Félix Gaillard — Wikipédia

Félix Gaillard
Illustration.
Félix Gaillard en 1952.
Fonctions
Président du Conseil des ministres français

(6 mois et 8 jours)
Président René Coty
Gouvernement Gaillard
Législature IIIe
Prédécesseur Maurice Bourgès-Maunoury
Successeur Pierre Pflimlin
Ministre des Finances, des Affaires économiques et du Plan

(3 mois et 17 jours)
Président René Coty
Président du Conseil Maurice Bourgès-Maunoury
Gouvernement Bourgès-Maunoury
Prédécesseur Paul Ramadier
Successeur Pierre Pflimlin
Secrétaire d'État à la présidence du Conseil des ministres

(1 an, 9 mois et 10 jours)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil René Pleven
Edgar Faure
Antoine Pinay
René Mayer
Gouvernement Pleven II
Faure I
Pinay
Mayer
Prédécesseur Maurice Bourgès-Maunoury
Successeur Pierre July
Secrétaire d'État aux Finances

(11 mois et 3 jours)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil Edgar Faure
Antoine Pinay
Gouvernement Faure I
Pinay
Prédécesseur Émile Hugues
Successeur Maurice Bourgès-Maunoury (ministre)
Député français

(11 ans et 7 mois)
Élection 30 novembre 1958
Réélection 25 novembre 1962
12 mars 1967
30 juin 1968
Circonscription 2e de la Charente
Législature Ire, IIe, IIIe et IVe (Cinquième République)
Groupe politique ED (1958-1962)
RD (1962-1967)
FGDS (1967-1970)
Prédécesseur Circonscription créée
Successeur Jean Lafon

(12 ans et 7 jours)
Élection 10 novembre 1946
Réélection 12 mars 1951
2 janvier 1956
Circonscription Charente
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique RRRS
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 8e (France)
Date de décès (à 50 ans)
Lieu de décès Lézardrieux (France)
Nature du décès Naufrage
Nationalité Française
Parti politique Parti radical, FGDS
Diplômé de École libre des sciences politiques
Université de Paris
Université de Clermont-Ferrand
Profession Inspecteur des finances

Félix Gaillard, devenu Félix Gaillard d'Aimé par relèvement de nom, est un homme d'État français né le à Paris et mort le en mer, au large de Jersey. Membre du Parti radical, il est président du Conseil des ministres du au .

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Fils de Maurice Gaillard, administrateur de sociétés et ingénieur des mines, et d'Alice d'Aimé, Félix Gaillard naît dans le 8e arrondissement de Paris. Son arrière grand-père et son grand-père, côté paternel, devenus de riches notables, siègent au conseil général de la Charente[1].

Il fait ses études au Cours Saint-Louis, puis au lycée Carnot. Il obtient le baccalauréat en octobre 1937. Il entre ensuite à l'École libre des sciences politiques, où il suit les cours d'André Siegfried et Pierre Renouvin, et à la faculté de droit de l'université de Paris[2]. Il réussit sa licence de droit en 1940, et devient titulaire du DES d'économie politique en 1942[3]. Il est docteur en droit[2] en 1943[4].

Vie familiale[modifier | modifier le code]

Il s'est marié avec Dolorès Delépine (1924-2010) - dite « Lolette » - veuve de l'ancien ministre de l'Économie nationale Raymond Patenôtre et a eu quatre enfants de ce mariage : Philippe (1956-2014), Isabelle (née en 1958), Béatrice (née en 1959) et Marie (née en 1960)[5].

Il est autorisé à ajouter « d'Aimé » à son nom de famille Gaillard, par un jugement du tribunal de la Seine du 24 juillet 1942, conformément à la loi du 2 juillet 1923, tendant à perpétuer le nom des citoyens morts pour la patrie durant la Grande Guerre. C'est un hommage à son oncle maternel, Achille, mort sans descendance en 1936, des suites de blessures liées à la guerre[6].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Il devient inspecteur des finances en 1943. Il est directeur de cabinet de Jean Monnet, commissaire en mission aux États-Unis puis commissaire général du plan, de 1944 à 1946. De lui, Jean Monnet disait « Son intelligence et sa faculté d'assimilation exceptionnelle l'engageaient dans des raccourcis brillants et rapides. Il devait bientôt prendre celui de la politique, seul débouché pour son ambition impatiente et élevée. »[7]. Il participe activement à la Résistance en France à partir de 1943. Il est adjoint en 1944 d'Alexandre Parodi, délégué du GPRF en France. Le , il est élu député du Parti radical-socialiste de la Charente, sur la liste Rassemblement des gauches républicaines, et conserve ce mandat jusqu'à sa mort.

Membre de gouvernements[modifier | modifier le code]

Il participe à plusieurs gouvernements sous la Quatrième République. Dans ces fonctions, il a la possibilité de peser fortement en faveur du développement du Commissariat à l'énergie atomique.

Ministre des Finances en 1957, Félix Gaillard procède à son « opération 20 % » pour combler le gouffre économique qui accompagne l'agonie de la Quatrième République : l'Office des changes verse une prime de 20 % aux touristes étrangers et impose aux Français une hausse de 20 % du prix pour l'obtention de devises étrangères[8]. Il s'agit en fait d'une dévaluation déguisée du franc, même si le gouvernement de Maurice Bourgès-Maunoury est alors trop faible pour le reconnaître.

