon 109
Port de Gwangyang 109
Port de Daesan 60
Port de Pohang 51
Façade du Sudeste Drapeau du Brésil Brésil Port de Tubarão (Vitória) 133 468
Port de Sepetiba 103
Port de Santos 101
Port de São Sebastião 51
Port de Paranaguá 42
Port d'Angra dos Reis 38

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le nom des navires feeders vient de l'anglais to feed, « alimenter », car ces navires collecteurs alimentent en fret les autres ports ainsi que les gros navires trans-océaniques (les mothers-ship).
  2. Les Américains considèrent la région des Grands Lacs comme une zone maritime.
  3. Les ports de taille modeste ne sont pas comptés dans le total par façade.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Directive 2014/89/UE du Parlement européen et du Conseil du 23 juillet 2014 établissant un cadre pour la planification de l'espace maritime.
  2. Les zones marines entourant la France métropolitaine sont divisées en 4 façades maritimes en métropole (Manche-Est - Mer du Nord, Nord-Atlantique - Manche Ouest, Sud-Atlantique et Méditerranée).
  3. Jean-Pierre Rissoan, « Quelques aspects de la vie maritime en Méditerranée : hydrocarbures et conteneurs », dans Vincent Moriniaux, La Méditerranée, Paris, Édition du Temps, coll. « Questions de géographie », , 399 p. (ISBN 2-84274-177-3), p. 268.
  4. Fatima Zohra Mohamed-Chérif et César Ducruet, « Les ports et la façade maritime du Maghreb, entre intégration régionale et mondiale », Mappemonde, no 101,‎ (lire en ligne).
  5. Michel Goussot, Espaces et territoires aux États-Unis, Paris, Belin, coll. « Belin sup. Géographie », , 239 p. (ISBN 2-7011-3204-5), p. 213.
  6. Goussot 2004, p. 215.
  7. Alain Frémont, « L'Europe, puissance maritime », dans Clarisse Didelon, Claude Grasland et Yann Richard (sous la dir.), Atlas de l'Europe dans le monde, Paris, La documentation française, , 260 p. (ISBN 978-2-11-007524-6), p. 133-144.
  8. Valérie Lavaud-Letilleul, « Le delta d'or autour de Rotterdam, Anvers et Zeebrugge : l'émergence d'une véritable région portuaire face au défi de la mondialisation ? », sur afitl.ish-lyon.cnrs.fr.
  9. Ministère de la Transition écologique et solidaire Ressources sur la façade Manche Est - Mer du Nord, sur le site Géoportail
  10. Ministère de la Transition écologique et solidaire Nord-Atlantique - Manche Ouest, sur le site Géoportail
  11. Ministère de la Transition écologique et solidaire Ressources sur la façade Sud-Atlantique, sur le site Géoportail
  12. Ministère de la Transition écologique et solidaire Ressources sur la façade Méditerranée, sur le site Géoportail
  13. ex : arrêté inter-préfectoral du 9 juin 2016 définit le rôle et la composition de la commission administrative de la façade maritime Manche Est-mer du Nord (CAF MEMNor)
  14. Clary D (1978) VI. Un Centre d'études et de recherche sur la façade littorale à l'Université de Caen. Norois, 97(1), 273-274 (résumé).
  15. [PDF] (en) « World Port Ranking 2012 », sur aapa-ports.org (AAPA : American Association of Port Authorities).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]