Président du Conseil[modifier | modifier le code]

Il est appelé à la présidence du Conseil le 5 novembre 1957 (gouvernement Félix Gaillard) après la chute du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury. À 38 ans, c'est alors le plus jeune chef de gouvernement jamais nommé en France. Cette précocité ne sera dépassée qu'avec Laurent Fabius (nomination à 37 ans et 11 mois) et plus récemment Gabriel Attal (nomination à 34 ans et 9 mois). Son gouvernement, qui regroupe pour la première fois depuis 1951 socialistes et indépendants, obtient l'investiture par 337 voix pour, 173 voix contre et 20 abstentions[9].

Le , l'aviation française bombarde le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef, afin de détruire un camp de repli du FLN, causant la mort de 69 personnes dont 21 enfants. L'émotion internationale est très vive et le 17 février, le gouvernement de Félix Gaillard est contraint d'accepter une médiation anglo-américaine sur la question tunisienne. Cette rencontre tripartite a lieu dans la résidence privée de Félix Gaillard à Barbezieux en Charente. Il suscite de ce fait l'hostilité des militaires et des partisans de l'Algérie française ainsi que de sa majorité[10].

Il signe le Traité de Rome en mars 1957, probablement influencé par Jean Monnet qui l'a aidé a entrer en politique durant la guerre en 43

Après avoir annoncé en 1957 que la République française refuse le principe de double clef pour les armes atomiques mises à disposition par les États‑Unis dans le cadre de l'OTAN, il déclare le 11 avril 1958 la décision de préparation des premières explosions atomiques françaises pour le premier trimestre de 1960[11].

Il est renversé à l'Assemblée nationale le , accusé de faiblesse face à la pression américaine exercée dans la médiation de bons offices visant au règlement de l'affaire Sakiet, le diplomate américain Robert Murphy ayant soutenu fermement la position tunisienne[12].

Un mois durant, la France ne parvient pas à trouver un nouveau gouvernement. Le 13 mai 1958, Pierre Pflimlin est nommé pour un éphémère gouvernement de 15 jours. Gaillard se prononce en faveur du retour du général de Gaulle le .

Sous la Cinquième République[modifier | modifier le code]

De 1958 à 1961, Félix Gaillard est président du Parti radical. Il appartient à la première délégation française à l'Assemblée consultative (aujourd'hui parlementaire) du Conseil de l'Europe en 1949.

Félix Gaillard est réélu député dans la 2e circonscription de la Charente aux élections de 1958, 1962, 1967 et 1968.

Il a été l'initiateur de l'article 49.3 de la Constitution de la Vème République ("la solution Gaillard'').

Mort[modifier | modifier le code]

Le 9 juillet 1970, il meurt dans le naufrage de son bateau de plaisance de 12 mètres, la Marie-Grillon, au large de Jersey[13] en compagnie de trois coéquipiers : Yvonne de la Brosse, Dominique Cirotteau et la fiancée de ce dernier, Anne Dumont[14],[15]. Le bateau aurait explosé à cause d'un court-circuit[16]. Personne n'a vu l'accident, en raison d'une grève des ferrys[17]. Il repose au cimetière de Lachaise en Charente[18].

Détail des mandats et fonctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Georgette Elgey, Histoire de la IVe République Tome II de 1956 à janvier 1959 - Robert Laffont rééd. 2018 p. 442
  2. a et b Samuel Cazenave, Félix Gaillard: le président, Ginkgo Editeur, (ISBN 978-2-84679-090-1, lire en ligne)
  3. « Félix Gaillard - Centre des Archives Economiques et Financières », sur economie.gouv.fr
  4. (en) Harris M. Lentz, Heads of States and Governments Since 1945, Routledge, (ISBN 978-1-134-26497-1, lire en ligne)
  5. Samuel Cazenave, Félix Gaillard : le Président, Ginkgo Éditeur, fév. 2011, Chapitre 15, p. 270 (ISBN 978-2-84679-090-1).
  6. Samuel Cazenave, Félix Gaillard, Le Président, Paris, Ginko, p. 11
  7. Benoît Yvert, Premiers ministres et présidents du conseil depuis 1815, Paris, Perrin, , 732 p. (ISBN 978-2-262-01354-7)
  8. Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle, Place des éditeurs, , 584 p. (ISBN 978-2-262-07091-5 et 2-262-07091-1, lire en ligne).
  9. Georgette Elgey, Op. Cit. p. 447
  10. Samuel Cazenave, Félix Gaillard: le président, Ginkgo Editeur, 2011, p. 185-200
  11. Robert Michel (général de division et officier d'essais SEREB), Histoire des Pierres Précieuses et des Artilleurs du C.I.E.E.S., Première partie : La naissance de notre Industrie Balistique et spatiale. Rappel chronologique. [1]
  12. Georgette Elgey, Op. Cit. p. 472
  13. « Page Félix Gaillard - Assemblée nationale », sur assemblee-nationale.fr
  14. (en-US) « FELIX GAILLARD LED THE FRENCH », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  15. https://doc.rero.ch/record/105012/files/1970-07-11.pdf
  16. Éditions Chronique, Chronique du XXème siècle, Éditions Chronique, (ISBN 978-2-36602-013-7, lire en ligne)
  17. Samuel Cazenave, Félix Gaillard : Le Président, Paris, Ginko, , 308 p. (ISBN 978-2-84679-090-1, lire en ligne), p. 12
  18. « GAILLARD Félix (1919-1970) », sur landrucimetieres.fr (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]